[Interview + Live Report] Uplift Spice : Un groupe pour pimenter vos vies

Dimanche 18 Mai se tenait à La Machine du Moulin Rouge, le deuxième concert parisien du groupe Uplift Spice.
A cette occasion, Journal du Japon s’est offert un voyage sur la route des épices.

Ce voyage a commencé autour d’une table du Kawaii Café, la veille du concert, afin de rencontrer le quatuor composé de Chiori au chant, U-key à la guitare, Tobita à la batterie, ainsi que Kenji à la basse, répondant aux questions de quelques journalistes lors d’une conférence.

 

Photo Lōlu

 

 

Bonjour à tous ! Près de trois ans après votre première venue en France et notamment votre concert à la Maroquinerie, quels souvenirs en gardez-vous ? Quel accueil avez-vous eu ?

Chiori : Nous avons en effet déjà joué en France auparavant, et nous en gardons un bon souvenir. Nous sommes vraiment bien accueillis par le public ici.

Le public français est très diffèrent du public Japonais. Au Japon, les fans bougent surtout leurs corps, alors qu’en France, les gens crient davantage, sont plus excités. C’est très différent, mais agréable.

Cependant, et cela ne tient qu’à nous, nous avions un peu été surpris la première fois que nous étions venus. En effet, au Japon, nous n’avons pas de restrictions sur le son, nous pouvons le mettre aussi fort que nous voulons. Alors, la première fois que nous sommes venus, nous avons dû nous dépêcher pour le concert, car nous étions pris de court. C’était une vraie surprise. Mais cette fois, nous sommes correctement préparés !

Comment préparez-vous vos concerts, justement ? Pour ce qui est de la seltist notamment, portez-vous davantage d’importance aux attentes du public, ce qu’il veut écouter, aux musiques qui vous sont chères, ou bien vous cantonnez-vous au dernier album?

U-key : Il est vrai que nous travaillons essentiellement avec le dernier album sur scène. C’est le moment de le faire découvrir, et c’est important. Mais nous ne nous arrêtons pas là, nous varions avec des musiques plus anciennes qui marchent, et des musiques plus inédites, surtout en France. On regarde ce qui marche, et on essaie de les organiser dans la setlist.

En parlant du nouvel album, intitulé « ØØØ », pouvez-vous nous en dire davantage sur le thème global de l’album ? Ce que vous avez souhaité aborder?

Chiori : Ce que nous avons voulu mettre en avant, c’est le changement. Tout change. Nous évoluons en tant que groupe, en tant que personnes au sein du groupe, et les choses de manière générale changent également.

Cet album est lié à notre recherche d’identité, et à ce renouveau. Nous avons évolué pour devenir vraiment nous-mêmes.

Pourquoi ce titre ?

Chiori: Le titre de l’album, ØØØ, est à lire « zero, zero, zero ». Nous l’avons appelé ainsi en raison de la chanson titre, ØØØ, mais ce choix est intimement lié à cette idée de renouveau, de changement.

Quel est donc ce changement ? Qu’est-ce qui a tant changé depuis le dernier album ?

U-key : Il n’y a sans doute pas tellement de changement pour l’auditeur. C’est surtout pour nous, en réalité. Nous avons surtout souhaité changer notre mode de fonctionnement, bouleverser nos habitudes. Auparavant, lorsque nous composions, nous savions exactement qui devait faire quoi et comment le faire « toi fais comme ça, toi tu fais ça, cette mélodie doit être comme ça ». Tout était établi dans notre façon de procéder. Nous avons donc changé ça.

En parlant de changement, Atsushi a quitté le groupe fin 2010 et Kenji l’a intégré en 2011. Comment avez-vous géré de changement?

U-key : Oui, en effet, il y a eu un changement de membres dans le groupe. Disons que c’est différent : chacun n’apporte pas les mêmes choses, mais c’est très enrichissant et heureux. Ils n’ont pas la même vision de la musique, et c’est intéressant.

Vos pochettes d’album intriguent. Parfois dérangeantes, bizarres pour certains, artistiques et plaisantes pour d’autres. Comment en décidez-vous ? Que pouvez-vous nous en dire?

