Sushi Typhoon : Machine bien huilée et girls bien roulées

On a tous un ami qui ne comprend rien à la culture japonaise et qui ne veut rien y comprendre ; ce genre d’ami qui se contente de s’écrier « WTF » dès qu’il voit ou entend quelque chose en lien avec le pays du soleil levant. Puisqu’à la rédaction de Journal Du Japon, on ne veut surtout pas que vous vous brouilliez avec cet ami au beau milieu des fêtes, voici une belle idée de cadeau qui lui permettra de faire un premier pas dans la culture japonaise dans toute sa mesure et sa poésie. Ce cadeau, c’est le superbe coffret Sushi Typhoon : Bento Box (Wasabi Edition) édité par Elephant Films qui réunit pas moins de quatorze chefs-d’œuvres liés au célèbre studio Sushi Typhoon. Au programme : hémoglobine, tronçonneuses, jolies pépées et robots tueurs. Parce que c’est aussi ça l’esprit de Noël.

 

Des films cultes pré-Sushi Typhoon qui ont mené à la création du studio aux dernières productions iconiques qui chaque année font le tour des festivals de genre internationaux, les productions de Noboru IGUCHI, de Yoshihiro NISHIMURA et de leurs camarades de jeu se sont toujours amusées avec ce qui a toujours fasciné le cinéma d’exploitation : zombies, monstres, cyborgs, mutants et ero-guro. Agrémentée de bonus, accompagnée d’un livret explicatif rédigé par nos confrères d’East Asia et proposant l’intégralité des films en version originale sous-titrée et en version française (idéal pour visionner les films en compagnie de votre mamie qui n’aime pas lire les sous-titres), cette Bento Box (Wasabi Edition) nous offre en quatorze DVD un concentré de ce qui se fait de plus fou en extrême-orient afin d’occuper nos longues soirées d’hiver.

 

Death Trance de Yūji SHIMOMURA

death_trance_posterSynopsis : Dans un futur post-apocalyptique, l’humanité se réduit à une poignée de guerriers, de moines et d’esprits mystiques qui se combattent pour leur survie. Dans ce chaos, Grave, un rônin solitaire et sans pitié réussi à dérober un sarcophage renfermant un terrible secret, sensé conférer un pouvoir absolu à quiconque saurait le maîtriser. Mais sa prise n’est pas sans risque, et devient la convoitise de tous.

Sorti en 2005, Death Trance est le premier long-métrage du réalisateur Yūji SHIMOMURA, plus connu pour son travail pour la télévision et dans le domaine du jeu vidéo. Adapté du manga éponyme de Kana TAKEUCHI, Death Trance est l’exemple type de l’adaptation live de manga qui n’avait jamais été prévu pour connaître une adaptation live, au même titre que le Zebraman de Takashi MIIKE ou encore le Cutie Honey de Hideaki ANNO. Il en ressort un film de série B bas de plafond mais qui réussit son coup en proposant plus que la bisserie moyenne. Sans partir dans la surenchère qui pollue trop souvent le cinéma de genre, Death Trance saura ravir les amateurs du genre.

Avec ses décors en images de synthèse, ses scènes d’actions hautement improbables – hommage criant au wu xia pian, le film de sabre chinois – et son héroïsme kitsch, il est difficile de qualifier Death Trance de chef-d’œuvre du septième art. Pourtant, le film parvient à s’imposer comme un incontournable du cinéma de série B. Étonnement bien filmé, le film de Yūji SHIMOMURA s’éloigne des caméras nerveuses habituelles du cinéma de genre et offre une réalisation ample et travaillée. Bien que le film peine à cacher son budget fauché – notamment au niveau de l’étalonnage – quelques plans larges et travellings sont absolument saisissants et on s’en veut un petit peu de s’émerveiller devant un film aussi bête.

Enchaînant cercueil magique, moto-cross, vampires et katana-fusil, le scénario ne recule devant rien et change de direction dès que l’on pense avoir tout vu. L’humour n’est pas absent, certains personnages ou situations jouissent d’un certain potentiel comique, mais une fois de plus, le film ne tombe pas dans le piège trop tentant du film bis comme catalogue de blagues graveleuses et reste droit dans ses bottes, distillant habilement l’humour à travers le métrage.

Porté par un casting haut en couleur – on retrouve l’acteur-cascadeur Tak SAKAGUCHI et Kentaro SEAGAL, qui n’est nul autre que le fils du demi-dieu des films de série B à Z, le grand Steven SEAGALDeath Trance propose un cocktail efficace de punchlines épicées tout en surjeu et de combats dantesques à la fois dynamiques et originaux. On découvre d’ailleurs dans les bonus du DVD les dessous de ces scènes de combats extrêmement chorégraphiées qui mêlent références au wu xia pian et au chanbara ainsi que des éléments de boxe, de breakdance, de ju-jitsu et même de catch.

Les bonus du DVD permettent également de découvrir le film teaser réalisé pour la promotion du film et le making-of de celui-ci. Ce film teaser – projeté à l’occasion de l’édition 2005 du Festival de Cannes – a été réalisé près de quatre ans avant le début du tournage et lève le voile sur les trouvailles techniques complètement fait-maison qui ont rendu ce film possible.

S’il est évident que Death Trance ne marquera pas l’Histoire du septième art, il n’en demeure pas moins un incontournable pour tout amateur de série B ainsi qu’une superbe entrée en matière pour ce coffret DVD.

 

The Machine Girl de Noboru IGUCHI

machine_girl_the_posterSynopsis : Pour Ami, tout bascule le jour où une bande de yakuzas torture son petit frère et le met à mort sous ses yeux. Ils lui tranchent le bras et la laissent vivante pour témoigner de leur joug impitoyable ! Elle est recueillie par un couple de mécaniciens, parents d’une autre victime, qui lui greffe une mitrailleuse en guise de prothèse. Armée du bras de la vengeance, Ami compte bien faire couler le sang de ceux qui ont détruit sa vie.

C’est avec le DVD de The Machine Girl que l’on entre véritablement dans le vif du sujet. Sorti en 2008, le chef-d’œuvre de Noboru IGUCHI est le film fondateur qui ouvrira la voie du renouveau du cinéma d’exploitation japonais, principalement entretenu depuis par IGUCHI lui-même et par Sushi Typhoon. Bien qu’antérieur à la création du studio, The Machine Girl réunit Noboru IGUCHI à la réalisation et Yoshihiro NISHIMURA aux effets spéciaux et se positionne comme un véritable manifeste de ce qui fera le succès de Sushi Typhoon.

L’ouverture du film nous met rapidement dans le bain avec une scène d’introduction présentant notre héroïne bien membrée venue redresser les torts d’une bande de jeunes voyous martyrisant un lycéen à l’aide de sa prothèse-mitrailleuse. Tout, jusque dans les choix de musique et de typographies, nous évoque l’âge d’or du cinéma d’exploitation américain des années 70. L’hommage est là, mais The Machine Girl se différencie des précédentes tentatives de résurrection du genre en y apportant un véritable coup de vent frais.

