[Interview / Live Report] : Kyary invader !

Il y a un an à peine, la jeune Kyary Pamyu Pamyu s’offrait sa première tournée mondiale, 100%KPP World Tour, passant pour l’occasion à Paris. Une approche timide du marché occidental qui soulevait plusieurs questions quant au possible succès de la chanteuse chez nous. Trop japonisant, trop formaté, prix trop élevés ne répondant pas aux attentes du public, le concert avait certes ravis les fans de la première heure, mais présentait un résultat en demi-teinte.
Forts de cette expérience, les staffs japonais et occidentaux ont su tirer les leçons de ces tâtonnements en organisant une nouvelle (vraie) tournée mondiale, Nanda Collection World Tour, histoire de faire table rase du passé. L’heure de la renaissance a sonné pour Kyary Pamyu Pamyu, bien décidée à envahir l’Occident !
Journal du Japon revient pour vous sur la journée du 25 avril dernier, où nous avons enchaîné interview avec la belle, puis concert au Bataclan. Incursion au pays des bisounours.

Cinq questions à Kyary

À peine débarquée sur le sol français que Kyary aligne déjà conférence de presse et interviews. Le planning est très chargé, mais le marathon ne semble pas perturber la jeune japonaise qui arrive devant nous toute pimpante. Estimant notre chance d’avoir un petit créneau avec elle, nous décidons de transformer l’exercice de l’interview traditionnelle : Kyary a quatre photos devant elle, devra les retourner une par une et nous dire ce qu’évoquent ces clichés pour elle, ce qu’elle ressent. Le jeu semble l’amuser, et c’est le sourire aux lèvres qu’elle retournera sa première photo …

Son premier succès : Pon Pon Pon

À l’époque de Pon Pon Pon, j’avais 18 ans. Je venais tout juste de terminer le lycée, et j’avais beaucoup d’énergie à revendre, et la mode de Harajuku, que j’adore, correspondait bien à cette excitation. Je m’habillais donc très flashy. Trois ans après, j’ai l’impression d’avoir grandi, que j’ai changé petit à petit et me suis assagie. Je m’habille plus sobrement maintenant et j’ai même appris à cuisiner !

Son premier concert en France

C’était mon premier concert en France, dans le cadre de la Japan Expo. J’étais vraiment stressée car j’avais peur que personne ne vienne me voir … mais finalement ce n’était pas le cas, j’étais très contente ! Le public était un peu geek, fan de mangas, d’anime et de jeux vidéos, mais c’était très différent pour mon second concert l’année dernière : j’ai senti que les personnes présentes étaient plus des fans de musique en général, ou des amoureux de la mode.

2011, le tsunami

Ah, c’est le Tohoku! 2011, c’était l’année où a réellement débuté ma carrière. Le jour du tremblement de terre, j’étais dans un grand immeuble de Tokyo. Le bâtiment a vraiment tremblé, et j’ai eu l’impression que j’allais mourir ! Après cet événement, tous les japonais étaient démotivés et choqués, surtout les habitants du Tohoku évidemment. Les rues étaient dévastées, certains bâtiments étaient inaccessibles … ça m’a vraiment fait mal au cœur. Mais maintenant, la reconstruction a bien avancé, et le moral des habitants remonte petit à petit.

Nakata Yasutaka et Kyary

aahh, Nakata-san … cette photo a été prise lors de la fête d’anniversaire de mes 20 ans. Nous travaillons ensemble depuis mes 18 ans, il a créé toutes mes chansons. Lorsque nous nous sommes rencontrés, j’étais fan de son travail depuis très longtemps, donc même maintenant je me demande si tout cela est bien réel … Si je ne l’avais pas connu, je ne serais pas devenue une chanteuse. Mais j’ai toujours été passionnée par la mode, donc je pense que j’aurais travaillé dans ce domaine.
Avant de se quitter, nous demandons à Kyary si elle a un message pour ses fans français. Celle-ci nous répond : « ça fait un an maintenant que nous ne nous sommes pas vus, mais j’ai beaucoup évolué depuis la dernière fois, donc j’espère que vous allez vous amuser en regardant ma performance ! ».
Était-ce vraiment le cas ? Retour sur la troisième performance de Kyary Pamyu Pamyu dans notre contrée.

