[Interview] Akemi TAKADA : l’illustratrice qui traverse les générations au Japan Tours festival

Cette année encore Japan Tours festival s’offre une affiche prestigieuse pour sa nouvelle édition et notamment la chara-designer Akemi TAKADA. Son travail est connu en France grâce aux dessins animés : Kimagure orange road (Max et compagnie), Mahō no Tenshi Creamy Mami (Creamy, merveilleuse Creamy), Patlabor ou en encore Urusei yatsura (Lamu). Ses illustrations aux couleurs douces pastels ont fait sa réputation à travers le monde et ont séduit plusieurs générations.

Exposition de ses illustrations pour Patlabor

Akemi Takada, en quelques mots

Pour ceux qui ne le savent pas encore, Akemi Takada est une illustratrice et chara designer qui a commencé dans les années 70 à la Tatsunoko Pro après avoir fait ses études à l’Université des Beaux-Arts Tama. Par la suite elle devient freelance avec son propre studio, mais elle fut aussi membre du groupe Headgear de 1987 à 1994, où elle travailla sur la saga de Patlabor. Elle a travailler sur des séries connues comme Mahō no Tenshi Creamy Mami, Kimagure orange road (Max et compagnie), Patlabor, Urusei yatsyura (Lamu), Maison Ikokku (Juliette je t’aime) etc. 

Akemi Takada était donc de retour en France, après s’être déplacée à Japan Expo en 2009 puis à Paris Manga en 2013. Au Japan Tours festival, du 9 au 11 mars dernier, ses fans se donc sont pressés à ses dédicaces, à sa conférence retraçant sa carrière, mais surtout à sa masterclass. Une heure en présence de l’artiste où elle a fait preuve de beaucoup de gentillesse et d’abnégation tout en réalisant devant le public deux dessins. Malgré son expérience Akemi Takada était stressée : un public à l’autre bout du monde n’est pas vraiment son environnement habituel pour dessiner. Néanmoins l’assistance a pu faire connaissance avec une artiste accomplie, et c’est avec beaucoup d’humour qu’elle répondu aux questions du public. Fait amusant : la masterclass était animé par l’auteur de Maliki, qui tout comme le public n’en perdait pas une miette !

Le résultat fut un dessin de Creamy et un second de Lamu… qui n’était autre, en fait, que son plan B si elle s’était ratée sur le premier, mais elle a bien entendu réussi les deux. L’illustratrice a présenté ses techniques à l’aquarelle avec les différentes couches et le rajout de blanc pour surligner à la fin. La seule chose qu’elle n’a pas pu nous montrer faute de temps (il faut attendre le séchage total du papier) est le maquillage aux pastels. 

Creamy mami, kimagure orange road, Lamu…

L’interview

Akemi Takada a eu la gentillesse de répondre à nos questions…

Journal du Japon : Bonjour, et merci de nous avoir accordé cet entretien.
Vous travaillez beaucoup à des projets sur Creamy mamy en ce moment (café, St valentin, illustrations etc.). Pourquoi, alors que la série est très ancienne maintenant ?

Akemi TAKADA : J’ai eu beaucoup de chance avec Creamy mamy parce que la série a été rediffusé de nombreuses fois à la télévision japonaise. Des personnes qui l’ont regardé une première fois, l’ont revu par la suite. Une idole a dit qu’elle avait revu cette série, qu’elle trouvait que la série était très bien et que Creamy mami était trop kawaï. Du coup de jeunes entreprises se sont intéressées à elle. On a eu la chance d’avoir une offre très diversifiée avec des T-shirt, des objets divers, etc.
Les femmes qui ont 40/45 ans maintenant étaient fans quand elle étaient petites, les femmes de 20 ou 30 ans ont vu aussi les rediffusions, elles achètent aussi des produits dérivés. Et enfin il y a les toutes petites filles de 6 ans qui aiment aussi car leurs mamans leur ont montrés aussi la série.
C’est merveilleux vous ne trouvez pas ? J’ai des fans de Creamy sur plusieurs générations, de 6 à 45 ans ! (Rires)

Quels sont les différences entre le métier de chara designer et illustrateur ? Lequel préférez-vous ?
Il y a un point commun entre le métier chara designer et illustrateur : c’est le fait de dessiner. Ce qui est différent c’est que par exemple pour le métier de chara designer on a une base avec une oeuvre qui existe déjà. Ensuite je rajoute ma touche personnelle. Quand je suis illustrateur je commence tout de zéro, je dois tout créer de A à Z. Personnellement j’aime beaucoup ces deux métiers, d’ailleurs ils se retrouvent à la fin car je fini souvent par faire des illustrations pour les DVD, CD et autres packaging. J’aime beaucoup ces deux façons de travailler, je ne me sens pas capable de choisir car les deux m’intéressent.

Un exemple de bijou signé Akemi Takada

Vous créez des bijoux, pouvez-vous nous expliquer nous votre processus (idées, recherches, dessins préparatoire etc.) ?