Le film suit les aventures de la jeune Ami – interprétée par une Minase YASHIRO aussi mignonne que mauvaise actrice – que la soif de vengeance éloignera de son quotidien de lycéenne sans histoire pour devenir la Machine Girl et ainsi se venger des yakuzas qui ont tué son frère. Reprenant sans vergogne le schéma classique du rape and revenge et de ses genres dérivés, The Machine Girl porte le genre jusqu’à son paroxysme en redoublant de cruauté et d’ingéniosité. On met la tête du fils fraîchement tué dans le dîner du soir avant d’asperger les parents du sang de leur progéniture, on viole allègrement des cadavres de lycéennes encore chauds, on coupe des doigts pour en faire des sushis, et on en passe et des meilleurs, Noboru IGUCHI n’hésitant pas à repousser les limites du bon goût.

Les bonus du DVD proposent d’ailleurs une option aussi géniale qu’inutile sobrement intitulée Non-stop Action. Le principe est simple, ce montage alternatif du film le réduit à l’enchaînement de ses scènes d’actions, évacuant ainsi le peu d’intrigue et laissant la belle part à la débauche d’effets kitschs, aux chorégraphies improbables et aux geysers de sang qui ponctuent le long-métrage.

The Machine Girl est également l’occasion de découvrir à l’écran celle qui deviendra la muse de Noboru IGUCHI ; Asami SUGIURA, ancienne gravure idol et actrice de charme reconvertie dans le cinéma de genre et qui nous montrera toute l’étendue de son talent dans les réalisations ultérieures du trublion IGUCHI.

Le seul point noir de cette édition de The Machine Girl est l’absence malheureuse du court-métrage Shyness Machine Girl dans les bonus du DVD. Suite de The Machine Girl également réalisée par Noboru IGUCHI, Shyness Machine Girl nous offre une autre histoire de vengeance où l’héroïne ne jouira pas seulement d’une mitrailleuse au bras, mais également une autre sortant de son postérieur. Une surenchère jouissive qui nous prépare comme il se doit à la suite des tribulations cinématographiques de Noboru IGUCHI.

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Tokyo Gore Police de Yoshihiro NISHIMURA

tokyo_gore_police_posterSynopsis : Dans un futur proche, Tokyo est mis à feu et à sang par une horde de criminels mutants. Sadiques et ultra violents, ces assassins ont la capacité de se greffer des armes à la place de leurs membres. À la tête de l’unité spéciale de la police chargée d’exterminer cette race, Ruka s’est jurée de venger la mort de son père.

Si le nom de Yoshihiro NISHIMURA apparaît sur le devant de la scène pour la première fois avec ce Tokyo Gore Police, il est de mise de rappeler que le monsieur n’en est pas à son premier coup d’éclat. Surnommé le Tom SAVINI du Japon, NISHIMURA se fait surtout connaître comme étant un directeur des effets spéciaux particulièrement ingénieux et talentueux. Aux commandes notamment sur le Suicide Club de Sion SONO (l’incroyable séquence d’ouverture, c’est lui) et sur The Machine Girl de son compère Noboru IGUCHI, Yoshihiro NISHIMURA s’impose rapidement avec son style inimitable et ses méthodes audacieuses dans le milieu du cinéma indépendant japonais.

Avec Tokyo Gore Police, NISHIMURA reprend le scénario d’une de ses premières réalisations – Anatomia Extinction, sortie en 1995 et notamment récompensée par un Prix du Jury au Festival international du film fantastique de Yubari – et nous transporte dans un univers affirmé, habité et très personnel. Dans le futur dystopique de Tokyo Gore Police, la police a été privatisée et fait violemment et arbitrairement régner sa loi au nom d’un état d’urgence proclamé en raison de la nécessité d’exterminer les mutants. À travers cette fable horrifique, on sent déjà le fort message politique et social des films de NISHIMURA, ce qui sera confirmé quelques années plus tard avec Helldriver. Entrecoupant le film de faux spots TV à l’imagerie kitschissime qui évoquent l’univers tout aussi dystopique du film Brazil de Terry GILLIAM, Yoshihiro NISHIMURA distille sa satire sociale en fustigeant de façon rigolarde la police et la société de consommation. Mais Tokyo Gore Police ne tombe jamais réellement dans la comédie. Tout y est traité très froidement et d’un humour pince-sans-rire, à l’opposé de la fantaisie décomplexée que peut être The Machine Girl par exemple, ce qui rend le film assez dérangeant.

L’ambiance de Tokyo Gore Police est extrêmement glauque et même s’il reste à la hauteur de son budget, le film déploie une esthétique qui révulse autant qu’elle fascine entre le genre giallo et le cyberpunk, qui donne au film une atmosphère crade et troublante. Visuellement, Tokyo Gore Police ne recule devant rien et si NISHIMURA fait une fois de plus preuve d’un savoir-faire hors pair, il ne lésine pas sur les effets spéciaux et sur le gore. Le film est incroyablement sanglant, et plus encore. Rien ne nous est épargné, la chair est arrachée, découpée, mutilée et toutes sortes d’insectes et autres bestioles contribuent à ce sentiment vomitif que procure le film, piochant autant dans le cinéma d’exploitation que dans l’ero-guro à la limite du snuff movie, genre qui a fasciné les réalisateurs extrêmes japonais dans les années 80 et 90.

Scénaristiquement, Tokyo Gore Police ne dépareille pas et propose une véritable enquête policière bien ficelée où toute l’intrigue se dévoile finalement dans une superbe scène fleuve, presque trop pour un film de Yoshihiro NISHIMURA. Proposant une poignée de scènes réellement dramatiques et touchantes, le film ne s’éloigne cependant pas de ce qu’attend le public type des productions de NISHIMURA et offre un final déjanté à la hauteur des espérances.

S’il est incontestable que Noboru IGUCHI est la figure de proue iconique de Sushi Typhoon, Yoshihiro NISHIMURA prouve avec Tokyo Gore Police – qui mènera d’ailleurs à la création du studio – que c’est bel et bien lui qui porte toute cette petite entreprise sur ses épaules.

Un seul regret ; il est dommage que le coffret ne propose pas le délirant film choral Mutant Girls Squad, réalisé à six mains par les trois ténors du studios – Noboru IGUCHI, Yoshihiro NISHIMURA et Tak SAKAGUCHI – qui s’inscrit dans le même univers que Tokyo Gore Police et qui est le premier film sorti sous le label Sushi Typhoon.

