Gaming Memories #02 : Akumajô Dracula

Bienvenue dans un nouvel épisode de Rétrogaming, pour un nouvel anniversaire. Cette fois-ci, nous vous proposons un voyage au pays de Dracula et autres monstres de fiction tous plus menaçants les uns que les autres… Prêt(e) pour un retour vers le premier épisode de la série Castlevania ? Alors c’est parti, direction septembre 1986 sur Famicom Disk System !

Château diabolique

1691 : Le chasseur de vampires Simon Belmont apprend que Dracula, ressuscité récemment et prêt à faire régner de nouveau la terreur, est de retour dans son château. Sans hésiter, le jeune Belmont seulement âgé de vingt-deux ans se munit de son fidèle fouet « Vampire Killer » et part pour la demeure maléfique…

Simon Belmont

C’est avec ce scénario bref mais suffisant à lancer l’action que commence Akumajô Dracula (悪魔城ドラキュラ, « Le château hanté de Dracula »), qui vous fera progresser de l’entrée de la demeure jusqu’à la Tour de l’Horloge où se trouve le vampire.

Après une courte (mais bien présente, ce qui c’était encore rare à l’époque) introduction dans laquelle Simon arrive à hauteur du portail et scrute le haut du manoir, l’aventure débute. On traversera le jardin de la demeure, puis le bâtiment lui-même jusqu’à ses tréfonds, pour remonter jusqu’au plus haut point afin d’atteindre le « cachette » du monstre. Ainsi commence une série légendaire du jeu vidéo.

Akumajô Dracula est un jeu de plate-forme/action dans toute sa plus pure expression. Tuer des monstres à tour de bras en apprenant leurs patterns pour pouvoir éviter certains pièges, voilà ce qui vous attend au long des six niveaux découpés en dix-huit étapes. Rassurez-vous si cela vous semble peu, il faudra recommencer plus d’une fois pour arriver jusqu’au Comte Dracula et vous en défaire. Les mécaniques de jeu carrées et serrées ne vous feront aucun cadeau. Un ennemi au parcours traitre qui surprend un peu ? C’est pour vous. Un trou au dessus du vide dans lequel tomber ? C’est pour vous. Une herse piégée qui monte et descend en rythme ? C’est encore et toujours pour vous. Rien ne vous fera de cadeau…

Vous n’êtes pas démuni pour autant. En plus du fouet, qui attaque droit devant lui quoi qu’il arrive, vous pourrez dégotter des armes secondaires dont le nombre d’utilisations dépendra des cœurs que vous aurez ramassés sur votre chemin (ce sont juste des bonus, pas des vrais… malgré ce que le coté horrifique aurait pu faire penser). Plus vous en prendrez sur votre chemin, plus votre jauge d’attaque secondaire sera remplie et donc utilisable. Ce procédé est un peu contre-intuitif aux premiers abords : on a l’habitude de récupérer plutôt de l’énergie avec des cœurs, or c’est en trouvant un bon gros poulet bien caché dans les décors de temps à autres que vous pourrez reprendre des forces. Mais il s’avère obligatoire tant certaines armes seront utiles, voire mortelles pour les ennemis.. Haches ou croix à jeter pour plus de force, montre pour geler le temps et l’action quelques secondes ou encore « l’ultime » eau bénite, qui en plus de bloquer les ennemis sur place le temps d’une petite seconde, leur causera des dommages. Ces armes pouvant être améliorés pour plus d’efficacité si vous trouvez le bon item, vous aurez vite fait de faire attention à vos gestes. « Vite », c’est le mot… car en plus de cela, le temps s’écoulera en permanence. Gare à ne pas arriver à court de temps ou, comme souvent dans les jeux de cette époque, vous perdrez une vie.

