Chroniques Hentai : Très chère sœur

Si comme Samuel L Jackson vous aimez les hentai aussi, alors vous êtes au bon endroit. Les Chroniques Hentai vous proposent en effet, de manière occasionnelle mais régulière, de vous pencher sur un aspect de la sexualité dans les mangas.

Qui dit nouveau numéro, dit nouveau thème, et lors de cette itération nous aborderons l’inceste fraternel dans les hentai, ainsi que l’arrivée d’un nouvel éditeur sur le marché. Enfin, nos habituelles chroniques de publications coquines parues sous l’hexagone seront là pour vous guider dans vos achats avec le passage en revue de My sweet sweet elder sister et Sister X Brother, pour rester dans le sujet, mais aussi Prison Collection et le yaoi Blue Morning.

Koyomi prend soin de la santé bucco-dentaire de sa sœur Karen dans Nisemonogatari ©Nisioisin/Kodansha, Aniplex, Shaft

 

Histoires de famille

La imouto (petite sœur) est devenue un archétype à part entière dans les œuvres culturelles affiliées aux mangas. Combien d’otakus nippons fondent littéralement devant un « onii-chan » langoureux ? Suffisamment pour pousser des éditeurs et auteurs à exploiter intensivement le phénomène. Parmi les œuvres non-hentai, nous citerons simplement Angel Sanctuary de Yuki KAORI, où la question de la moralité se pose sur l’amour de Setsuna pour sa sœur Sara, ou plus récemment Sword Art Online avec le tandem composé de Kirito et de sa sœur-cousine Suguha. Ces deux œuvres ne sont bien sûr pas les seules à aborder le sujet de près (Kiss X Sis) ou de loin (Love Hina), la liste très longue confirmant l’ampleur de cette singularité.

Mais dans les œuvres érotiques, puisque c’est ce qui nous intéresse ici, la question de l’inceste se pose, au-delà de l’amour purement sentimental. Ce type de relations sulfureuses a toujours été au centre de nombre d’histoires et ne se cantonne bien sûr pas qu’au Japon. La mythologie grecque et la littérature française du XIXe siècle sont truffées de relations frère/sœur, et c’est bien sûr la notion d’interdit qui donne du sel à ces couples.

Cette spécificité japonaise peut peut-être s’expliquer par deux facteurs : le faible taux de natalité, et la difficulté d’entamer une relation. Naître fils unique dans un pays où les codes sociaux sont si stricts et les relations si formelles limite drastiquement les interactions avec le sexe opposé. Si cette situation a donné naissance aux végétariens (de jeunes hommes se désintéressant du sexe), elle a par là même créé le fantasme d’avoir une relation privilégiée et intime avec une fille sans aucun effort. Les cafés câlin ou encore l’enjo kosai (pratique japonaise où des lycéennes sont payées par des hommes plus âgées pour les accompagner dans divers endroits comme au restaurant ou au karaoké) peuvent être vu comme le reflet de ce désir.

Les mangas s’adressent initialement à un public adolescent, souvent décrit comme introverti et incapable de faire le premier pas. Pour peu que notre ado doive se consacrer complètement à ses études, difficile pour un tel jeune homme de trouver l’âme sœur. La sœur, c’est alors justement la solution que beaucoup d’auteurs trouvent pour remédier à ce problème de société. Plus besoin de créer une relation sociale avec l’extérieur, cette dernière vient à domicile. Plus besoin de développer une relation de confiance avec l’autre, celle-ci est naturellement acquise puisque vous êtes déjà « en famille ».

Exit donc le précédent cliché de l’amie d’enfance qui vous a toujours aimé en secret, voici sa version 2.0, plus transgressive socialement : la petite sœur. Mais pour rendre cette relation plus acceptable par le lecteur ce sera souvent une demi-sœur.

 

HERE COMES A NEW CHALLENGER !

Nous vous en parlions dans une précédente chronique : Hot Manga, un nouvel éditeur spécialisé hentai, fait son entrée sur le marché français. Il s’était annoncé depuis plusieurs mois déjà, mais nous avons désormais plus d’informations sur son fonctionnement.