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Robogeisha de Noboru IGUCHI

robogeisha_posterSynopsis : Au Japon, depuis le XVIIIe siècle, les geishas sont formées et éduquées dès le plus jeune âge pour servir leurs maîtres avec candeur, respect et docilité. Une richissime famille d’industriels perpétue la formation de ces servantes dans la pure tradition. Séduites par la destinée des geishas, deux sœurs sont enrôlées dans le clan de cette famille afin d’y suivre l’apprentissage le plus rigoureux. Elles ignorent cependant que le clan poursuit des desseins bien plus démoniaques, et constitue en réalité une armée de geishas robotisées afin d’asservir le Japon.

Un an après The Machine Girl, Noboru IGUCHI revient sur le devant de la scène avec une nouvelle de ses facéties intitulée Robogeisha. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il nous revient en grande forme puisqu’il réussit avec ce nouveau film à créer quelque chose d’encore plus absurde et débile que son précédent film. S’il est vrai que Robogeisha est moins hardcore que The Machine Girl, il est certain qu’il ne manquera pas de ravir les fans de série Z décomplexées tant le niveau de n’importe quoi est élevé. C’est bien simple, le scénario donne l’impression d’avoir été écrit en quelques heures au milieu d’un apéro particulièrement arrosé entre IGUCHI et ses compères. Tout dans le film côtoie des niveaux extrêmes d’absurde et de surenchère. Redoublant sans cesse d’inventivité, que ce soit au niveau armement (soutien-gorge mitrailleuse, katana sortant du postérieur ou tout simplement une paire de crevettes dans les yeux) qu’au niveau du corps humain (biologiquement, il est donc tout à fait possible de se prendre un coup sur la tête au point de se la rentrer dans les épaules, de visiter son estomac et de ressortir…), Noboru IGUCHI emmène son scénario dans des retranchements imprévisibles, s’offrant même un hommage délirant au kaijū-eiga (film de monstres géants japonais).

Pour réaliser Robogeisha, Noboru IGUCHI s’est entouré d’habitués. Yoshihiro NISHIMURA est de retour pour prendre en mains les effets spéciaux du film qui laissent cette fois la balle part aux effets numériques, dont une scène de transformation en tank aussi improbable qu’inoubliable, l’acteur Kentarō SHIMAZU répond présent pour (sur)jouer le yakuza en colère et Asami nous offre un véritable rôle de composition en se baladant en petite tenue tout au long du film pour interpréter un tengu (démon de la mythologie japonaise) aussi sexy que malfaisant.

Avec Robogeisha, Noboru IGUCHI repousse une fois de plus les limites. C’est absolument débile, et c’est pour ça que c’est génial. Les actrices principales en conviennent d’ailleurs elles-même lors d’une scène de combat au katana (dont la lame émane bien évidemment de leurs postérieurs) : « C’est complètement ridicule ».

Pour compléter l’aventure, on retrouve dans les bonus du DVD le spin-off Geisha Corps, qui réussit malgré son format court-métrage à donner encore plus dans le n’importe quoi.

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Samurai Princess de Kengo KAJI

samurai_princess_posterSynopsis : Dans un monde dominé par les samouraïs, des êtres androïdes, les méchas, sèment la terreur en commettant de terribles massacres. Afin de contrer ce bain de sang, un scientifique fou crée l’arme absolu : un cyborg ninja virtuellement indestructible. Sexy et invincible, elle massacrera tout ce qui tente de menacer l’Humanité.

Pour appréhender ce Samurai Princess avec toutes les cartes en main, il faut savoir que le réalisateur Kengo KAJI n’est pas un inconnu, même s’il réalise ici son premier long-métrage. En effet, KAJI n’est nul autre que le scénariste de l’incroyable Tokyo Gore Police de Yoshihiro NISHIMURA. Il se lance dans l’écriture et la réalisation de Samurai Princess dans la foulée du tournage de Tokyo Gore Police, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les deux scénarios ont plus de points communs que l’on pourrait croire. Kego KAJI semble en effet partager le même goût que son mentor NISHIMURA pour la chair mécanisée et pour les effets spéciaux grandiloquents, le réalisateur de Tokyo Gore Police n’hésitant d’ailleurs pas à venir donner un coup de main sur le tournage. La ressemblance entre les deux films s’arrêtent cependant là. Là où Tokyo Gore Police faisait preuve d’un excellent travail sur la direction de la photographie, Samurai Princess est visuellement très brut et ne s’encombre pas vraiment d’une réalisation travaillée, principalement en caméra à main et signée par Tony TARANTINO, père du célèbre réalisateur Quentin TARANTINO.

Le film nous invite dans un monde achronique où samouraïs et cyborgs s’affrontent au sein d’un shogunat déchiré par la guerre. Dès le début du métrage, il est difficile de nier que Kengo KAJI est bel et bien un membre de la bande Sushi Typhoon ; en quelques minutes de films, on se dit déjà qu’un niveau a été franchi dans le domaine du n’importe quoi, et ce même si le scénario reste sur une base éprouvée de rape and revenge : après avoir échappée à la mort, une jeune femme choisit de devenir une mutante pour venger ses amies tuées. Malheureusement, le film franchit une limite qui le dessert fortement. Alors que les films gravitant autour du studio Sushi Typhoon ont toujours sur proposer du divertissement décomplexé sans pour autant tomber dans la vulgarité, Samurai Princess est bien plus putassier que ses collègues, ce qui le rend réellement bas de plafond.

Même si une vraie bonne volonté se fait sentir et même si effectivement le film ne cache pas son admiration pour les films de NISHIMURA et d’IGUCHI en matière d’influences, Samurai Princess fait pâle figure aux côtés des monstres que sont les films de ces réalisateurs phares.

L’humour du film est cependant plus palpable que dans d’autres réalisations du milieu. On trouve dans Samurai Princess de vraies moments humoristiques, et même si certains procédés comiques sont un peu téléphonés, le charisme du savant fou (et de ses deux assistantes de charme) suffit à nous faire rire du fond du cœur.

Il est également intéressant de noter que malgré tous les liens qu’entretient le studios et les réalisateurs avec la scène pink et AV, ce n’est qu’avec Samurai Princess qu’une véritable scène pink fait son apparition dans le coffret.

Samurai Princess n’est définitivement pas un mauvais film, mais il n’en demeure pas moins un peu mou et poussif, ce qui empêche malheureusement le métrage et ses quelques idées intéressantes de devenir aussi cultes que les précédentes pépites que nous propose le coffret.

 

Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl de Yoshihiro NISHIMURA & Naoyuki TOMOMATSU

vampire_girl_vs_frankenstein_girl_posterSynopsis : La guerre des clans fait rage dans un lycée de Tokyo où règnent des écolières avides de scarifications et de trips gothiques. L’arrivée de Monami, une jolie vampire dans le lycée attise les jalousies les plus macabres. Les écolières redoutent son charisme et l’attention que lui porte Jyugon, le petit ami de Keiko, la chef de clan la plus redoutable. Ces lycéennes ignorent que Monami est déjà au cœur d’une guerre impitoyable autrement plus redoutable et sanglante.

