UA : la chanteuse qui détonne

Dotée d’une voix grave, d’un caractère indépendant et d’une identité artistique bien marquée, UA est l’une de ces rares chanteuses qui détonne dans l’industrie musicale nippone. Depuis vingt ans et une bonne quinzaine d’albums, elle trace une carrière atypique aux antipodes des codes musicaux et visuels de la Jmusic.  Chanteuse prolifique et touche-à-tout, UA offre des albums solo, des reprises et des collaborations aux inspirations, formats et styles musicaux variés.

Petit tour d’horizon de la carrière de cette baroudeuse du son, surnommée parfois la Björk japonaise.

 

UA : une carrière en dehors des normes

Dès ses débuts dans les années 90, UA affirme une image très loin de celle acidulée et mignonne des idoles pop japonaises. Sur les photos de promotion, elle apparaît au naturel, de face, droite sans pose travaillée. Le visage de la chanteuse contraste aussi avec l’idéal féminin véhiculé par la Jculture: lèvres lippues, nez large, sourcils fournis, regard intense voire dur. Voilà ce qu’elle est et ce qu’elle restera. De ses looks, travaillés mais simples, aux artworks de ses pochettes d’albums, tout affirme encore plus cette volonté de se démarquer en restant au naturel, à l’état brut.

Son nom, UA, complète la parfaite cohérence de l’identité singulière qu’elle revendique car s’il sonne japonais, « UA » est en fait, un mot Swahili signifiant à la fois « Fleur » et « Tuer/mort ». Entre délicatesse et brutalité, il symbolise les deux extrêmes qui composent la nature.

    De gauche à droite : du 1er au dernier album, une identité visuelle cohérente et affirmée

De gauche à droite : du 1er au dernier album, une identité visuelle affirmée

Arrive alors la voix qui est grave, un peu rauque et un peu cassée, loin aussi de celle commune et haut perchée des chanteuses de pop japonaise. Elle surprend et envoûte à la fois entre douceur et authenticité, capable de sensibilité à fleur de peau faisant écho aux émotions les plus puissantes. Le style musical de UA regroupe des influences trip-hop, rock, pop et jazz, l’une prenant le dessus sur les autres selon les albums et les collaborations. UA écrit les textes et participe activement à la production de ses albums, conservant ainsi un certain contrôle et la liberté dans ses choix artistiques.

 

Découvrir UA en trois albums :

sun pochette

Sun, 2004 @Speedstar records

 Sun, sorti en 2004 est une démonstration autant de éclectisme que du talent de UA puisqu’avec cet album, elle pénètre dans l’univers du jazz. A l’écoute, les morceaux semblent légers mais sont parfaitement maîtrisés avec des couches d’instruments distincts et en même temps harmonieusement assemblées. Ces mélodies virevoltantes magnifient à la perfection la profondeur de sa voix grave. En voici l’extrait le plus connu:

 

Pochette de Kaba, album de reprise. 2010

Kaba, 2010 @Speedstar records

 UA travaille énormément le style de la reprise. Son album Kaba, paru en 2010, en est la preuve incontestée mélangeant les styles avec talent. On y retrouve des titres revisités de Björk, Fiona Apple, Aretha Franklin et des Red hot chili peper mais aussi des classiques japonais des années 30 aux années 2000, allant de la Jpop disco (Pink lady) au rock alternatif (Tabito Nanao). L’album est en écoute sur itunes, ici.

   

 

JaPo, 2016 @JVCmusic

JaPo, 2016 @JVCmusic

 Enfin, JaPo, son dernier album paru en 2016, marque un renouveau entre inventivité et classicisme. La voix d’UA y est exploitée à merveille et certains titres rappellent sans conteste le génie mélodique et les arabesques vocales de Björk. Un univers visuel travaillé et de nouveau attaché à la nature, nous accueille sur la page dédiée à cet album,  rappelant celui créé autour de l’album Dorobo (2006) et participant à l’identité de l’album et de l’artiste. On peut donc espérer le retour d’une UA inspirée. Voici deux extraits  illustrant le côté inventive et le côté classique de cet album:

 

 

Les collaborations : une marque d’identité artistique

Les collaborations jalonnent la discographie de UA, à tel point que certains lui en reprochent la quantité qui participerait, selon eux, à la perte d’expression artistique propre de la chanteuse. Son album Nephews (2005), par exemple, est une compilation de certaines de ses collaborations et son album ATTA (2009) comporte cinq collaborations sur un total de treize titres. Mais ce n’est pas du tout l’avis de UA, bien au contraire : elle conçoit les collaborations comme partie intégrante de son expression artistique, véritable enrichissement de son univers. Prolifique dans ce domaine, elle multiplie les collaborations dans plusieurs styles à tel point que certains morceaux ne figurent même pas sur ses albums.

AJICO : collaboration rock éclair mais non moins foisonnante avec le chanteur KENICHI Asai (ex Blankey Jet city). Ici, ce sont les rifs de guitares lancinants et les airs vocaux plaintifs qui dominent. 

UA participe également, sous le nom de UUA, à l’émission télé éducative Dorimi no terebi de la NHK, dédiée à l’éducation musicale chez les petits et basée sur les berceuses traditionnelles japonaises. Elle sortira un abulm UTAUUA compilant son travail de revisite de ces berceuses. En voici une compilation où on la voit habillée du costume qu’elle portait en tant que UUA dans le cadre de cette émission :

En 2013, elle collabore avec l’artiste musical Hong-kongais Gaybird pour lequel elle écrit des textes qu’elle interprète lors des représentations de la performance musicale CouCou on MARS. 

Enfin, voici un live pour une chaîne musicale spécialisée dans les sessions live comme il en existe beaucoup sur youtube, et dans lequel UA  joue avec le guitariste d’improvisation UCHHASHI Kazuhisa, musicien qui a participé à plusieurs de ses albums. Un bijou de talent et d’originalité :

 

Artiste peu conventionnelle de la scène musicale japonaise, chanteuse talentueuse et prolifique au caractère affirmé et aux multiples facettes, UA mérite que l’on passe du temps à la découvrir. Voici un lien vers son site officiel et un autre vers une discographie quasi complète (il ne manque que JaPo, son dernier album) bourré de liens, notamment vidéo, pour découvrir sa musique et sa voix magnifique. D’ailleurs et pour conclure, voici une reprise de Kasa ga nai de YOSUI Inoue, ballade populaire au Japon, où toute la beauté de sa voix ressort à vous en donner des frissons :

Em B

Eto...

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