Dans le bus avec Nisennenmondai

Bêtes de scène dont l’énergie a surpris John Stanier, le batteur de Battles, Nisennenmondai (mot dont la traduction approximative serait « Bug de l’an 2000 ») est un trio post-rock expérimental féminin formé en 1999. Elles étaient en France à l’occasion de deux concerts, dont un lors du Festival West Side, à Notre-Dame-de-Monts, le 14 juin. Après quelques négociations en anglais approximatif avec leurs deux managers italiens (si si), nous avons pu réaliser la présente interview, dans leur van de tournée. Une interview un peu spatiale et confuse, ce qui ne l’a rendu que plus charmante.

Nisennenmondai - Photo Thomas Hajdukowicz

Journal du Japon : Bonjour ! Pouvez-vous vous présenter ?

Hime : …no Japanese ?

Euh… non… On m’a dit que vous parliez anglais…

Nisennenmondai : …

Pourquoi avez-vous choisi de vous appeler Nisennenmondai ?

Masako : Nos amis nous ont appelé comme ça.

Pourquoi ?

Masako : Je ne sais pas. Ca n’a pas vraiment de sens.

Vous avez choisi de garder ce nom parce qu’il était cool ?

Nisennenmondai : …

Pouvez-vous vous présenter ?

Hime : Je suis Hime, la batteuse.
Masako : Je suis Masako, la guitariste.
Sai : Je suis Sai, la bassiste. [Ce seront les seuls mots dits par cette dernière lors de cette interview.]

Quand est-ce que Nisennenmondai a commencé ?

Masako : En 1999. Nous nous sommes rencontrées, dans un club de musique, à l’université. C’est là que nous avons commencé à jouer ensemble.

Comment décririez-vous votre musique à quelqu’un qui ne vous connaît pas ?

Hime : Nous voulons juste faire danser les gens avec notre musique.

Je sais que John Stanier du groupe Battles et Prefuse 73 ont été très impressionnés par vos performances scéniques. Où puisez-vous toute cette énergie ?

Nisennenmondai : [Elles regardent en l’air et font des gestes, en silence, puis répondent gênées] De l’atmosphère, de l’environnement…

C’est une super réponse ! A quand remonte votre dernier concert en France ?

Hime : Il y a deux ans, nous avons joué à Paris, Lyon, Marseille et Tours. Le public français est super. Il est aussi énergique que les Tokyoïtes.

Quelles sont vos inspirations musicales ?

Hime : Nous apprécions Throbbing Gristle, Factory Floor et bien évidemment Battles.

Avez-vous un message aux personnes qui souhaiteraient découvrir votre musique ?

Nisennenmondai : [Hime note le « disco » de « discover ». Elles chuchotent entre elles et se regardent, se demandant qui est ce zouf qui leur pose des questions hors sujet alors qu’elles sont jetlaggées.]

Nisennenmondai n’est pas si connu que ça en France. Comment inciteriez-vous les gens à écouter votre musique ?

Nisennenmondai : … [Le malaise est palpable. Je suis en face d’un groupe qui a impressionné plusieurs musiciens et groupes d’envergure mondiale et je suis incapable de leur faire décrocher une réponse. Je veux partir, plaquer le métier de journaliste et m’installer dans un yourte loin du monde, en Mongolie Intérieure.]

Votre musique est instrumentale. Pourquoi avoir choisi de ne pas inclure de chant ?

Hime : Nous pensons que nous n’avons pas besoin de chant pour faire passer notre message. Nous n’avons d’ailleurs pas d’autre message à faire passer que celui de donner envie aux gens de danser sur notre musique. 

Nisennenmondai - Photo Thomas Hajdukowicz

L’interview prend fin, dans l’amusement et la gêne. Un des managers me dit en sortant que si elles sont laconiques, c’est parce que leur musique parle pour elles. Il a tout à fait raison sur ce point. Nisennenmondai est une expérience à vivre confortablement installé dans un fauteuil, casque sur les oreilles, ou en live. La mécanique rythmique du trio, la précision répétitive quasi robotique de Hime à la batterie (on dirait une boucle gif parfaite) sur laquelle s’adosse la basse technique de Sai sert de base envoûtante à la guitare de Masako. Les morceaux sont longs (une dizaine de minutes chacun en moyenne) et le set désespérément court. On sort de ce court concert lessivé mais content, la rondeur répétitive de ces rythmes expérimentaux bourdonnant encore dans les oreilles. Alors, oui, à ce moment, la musique parle plus que les mots et peut expliquer pourquoi ces trois musiciennes ont choisi de faire chanter leurs instruments plutôt que d’user de leurs voix.

Remerciements à Nisennenmondai pour leurs temps et leurs bonnes humeur.
 
Photos Thomas Hajdukowicz © journaldujapon.com – Tous droits réservés.

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