Japan Anima(tor)’s Exhibition : retour sur les épisodes précédents (29 à 35), suite et fin.

Voici venu le dernier récap’ de la Nihon Animator Mihonichi. Ce projet initié par Hideaki ANNO, ayant pour but de promouvoir le talent des animateurs japonais, aura fait son petit bout de chemin depuis son lancement.
La JAE ce fût 35 courts-métrages (initialement annoncés au nombre de 30), concrétisés par 28 réalisateurs, une multitude d’animateurs prodigieux, 18 chansons, 6 albums sur la boutique officielle, 2 illustres seiyuu et quasiment un an de diffusion.
Nous traiterons ici des sept dernières vidéos et aborderons le sujet de la mise en couleur d’un anime, de l’univers d’Hibiki YOSHIZAKI, et ferons un petit focus sur Hiroyuki OKIURA.
Comme d’habitude, les liens vers les courts sont dans les titres.

 

# 29 Bureau of Protosociety

29 Bureau of Protosociety

Atsushi IKARIYA (aussi connu sous le nom d’Atsushi ITAGAKI) est un animateur ayant également fait le character designer de Fate/zero, Fate/stay night: Unlimited Blade Works et Terra Formars Revenge. Il occupe ce dernier poste pour ce court-métrage.

Yasuhiro YOSHIURA (Pale Cocoon, Time of Eve, Patema et le monde inversé) déjà réalisateur sur l’épisode Power Plant N°33 remet le couvert pour nous livrer un script des plus drôles.

Sous son aspect très sérieux, Bureau of Protosociety pourrait bien vous prendre de court. Pour ne pas vous gâcher la surprise, nous vous invitons à voir en fin de page une liste des références que l’équipe rédactionnelle s’est amusée à déceler. N’hésitez pas à compléter cette liste dans les commentaires, après visionnage.

 

# 30 The Ultraman

30 The Ultraman
Akitoshi YOKOYAMA signe ici une de ses rares réalisations, étant plutôt habitué à l’animation clé ou au storyboard.
The Ultraman uchiyama
Hisashi MORI, de son vrai nom Hisashi NAKAYAMA, est un animateur clé ayant travaillé sur les films Tokyo Godfathers, One Piece Z, La traversée du temps, Interstella 5555 et Afro Samurai.

Ultraman est une série cultissime au Japon, à plus forte raison chez les otakus, il n’est donc pas surprenant de voir une vidéo hommage à la série. Cependant, il ne s’agit pas là de l’adaptation de la série de sentai, mais du manga The Ultraman de Mamoru UCHIYAMA.

 

 

# 31 GIRL
31 GIRL

Sans surprise, nous retrouvons sensiblement la même équipe que sur le troisième projet ME! ME! ME!, Suichi ISEKI (character design) et Hibiki YOSHIZAKI (réalisation) en tête.

Ce dernier semble d’ailleurs avoir trouvé sa muse en la personne de DAOKO pour mettre en son ses univers colorés, notamment  grâce à sa voix douce et sucrée.
Le personnage central fait donc référence, dans sa version écolière, à la chanteuse dont nous vous parlions dans notre sélection découverte des MTV Video Music Awards.

daoko-first-debut-albumConcernant le court-métrage en lui-même, nous pouvons avoir un aperçu des codes du réalisateur, que sont la féminité et la sexualité, mais également le rejet et le manque d’amour. Tant dans ME! ME! ME! que dans GIRL, YOSHIZAKI nous joue le chaud et le froid entre des personnages sexy et très sexualisés et une forme de morbidité glauque.
Si ce mélange détonne et dérange parfois, il ne laisse certainement pas indifférent. Il n’y a qu’à voir l’après-coup de ME! ME! ME! sur internet pour s’en rendre compte : le court-métrage a engendré tout une série de vidéo « réaction » où les gens donnent leur avis à chaud, voire font visionner le clip à des tiers et filment leurs réactions en live.

Une version clip de GIRL est présente sur le Youtube de DAOKO, et vous pouvez suivre l’artiste sur son compte Instagram ou son Twitter.