J’adore créer des choses différentes. Je dessine dans l’animation ou dans l’illustration, et là encore je m’exprime différemment. Pour créer mes bijoux j’utilise des méthodes différentes comme l’émail où je repasse plusieurs fois sur le dessin avant de cuire pour l’émaillage à 800°C. J’utilise différents métaux comme le cuivre ou l’argent. (NDLR : Elle nous montre son pendentif avec un chat et une bague avec un motif d’Ange.) Pour le design de cette bague j’ai utilisé un logiciel d’informatique. J’aime utiliser des matières très différentes, certaines plus douces que d’autres par exemple. Avec l’émail c’est compliqué car la couleur change avec la cuisson. Par exemple celui-ci je l’ai tellement bien réussi que je n’ai pas voulu le vendre, je le garder pour moi.

J’adore créer ces bijoux, cela m’amuse beaucoup et me détend.

Quelles sont les choses qui inspirent votre travail d’illustratrice ?

Pour mon métier de chara designer j’observe bien l’oeuvre d’origine que ce soit l’histoire, les personnages, le background, etc. Par exemple avec Noa qui est une jeune fille très énergique qui sourit tout le temps, je pense que quelqu’un comme cela n’existe pas dans la vraie vie. Je me suis dis « elle va forcément rencontrer des choses tristes dans son vécu » et petit à petit des images se sont formées dans mon esprit. Je l’ai dessiné au bord de la mer avec un beau coucher de soleil en train de pleurer. C’était une image différente d’elle et ça a beaucoup plu.

Vous semblez très à l’aise sur twitter, vous parlez de vos oeuvres, mais aussi d’actualité ou de confrère. Qu’est-ce que ça vous apporte ?

Vous le savez j’utilise plusieurs media sur internet. Sur Twitter je préfère parler d’actualité ou bien de ce que je fais à un moment précis ou de ce que je ressens. Sur mon blog il s’agit plus d’annonces de mon actualité sur mes expositions ou des événements auxquels je participe.

Enfin, il y a le site officiel qui fait des annonces pour les gros projets futurs. Je les utilise pour ma promotion essentiellement. Je ne parle jamais de ma vie privée.

Entre, Madoka Ayukawa (Kimagure orange road) et Nao Izumi (Patlabor) ce sont deux univers différents. Qu’est-ce qui vous plaît dans ces deux univers ? Avez-vous une préférence et y en a-t-il un où vous vous sentez plus à l’aise ?

Déjà je voudrais vous dire qu’en ce qui concerne Madoka, je n’ai jamais aimé l’histoire. Kyosuke (Max en VF) hésite entre deux filles et c’est quelque chose que je ne peux pas comprendre. Je n’aime pas du tout son comportement. Normalement quand je fais le chara designe d’une série il faut que j’aime l’histoire. Mais c’était mon travail donc je devais le faire même si ça ne me plaisait pas. J’ai essayé de mettre tous les sentiments de Madoka dans ses yeux.

En ce qui concerne Noa (Patlbor), c’est une fille très positive, qui bouge beaucoup contrairement à moi, car je n’aime pas trop sortir de chez moi. J’admirais beaucoup ce personnage à cause de ça, j’ai mis beaucoup d’émotion dans ses dessins. C’est pour cela que j’ai fais des dessins où elle a un regard triste pour lui donner encore plus d’émotions.

Les dessins réalisés durant la masterclass

Vous avez fait une master class au Japan Tours festival. Avec votre expérience, est-ce que vous pourriez envisager d’enseigner votre art ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, encore aujourd’hui j’apprend des choses sur mon métier de dessinateur. Je continue de découvrir d’autres façon de peindre ou de dessiner. Pour le moment je ne pense donc pas enseigner, mais si un jour j’ai l’occasion de montrer aux autres comment dessiner, ce sera avec plaisir. Pour la masterclass, c’était un peu trop rapide, mais j’ai essayé de montrer l’essentiel. J’espère que cela vous a plu. 

Complètement, merci beaucoup !

Ainsi se termine ces rencontres à Japan Tours avec Akemi TAKADA, des moments d’une grande richesse. Elle s’avouera très heureuse de venir dans une convention à taille humaine pour rencontrer un public heureux de la rencontrer dans de bonnes conditions. 

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Remerciements à Anne-Guillaume Vallée pour les photos, ainsi qu’à Japan Tours Festival, Sarah Marcadé et à la traductrice Naoko Ban. Et bien entendu un grand merci à Mme Takada pour sa gentillesse.

Tatiana Chedebois

Je suis tombée dans les animes et les mangas depuis toute petite. Mais depuis 1997 je me suis spécialisée dans la Jmusic sur divers média. Avant toute chose j'aime le rock sous toutes ses formes et je m'éclate en concert. Depuis peu j'ai acquis un doctorat en manga avec des chats.

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