Avec ce nouveau film dont le titre annonce la couleur, on retrouve Yoshihiro NISHIMURA derrière la caméra, et cette fois ci accompagné par Naoyuki TOMOMATSU, réalisateur de quelques films au noms aussi fleuris que Attack Of The Schoolgirl Zombies ou Zombie Self-Defense Force. Adapté d’un manga de Sungiku UCHIDA, Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl nous jette rapidement dans le bain avec un pastiche de western enchaîné d’une attaque d’écolières zombies, heureusement vite dérouillées par notre vampire de charme interprété par la sympathique Yukie KAWAMURA. En moins d’une minute, on assiste à notre première débauche d’effets spéciaux signés Yoshihiro NISHIMURA. Et on peut dire qu’il semble en grande forme sur ce point.

D’un point de vue scénaristique, pas vraiment de temps à perdre, il suffit de dire que le titre se suffit à lui même pour comprendre de quoi il en retourne dans ce Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl. Si NISHIMURA exerce une fois de plus d’une main de maître dans le domaine des effets spéciaux, le scénario et la réalisation sont un peu décevant de la part d’un tel réalisateur. Même si le film contient une petite dimension sociale critiquant sans vergogne les modes grotesques et sectaires qui sévissent chez les lycéennes japonaises, des gyaru au gothic lolitas, Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl se trouve être moins audacieux et dérangeant que ne l’était Tokyo Gore Police. Alors que sous le grotesque de son précédent film se cachait une satire sociale aussi violente que dérangeante, NISHIMURA réalise ici une véritable comédie à l’esthétique proche d’un drama lycéen. Et si l’humour n’en demeure pas moins noir et corrosif tant il est excessif – un club de lycéennes s’entraînant tout au long du film pour un concours de taillage de veines – il tend rapidement à devenir assez limite, notamment avec une poignée blagues sur les ethnies et les nationalités.

Au delà de ces considérations, NISHIMURA fait une fois de plus preuve de son talent de metteur en scène et revient avec de nouvelles trouvailles visuelles, s’amusant avec les lumières du film pour créer des ambiances pour chaque personnage et offrant quelques jolies séquences, notamment une pluie d’hémoglobine en musique absolument sublime.

Au niveau du casting, Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl ne démord pas de la tradition film de potes chère au studio Sushi Typhoon ; on retrouve Takumi SAITŌ, qui interprétait le fils de la riche famille d’industriels de Robogeisha ainsi que la talentueuse Eihi SHĪNA, héroïne de Tokyo Gore Police, pour un caméo.

Si Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl déçoit légèrement compte-tenu du fait que NISHIMURA se trouve derrière la caméra, il n’en demeure pas moins une comédie d’assez bonne facture qui fait office de récréation entre Tokyo Gore Police et le nouveau coup de massue du maître : Helldriver.

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Helldriver de Yoshihiro NISHIMURA

helldriver_posterSynopsis : Alors que Kika, jeune lycéenne, rentre chez elle, une météorite s’abat sur la ville. Un gaz nocif se répand dans tout le pays et transforme les habitants en horde de zombies. Kika évite le virus mais sa mère est infectée et lui arrache le cœur. Parvenant à lui échapper, elle se réfugie dans la forteresse que le gouvernement a érigé pour la protection des survivants. Dotée d’un cœur artificiel et d’un tronçonneuse, Kika part en guerre contre cette meute de cannibales indestructibles, déterminée à venger l’espèce humaine.

Avec Helldriver, premier film de ce coffret à présenter en ouverture le logo Sushi Typhoon, on ne cache pas sa joie de retrouver le Yoshihiro NISHIMURA de Tokyo Gore Police, après le petit écart de Vampire Girl Vs. Frankenstein Girl. Si le film est mieux réalisé, il n’en est pas moins aussi génial que débile. Avec ce film de zombies, NISHIMURA n’a jamais aussi bien porté son surnom de Tom SAVINI du Japon ; Helldriver est un niveau au-dessus du reste en matière de violence et de cruauté servies par des effets spéciaux encore moins ragoutants que d’habitude, allant de simples animations à la Evil Dead jusqu’à du torture porn pour le moins dérangeant.

Une fois de plus, NISHIMURA met en scène d’une main de maître en recréant à merveille cette société post-apocalyptique et les conflits humains que celle-ci implique. Comme toujours avec le réalisateur, la satire sociale occupe une place prédominante dans le récit et sous l’absurde et le gore qui sauront satisfaire les fans de séries Z, Helldriver affiche un message fort qui en fait un digne héritier des premiers films de George A. ROMERO. Alors que le film de zombie est aujourd’hui devenu un genre horrifique aussi creux que cliché, Helldriver le ramène à ses origines, à l’époque où ROMERO réalisait La Nuit Des Morts-Vivants ou encore Zombie comme des films sociaux emprunts de critiques virulentes de la ségrégation raciale dans les années 60 ou de la société de consommation dans les années 70. Le critique de Yoshihiro NISHIMURA est plutôt à chercher du côté de l’État et de la police permettant ainsi au film d’échapper ainsi au schéma binaire des bons opposés aux méchants. Avec Helldriver, NISHIMURA ressort son côté anar’ et nous montre que l’idée de justice est également détachée de ceux que l’on appelle « les bons », qui au fur et à mesure du film deviendront d’ailleurs des antagonistes. Pour représenter ce Japon emmené par un état d’urgence où la fin justifie les moyens, Yoshihiro NISHIMURA n’hésite pas à user de l’imagerie nazie, d’un pastiche de propagande outrancière et de surplomber le tout en affichant sans détour les dirigeants du pays face au drapeau impérial japonais.

Bardé de références (le « Giri giri giri » lancé par Eihi SHĪNA, déjà vu chez NISHIMURA dans Tokyo Gore Police, en hommage à son rôle dans Audition de Takashi MIIKE, rôle qui l’a fait découvrir), d’auto-références (on peut apercevoir plusieurs tags « Sushi Typhoon » sur les murs de la ville) et de caméos (avec en tête les apparitions hilarantes de Yoshihiro NISHIMURA lui même et de son éternel compère Noboru IGUCHI), le film nous offre également l’agréable surprise d’Asami et de Takumi SAITŌ qui viennent, le temps de quelques scènes, grossir les rangs d’un casting sympathique emmené par la talentueuse Eihi SHĪNA et par la prestation incroyable de la mannequin Yumiko HARA, qui porte tout le film sur ses épaules, aussi frêle que charismatique.

Les bonus du DVD ne sont pas en restes, un making-of d’une quarantaine de minutes nous emmène dans les dessous du tournage infernal de Helldriver. Tourné en quinze jours, de jour comme de nuit, ce documentaire nous montre une équipe au bout du rouleau mais prête à tout pour terminer le film. Avec le budget absolument ridicule alloué à la réalisation du film, Yoshihiro NISHIMURA nous montre l’étendue de son savoir-faire en élaborant tout un fourmillement d’astuces techniques qui sont d’ores et déjà la marque de fabrique des films Sushi Typhoon.