Au clair de la lune, mon ennemi le vampire

Vous l’avez compris, Akumajô Dracula est un jeu exigeant. Ennemis, boss et pièges en tous genres : il vous faudra tout connaître…… Mais pouvons-nous être exigeants envers lui aussi ? Hé bien, il y a de quoi. Konami a signé là un titre à l’ambiance unique pour son époque. On suit une trame qui va d’un point A à un point B sans se perdre dans de l’inutile.

Graphiquement, le jeu tient largement la route pour une production de 1986. Bien que certains rares décors semblent peut-être un peu chargés, la majorité d’entre eux sont lisibles.. Rythmée d’une bande-son réussie et accompagnant très bien l’aventure, la production offre dès le départ un thème qui deviendra culte dans la série : « Vampire Killer » » dans ce premier épisode, mais l’idée d’accompagner une marche encore tranquille dans les jardins du château jusqu’à y entrer, d’épisode en épisode et avec le même thème, est remarquable.

Tout ceci est ponctué de combats contre des boss. La créature de Frankenstein, des momies et Medusa jusqu’à la Mort elle-même, le folklore horrifique du cinéma du genre est présent au milieu de ces globes oculaires volants, squelettes et autres hommes-poisson qui menaceront de vous faire tomber à l’eau. En somme, une parfaite petite balade au pays de l’horreur… certes courte mais intense. Il faudra moins d’une demi-heure pour la terminer, mais bon courage pour en arriver à ce stade. Ce n’est pas la porte à coté.

La palette de mouvements n’étant pas particulièrement large, vous l’apprivoiserez cependant assez vite et finirez par avoir pleinement contrôle du personnage. Si tant est qu’il faudra s’habituer, ou se réhabituer aux contrôles fixes. Simon marche, il ne court pas et a une seule vitesse de progression. De même, son saut est à hauteur unique, tout au contraire de l’illustre Super Mario Bros. sorti l’année précédente. Celui-ci permettait de marcher, courir, et sauter à plusieurs hauteurs différentes… ce qui rend Akumajô Dracula forcément plus difficile à appréhender sur les premiers temps si vous avez beaucoup joué avec le plombier. Pour le reste, le bouton B sera votre meilleur ami car c’est lui qui déclenche l’attaque simple, ou la version spéciale lorsqu’il est couplé à la touche directionnelle Haut. La touche Bas, elle, vous fera vous accroupir.. Pas de dash avant ou arrière, d’enchaînement d’attaques et de manœuvres à coups de glyphes pour tenter d’arriver sur une plate-forme plus haute que prévu… (vous pourrez toujours « tricher » en tentant d’utiliser les techniques qui ont émergé dans les différents genres de speedruns, mais attention à vous avec le Damage Boost !)

 

Le mal éternel (enfin presque)

Le Famicom Disk System.

Akumajô Dracula est sorti à la base sur Famicom Disk System en 1986. Faisant partie des 200 jeux (et quelques) développés sur ce support, il reçut un excellent accueil au Japon. Ce succès lui valut une localisation sur le territoire nord-américain l’année suivante, puis en 1988 en Europe. Et peu importe l’endroit, qu’il soit nommé Akumajô Dracula ou Castlevania, les ventes furent toujours au rendez-vous ! Konami estima donc bon de publier une ressortie au Japon en 1993 et cette fois en cartouche. Celle-ci, bien que perdant sa possibilité de sauvegarder propre au support disquette du FDS, que les cartouches n’avaient pas toutes, se voit à la place offrir un mode « Easy », avec des ennemis moins résistants et dont les attaques étaient moins douloureuses pour Simon. Deux épisodes supplémentaires étaient déjà sortis sur Famicom (Simon’s Quest et Dracula’s Curse), mais le succès continua… jusqu’à la Super Nintendo.

Capture d’cran de la version MSX2

En octobre 1991, alors que la 16 bits de Nintendo a à peine un an, Konami remet le couvert avec l’épisode fondateur de la série. Super Castlevania IV, sous son air de jeu tout neuf, s’avère être un remake profitant des capacités de la machine (et en jouant un peu le rôle de vitrine technique au passage, zoom de sprites et Mode 7 en prime). Cette fois encore, la critique – presse comme joueurs – est plus que positive.

