Gaming Memories #07 : Burning Rangers

Bienvenue dans ce septième numéro de Gaming Memories. Cette fois-ci, nous ne vous emmenons pas dans un pays tout rose et plein de cœurs mais au milieu de flammes ardentes, à la recherche de rescapés à sauver en plein brasier… La destination ? Burning Rangers, en février 1998 sur Sega Saturn !

Attention, ça va chauffer.

Burning Rangers Logo

Sonic Team, go !

En novembre 1996, peu de temps après la sortie de Christmas NiGHTS into Dreams, la Sonic Team commence déjà à réfléchir à un nouveau soft. Dirigée par les habituels Hayao NAKAYAMA (producteur exclusif), Yuji NAKA (producteur) et Naoto OHSHIMA (directeur, entre autres), « Firefighter » tel qu’il s’appelait avant d’avoir un nom définitif est un jeu d’action à la troisième personne qui prend à revers la plupart des autres titres de l’époque. NAKA, un peu las de ces derniers où le but était la majorité du temps de tuer des ennemis, souhaite que, pour cette fois, le joueur sauve des vies.

Le jeu demanda de grandes réflexions à la Sonic Team. Entre voyages à Hong Kong et en Californie pour trouver les inspirations, c’est aussi du coté d’une simulation d’incendie menée à Tokyo qu’ils se sont penchés. L’évènement montrait des robots équipés de capteurs à infrarouge et de caméras capables de voir au travers du feu qui parvenaient à l’éteindre, les laissant impressionnés, et surpris de constater à quel point la démonstration ressemblaient à l’ambiance qu’ils imaginaient pour leur production. Leur expérience auprès d’évènements réels s’arrête cependant là, car NAKA a souhaité ne pas coller de trop près à la réalité afin de conserver l’aspect futuriste, qui aurait, sinon, été moins cohérent.

Après plusieurs mois de recherche, de diffusion d’images du titre, et de discussions sur son nom (l’équipe créative craignait que Burning « Rangers » fasse trop penser aux « Power Rangers »…), le soft sort finalement le 26 février 1998 (jour de l’anniversaire d’OHSHIMA… coïncidence ?). Bien que la machine ait accueilli d’autres jeux au Japon, celui-ci constitue l’un des cinq derniers y ayant vu le jour dans le reste du monde.

Les anges au cœur brûlant




Burning Rangers

Un écran que vous verrez assez peu souvent en cours de jeu…

L’ordre est simple : le devoir d’un Burning Ranger est de (1) sauver des vies humaines, (2) protéger le monde de demain et (3) entretenir l’espoir… Dans un monde futuriste où rien n’a vraiment changé, tous continuent à vivre dans l’attente de jours meilleurs. Pour lutter contre les catastrophes naturelles ou celles provoquées par l’Homme, il reste un dernier espoir : les Burning Rangers, les anges au cœur ardent.

Une fois l’un des deux personnages jouables choisis (Shô Amabane et Tillis) et ensuite complété un tutoriel jouable qui explique les contrôles et le système de jeu, celui-ci démarre immédiatement sur un premier niveau. Le ton est immédiatement donné : l’aventure est difficile. Il faudra faire de son mieux pour éteindre le feu qui se propage un peu partout, trouver les rescapés perdus au travers des niveaux, et rejoindre la sortie des lieux immenses traversés pour stopper la cause du désastre qui y a lieu.

Burning RangersPour cela, Shô ou Tillis auront bien entendu à leur disposition de quoi stopper les incendies. D’un tir simple ou chargé, provoquant une petite explosion qui éteindra tout ce qui est touché (oui, c’est un peu étrange…), il faudra gérer les différents types de feu qui réagiront chacun à leur manière. Mais surtout, si l’on surnomme cette équipe les « anges » au cœur brûlant, c’est qu’ils sont presque capables de voler. En effet, ils disposent d’un jetpack leur permettant les cabrioles et sauts les plus incroyables. Outre le double saut, ce dernier leur offre un salto en arrière ou une roulade sur les cotés qui seront souvent salvateurs en cas d’explosion proche. Il faudra donc mettre leur agilité à profit pour explorer tous les recoins possibles. Et une fois le niveau parcouru, un « boss » vous attendra…