Avec Helldriver, Yoshihiro NISHIMURA transforme l’essai et prouve une fois de plus que ses films constituent le haut du panier dans le domaine du cinéma bis et qu’il est bel et bien l’homme qui porte l’étendard du cinéma made in Sushi Typhoon.

 

Gothic & Lolita Psycho de Go OHARA

gothic_and_lolita_psycho_posterSynopsis : Une bande de sinistres individus servant une sombre secte assassinent la mère de Yuki, une gothic lolita à fort caractère. Armée d’une ombrelle-mitraillette, la jeune lycéenne n’a plus qu’une idée en tête : éliminer tous les membres de la mystérieuse organisation. Sa quête de vengeance sera semée d’obstacles et l’amènera face aux plus redoutables guerriers du monde.

Le film s’ouvre sur une excellente séquence dans un cabaret yakuza sacrément glauque où s’engage une scène de combat très stylisée et joliment filmée qui entretient pendant un bon moment le mystère autour du personnage principal. Dès cette première scène, gadgets et débauche d’effets spéciaux sont au rendez-vous.

Malheureusement, passé cette première scène, le film porté par notre gothic lolita psycho armée de son ombrelle tueuse, interprétée par l’insupportable Rina AKIYAMA, se révèle être un véritable calvaire cinématographique, même pour du cinéma bis. L’actrice principale est très mauvaise actrice, mais son manque de charisme rend cela terriblement irritant, comparé à d’autres films du même acabit où les actrices sont plus souvent choisies pour leur plastique que pour leurs qualités de comédiennes.

Le film se déroule, ne s’encombrant qu’à peine d’une contextualisation, enchaînant les scènes de flashbacks complètement surréalistes, les scènes d’actions débridées et les gags crétins. De nombreux détails sont apportés pour étoffer l’histoire, mais on n’y comprend absolument rien, jusqu’à un combat final qui oppose l’héroïne au grand méchant le moins charismatique de l’histoire du cinéma et où on abandonne tout espoir d’avoir une idée de ce qu’il se passe dans ce film, qui réussit cependant l’exploit de proposer un scénario à la fois vide et incompréhensible.

Quelques moments du films parviennent à être vraiment drôles, mais ces rares moments sont tellement appuyés qu’ils perdent rapidement toute leur essence comique. C’est notamment le cas du combat contre la bande de kamikazes occidentaux qui passent plus de temps à sauter en l’air en faisant des cascades qu’à se battre. La scène est drôle, mais tellement étirée qu’elle en devient poussive. Idem avec le personnage de Miss Elle, seul antagoniste intéressant du film, kawaii lolita complètement décalée dont le combat s’étendra finalement sur plusieurs dizaines de minutes, transformant ce côté sympathique en un rabâchage on-ne-peut-plus lourd.

Malgré une réalisation peu marquante, on ne peut que souligner le travail effectué sur les scènes d’actions, qui parviennent à être stylisées et originales malgré quelques longueurs. Si Go OHARA est un réalisateur peu expérimenté, il est principalement connu comme étant le directeur des scènes d’actions sur le film Death Trance de Yūji SHIMOMURA, qui brillait d’ailleurs pour ses scènes de combat de qualité. On trouve d’ailleurs dans les bonus du DVD un making-of des scènes d’actions qui nous éclaire sur les méthodes de travail du réalisateur. Malheureusement, réaliser un film de A à Z est un tout autre exercice et ce Gothic & Lolita Psycho, qui n’est d’ailleurs pas une production Sushi Typhoon, ne réussit malheureusement pas son coup.

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Karate-Robo Zaborgar de Noboru IGUCHI

karate_robo_zaborgar_poster Synopsis : Une organisation criminelle kidnappe d’importants hommes d’affaires pour leur voler leur ADN afin d’accomplir leur sombre dessein de détruire le monde. Seul le super-flic Daimon et son robot-mobylette expert en karaté Zaborgar peuvent les en empêcher et venger la mort du père de Daimon.

Des années après la sortie du film en 2011, on se demande toujours comment Noboru IGUCHI et Sushi Typhoon se sont retrouvés au commande d’une adaptation cinématographique de la série Denjin Zaborger, crée par Sagisu TOMIO dans les années 70.

Fan de la série lorsqu’il était enfant, Noboru IGUCHI a été contacté par le producteur Otsuki TOSHIMICHI, un habitué des productions de la Gainax, on lui doit notamment les films Love & Pop et Evangelion: 1.0 You Are (Not) Alone de Hideaki ANNO. Un choix surprenant de la part du producteur, qui choisi de convoquer un véritable fan de la série. Pour ce projet, IGUCHI est contraint de renoncer à tout ce qui fait le charme de son cinéma déviant, ce qu’il accepte volontiers, mettant le gore et le sexe au placard pour réaliser un véritable hommage à la série qui a bercé son enfance.

En effet plus sage que ses productions habituelles, le film s’inscrit en dehors de la filmographie de Noboru IGUCHI et sera une véritable madeleine de Proust pour tous ceux qui ont grandi en regardant de vielles tokusatsu. Tout y est ; les combats sur-chorégraphiés, la réalisation aussi absurde qu’improbable, le héros qui crie ses attaques avant de les mettre à exécution, les méchants qui passent leur temps à rire en regardant vers le ciel, les costumes ridicules et les monstres en plastiques… En ce sens, le générique de fin, accompagné d’images de la série d’origine, nous montre le respect accordé au matériau original et que tous ces éléments qui nous semblent aujourd’hui comiques proviennent directement de l’époque.

IGUCHI a élaboré son film à la manière des séries de l’époque, en n’ayant que peu de recours aux effets spéciaux numériques et allant même jusqu’à découper son métrage en épisodes, à la manière d’une série TV. La deuxième partie du film s’éloigne d’ailleurs de l’hommage rendu à la série de Sagisu TOMIO pour proposer une version moderne plus personnelle où la situation du héros vieillissant nous pousse à nous interroger sur l’éternelle jeunesse des super-héros et sur l’avenir des séries de ce genre, qui fleurissent toujours au Japon.

Superbe hommage à une série iconique, Karate-Robo Zaborgar réussit le pari de nous faire redevenir enfant et on se surprend à sourire bêtement dès la fin du film. Les bonus du DVD – sacrément garnis – nous permettent de continuer l’aventure avec treize mini-épisodes de la série et une version karaoké du générique original.

Difficile d’en dire plus sur ce film tant il représente plus une expérience qu’un film dont on peut faire la critique. La meilleure façon de résumer Karate-Robo Zaborgar est de reprendre la phrase d’accroche du DVD : « 50 % hommage, 50 % IGUCHI, 100 % Zaborgar ».