 

#32 Neon Genesis IMPACTS
32 Neon Genesis IMPACTS

L’animation est produite par le studio d’image de synthèse Steve N’Steven, qui a aussi officié sur le court-métrage N°12 Evangelion Another Impact, sous la tutelle de Yūhei SAKURAGI, habitué des réalisations en 3D CG.
La chanson thème The Sentimental Hunch est interprétée par Ai KAKUMA, seiyuu sur les séries The Asterisk War (Julis-Alexia van Riessfeld) et Aldnoah Zero (Nina Klein), et à qui il arrive également de pousser la chansonnette pour des génériques.

Quand bien même cette histoire prend place dans le monde chaotique d’Evangelion, le cœur du court-métrage a plus la teneur d’un K-ON !, j-pop et yuri compris. Ne vous laissez cependant pas duper, le final a une note amère, comme le disent si bien les protagonistes, et nous rappelle que nous sommes sur un projet d’ANNO.
Même si la présente vidéo est essentiellement composée de modèles 3D, le matériel mis à disposition par l’équipe propose les différentes palettes de couleur nécessaires à la réalisation. Penchons-nous donc sur la colorisation dans la japanimation.

Color Design
Comme vous pouvez le constatez, des feuillets de nuances de couleurs sont fournis pas le staff. Même pour une production en image de synthèse, cette étape d’élaboration est la même que pour une animation traditionnelle.

Depuis le début des années 2000 et l’avènement du numérique, les animés passent par la case ordinateur avant d’être diffusés, abandonnant le travail sur celluloïd. Cependant, et comme nous le faisait justement remarquer M.SADAMOTO lors de sa conférence à Japan Expo, cette modernisation n’a pas impacté tous les corps de métier de la japanimation. Les animateurs continuent de faire leurs croquis et poses clés sur papier. C’est une fois les dessins finaux validés qu’ils sont scannés et colorisés numériquement.
Fini les pinceaux et l’acrylique, les outils de logiciels remplissent d’un clic chaque zone blanche de la bonne couleur. Il faut malgré tout un travail de retouche pour « fermer » proprement les espaces : un pixel en moins suffit en effet à « déborder ». Ce gain de temps et d’effort a permis d’ajouter une palette de couleur bien plus complexe, multipliant les nuances en fonction des variations de lumière d’une scène à l’autre.

C’est de ce cahier des charges très précis que naissent les fiches de color design pour chaque personnage.

 

#33 RAGNAROK

33 RAGNAROK

Kazuyoshi KATAYAMA a également été réalisateur sur le film Le roi des ronces, l’OAV Appleseed et la série Argento Soma.
Le robot design est confié à Yutaka IZUBUCHI qui a, ni plus ni moins, fait le mecha design des séries Gundam ZZ, Gundam 0800, Gundam: Char’s Counterattack, Gundam Perfect Mission et Patlabor. Il est aussi le character designer original de Record of Lodoss War, des armures de Jin-Roh, et c’est à lui que l’on doit la série RahXephon.

La chanson thème « Sekai no Kuni Kara Konnichiwa » (Bonjour de l’Organisation des Nations du Monde) est la chanson officielle de l’Exposition universelle d’Osaka de 1970 interprétée par Haruo MINAMI, une sommité dans le monde de l’Enka. Ce sont cependant les comédiens de doublage Koichi YAMADERA et Megumi HAYASHIBARA qui interprètent cette marche ! Chapeau bas pour la performance.

Enfin, la vidéo est bourrée de petites références, notamment parmi les bâtiments, où nous pouvons déceler l’Atomium, la Tour du soleil, ainsi que le Tokyo Big Sight où à lieu le Comiket.

 

# 34 Robot on the Road
34 Robot on the Road

Il n’est malheureusement que trop rare de voir Hiroyuki OKIURA au poste de réalisateur, alors quand il dirige un court-métrage c’est un véritable plaisir. Foncez donc voir ses autres réalisations que sont Jin-Roh, Lettre à Momo et l’opening de Cowboy Bebop le film pour vous faire une idée de son potentiel.

Mais avant d’être réalisateur, il est un animateur de génie et a participé aux œuvres les plus emblématiques de l’animation japonaise comme Akira, Ghost in the shell 1 et 2 ou Paprika.
Ses animations sont si détaillées, les mouvements si réalistes, que son travail est souvent comparé, à tort, à de la rotoscopie (à titre d’exemple, l’anime d’Aku no hana est fait via cette méthode).