Au contraire d’autres versions ; si l’épisode Vampire Killer (MSX2) est presque un jeu totalement différent (clés à trouver pour ouvrir les portes, marchands permettant d’acheter et autres items d’upgrade, bref une grosse partie ajoutée qui sera reprise dans Simon’s Quest), on peut retrouver des portages plus proches sur MS-DOS, Amstrad CPC, Commodore 64, ou encore Amiga. Au contraire de Vampire Killer, toutes ces versions n’ont malheureusement pas été une réussite.

Il faudra attendre 2002 pour un portage des Castlevania NES (et Contra) sur Windows PC ; plus encore, Akumajô Dracula a fait partie de la collection NES Classics sortie sur GameBoy Advance en 2004 (aux cotés d’autres tels que Super Mario Bros., Excitebike ou encore Metroid).

La borne d’arcade.

La licence n’aura pas toujours été à l’abri de coupes malgré son succès. Des fontaines de sang et écrans-titres édulcorés aux personnages qui s’empalent lors de leur mort, voilà le genre de détails qui « mettent dans le bain » et rendent honneur au coté horrifique voulu. Que ce soit à l’écran ou hors du jeu, la censure aura même frappé dès le départ. Akumajô Dracula, par exemple, se sera vu remplacé par Castlevania lors de son arrivée aux Etats-Unis où un représentant de Konami USA a été « victime » d’une traduction hasardeuse : « Le château satanique de Dracula », tel qu’on lui en avait parlé, ne devait décemment pas garder un tel nom…

Mais peu importe son appellation, Akumajô Dracula sera suivi de plus d’une dizaine de titres (dont certains cultes auprès des joueurs, tels que Symphony of the Night, sorti sur PlayStation et Sega Saturn en 1997 et 1998 respectivement). Sans compter les spin-offs que sont les jeux de patchinko, rail shooter (oui oui… aucun rapport mais il existe. Après tout, Konami l’avait déjà fait avec Silent Hill…) ou encore un versus-fighting chara-designé par Takeshi OBATA (dessinateur de Death Note, entre autres) sur Wii. Les dernières apparitions de la licence se feront à nouveau chez Nintendo, sur l’eShop de la 3DS et parmi les trente softs disponibles sur la NES Mini.

 

La vision actuelle de Konami sur le jeu vidéo pour console de salon étant pour le moment plutôt sombre, la série en est restée sur un Lords of Shadow 2 en 2014. Peut-on espérer une nouvelle chasse au vampire dans les temps à venir ? Rien n’est moins sûr… mais vous pouvez toujours y croire en vous disant que, si une nouvelle série animée a été lancée en 2017 sur Netflix, rien n’est perdu.

4 réponses

  1. Doc Kelso dit :

    Je n’ai jamais été un grand grand fan de la licence, mais son histoire impose le respect.
    À l’époque, les rares fois où j’ai eu l’occasion de m’y frotter je n’étais pas dedans. Faudrait peut-être que je réessaye aujourd’hui ^^
    En tout cas, merci pour cet article riche en informations 🙂

  2. Xxiooup dit :

    Ah les musiques de Castlevania… Rhalala.

    D’ailleurs,au Japon des débats ont toujours lieu concernant la meilleure version de l’épisode original entre le support cartouche ou disquette. les Pro cartouches mettent en avant les temps de chargement récurrents de la version disquette lorsque les pro disquettes appuient sur les sauvegardes et la bande son qui serait meilleure sur disquette.

    Chouette article en tout cas.

  1. 29 août 2019

    […] réalisée par plusieurs compositeurs, dont la plus connue est MIchiru YAMANE, que les fans de Castlevania connaissent bien (ceux de feu la chaine télévisée Nolife aussi, car elle a produit l’habillage […]

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