Chiori et U-key (se regardent en riant, la question leur ayant visiblement été posée quelques minutes auparavant) : Eh bien, depuis notre deuxième album Omega Rythm, nous nous sommes attelés sur ce symbole central, qui revient chaque fois sous une forme différente, mais cependant important. Nous souhaitions quelque chose qui ait un impact, dont les gens se souviennent. Nous avons remarqué que, bien souvent, les gens ne faisaient pas la différence entre deux albums qu’ils achetaient et oubliaient le visuel. Donc nous ne voulions pas la même chose. Nous souhaitions que nos albums soient mémorables, dans le bon ou mauvais sens. C’est pourquoi, ayant constaté que les symboles simples et au centre de la pochette marchaient bien, nous avons gardé ce procédé. Il faut que le public éprouve un sentiment face à nos pochettes.

Toujours dans cette idée de changement, de surprise, votre dernier album contient une piste nommée Irony contenant de la musique électronique. Est-ce ponctuel, un essai, ou bien comptez-vous le renouveler ?

U-key : C’était un essai. Pour l’instant, ça en reste là, on ne sait pas encore.

Au sujet de la composition, de la création d’un album, comment vous organisez-vous ? Qui apporte le plus d’idées?

U-key : Je suis en charge de la composition, notamment de la mélodie et des arrangements. Après quoi, le travail est distribué : chacun fait sa partie en fonction de son instrument. Après quoi, nous mettons en commun et finalisons ensemble.
Pour ce qui est du texte, Chiori s’en charge.

Former le groupe vous a demandé beaucoup d’efforts, notamment de déménager à Tokyo, ou encore de vous en sortir avec des boulots à temps partiel. En regardant votre parcours, y a-t-il eu des regrets ou des choses dont vous rêviez qui se sont réalisées par rapport au groupe ou à vos vies personnelles ?

U-key : De fait oui, nous sommes très heureux et fiers de nous être faits connaître en Europe alors que nous n’avions pas encore sorti d’album. Tout s’est fait grâce au bouche à oreille, et c’est incroyable. C’est une réussite pour nous. Nous avons toujours voulu jouer à l’étranger, mais nous étions persuadés que c’était un luxe réservé aux groupes chantant en anglais. Nous avons réussi à casser les barrières de la langue, et nous en sommes vraiment heureux.

Tobita : Pour répondre à la question des regrets de façon un peu personnelle, je dirais que mon plus gros regret date du festival Summer Sonic qui est un grand festival de métal au Japon. J’étais très heureux de pouvoir y jouer, mais dès la première chanson, j’ai cassé la grosse caisse de ma batterie … c’est mon plus grand regret à l’heure actuelle (rires).

Vous avez fait les premières parties de deux de vos références musicales (Saosin et The Used), mais également des tournées avec de nombreux groupes connus tel que coldrain, Scars Borough, SiM. Que vous ont apporté ces groupes selon vous, que ce soit humainement ou musicalement parlant ?

U-key : C’est vrai que The Used m’ont vraiment beaucoup influencés toute ma vie, que ce soit dans ma musique ou ailleurs. Ils ont joué un grand rôle dans ma carrière musicale. Et cela est d’autant plus vrai maintenant que je les ai rencontrés. Même si je ne parle pas anglais, nous avons réussi à communiquer, et être en leur présence a été très enrichissant. Rien que cela a été un facteur de motivation assez important. Mais de manière générale oui, ils nous ont tous apportés beaucoup.

En parlant d’influence musicale, quels sont les groupes européens ou Américains que vous écoutez et qui vous ont influencé ?

U-key : Megadeth, sans hésitation. Ils m’ont vraiment beaucoup influencé.

Chiori : J’écoute énormément de métal. J’ai envie de dire Megadeth aussi, ils m’ont beaucoup influencée. Slayer aussi a été un groupe déterminant pour moi. Quant au chant, la chanteuse Janis Joplin reste une référence incontournable.


Tobita
 : Quant à moi,je dirais que c’est Travis Barker, le batteur de Blink-182. J’ai été très inspiré par des groupes de punk californien tels que Blink-182 ou encore New Found Glory dans ma musique.

Kenji : Je pense que cela ne parlera à personne, mais pour moi, c’est le pianiste et compositeur Oscar Peterson.

Que pensez vous de la scène rock qui émerge actuellement au Japon ? Et comment pensez-vous qu’elle prendra de l’ampleur ?

U-key : Je suis vraiment satisfait de l’évolution de la situation. Même si les groupes de pop ou d’idols trustent le haut des charts, il y a beaucoup de variété quand même. Beaucoup de groupes arrivent à entrer dans la scène indie, et c’est agréable. De plus en plus de monde s’attache à ce milieu un peu « underground », et ce n’est pas plus mal. Il y a vraiment beaucoup de personnes, donc j’en suis vraiment satisfait, oui. J’ai beaucoup d’espoir pour la suite !