Filiale du groupe IDP, Hot Manga adopte naturellement le même système d’abonnement. Vous aurez donc droit, pour un tarif unique et mensuel de 19,95€, à un paquet déposé directement chez vous contenant deux mangas et deux DVD. Le planning des « lots » est disponible à l’avance pour gérer son abonnement en fonction des titres souhaités. L’achat d’un manga directement chez l’éditeur devient donc de plus en plus fréquent pour les petites structures (Point manga, Black Box, IDP), ce qui se prête surement aux genres de niche comme le hentai et le yaoi.

De plus, les numéros seront aussi disponibles chez les marchands de journaux, si votre pudeur ne vous empêche pas de passer parmi les autres magazines X aux couvertures suggestives. C’est un moyen de distribution alternatif qu’utilisent les petits éditeurs et qui correspond d’une part à leur débit d’impression réduit, et d’autre part à un moyen d’éviter la concurrence des étals surchargés des librairies.

Enfin une des particularités de cet éditeur est de proposer du hentai sous forme de livre, mais aussi au format vidéo. C’est donc un public d’amateurs du genre d’un point de vue général qui est visé, l’attrait pour le hentai papier ou DVD n’étant pas forcément le même. Quoi qu’il en soit, nouvel éditeur signifie nouvelles licences, et donc des auteurs et des œuvres à découvrir, ce qui est une bonne chose étant donné l’immensité du marché japonnais, sous réserve bien sûr d’une bonne sélection des titres en amont.

 

Chroniques sous X

Voici désormais notre sélection de mangas hentai. Comme les goûts en matière de sexualité sont très hétéroclites et que certaines pratiques peuvent paraître dérangeantes pour certains et banales pour d’autres, les critiques que nous vous présenterons ne jugeront pas les pratiques et fétichismes, et seront simplement classées selon un barème allant de « soft » à « hard core », vous permettant de jauger la teneur de l’œuvre et si elle correspond à votre sensibilité.

 

My sweet sweet elder sister et Sister X Brother de Yuzuki N’DASH
Taifu Comics – Collection Hentai Sans Interdit
Contenu : Soft

© YUZUKI N DASH / Akaneshinsha

Pour rester dans le thème de cet article, voici deux mangas de Yuzuki N’DASH sur les relations fraternelles. Il s’agit de deux one shot distincts, mais comme le travail de l’auteur a été le même sur ces deux recueils (même concept, même thème et style graphique proche) nous les traiterons comme un ensemble. Donc si vous avez appréciez la lecture de l’un, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

© YUZUKI N DASH / Akaneshinsha

Auteur très apprécié dans nos contrées, au même titre que YAMATOGAWA, Yuzuki N’DASH propose des dessins frais, proches des standards mangas classiques.

Comme habituellement dans ce genre de one shot, nous avons droit à des nouvelles érotiques de l’auteur publiées tout au long de sa carrière, avec des récentes et certaines qui semblent plus datées. Mais ici pas de mauvaise surprise en tombant sur des pages d’illustrations à la qualité en dents de scie : l’auteur s’est certes amélioré, mais son niveau lors de ses premières pages était déjà très bon, l’ensemble est donc homogène. Les tomes se parcourent donc agréablement et on prend plaisir à admirer les héroïnes grâce à un chara-design réussi. Deux tomes que nous vous conseillons donc si vous avez apprécié How good was I par exemple.

 

Prison Collection de Masakado KURONO
IDP – Hot Manga
Contenu : Trash

© KURONO Masakado / Kaiôsha

Hot Manga a commencé à publier des mangas hentai depuis maintenant plusieurs mois, il est donc temps de faire le point sur cette collection et l’ajouter à notre liste, encore trop courte, d’éditeurs hentai. Concernant le format tout d’abord, peu de changements pour les habitués de Taifu, nous sommes sur une taille strictement identique (23cm par 15cm), ce qui reste un choix toujours judicieux pour des ouvrages avant tout graphiques.

Les illustrations couleurs de l’auteur manquent d’un petit quelque chose et donnent une impression de statue figée aux personnages. L’ensemble des dessins est d’un niveau en dessous des auteurs cités plus tôt, mais le livre mise peut-être plus sur la mise en scène que sur les dessins.

