Rencontre avec Konami Kanata, l’auteure de Chi

A l’occasion du salon du livre jeunesse de Montreuil, la mangaka Konami Kanata a fait le déplacement jusqu’à nos vertes contrées. Elle s’est rendue à de nombreuses dédicaces et s’est pliée au jeu de la conférence de presse où nous étions présents.

Avant sa semaine marathon dans la capitale française, c’est dans les locaux de Glénat que la dessinatrice nous reçoit, accompagnée de son mari et de son éditrice, Kaori Kitamoto. Malgré sa timidité elle prendra le temps de répondre à toutes nos questions.

Manga phare de Glénat vendu à 600 000 exemplaires depuis 2010, Chi, une vie de chat est un vrai succès de librairie avec actuellement 10 tomes à son actif. Son tome 1 s’est écoulé à lui seul à 100 000 exemplaires.

Chi est un manga qui, à bien des égard, est différent de ce qui est habituellement publié en France. Au Japon n’est édité qu’un volume par an quand d’autres auteurs en publient un tous les trois mois. L’œuvre est aussi adaptée à notre pays : les planches sont en couleurs et elle utilise le sens de lecture français. Mais au delà du format, c’est avant tout l’histoire de cet adorable chaton qui a conquis petits et grands.

Qui est Konami Kanata ?

Konami Kanata est une mangaka japonaise née le 3 juillet 1958 à Nagano. En 1982, elle publie Puchi neko jamu jamu dans le magazine Nakayoshi et c’est déjà une histoire de chat. « Ma carrière à commencé simplement. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné. Je faisais partie du club de manga dans mon université. Tout naturellement, je suis allée présenter mes planches à l’éditeur Kodansha et j’ai été retenue. J’ai commencé avec des histoires courtes avec comme sujet : les chats. Ensuite, j’ai enchaîné avec des animaux différents comme des pingouins et même un diable de Tasmanie, avant de revenir aux chats avec Fuku Fuku Funya~n, l’histoire d’un gros chat paresseux que je publie encore 20 ans après. »

Fuku Fuku Funya~n

Elle reconnaît ne pas avoir d’influence directe, mais avoue néanmoins apprécier Moto Hagio (Une mangaka encore peu connue en France dont une Anthologie a été édité chez Glénat ainsi que manga Le Cœur de Thomas chez Kazé). Elle nous raconte d’ailleurs une anecdote à ce propos : « Lorsque j’étais étudiante je copiais les dessins de Moto Hagio, car j’avais envie de dessiner comme elle. Parmi toutes ses œuvres il y a un personnage d’American Pie que j’aurais toujours voulu être. »
Elle aime aussi beaucoup What’s Michael ?! (Glénat) de Makoto Kobayashi une autre histoire de chat très différente de Chi pourtant elle aussi publiée dans le Weekly Morning.

Et le manga dans tout ça…

Weekly Morning est un magazine pour jeunes adultes masculins … curieux choix pour un manga aux accents enfantins ! Kanta nous explique alors qu’ « au départ, Chi n’était pas destiné qu’aux enfants. L’histoire devait pouvoir être lue par toute la famille. Mon mari et moi avions récupéré un chaton plein de vie, et il nous a transmis tant d’énergie que nous avons voulu partager ses bienfaits avec les lecteurs, des hommes qui travaillent et qui ont besoin de cette énergie car ils sont fatigués. J’ai aussi fait ce manga pour remercier ce chaton que nous avions récupéré, mais aussi m’excuser auprès de sa maman qui l’a perdu. » Leur gros matou, qui a maintenant 16 ans, s’appelle Pee (soit pipi en anglais) et a évidemment servi de modèle à Chi (qui veut dire pipi en japonais). A priori ce n’est pas très vendeur, mais son premier éditeur a proposé ce nom avant la publication et à la grande surprise de l’auteure, a été conservé.

Une autre particularité de Chi est sans nul doute sa colorisation : « Quand j’ai commencé la publication de Chi, une vie de chat les pages étaient en couleur, l’éditeur de l’époque avait trouvé que le rendu était vraiment magnifique et a donc demandé plusieurs chapitres en couleur. Si bien que lorsque le premier volume relié a été publié, la moitié des chapitres étaient en couleur. On s’est alors demandé pourquoi ne pas tout faire en couleur ? Nous avons donc colorisé les chapitres qui ne l’étaient pas. »

Comment s’y prend t-elle pour coloriser les pages noir et blanc ? Elle nous explique : « Au moment de créer les planches, je fais des photocopies, ensuite nous continuons les trames. La photocopie est reproduite sur une feuille d’aquarelle avant de la coloriser. Cela fait donc deux versions réalisées au bout du compte. » Le processus semble long ! Pourtant la réalisation d’un chapitre prend une semaine pour le storyboard et les planches. Konami Kanata fait les dessins, approuvés ensuite par son éditrice. Elle les encre, son mari fait les aplats de noir et les trames et un assistant dessine les décors.
 