Un système de jeu connu

Burning Rangers utilise le même moteur de jeu que NiGHTS Into Dreams. Mieux maîtrisé et plus poussé, il permet une certaine souplesse et rapidité dans les déplacements. Mais en plus de cela, c’est surtout du coté de Sonic the Hedgehog qu’il faut aller chercher. Si dans les aventures du hérisson il faut attraper des anneaux qui servent de bouclier contre un coup subi, ici ce sont des cristaux qu’il faut ramasser. Dispersés un peu partout au fil des niveaux, ces derniers peuvent aussi être récupérés en éteignant un incendie. Cela aura pour effet d’en libérer quelques-uns qu’il faudra ramasser au plus vite. Si Shô ou Tillis sont touchés, ils seront tous relâchés et éparpillés autour d’eux (cela ne laisse guère plus qu’une seconde ou deux pour en récupérer un maximum) mais ils survivront. Toucher directement le feu ou un ennemi sans en posséder vous fera perdre une vie. Le nombre de cristaux collectés sera aussi comptabilisé en fin de niveau, et jouera sur votre note finale.Burning Rangers

La ressemblance dans le système de jeu est donc flagrante. Mais ces cristaux ont une autre utilité propre à ce soft : ils servent au secours d’un rescapé. Chaque personne trouvée ne pourra être téléportée en sécurité que si vous possédez au moins cinq cristaux. Si ce n’est pas le cas, votre personnage passera à coté en faisant une remarque comme quoi il lui manque ce qu’il faut. Si vous parvenez à sauver le ou la malheureux(se) en en possédant plus que nécessaire, cela vous fera gagner une vie. Et tant qu’à faire, sauver quelqu’un fait office de checkpoint en cas de mort. Bien que le jeu soit traversable intégralement sans s’occuper de personne en ligne droite (et bien que cela fasse perdre son intérêt principal au titre), vous comprendrez bien vite que jouer votre rôle de sauveur est primordial pour mener votre mission à bien.

Sur terre ou sous l’eau, ils relèvent tous les défis ! ♫

Le danger est omniprésent. Le risque qu’encourent les personnages augmente progressivement (le pourcentage affiché en haut à droite de l’écran) et à certains points donnés, des explosions se produisent. Le seul moyen de réduire ce risque est d’éteindre tout ce que vous pourrez. Bien qu’il reste bloqué à certains seuils, il est capital de n’omettre aucun brasier car une fois le risque à son maximum, l’enfer se déchaîne sur les deux héros. Tout explose de partout, et plus aucun répit ne vous sera donné : seule la fuite permanente, à tenter de trouver quelque flamme que ce soit à éteindre quelque part pourra vous sauver… à moins que ce ne soit de sacrifier une vie pour repartir à un point où la situation était encore gérable. Car en plus de faire augmenter la pression d’un coup, se repérer au travers des explosions qui vous poursuivent devient vite difficile à gérer, et trouver quelqu’un ou son chemin dans ces circonstances n’est pas des plus agréables et faciles.

Burning RangersIl reste des endroits où vous aurez le droit de vous octroyer une petite pause. Hormis être en pleine course au sol, ou faire des cabrioles de plate-forme en plate-forme, vous aurez parfois aussi à nager pour rejoindre une autre partie d’un niveau. Là, lors de ces passages aquatiques, le risque qui vous poursuit inexorablement s’interrompt. Il n’y a bien entendu plus de feu à éteindre, mais on se retrouve à la place dans de petites phases d’exploration où il faut retrouver son chemin pour ressortir ailleurs. Ces passages sont assez anecdotiques en terme de présence dans la production mais s’avèrent constituer une pause agréable et bienvenue dans cette action échevelée, et permettent de diversifier les situations.

Une aventure périlleuse…

Vous l’aurez compris, Burning Rangers n’est pas des plus faciles. Il se sauvegarde automatiquement entre chaque niveau terminé (et remet le nombre de vies à trois en cas d’interruption puis retour à la partie ultérieur), mais les endroits traversés sont de véritables petits labyrinthes à l’architecture crédible et propre. Aucun ne se ressemble et trouver les personnes les mieux cachées demande un vrai effort de recherche. Des pièces étriquées du premier niveau qui risqueront de décourager assez vite le joueur; à la station spatiale aux différentes zones qui ne s’ouvriront qu’à condition de trouver une carte-clé, on se sent réellement plongé dans un danger presque omniprésent. La carte visible en permanence à l’écran ne fait pas tout, et un minimum de sens de l’orientation est nécessaire pour s’en tirer.