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Tomie: Unlimited de Noboru IGUCHI

tomie_unlimited_posterSynopsis : Tsukiko vit dans l’ombre de sa sœur aînée, la belle et populaire Tomie, qui meurt dans des circonstances horribles. Nuit après nuit, la jeune fille est réveillée par les même visions horrifiques. Un an plus tard, alors que Tsukiko et ses parents célèbres l’anniversaire de Tomie, l’impensable se produit : la victime est de retour. Le cauchemar devient alors réalité !

Après avoir collaboré avec un producteur iconique de la Gainax pour Karate-Robo Zaborgar, Noboru IGUCHI continue la même année sa tournée des grands studios japonais en acceptant de réaliser une adaptation du manga Tomie de Junji ITŌ pour le compte de la Toei, studio spécialiste des adaptations de mangas et du cinéma d’horreur. Ce manga raconte l’histoire d’une jeune fille portant en elle le reflet des pires sentiments négatifs et poussant les autres à la tuer de façon horrible, celle-ci pouvant se reconstituer et ainsi assouvir sa vengeance sur ceux qui l’ont assassinée.

Noboru IGUCHI n’est pas le premier à réaliser une adaptation de ce manga ; pas moins de sept adaptations cinématographiques – dont une portée par Takashi SHIMIZU, notamment réalisateur du monument The Grudge et du chef-d’œuvre Marebito – et une télévisuelle ont vu le jour depuis la fin des années 90.

En proposant avec Tomie: Unlimited sa propre version de l’histoire, Noboru IGUCHI ne manque pas d’y insuffler ses propres codes. L’ouverture à l’esthétique calquée sur celle d’un drama lycéen vole rapidement en éclat avec la mort brutale, absurde et ultra-symbolique du personnage éponyme qui vient lancer le film.

Même pour ce film produit par un grand studio, IGUCHI ne lésine pas sur les effets spéciaux bon marché, marque de fabrique de son œuvre. Épaulé par son fidèle compère Yoshihiro NISHIMURA, le réalisateur de The Machine Girl privilégie les effets spéciaux à même le plateau plutôt qu’en post-production, ce qui donne un rendu pour le moins atypique à ce film horrifique qui s’éloigne des canons du genre.

Cependant, cela n’empêche pas Noboru IGUCHI de jouer avec les codes de l’horreur made in Japan, devenus légion depuis le succès du film Ring de Hideo NAKATA. La mise en place absurde n’est jamais remise en question (en même temps, si un membre décédé de votre famille venait frapper à la porte, vous ne l’inviteriez pas à déjeuner ?) et contribue à l’ambiance cauchemardesque qui hante le film.

Le film évolue assez rapidement et on retrouve le goût d’IGUCHI pour l’hémoglobine et les monstruosités physiques. Chaque nouvelle apparition de Tomie est plus absurde que la précédente et fait de Tomie: Unlimited un mélange surprenant entre le carcan classique des codes de la J-horror et les délires habituels de Noboru IGUCHI. Certains moments du film parviennent à créer une véritable ambiance horrifique stressante et prenante, mais celui-ci est généralement bien trop vite rattrapé par sa bêtise. Chaque bonne idée pour un film d’horreur est systématiquement suivie d’une scène grotesque comme seul le réalisateur en a le secret.

Véritable cauchemar éveillé, le film transporte les personnages à travers une succession de scènes absolument chaotique dont une scène clef abominable où tous les membres de la familles des deux jeunes sœurs se retrouvent à patauger au milieu de morceaux de cadavres débordant d’une baignoire, scène ne manquant pas de rappeler l’incroyable Cold Fish de Sion SONO, d’ailleurs produit par Sushi Typhoon.
Tomie: Unlimited est une très bonne base qui pourrait donner un excellent film d’horreur si Noboru IGUCHI ne s’amusait pas en même temps avec ses propres codes.

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Yakuza Weapon de Tak SAKAGUCHI et Yūdai YAMAGUCHI

yakuza_weapon_posterSynopsis : Shozo est un ancien yakuza reconverti en mercenaire en Amérique du Sud. Un jour, il apprend la mort de son père, chef d’une famille de yakuzas de Tokyo. Il n’a d’autre choix que de retourner au Japon pour venger sa mort et amorcer une terrible guerre des clans. Trahi par les siens au cours d’un violent affrontement et laissé pour mort, il perd un bras et une jambe mais survit. Désormais devenu une véritable machine à tuer et ivre de vengeance, Shozo va entrer dans une folie meurtrière dont nul ne sortira indemne.

Dans le cinéma de série Z, on entend souvent parler de films dit « décomplexés » pour justifier toutes les bêtises les plus crasses. Avec Yakuza Weapon, adapté d’un manga de Ken ISHIKAWA, Tak SAKAGUCHI et Yūdai YAMAGUCHI rendent ses lettres de noblesses au film bis en retrouvant le véritable esprit décomplexé des débuts de ce renouveau du cinéma de genre japonais.

L’ouverture du film nous présente un Tak SAKAGUCHI toujours aussi en forme et impliqué depuis Versus de Yūdai YAMAGUCHI et Death Trance de Yuji SHIMOMURA. On le retrouve au milieu de la jungle sud-américaine, face à une milice armée jusqu’aux dents, esquivant les balles car « elles ne nous touchent que si l’on a peur d’elles » et allumant sa cigarette au milieu des explosions de grenades.

Stupide mais récréatif, Yakuza Weapon s’impose comme le pendant masculin de The Machine Girl et nous emporte dans une croisade rocambolesque avec pour seules armes une mitrailleuse au bras et un missile anti-char dans le genou (rien que ça).

Tak SAKAGUCHI porte le film en interprétant avec brio ce personnage génial et excessif de yakuza sur de soi, quasi-invicible et d’une imbécillité naïve et délicieuse. Le reste du casting est d’une incroyable richesse puisque l’on retrouve le talentueux Akaji MARO – notamment vu chez Sion SONO dans les films The Room et Suicide Club – l’homme à la carrière aussi prolifique qu’exigeante Jun MURAKAMI – qui a tourné avec Hideaki ANNO, Naomi KAWASE et Sogo ISHII pour ne citer qu’eux – et Mei KUROKAWA, aperçue dans le sympathique Sweet Little Lies de Hitoshi YAZAKI.

Digne héritier de l’humour proto-Sushi Typhoon, Yakuza Weapon redore l’image du film bis et illumine la journée. De plus, la pléthore de bonus proposée par le DVD nous permet de faire durer le plaisir avec un film spin-off intitulé Takuzo’s Weapon, des scènes coupées ainsi qu’une interview de Go NAGAI, Tak SAKAGUCHI et Yūdai YAMAGUCHI.