Bienvenue dans le Nanda World

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Kyary et sa bande n’ont pas lésiné sur les moyens ! Là où trois pauvres drapeaux se battaient en duel l’année dernière (ce qui représentait en soi un exploit), l’équipe artistique a mis les petits plats dans les grands pour offrir au public occidental une mise en scène digne de ce nom : un énorme nounours trône fièrement sur la gauche de la scène, tandis qu’un lit géant orne sa droite, le tout agrémenté d’un écran projetant des animations. De leur côté, les costumes sont toujours aussi éclatant de créativité, ceux de Kyary comme ceux de ses danseurs. Rien n’est laissé au hasard, le spectacle est parfaitement millimétré et maîtrisé.


De grands changements sont également visibles chez les spectateurs : un public totalement hétéroclite composera la salle, sold-out ce soir-là. Des parents accompagnants leurs enfants (ou le contraire ?) à la bande de potes venue pour s’éclater, en passant par le métaleux dansant jusqu’à la transe, la moyenne d’âge est étonnamment élevée, pour une ambiance des plus dingues ! Dès l’entrée en scène de Kyary et ses danseurs sur fond d’Invader Invader, une vague de chaleur envahit le Bataclan, et c’est d’un seul homme que la salle entonnera les fameux « wohouwohooo yeahiyeaaahhh ».

Les fameux progrès dont nous parlait Kyary sont d’ailleurs bien visibles : malgré un backing vocals (choeurs/voix de soutien) très présent, la jeune fille chante beaucoup mieux qu’avant, échappant ainsi aux faussetés qui avaient entâché son second passage. Chez les danseurs, rien à redire, ils sont tout simplement parfaits, tellement motivés qu’ils contribueront sans aucun doute à l’ivresse générale.

Musicalement, ce sont sans conteste les anciens hits qui remportent l’adhésion du public : Tsukematsukeru, Fashion Monster, Candy Candy et évidemment Pon Pon Pon soulèvent littéralement la foule dans une tornade couleur barbe à papa. Les sourires béats sont de mise ! Pourrait-on y voir pour autant une baisse de régime chez la machine à tubes Yasutaka ? Car le milieu du set peine à convaincre un public venu certes chercher une bonne dose de creepy kawaii, mais pas trop de mignonneries niaises non plus. Ainsi, si les nouveaux titres comme Invader Invader, Me ou Saigo no Ice Cream font mouche, c’est surtout pour leur rythme électro/dance. D’autres chansons plus convenues comme Yume no Hajima Ring Ring n’emporteront pas vraiment la majorité, et donneront un coup de mou au set presque parfait de Kyary.

D’autres points noirs creuseront un petit fossé avec l’auditoire : des MC non traduits (malgré l’effort de Kyary de faire quelques phrases en français), des interludes à base de lapin et nounours géants pas très drôles (voire franchement gênants), et des vidéos de son émission Kyary Pamyu Pamyu TV John … mais les mêmes que l’année dernière (et donc avec des sous-titres toujours aussi illisibles) !
Mais restons simples : le concert reste globalement une réussite pour Kyary Pamyu Pamyu et son équipe, ayant gagné le pari de convaincre un public plus large. La popularité grandissante de l’ambassadrice d’Harajuku n’est aujourd’hui plus à prouver, et la joie émanant du public à la sortie du Bataclan tend à prouver que le succès est là, à portée de main. Ainsi, la recette tient peut-être cela : un peu de kawaii, quelques sons aux beats bien pensés, et une bonne dose de loufoquerie.

SETLIST :
Nanda Collection (Intro)
Invader Invader
Me
Family Party
Ninja Re Bang Bang
Kyary ANAN
Furisodeshon

Pamyu Pamyu Revolution
Mottai Night Land
Sungoi Aura
Kura Kura
Super Scooter Happy (Capsule cover)
Yume no Hajima Ring Ring
Saigo no Ice Cream
Tsukematsukeru

Kyary no March
Cherry Bonbon
PonPonPon
Fashion Monster
Encore
Candy Candy
Chan Chaka Chan Chan

Retrouvez toutes nos photos du concert dans notre galerie.

Vous pouvez suivre Kyary Pamyu Pamyu sur son Twitter officiel, mais également son actualité via la page Facebook anglophone officielle.

Remerciements à Arnaud Lefeuvre et Delphine Leuthereau de Warner Music France, ainsi que Kyary Pamyu Pamyu et son staff pour leur disponibilité.

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