Burning RangersLà où le soft peut se vanter de « s’amuser » avec les joueurs, c’est qu’en le terminant avec les deux personnages, une nouvelle architecture couvrira chaque niveau et lui donnera un aspect différent, obligeant à essayer de juste mettre ce que l’on connaît de coté. Sol qui s’effondre en obligeant à visiter un niveau inférieur, emplacement des rescapés différent… Burning Rangers est court, avec ses quatre niveaux, mais la replay value se voit doublée grâce à cette idée simple mais efficace. Quoi que, « doublée » n’est pas exactement le mot juste…

A la fin de chaque niveau, vous recevrez des e-mails de personnages sauvés. Bien que la majorité remercie juste le joueur, on peut aussi trouver différents membres de l’équipe du jeu, ou même Claris et Elliot de NiGHTS into Dreams (ils sont bien cachés, par contre…) ! Ces personnages spéciaux, eux, vous donneront carrément différents codes dans leurs messages. Ces derniers, à entrer dans l’écran de sélection du personnage, se déroulent dans les différents niveaux et permettent de jouer avec les autres membres de l’équipe. Les indications vocales sont désactivées, les niveaux sont encore plus vastes et on tombe même parfois sur des ennemis à éliminer (quand ils sont destructibles, bien sûr…). De quoi réellement passer plus de temps qu’imaginé devant l’écran, mettre ses nerfs à rude épreuve et pouvoir dire à la sortie qu’on est un vrai superplayer du jeu.

Burning RangersAu final, la seule chose vraiment décevante dans toute cette débauche de challenge est et restera les « boss ». Ceux-ci, dont la présence est plus ou moins expliquée (et surtout explicable) concluent chaque niveau. Bien qu’ils offrent un sentiment assez particulier et différent pour chacun, ils s’avèrent plutôt anecdotiques (tout comme dans NiGHTS into Dreams, finalement) et hormis le tout dernier, ils n’offrent pas vraiment de challenge intéressant. Ils sont là, on appréciera le travail sur leur ambiance ou non, et c’est tout. Ce sont des moments peut-être bien plus intéressants à regarder qu’à jouer.

… mais qui en vaut la « chandelle »

Comme dit précédemment, Burning Rangers signe la fin de la Sega Saturn. C’est une production qui offre tout ce dont la console était capable, au détriment de ce que la critique pouvait dire de cette dernière. Taillé d’une 3D qui n’avait rien à envier aux meilleures productions sur PlayStation, BR dispose d’effets de lumière impressionnants. La caméra suit le joueur, certes un peu à la manière d’un cameraman paniqué par moments, mais est capable de rotations rapides, ainsi que d’un effet de transparence supposé impossible sur la machine. Bien que les personnages à sauver manquent de détails (pour le peu deBurning Rangers temps qu’on les voit, de toute façon…), l’action plutôt fouillis en cas de situation panique reste lisible sans problème le reste du temps. Les ralentissements sont plus que rares. Certains passages n’hésitent pas à distordre l’image (sous l’eau) ou plonger le joueur dans la pénombre, seulement éclairé par une lampe de secours. Rien ne fait peur à un Burning Rangers… on peut remarquer parfois des textures qui sautent et disparaissent durant l’action, mais on voit tout aussi facilement les effets de lumière dynamique qui se reflètent sur les personnages. Les temps de chargement sont rares (ce qui permet d’avoir certaines zones vraiment grandes) et ne dépassant pas les cinq secondes.

La maniabilité répond au doigt et à l’œil. Faire ces sauts, roulades et esquives est immédiat et l’utilisation du jetpack procure une sensation unique, donnant l’impression de tout pouvoir faire. Les Rangers sont également capables de s’accrocher à un rebord un peu trop distant pour un saut afin de tout de même le rejoindre.

Au final, il ne manque qu’un temps d’adaptation pour être capable de n’importe quoi, car jusqu’à la fin on se sentira plus d’une fois faire une manœuvre non voulue à cause d’une exécution trop rapide. Mais puisque l’on est toujours prévenu d’une explosion imminente, il n’y a que le temps de réaction du joueur qui pourra être la cause des plus gros dangers. Seulement, s’y reprendre à deux fois pour attraper une corniche peut s’avérer un peu frustrant. La caméra étant, encore une fois, un problème fréquent de ces premières années de la 3D, celle-ci tend à se tourner parfois un peu trop vite sur un coté et le fait de ne pouvoir la bouger manuellement qu’à des angles fixes (il n’y a pas de stick analogique dédié sur la manette de la console, ce sont les gâchettes L et R qui la font tourner) empêche parfois de faire ce que l’on veut du premier coup. Il est possible de la diriger manuellement (garder le bouton Y enfoncé puis bouger avec le pad directionnel), mais au contraire des autres rotations, ce procédé est lent. Et personne n’aura le temps de s’arrêter pour contempler les décors…

Burning Rangers

L’équipe au complet : Big Landman, Shô, Lead Phoenix, Tillis et Chris Partn.