Enfin, pour tous ceux qui se posaient la question, ne vous attendez pas à voir Chi adulte, elle restera un chaton pour les besoins de l’histoire. Si la trame du scénario est totalement fictive, le comportement des chats est lui réel est bien issu de sa propre expérience, comme en témoigne son travail sur les expressions de Chi : « Pour les expressions joyeuses ou comiques j’avais déjà les têtes grâce aux chats, mais pour celles de mou ou de colère c’est venu de mon éditrice, Kaori Kitamoto. Je la regardai pendant les réunions et c’est son visage que j’ai reproduit ! Je travaille beaucoup les expressions pour pouvoir capter la bonne image. Je continue de travailler jusqu’à ce que j’arrive à ce que j’ai imaginé. Mais c’est long et difficile. »

Quant est-il des personnages secondaires ? Ils seraient le fruit de plusieurs esprits : « Pour commencer Noiraud est une idée de mon éditrice, alors que Minou vient d’une idée de mon fils. Chi a eu beaucoup de chance, elle a été adoptée tout-de-suite. Mais, alors que nous discutions avec mon fils, il m’a demandé : « si Chi n’avait pas été adoptée, elle serait devenue un chat des rues ? » De là est né le personnage de Minou.»

Alors que son manga se vend très bien à l’étranger, Kanta ne veut pas pour autant changer son style : « Je ne m’attendais pas à avoir du succès en dehors du Japon. Même si je garde dans un coin de ma tête que mes histoires sont lues par d’autres enfants à travers le monde, ce n’est pas pour ça que je change ma façon de travailler. Je reçois de temps en temps des lettres de l’étranger, dont la France, et cela me fait toujours extrêmement plaisir. »

Du manga à l’animé aux produits dérivés

Consécration : son manga est adapté en anime par Madhouse en 2008. Chaque épisode, de 3 minutes seulement, correspond à un chapitre du manga. Deux saisons existent à ce jour, de 104 épisodes chacune. L’auteure nous parle de son travail avec les studios : « J’ai eu plusieurs réunions avec la production de l’anime, et j’ai pu soumettre tous mes souhaits. J’ai pu superviser toute la série, j’ai donc une confiance totale dans l’équipe de l’anime et ainsi avoir de bons résultats. »
Que les fans se rassurent, la série va enfin débarquer en France et en Belgique ! L’achat est actuellement en négociation, cependant il y a fort à parier que la série trouve rapidement une chaîne désirant diffuser les aventures du chaton.

Cet essor inattendu permet à Glénat voit grand avec toute une série de produits dérivés, plutôt rares jusqu’à présent. Peluches à l’effigie de Chi, set de cartes postales, livre secret avec cadenas ou autres coffrets de carnets, le public ciblé est clair.
Les prochains mois verront l’apparition d’autres produits qui à coup sûr, feront craquer les enfants (et le porte-feuille des parents) ! Ils pourront ainsi compléter leur panoplie de parfait petit fan avec des trousses, des cahiers, des étuis, des figurines, des chaussons et t-shirts ! Est même prévue pour janvier 2015 une série de fèves !

Autant dire que nous allons encore voir longtemps notre petite Chi  !

Remerciements à Konami Kanata pour son temps et à Fanny de chez Glénat pour la mise en place de cette conférence.

Photos Tatiana Chedebois

Tatiana Chedebois

Je suis tombée dans les animes et les mangas depuis toute petite. Mais depuis 1997 je me suis spécialisée dans la Jmusic sur divers média. Avant toute chose j'aime le rock sous toutes ses formes et je m'éclate en concert. Depuis peu j'ai acquis un doctorat en manga avec des chats.

1 réponse

  1. Marjorie dit :

    C’est vraiment la culture Japonaise les mangas, je trouve limite que c’est de l’art, ils ont un soucis du détail qui me facine ! Je suis vraiment fan de ce que fait Konami Kanata.
    Merci pour cette article il est vraiment top !!

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