Million Yen Women : le drama qui valait un million ?

Un écrivain d’une trentaine d’années qui partage sa maison avec cinq jeunes filles : le nouveau drama Million Yen Women produit par Netflix semblait tout droit dédié aux amateurs de harem. Il n’en est pourtant rien, et si vous vous laissez emporter par les douze épisodes, vous pourriez bien être surpris.

Million Yen Women

En juin 2015, Netflix et Fuji TV annonçaient avoir signé un accord pour la diffusion et la création de dramas, ainsi que d’autres émissions de télé. Plus de deux ans après, les productions s’enchaînent à un rythme régulier, et les abonnés au service ont pu découvrir en août 2017 une nouvelle série adaptée d’un manga de AONO Shunju inédit hors des frontières japonaises, de 12 épisodes de 24 minutes, Million Yen Women.

Un manga au style graphique particulier

« Dans mes romans, personne ne meurt. »

Un beau jour, cinq femmes se présentent au domicile de Shin Michima, romancier sans succès, interprété par NODA Yojiro (le chanteur du groupe RADWIMPS) qui vit quasiment coupé du monde. Elles ont toutes reçu la même lettre, qui leur propose de venir vivre chez Shin contre un loyer d’un million de yen par mois (soit environ 7 600 euros). Petite particularité : ce n’est pas Shin qui a fait cette offre, qu’il se retrouve donc bon gré mal gré contraint d’accepter. De plus, quelques règles importantes doivent par ailleurs être respectées par Shin : il ne doit rien demander aux cinq jeunes filles, sur leur passé comme sur leur quotidien ; il ne doit pas entrer dans leur chambre ; ils doivent tous dîner ensemble, autour d’un repas qu’il leur aura préparé.

Parmi ces cinq jeunes femmes on découvre : une lycéenne qui semble n’avoir absolument aucun problème avec le montant assez élevé du loyer (jouée par TAKEDA Rena), une chômeuse fan des romans de Shin Michima (MATSUI Rena), une jeune femme timide et mystérieuse (jouée par WAGATSUMA Miwako), une nudiste au fort caractère (interprétée par FUKUSHIMA Rila), et une jeune femme dont la principale caractéristique au début de la série semble être sa beauté (interprétée par ARAKI Yuko). Autour de cette étrange colocation gravitent l’éditeur du personnage principal, l’un des rares à croire en son talent et à l’encourager pendant le processus d’écriture, mais aussi son « rival », un auteur sensiblement du même âge mais qui rencontre lui le succès, bien aidé il faut le dire par un critique littéraire qui semble trouver un malin plaisir à démolir méthodiquement les écrits de Shin Michima.

Dès le début de la série, la richesse des caractères des personnages, ayant chacun leurs traits propres, vient trancher avec la banalité de Shin, personnage sans réelle qualité particulière qui souffre donc de la comparaison : il ne suscite pas forcément l’intérêt du téléspectateur.

La drôle de maisonnée réunie autour de la table à manger

En parallèle, plusieurs mystères viennent contribuer à éveiller cet intérêt et à nourrir l’intrigue, au début peu développée, et ils retiennent l’attention du téléspectateur. Au fur et à mesure des épisodes, on en apprend ainsi davantage sur le père de Shin, et donc à travers cela sur lui-même, mais aussi sur la seule interaction avec l’extérieur de Shin, son fax, qui crache à intervalles réguliers des messages plein de fiel et d’insultes. Finalement, le premier enseignement de cette série, qu’il faudra garder à l’esprit tout au long des 12 épisodes est d’apprendre à voir derrière les apparences.

Quand Les Dix petits nègres rencontrent Plus Belle la Vie

Episode après épisode, les énigmes s’épaississent tandis que les personnalités se dévoilent. Alors que les deux premiers épisodes pouvaient laisser penser que l’intrigue se concentrerait davantage sur la vie quotidienne des habitants de la maisonnée, le suivi de l’écriture du roman de Shin Michima et la découverte mutuelle des caractères de chacun des habitants, elle s’éloigne de cet aspect slice of life pour embrayer sur un whodunnit que même AOYAMA Gosho ne renierait pas. Cet ajout intéressant permet d’envisager une séparation en deux de la série, et donc de relancer l’intérêt pour une intrigue qui restait jusqu’alors plutôt vague.

Malgré ces efforts, le flou artistique, voire parfois le brouillard qui entourent certains éléments de l’intrigue peine à se lever, et le téléspectateur devra réellement s’impliquer dans l’histoire pour trouver lui-même la réponse à certaines questions, et ce s’il ne s’est pas auparavant lassé. Le découpage de la série en épisodes de 24 minutes ne se prête en effet que très peu à une intrigue de type « drama », et semble parfois entraver la montée en puissance de certains éléments de tension. Il faudra également réussir à passer outre certaines situations clichées, voire prévisibles, ainsi qu’au-delà des stéréotypes, la forte caractérisation des personnages ne contribuant pas toujours à les rendre plus intéressants. A souligner en revanche les quelques retournements de situation, qui font de la série un voyage agréable, malgré les longueurs.

En bref, en adaptant un manga inconnu en Occident et peu populaire au Japon, Netflix prenait un risque, et s’éloignait de ce qui semblait être son nouveau motto, notamment après l’adaptation, entre autres, de Midnight Gourmet. Malgré tout, cette « bonne volonté » ne suffit pas à faire de Million Yen Women le thriller haletant que l’on aurait souhaité regarder, et l’on ne peut donc que vous conseiller de regarder les 3 premiers épisodes afin de vous faire une idée de ce qu’est réellement la série.

1 réponse

  1. 19 novembre 2017

    […] Journal du Japon en a déjà fait part à plusieurs reprises, Netflix est aujourd’hui un acteur qui compte dans le monde du drama, et qui contribue largement […]

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