Il reste à parler de la bande-son. Et à vrai dire… il n’y en a pas vraiment. Hormis quelques thèmes principaux chantés (« Angels with Burning Hearts » en opening dynamique et entêtant, « We are Burning Rangers » ou « I Just Smile » en ending, contrastant nettement par une douceur inattendue), seuls quelques accompagnements discrets soulignant certains passages sont à signaler. Mais effacez votre regard dubitatif, l’ambiance est menée tout simplement par une très bonne maîtrise des bruitages. Comme si l’on y était, les rumeurs d’incendie au loin sont brisées par celui des pas et sauts du Ranger en action. Le sifflement caractéristique qui prévient d’une explosion imminente est reconnaissable entre mille. Les affrontements de fin de niveau ont eux aussi un thème, dynamique et évoluant à chaque attaque réussie sur l’ennemi, mais on sent un peu trop nettement qu’il s’agit au final de petite boucles empilées pour créer une mélodie complète.

Les personnages échangent régulièrement au travers de communications. En plus de l’opératrice qui donne ponctuellement des indications, on peut suivre les péripéties des autres Rangers. Entre les conversations qu’ils ont avec le joueur, on peut les entendre s’exclamer d’une surprise due à un imprévu, se féliciter pour un exploit ou s’échanger quelques plaisanteries entre eux… tout est fait pour être le plus immersif possible. L’équipe de doublage, qui contribue à rendre tout cela si vivant, est composée de grands noms de l’époque. On y retrouve ainsi, par exemple, Yûko MIYAMURA (Soryû Asuka Langley des séries Neon Genesis Evangelion, Chun-Li dans divers jeux Street Fighter), et Hikari MINORIKAWA (Android 16 dans Dragon Ball Z, Ein/Hayate de la série Dead or Alive)…

Continuité et disparition des héros

Burning Rangers

Illustration publiée par Oshima sur sa page Twitter en 2017.

Sans aucune suite ou remake prévus, Burning Rangers tombe ainsi un peu dans l’oubli. SEGA y fait tout de même parfois de petites références, comme dans Phantasy Star Online (2000, Dreamcast) où une mission en durée limitée demandait de sauver des rescapés en se servant de ses armes à feu pour éteindre les incendies, sur fond du thème principal du jeu. Cette mission fut reprise dans sa suite, PSO2, avec quelques objets (tels qu’un poster géant à gagner) pour décorer sa pièce personnelle. Sonic & SEGA All-Stars Racing possédait un circuit inspiré du jeu aussi, mais hormis cela, BR reste un jeu nettement plus discret que NiGHTS ou même Eternal Arcadia (qui étaient tous deux présents dans cette courte série de jeux de course). La série Project X Zone y fera également référence lors d’une mission.

Du haut d’un charme inimitable, Burning Rangers est de ce genre de jeux très caractéristiques de la « grande époque » de la Sonic Team. Gameplay et concept originaux, et surtout, souvenirs impérissables, tout y est. Bien qu’il ait vieilli, bien d’autres titres 3D de cette ère peuvent en être jaloux. Sa rareté en fait malheureusement un titre encore plus prisé et inaccessible, mais si jamais vous connaissez quelqu’un qui le possède toujours, faites votre possible pour vous faire inviter à l’essayer !

En attendant, vous pouvez vous rendre sur le site Internet d’époque du jeu qui existe toujours…

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©SEGA.

6 réponses

  1. xxiooup dit :

    Je n’ai malheureusement jamais pu m’essayer à ce jeu, bien qu’il m’ai toujours fait de l’oeil, ta chronique me donne bien envie de passer le pas et de l’importer!

    • Je le recommande vivement, bien qu’y jouer en japonais demande un peu de connaissances dans la langue pour comprendre les directives. Enfin, il est faisable même sans et du coup, on apprend du japonais. ^^

  2. Mimite dit :

    L’époque ou tout était encore à faire et à découvrir dans l’univers des jeux en 3D.
    Chacun de ces jeux, plus ou moins « originaux », étaient une expérience unique et dépaysante.
    Des jeux qui apportaient leurs pierres à l’édifice et Burning Ranger en fait clairement partie.
    La Sonic Team, à jamais dans mon petit coeur de gamer ^_~

    • Effectivement, c’était une époque où tout était encore à faire, inventer et tester en matière de 3D. Et la Sonic Team n’a pas été des moins audacieuses avec des jeux comme BR ou Nights into Dreams. Sonic Team a longtemps été un gage de qualité et d’originalité qui manqu un peu au jeu vidéo de nos jours!

  1. 29 mars 2018

    […] l’épisode du mois dernier traitait d’un titre qui signait la fin d’une machine de façon explosive, cette fois-ci nous […]

  2. 27 septembre 2020

    […] Kyokuichi Tokyo Movie (devenu TMS Entertainment, réalisateurs des scènes 2D sur des jeux comme Burning Rangers, Grandia, ou encore Akira pour ne citer qu’un anime connu). 1995 arriva, et quelques […]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez aussi...

Verified by MonsterInsights