Made In Abyss – L’exploration, un jeu (pas vraiment) d’enfants !

Si enfant, vous avez déjà rêvé de partir à l’aventure dans un monde fantastique et mystérieux, alors la série Made in Abyss devrait vous plaire. Figurant parmi les plus grosses surprises de cet été, voire de l’année, Made in Abyss vous transporte dans un univers inconnu où les règles de notre monde ne semblent plus s’appliquer. Alors, plongée dans un monde onirique ou descente en enfer ?

Laissez-vous tenter par l’abysse et sa grisante attraction !

Tous les personnages de la série sur un même visuel dessiné par Akihito TSUKUSHI à l'occasion du dernier épisode ©Kinema citrus

Tous les personnages de la série sur un même visuel dessiné par Akihito TSUKUSHI à l’occasion du dernier épisode ©Kinema citrus

Un staff de qualité pour une réalisation remarquable

Un des décors incroyables de l'Abysse ©Kinema Citrus

Un des décors incroyables de l’Abysse ©Kinema Citrus

Composée de douze épisodes dont un final d’une heure, diffusée l’été dernier sur Wakanim, Made in Abyss se fait rapidement remarquer pour ses nombreuses qualités visuelles, artistiques et scénaristiques. D’abord, sa réalisation remarquable menée par Masayuki KOJIMA, homme d’expérience puisque réalisateur sur déjà douze autres productions, dont The Piano Forest et la série MonsterEt en plus de réaliser la série dans son ensemble, KOJIMA s’est aussi personnellement occupé de l’épisode 12 en tant que directeur d’épisode, témoignant ainsi de son implication dans le projet. Le design des personnages fut assuré par Kazuchika KISE, qui avait déjà produit, entre autre, celui des personnages de xxxHOLiC. Pour une série où l’univers occupe une place centrale, Made in Abyss a bénéficié de moyens qui ont permis la création de somptueux décors. C’est à un ancien du studio Ghibli, Osamu MASUYAMA, que l’on doit les magnifiques paysages de la série. Par le passé, MASUYAMA a travaillé sur ceux d’excellentes productions, comme Ponyo sur la falaise, Le Voyage de Chihiro ou plus récemment Your Name. Ensuite, autre point fort de l’anime, la musique qui est conçue par Kevin PENKIN, compositeur australien. PENKIN a notamment fait ses armes sur Juuza Engi, aux côtés de Nobuo UEMATSU, compositeur légendaire des Final Fantasy. Rien que ça. On remarquera aussi la présence au générique de Kou YOSHINARI, animateur principalement connu par procuration via son frère You, réalisateur du récent Little Witch Academia, mais qui peut ici exprimer toute l’excellence de son propre talent. Enfin, c’est le studio Kinema Citrus dont la qualité des productions telles que Barakamon, Tôkyô Magnitude 8.0 n’est plus à faire, qui s’est occupé de la production de Made in Abyss.

Tout ce beau monde s’est donc attelé à adapter pour l’écran Made In Abyss, qui est à l’origine un manga d’Akihito TSUKUSHI. C’est la première série comme mangaka de TSUKUSHI dont la publication a débuté en octobre 2012 sur le Web Comic Gamma, et qui est toujours en cours; le manga compte actuellement six tomes au Japon et bénéficie d’une édition en anglais chez Seven Seas. Akihito TSUKUSHI possède également un compte Pixiv sur lequel vous pourrez contempler quelques-unes de ses superbes illustrations. La série bénéficiera également d’une saison 2, annoncée tout récemment.

L’Abysse, véritable gouffre à mystères

L'entrée de l'Abysse vue d'en haut ©Kinema citrus

L’entrée de l’Abysse vue d’en haut ©Kinema citrus

Mais qu’est-ce que l’Abysse ? A vrai dire, on sait peu de choses à son sujet, si ce n’est, évidemment, que c’est un énorme trou qui s’étend sur des kilomètres et qui plonge verticalement vers le centre de la terre. Divisée en plusieurs niveaux, on y trouve des traces d’anciennes civilisations dont on ne connaît guère ni la nature (humaine ?) ni l’époque, et encore moins la raison d’être des ruines qu’elles ont laissées derrière elles. Mais de fait, l’Abysse fourmille de trésors et de reliques en tout genre qui attirent la convoitise d’explorateurs, surnommés « caverniers ». Ces derniers répondent à une hiérarchie stricte constituée en grades, du « Sifflet Rouge » pour le plus bas d’entre eux et qui regroupe principalement les enfants, jusqu’aux « Sifflets Blancs » pour les plus légendaires.

Riko, Regu et Nanachi dans l’Abyss ©Kinema citrus

Mais explorer l’Abysse n’est pas chose aisée, loin de là. Tout d’abord parce que la faune, la flore et même le terrain y représentent un danger de tous les instants. Monstres volants, plantes carnivores et forêt inversée font de cet endroit un véritable enfer enchanté. Et ce n’est pas tout, car à cela s’ajoute la « malédiction de l’Abysse » qui touche quiconque ose s’y aventurer. Chaque niveau amplifie cette malédiction aux symptômes physiques : d’abord des maux de têtes, hallucinations, vomissements… et s’aggravant jusqu’à des hémorragies, la perte de son humanité ou même la mort.