Enfin, avez-vous des projets pour l’avenir ?

U-key : Bien entendu, nous avons les concerts au Japon. Nous souhaitons utiliser notre expérience acquise en Europe pour nous améliorer, et ensuite préparer un nouvel album. C’est dans nos projets.

Cette entrevue qui s’est terminée sur un « Je t’aime, la France » adressé à tous leurs fans Français, et un « Je suis Japonais ! » lancé par Tobita avant notre départ, qui nous a convaincu d’une chose : Uplift Spice a tissé des liens très forts avec la France. Si leur succès en Europe les a aidés à s’élever, leur musique a su apporter des couleurs et des saveurs à ce que les Européens écoutent. Uplift Spice est décidément emprunt de ce partage.

 

Photo Lōlu

 

Si la réussite d’un plat tient à sa générosité, ses saveurs et ses aromates, il semblerait que cela soit valable pour un groupe également. De ce fait, lors de leur concert à la Machine du Moulin Rouge, le groupe a su mélanger avec brio ces différents concepts, permettant ainsi au public de déguster cette performance plus que savoureuse.

Après une entrée servie à la minute près à un public plus que chaud, le quatuor a su tenir ses auditeurs en haleine, jusqu’à offrir un café plus que gourmand : non pas un seul rappel, mais deux.

Photo Lōlu

Dans la salle, les cris, les pogos, circle pits, ou slams semblaient faire passer le « Vous avez encore la forme ? » de Chiori pour une question rhétorique.

L’énergie et le goût de vivre du groupe a été plus que communicative. Forts d’une setlist de qualité qui, comme confiée lors de l’interview, a été parfaitement dosée, le groupe a su cuisiner ses fans entre rock épicé et mélodies pour les fins palais, sans les laisser mijoter un seul instant.

L’ambiance n’a pas eu le temps de refroidir, et le partage s’est fait équitablement entre le groupe et le public, qui semblent désormais liés.

Cette proximité a notamment été marquée davantage lorsque la jeune chanteuse a demandé à un fan de monter sur scène … pour traduire une phrase, faire passer un message au public.

« J’ai… le cœur … qui bat » affirme Chiori en Français, après nous avoir confié son soulagement que l’avion ne se soit pas craché avant d’arriver, sans quoi ils n’auraient pas pu être présents ce soir.

« Je vais vous confier quelque chose. En étant en France ces derniers jours, j’ai réalisé que j’aimais vraiment ce pays, et que je souhaitais revenir une troisième fois ! »

Le groupe n’a, cette fois, pas joué dans une salle comble, bien que la note ne soit pas salée (22€ l’entrée), mais aucune amertume ne semble avoir subsisté ce soir-là.

Chiori, en prenant la parole entre deux chanson nous a même avoué : « c’est vrai qu’au Japon, les gens ne sont pas comme ça, on n’a pas autant de succès », avant d’ajouter « C’est pas grave qu’on ne puisse pas faire de concert au Japon, on a les fans français qui nous soutiennent. ». Puis de continuer « Ça me fait vraiment plaisir que vous soyez venus nous voir, mais je suis encore plus contente que vous nous ayez trouvés, que vous ayez trouvé notre musique, je suis vraiment très contente d’être là. I love you, merci beaucoup, vraiment ! ».

Photo Lōlu

Pour citer des fans discutant dans la salle avant et après le concert :

« J’ai l’impression qu’Uplift Spice a toujours fait partie de ma vie, je les ai écoutés depuis leurs débuts, et c’est avec plaisir que je continuerai de les voir et revoir en concert chaque fois, avec la même hâte et le même plaisir que la première fois ».

« Si c’était mieux qu’il y a quelques années ? Je ne sais pas, c’était différent, mais c’était génial et c’est ce qui compte ».

Ce soir-là, c’était un mélange de sensations, d’ambiances, de cultures, mais surtout beaucoup de couleurs et de saveurs qui se sont élevées pour nourrir le sentiment d’osmose qui est né il y a déjà plusieurs années à la Maroquinerie.

Uplift Spice, ce n’est pas la cerise sur le gâteau, mais les épices sur la musique.

Retrouvez toutes les photos du concert dans notre galerie !

Remerciements au groupe, à Bishi-Bishi, ainsi qu’au Kawaii Cafe et les autres médias participants pour cette rencontre.

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