Oui, TOUTE l’intro de Ghost in the shell c’est Okiura seul.

 

# 35 Cassette Girl
35 Casette Girl

Le réalisateur Hiroyasu KOBAYASHI, a tenu les rôles de producteur sur l’OAV de Gunnm et de réalisateur CGI sur les Rebuild of Evangelion.
Shigeto KOYAMA s’occupe du character design. C’est un designer touche-à-tout avec qui nous avons déjà pu nous entretenir au salon Paris Manga en 2015.

C’est bien connu : les fans, surtout dans les secteurs de niche, trouvent toujours que : « c’était mieux avant », et ce n’est pas l’équipe d’otaku aux commandes de la Nihon Animator Mihonichi qui va prétendre le contraire. Cassette Girl et donc conçu comme un hommage à l’époque de la bande magnétique, que les moins de vingt ans n’auront certainement pas connu.
Mais plutôt que de glorifier une série comme dans Gridman et The Ultraman, ou un artiste à l’instar de Gensatsu Gundam, c’est à toute une génération d’otaku que le court-métrage s’adresse.

Du simple détail comme le 0,000000001% venu d’Evangelion, au clin d’œil plus évident à l’image de Daicon IV et son univers graphique, en passant par Teenage Mutant Ninja Turtles ou encore Transformers, tout est là pour titiller la fibre nostalgique du spectateur. Et histoire de se sentir encore plus dans le bain, les thèmes musicaux sont chantés par Megumi HAYASHIBARA herself, dans le plus pur style des animes vintages.

Nous espérons que vous avez pris autant de plaisir que nous à découvrir ces projets chaque semaine. Outre la simple présentation de court-métrage, cette rubrique fût également l’occasion d’approfondir certaines spécificités de l’animation japonaise, si nous avons pu vous y apprendre quelque chose et vous donner envie de découvrir les dessous de la japanime, notre objectif serait largement atteint.

Pour lire les rewiews des précédentes vidéos :

Courts-métrages 1 à 4 : The dragon dentist, Hill Clim Girl, ME! ME! ME!, carnage, ainsi que la présentation du projet.

Courts-métrages 5 à 8 : Gensatsu Gundam, Nishi Ogikubo, until You come to me et Tomorow from there.

Courts-métrages 9 à 12 : Gridman, YAMADELOID, Power Plant No.33 et Evangelion Another Impact.

Courts-métrages 13 à 16 : Kanón, Sex and violence with machspeed, Obake-chan et Tsukikage no Tokio.

Courts-métrages 17 à 20 : Three fallen withnesses, The dairy of Ochibi, I can friday by day !, ME ME ME Chronic et le Making of d’Evangelion Another Impact.

Courts-métrages 21 à 24 : Iconic field, Ibuseki Yoruni, Memoirs of amorous gentlemen et Rapid Rouge.

Courts-métrages 25 à 28 : Hammer Head,  Comedy Skit 1989, Bubu an Bubulina et Endless Night.

 

Liste des références apparaissant dans Bureau of Protosociety :

Acteurs/personnages : Morgan Freeman, Brad Pitt, Steve Buscemi, Bryan Cranston et Aaron Paul, Thunderbolt Ross.

Œuvres : Docteur Folamour, Nausicaa de la vallée du vent/Giant God Warrior Appears in Tokyo, The Island, 12 hommes en colère, La ligne rouge, Mad Max 2, 300, District 9, La guerre des mondes, Mars Attacks!, King Kong (Peter Jackson), Alien, Le 7ème sceau (la danse macabre), Breaking Bad, Dawn of the dead.

Toutes les images sont © nihon animator mihonichi LLP

Olivier Benoit

Présent sur Journal du Japon depuis 2013, je suis un trentenaire depuis longtemps passionné par l'animation traditionnelle, les mangas et les J-RPG. J'écris dans ces différentes catégories, entretiens également la rubrique hentai, et gère le pôle gastronomie. J'essaie de faire découvrir au plus grand nombre les choses qui me passionnent. @oly_taka

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