 

Dead Ball de Yūdai YAMAGUCHI

dead_ball_posterSynopsis : Jubeh est un jeune prodige du base-ball ayant promis de ne plus jamais toucher une balle à la mort de son père, qu’il a accidentellement provoqué avec ses talents extraordinaires. Quelques années plus tard, il est devenu l’un des délinquants les plus dangereux du Japon. Jeté en prison, on lui propose de rejoindre l’équipe de base-ball locale contre sa liberté. Sa mission est de vaincre les Black Dahlia, une équipe féminine avide d’hémoglobine lors d’un match à mort. Mais le jeune homme ne peut rompre sa promesse.

Dans la foulée immédiate du génial Yakuza Weapon, le duo formé par Tak SAKAGUCHI  et Yūdai YAMAGUCHI se réunit à nouveau pour donner naissance à la comédie Dead Ball. Avec ce film, YAMAGUCHI revient à ses premiers amours, à savoir son compère Tak SAKAGUCHI et le base-ball. S’il n’a jamais vraiment lâché le premier, le second semble indubitablement inspirer le scénariste devenu réalisateur. Son premier film derrière la caméra, déjà avec Tak SAKAGUCHI au casting, était intitulé Battlefield Baseball et présentait un match de base-ball sanglant et déjanté, idée reprise dans ce nouveau long-métrage.

Dead Ball nous présente un vigilante classieux en diable, arborant un look à la Clint EASTWOOD dans la Trilogie Du Dollar de Sergio LEONE et interprété par un Tak SAKAGUCHI toujours aussi volontaire pour donner de sa personne dans ses films. Si SAKAGUCHI a toujours joué de l’image de poseur qui l’a fait connaître dans Versus, il s’en donne ici à cœur joie en accentuant ce gag à l’extrême, récupérant continuellement sa cigarette hors-champ et la fumant de façon flegmatique, quelle que soit la situation.

Embarqué malgré lui dans une ligue de base-ball visant à remettre les criminels dans le droit chemin, notre héros devra trouver un moyen de s’échapper de cette prison spéciale gérée par une directrice tortionnaire et grande amatrice d’imagerie nazie.

Construit comme une comédie, Dead Ball cherche de toute évidence à renouveler l’exploit de Yakuza Weapon. Le film est incroyablement dynamique et on reçoit en moyenne près d’une blague toutes les trente secondes. Le problème, c’est qu’elles ne font pas toutes mouche. La comédie est forceuse et se repose sur son côté absurde sans rien avoir d’autre à proposer.

Dead Ball devient plus intéressant dès qu’il entre véritablement dans le vif du sujet, à savoir le match de base-ball qui occupera quasiment toute la fin du film. Si elle n’étoffe pas vraiment le scénario, cette deuxième partie du film permet de redynamiser l’ensemble et de redoubler d’originalité. Chaque nouvelle torture infligée au joueurs est complètement inattendue et montre bien la folie furieuse que sont capables de pondre les esprits survitaminés de SAKAGUCHI et YAMAGUCHI.

Malheureusement, malgré ces bonnes idées, le ressenti global du film est celui d’une comédie un peu bouffonne et générique qui use trop de son aspect décomplexé pour placer n’importe quoi. En essayant de repousser les limites, ce Battle Royale du pauvre devient finalement franchement inintéressant. Dead Ball est malheureusement le contre-exemple qui dessert Sushi Typhoon ; si Noboru IGUCHI et Yoshihiro NISHIMURA ont réussi à redorer le blason du cinéma d’exploitation, force est de constater qu’entre d’autres mains – même celles de Yūdai YAMAGUCHI, c’est dire ! – le genre retombe rapidement dans ses travers et dans sa bétise crasse.

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Zombie Ass de Noboru IGUCHI

zombie_ass_posterSynopsis : Megumi veut profiter d’un road-trip dans la forêt japonaise. Mais c’était sans compter sur la tourista historique de sa copine top-model, suite à un abus de poisson contaminé. Voilà qui suffit à déclencher une invasion de zombies émergeant des toilettes, en ayant après le popotin de Megumi et ses amis.

Visiblement éreinté par le fait d’avoir dû travailler sur deux projets qui n’étaient pas de son cru, Noboru IGUCHI revient avec Zombie Ass, son troisième film de 2011, et on peut dire qu’il veut rattraper le temps perdu en proposant cette folie cinématographique en roue libre totale.

Après une scène d’ouverture qui nous met rapidement dans l’ambiance du film – un savant fou faire vomir un zombie dans la bouche de sa fille – s’ensuit un générique hautement psychédélique que l’on peut voir comme une déclaration d’amour de Noboru IGUCHI au postérieur de ces dames.

Emmené par casting féminin de qualité sûrement davantage motivé par la plastique hypnotisante des actrices que par leurs talents de comédiennes, le film nous présente une héroïne badass en uniforme d’écolière, ce qui ne manque pas de nous rappeler l’immense The Machine Girl, film qui a propulsé Noboru IGUCHI sur le devant de la scène.

Dans Zombie Ass, tout est prétexte à la mise en avant des attributs physiques des actrices ; la scène lançant les péripéties n’étant pas avare en gros plans sur le décolleté pharaonique de la gravure idol Asana MAMORU.

À partir de ce moment du film, les hostilités sont lancées et tout s’enchaîne à 100 à l’heure. Nos protagonistes se retrouvent pris au piège, attaqués par une horde de zombies lançant des excréments. Noboru IGUCHI reprenant allègrement à son compte tous les codes du film de zombies afin de les adapter à son univers scatologique. Entraîné par une bande-originale 80’s et des effets spéciaux habilement dosés entre trucages à même le plateau et effets numériques, Zombie Ass ne relâche jamais le rythme et nous entraîne de scène en scène, relevant à chaque nouvelle péripétie le niveau global de n’importe quoi. Le point culminant de cette surenchère rigolarde étant sans conteste le viol du personnage interprété par la charmante Mayu SUGANO par des tentacules monstrueuses, nous offrant ainsi une véritable scène de hentai live aussi fascinante que déstabilisante. De même, l’incontournable Asami répond présente au casting et n’hésite pas à donner de sa personne dans une scène d’action délirante où l’on voit finalement davantage son postérieur que son visage.

Si Zombie Ass assume son côté ouvertement débile, il ne se moque pas du spectateur pour autant. Un travail poussé est fait sur la réalisation et les effets spéciaux mais également et surtout sur les chorégraphies ; le combat entre l’héroïne et la fille du savant fou nous offrant une scène digne des films d’actions les plus budgétés.

Le film s’achève en apothéose avec une incroyable confrontation aérienne où l’héroïne est propulsée par un pet-réacteur, tout ça les seins à l’air et avec un tentacule lui sortant du postérieur.

Zombie Ass est film grotesque et crétin, mais il n’a pas la prétention d’être plus qu’un film où l’on parle de pets et de zombies pleins d’excréments. Avec ce film, Noboru IGUCHI redonne le ton et prouve qu’un film bis décomplexé n’implique pas forcément un film de mauvaise facture.