Cependant, ces dangers ne sont pas du genre à faire peur à Riko, Sifflet Rouge, qui rêve de devenir une grande cavernière comme sa mère, la légendaire Sifflet Blanc Lyza. Un jour alors qu’elle s’aventurait dans le premier niveau, le seul accessible à son grade, elle fit la découverte d’un étrange petit garçon aux bras mécaniques et au corps d’apparence parfaitement humaine mais robotisé. Riko et Regu, nom donné à ce drôle de garçon, vont partir vers les profondeurs de l’Abysse afin de retrouver Lyza, qui aurait laissé un message disant qu’elle y attendait sa fille. Sur leur route, ils devront faire face à de nombreux dangers et rencontreront de sacrés personnages, comme la Sifflet Blanc Ozen ou le camarade « poilu » Nanachi et son amie Mitty.

L’Abyss, splendide voyage et dépaysement total 

Made In Abyss fait la part belle à son univers, incontestable colonne vertébrale de l’oeuvre. Et autant dire que l’équipe artistique a mis le paquet pour lui faire honneur. Superbement réalisés, les décors sont la première chose qui saute aux yeux. Les premiers épisodes déroulent le charme simple et chaleureux du monde des humains que l’Abysse perce d’un énorme trou béant, obscur et mystérieux. Au fur et à mesure que la série avance, la plongée dans l’abysse dévoile la diversité de ses étages qui possèdent, chacun, une ambiance unique. Les décors de l’anime laissent à la fois souvent rêveurs et bouleversent parfois profondément notre esprit empreint de logique.

La ville construite autour de l’Abysse ©Kinema citrus

La mise en scène ne se prive d’ailleurs pas de mettre en avant ces superbes arrière-plans, grâce, notamment, à l’utilisation de plans larges assez nombreux, qui permettent la contemplation de ces paysages si singuliers. Ils ramènent aussi les protagonistes à leur échelle toute humaine, eux qui paraissent si petits et faibles face à l’immensité de l’Abysse. En tant que spectateur, c’est un vrai plaisir d’admirer ces décors enchanteurs, venus d’un autre monde. On est à la fois ébahi par tant de beauté et impressionné par tant de grandeur et d’inconnu. Enfin, il est à souligner que la qualité de l’animation reste propre et soignée tout au long de la série.

La bande originale de Kevin PENKIN finit de sublimer l’ambiance de Made In Abyss. Elle possède des thèmes variés selon la tension de la scène ou le lieu de l’action:  des thèmes doux pour la contemplation, plus rythmés pour l’exploration ou plus durs pour les scènes dramatiques. Surtout, ce sont de superbes chansons qui ont été composées pour la série. Il y a notamment « Underground River », avec au chant Raj RAMAYYA dont ce n’est pas la première expérience en japanimation puisqu’il avait déjà signé la chanson d’ouverture du film de Cowboy Bebop. Utilisée dans les épisodes 1, 8 et 9, la chanson « Hanezeve Caradhina » avec la voix de Takeshi SAITO, rend bien compte de l’aspect rêveur et mélancolique de la série. Et impossible de ne pas mentionner l’excellent morceau « Tomorrow », qui conclut magnifiquement la série.

La fièvre de l’exploration crûment  dévoilée

Riko et sa mère Lyza ©Kinema citrus

La magie de Made In Abyss, de l’histoire qu’elle raconte, est semblable à la fièvre aventureuse d’un jeune enfant que Riko incarne d’ailleurs à la perfection, elle qui souhaite explorer l’Abysse sans retenue. Mais alors que partir à la découverte des mystères de l’Abysse semble être particulièrement excitant, la réalité rattrape ici les fantasmes : ce monde est aussi beau que cruel. Les monstres représentent un danger permanent et l’environnement comporte de nombreux risques pour quiconque serait mal renseigné. Et voir deux enfants qui peuvent à peine se défendre partir dans un lieu aussi hostile, installe une sensation particulière où se côtoient peur et enchantement.

C’est sans doute cette cruelle beauté qui rend Made In Abyss si spécial. La naïveté de ses protagonistes se confronte à une réalité sans pitié, une cruauté dure provenant aussi bien de l’Abysse que des humains. Au final, comme ces caverniers qui ne peuvent s’empêcher d’être fascinés par ce trou maudit et dangereux, on finit par être irrémédiablement attiré par l’Abysse.

 

Vrai ode à l’aventure et cruellement enchanteur, Made In Abyss est une oeuvre profondément émouvante qui saura aussi bien vous émerveiller que vous faire pleurer. Visuellement et musicalement splendide, doté d’un univers fascinant, voilà un anime qui en marquera plus d’un et pour un long moment, comme si à son tour, il était touché par la malédiction de l’Abysse !

Léonard Fougère

Étudiant passionné par l'animation japonaise et la culture manga, et particulièrement amateur de séries "tranche de vie" (encore plus ceux à tendance moe !). J'espère pouvoir vous partager quelques uns de mes coups de coeur avec mes articles !

6 réponses

  1. 27 février 2018

    […] Last Tour propose une histoire tout à fait singulière. Une dualité qui pourrait rappeler le Made in Abyss de l’été dernier, où l’on trouvait également un duo de protagonistes innocents […]

  2. 23 mars 2018

    […] au sein de la mosaïque manga depuis déjà quelques années, remis au goût du jour grâce à une superbe adaptation en anime (studio Kinema Citrus) qui a fait sensation l’année dernière. Nul doute que l’engouement […]

  3. 30 avril 2018

    […] que j’ai vu l’anime de Made in Abyss, qui en a conquis plus d’un à notre rédaction, j’espérais vraiment que le manga arriverait en France. Après l’avoir suivi de près […]

  4. 3 mai 2019

    […] et de cruauté. Un chef d’œuvre tout mignon (ou pas) à la croisée de Jules VERNE et LOVECRAFT auquel nous avions consacré un papier ici. Dans The Isolator, Minoru ne rêve que de solitude, et un étrange artefact va lui donner le […]

  5. 26 juin 2019

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  6. 4 juillet 2020

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