Le tome s’articule principalement autour de la nouvelle Kangoku School Days, qui s’étale sur 8 chapitres et dont voici le résumé des deux premiers pour vous donner une idée de la teneur des événements. « Enlèvement d’une camarade de classe » nous montre le héros tortionnaire taser une camarade de classe, la séquestrer chez lui puis la violer, tandis que « Pillage anal » illustre, après une sodomie, ce geôlier faire déféquer sa captive dans une marmite pour, dit-il, manger tout ça plus tard. Sans que les images soient particulièrement hard visuellement, c’est surtout le contexte et les propos qui paraîtront trash. À réserver aux amateurs du genre, donc.

 

Blue Morning de Shoko HIDAKA
Boy’s love IDP – Hana collection
7 tomes en cours

© HIDAKA Shôko / Tokuma Shoten

Résumé : Une belle demeure, des domestiques, les lourdes responsabilités qui incombent à un jeune héritier du domaine familial et son froid et cruel précepteur… Depuis la mort de son père, Akihito Kuze a dû endosser le rôle de Vicomte et reprendre les rênes de la famille. Et celui qui prend en main l’éducation de ce dernier n’est autre que le beau et intelligent intendant familial, Satoshi Katsuragi. Mais Katsuragi, qui est pourtant remarqué pour ses qualités en société agit de manière très froide avec Akihito. « Est-ce qu’il me déteste ?! » Akihito qui est attiré par Katsuragi veut connaître la raison de ce rejet ! Plongez dans cette épopée romanesque racontant l’amour d’un jeune vicomte et de son intendant !

Même si le point d’ancrage historique n’est pas clairement énoncé, l’auteure, qui n’en a pas l’habitude, se penche sur un pan historique japonais des plus intéressants. L’histoire se déroule à l’époque où le Japon vient d’abolir le système des seigneurs et des samouraïs, préférant des titres honorifiques à consonances anglaises (comte, vicomte, duc…). Ainsi le Japon est en pleine ouverture vers l’Occident, tout en cherchant à sauvegarder son patrimoine culturel et son traditionalisme féodal pour une ère « plus noble » dirons-nous. Et c’est dans cette société en pleine recherche d’identité, aux niveaux richesses et statuts, que notre héros Akihito se trouve embarqué. Jeune, il se retrouve à hériter d’un titre qu’il ne semble pas forcément vouloir. Les us et coutumes lui sont alors enseignés par un intendant, Katsuragi, une bonne dizaine d’années plus âgé.

Très vite, une relation particulière s’installe entre les deux hommes. Akihito prend en modèle Katsuragi tout en ressentant des sentiments de plus en plus fougueux à son égard, faisant fi des classes. Katsuragi ne cesse d’agir dans l’ombre, toujours froid et maître de lui-même. Jusqu’à ce que son maître décide de prendre les rênes, et de lui montrer qu’il n’est pas seul dans l’histoire. Une relation de « je t’aime moi non plus » s’installe, à une époque où ce genre de mœurs sont réprouvées. Entre deux cours, entre deux pièces, ils s’adonnent à des ébats non consentis par l’un au départ, avant d’évoluer… On les voit s’entremêler inexorablement jour après jour, au sein des manipulations politiques en place, se faisant face et ne cherchant presque plus à se cacher… Vous l’aurez donc compris, Shoko HIDAKA nous offre une romance étonnamment cruelle sur fond historique et on prend plaisir aussi bien à suivre leur évolution que les pans stratégiques en cour. Une époque bien compliquée pour un duo qui l’est tout autant !

 

Voilà pour ce numéro, qui fête la première année de publication des Chroniques Hentai. Nous vous donnons rendez-vous prochainement pour de nouvelles chroniques érotiques, et merci pour l’intérêt que vous continuez de porter à ces articles.

Remerciements à Charlène pour sa chronique Yaoi.

Sources :
https://litteratures.revues.org/204
https://www.cairn.info/revue-therapie-familiale-2005-1-page-55.htm

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Olivier Benoit

Présent sur Journal du Japon depuis 2013, je suis un trentenaire depuis longtemps passionné par l'animation traditionnelle, les mangas et les J-RPG. J'écris dans ces différentes catégories, entretiens également la rubrique hentai, et gère le pôle gastronomie. J'essaie de faire découvrir au plus grand nombre les choses qui me passionnent. @oly_taka

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