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Dead Sushi de Noboru IGUCHI

Dead_SushiSynopsis : Fille d’une grande lignée de maîtres sushi, Keiko est élevée dans la pure tradition familiale pour prendre le relais de ses illustres aïeux. Lasse d’un entraînement âpre à la découpe de sashimis, elle décide de s’enfuir pour échapper à son destin. Trouvant refuge dans la cuisine d’une petite auberge, Keiko doit faire face à des hordes de sushis cannibales. Face à ses propres démons et à une destinée qui la poursuit, la jeune fille n’a plus le choix et doit désormais achever les poissons morts à l’aide de sa lame la plus aiguisée !

On l’a vu, Noboru IGUCHI n’avait pas vraiment chômé en 2011, en réalisant pas moins de trois films à la suite. Et pour notre plus grand plaisir, il réitère la performance en 2012, ce Dead Sushi étant son troisième film de l’année.

Avec Dead Sushi, Noboru IGUCHI propose toute la quintessence du style qu’il a forgé au fil des années. On retrouve dans ce film un équilibre parfait entre humour, gore, effets spéciaux fauchés et érotisme, habilement distillés tout au long du métrage d’une main de maître.

Une fois de plus, IGUCHI ne recule devant rien et s’attaque cette fois à l’ambassadeur de la gastronomie japonaise à l’étranger : le sushi, célébrant sa confection en le rapprochant de la pratique et de la discipline des arts martiaux. La jeune Rina TAKEDA, ceinture noire de karaté et habituée des rôles d’actions, offrant ainsi au personnage de Keiko ce qu’il faut d’insouciance et de dynamisme et permettant de jouir une fois de plus de scènes d’actions complètement folles et superbement chorégraphiées.

On retrouve également au casting nombre d’habitués des productions Sushi Typhoon, à commencer par un Kentarō SHIMAZU une fois de plus en roue libre totale, ce qui n’est pas pour nous déplaire. On retrouve également Takamasa SUGA, déjà vu dans Death Trance de Yūji SHIMOMURA. Mais surtout, Dead Sushi est important en ce qu’il offre à l’égérie d’IGUCHI, Asami, son premier vrai rôle, à la hauteur de son talent. Et elle n’hésitera pas à nous gratifier de moments absolument fous, dont une scène à base d’œuf qui restera dans les livres d’Histoire.

Plus en retenue que d’autres réalisations d’IGUCHI, Dead Sushi se démarque surtout par l’inventivité débordante dont il fait preuve pour animer ces sushis tueurs et pour nous offrir des scènes toujours plus délirantes au fur et à mesure du métrage, nous faisant ainsi l’honneur de la présence d’un sushi lance-flammes ou d’un nunchaku de sushis. De même, Noboru IGUCHI rend justice au sushi à l’œuf en en faisant un sidekick attendrissant qui aidera notre héroïne dans les moments durs.

Si le début du film fait honneur aux bons vieux trucages de plateau, le film évolue petit à petit vers une débauche d’effets numériques, Yoshihiro NISHIMURA – une fois de plus de la partie – et ses collègues ne se refusant aucune folie. Le générique nous propose d’ailleurs un court making-of nous dévoilant les dessous de l’animation des sushis tueurs, à la main et à même le plateau. Le distributeur Elephant Films qui nous propose ce superbe coffret profite également du générique de ce dernier film pour nous offrir un petit bonus fait-maison dans les sous-titres du DVD.

Merci Elephant Films, vous nous avez régalé !

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Du bon, du très bon et du moins bon dans cette Bento Box, mais toujours un plaisir non-dissimulé à découvrir ces petites perles de cinéma. Demeurez cependant prudents et ne vous enchaînez pas tous les films du coffret à la suite. Cela peut laisser des séquelles et altérer dangereusement votre santé mentale.

5 réponses

  1. DemiCercle dit :

    N’en dites pas plus, je m’arrête à l’intro et je me matte les films dès que l’occasion d’acheter le coffret se présente 😀 (j’aimerais éviter amazon tout de même).

  2. Caubel Laurent dit :

    Bonjour. J’ai acheté ce coffret à un prix ridiculement bas (14,99 euros) à Gibert à Toulouse. J’avais déjà vu « Dead Ball », « Zombie Ass » et « Dead Sushi » que j’avais adorés (je les avais empruntés à la médiathèque Cabanis). Je suis heureux de lire que vous appréciez ce style de cinéma décomplexé et déjanté où l’imagination est reine, loin des blockbusters américains où les clichés sont rois. Je resterai un lecteur de votre site. Cordialement.

    • Paul OZOUF dit :

      Bonjour Laurent,

      Paul OZOUF, rédacteur en chef de Journal du Japon. Merci de nous avoir lu et de votre commentaire ! 🙂
      Je transmets votre commentaire au rédacteur 😉

      A bientôt dans nos colonnes, donc !

  1. 28 mars 2016

    […] Il ne faut pas oublier le très intéressant Tomie sorti pendant le début de l’âge d’or du cinéma d’horreur japonais en 1999 réalisé par Ataru OIKAWA. Tiré du manga éponyme de l’auteur Junji Ito de 1987, il y eut plus de 10 adaptations cinématographique. Un détective est sur les traces d’une jeune fille : Tomie, dont la particularité est un son grain de beauté sous l’œil gauche. La rumeur voudrait que cette dernière soit décédée, mais pourtant partout ou elle passe elle laisse une trainée de cadavres. La création de Tomie au cinéma, a aussi été créée dans le but d’apporter du sang frais au cinéma d’horreur japonais, et de tourner définitivement le dos aux spectres du cinéma classique. Ainsi on pourrait comparer Tomie à un yûrei des temps modernes. Ce qui est intéressant avec ce personnage, c’est qu’elle possède un destin tragique, une sorte de malédiction à cause de laquelle elle ne peut pas mourir, car elle revient sans cesse à la vie… On peut aussi citer la version de 2001 de Takashi SHIMIZU Tomie: Re-birth, où un groupe d’amis aura beau assassiner Tomie plusieurs fois et de diverses manières plus ou moins originales, elle reviendra toujours à la vie… A cette époque SHIMIZU n’est pas encore très connu mais se charge déjà des premiers Ju-On. Tomie: Forbidden Fruit, de Shun NAKAHARA sorti en 2002, raconte la même histoire mais la place dans un contexte drame familial et social qui donne à ce film un aspect plus original que les autres version de Tomie n’ont pas. On a cependant en 2011 Tomie: Unlimited de Noboru IGUCHI, où une famille à du mal à faire le deuil de leur fille Tomie morte empalée. Jusqu’au jour où elle réapparaît bien vivante ! Ici encore il s’agit de la belle Tomie qui ne peut pas mourir. Ce film est considéré comme la meilleur version de Tomie ayant vu le jour au cinéma. Le Journal du Japon vous en dit plus sur ce film dans une chronique cinéma précédente. […]

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