Yuzo Koshiro : la référence musicale dans le monde du jeu vidéo

Artiste méconnu, talent reconnu, Yuzo KOSHIRO est un génie de la composition musicale qui a marqué de son empreinte l’histoire du jeu vidéo à travers les nombreux succès de ses musiques, associées à bon nombre de jeux vidéo devenus cultes. Vous avez adoré les musiques de Shenmue, Streets of Rage ou Ys ? Vous les devez au même homme : Yuzo KOSHIRO. Influencé essentiellement par les plus grands compositeurs de musiques classiques, il a aussi su explorer et s’inspirer de nombreux styles musicaux différents.

Nous allons découvrir aujourd’hui comment cet homme s’est fait un nom dans le milieu du jeu vidéo.

Yuzo KOSHIRO

Yuzo KOSHIRO

Son apprentissage musical

Né à Hino, ville située près de Tokyo, en 1967, Yuzo KOSHIRO est le fils d’un père artiste et d’une mère professeure de piano. Ainsi dès ses trois ans, il commence son apprentissage du piano. En grandissant, il apprendra à pratiquer le violon et le violoncelle. Il profitera des relations de sa mère afin de prendre des cours auprès de Joe HISAISHI, célèbre compositeur d’une grande partie des films de Hayao MIYAZAKI. Yuzo le considère depuis toujours comme un modèle.

Joe HISAISHI

Durant sa jeunesse, il est également passionné de jeux vidéo. Il passe beaucoup de temps dans les salles d’arcades en compagnie de ses amis. Ses jeux préférés sont alors Space Harrier, Gradius et The Tower of Druaga. Il déclarera dans une interview pour Vidéo Games Daily en 2005 que ce sont particulièrement ces trois jeux qui lui ont donné envie de composer des musiques vidéo-ludiques. Pour l’anecdote, il enregistre à ses débuts des musiques à travers les haut-parleurs des bornes d’arcades pour s’entrainer à les reproduire via un ordinateur NEC PC-88SR. Le lien entre ses deux passions est ainsi créé.

Un NEC PC-88SR

Il progresse dans ce domaine en programmant des musiques sur Programmable Sound Generator (PSG) qui est la carte son la plus utilisée de l’époque… mais aussi très difficile à exploiter. Suite à l’envoi de ses morceaux à Microcomputer Basic Magazine, il devient rédacteur. Lors des publications du magazine, il partage des lignes de code de ses programmations musicales. Les lecteurs le surnommeront le « PSG God » (en référence au nom de la carte son) grâce à ses excellentes performances.

Premiers pas dans le monde des jeux vidéo

À seulement 18 ans, alors qu’il souhaite devenir programmeur, il répond à une annonce du studio Falcom qui recherchait à ce moment-là des compositeurs. C’est pour lui l’occasion de rentrer dans le monde du jeu vidéo. Dans les années 1980, Falcom est l’un des plus gros développeurs de J-RPG. Son premier projet au sein de cette entreprise est Xanadu Scenario II. L’année suivante il travaillera sur le premier épisode de YS, célèbre série J-RPG qui a eu 33 ans cette année. Il en écrit presque entièrement la bande sonore. C’est ce projet qui le révèlera aux yeux des spécialistes de la profession. Après la sortie de Ys : 2, Yuzo KOSHIRO quittera la firme nippone en s’apercevant qu’il n’est pas crédité pour ses compositions et ne touche pas l’argent qui lui est dû.




Il s’agit peut-être là d’un mal pour un bien puisqu’à l’avenir Yuzo KOSHIRO s’arrangera pour mettre son nom en avant dès l’écran titre du jeu, ce qui est un fait rere pour l’époque. Ce procédé lui permettra d’accroitre sa popularité au Japon, mais aussi au delà.

Son nom sur l’écran titre du jeu.

À la suite de ses déboires avec la société Falcom, il travaille en tant que compositeur indépendant pour différents développeurs. C’est à ce moment-là qu’il commencera à collaborer avec SEGA, sur The Revenge of Shinobi notamment, pour lequel il compose une partie de la bande son.

À son apogée

Ancient Corp.

Durant les années 1990, Yuzo KOSHIRO atteint l’apogée de sa carrière. En 1991, il décide de fonder sa société, nommé Ancient Corp., dont il est toujours le président à l’heure actuelle, en compagnie de sa mère et de sa sœur. Les premiers projets sont des portages sur Game Gear de Sonic the Hedgehog et Shinobi.

Il devient un personnage clé de la réussite de la série des Streets of Rage. Il s’inspire de la house et de la dance, mouvements très populaires dans les 90’s grâce à leur omniprésence au sein des clubs américains. La série est très connue pour ses musiques et il s’agit, sans doute, de la série qui a su élever la popularité de Yuzo KOSHIRO à la hauteur de son talent. Nous sommes d’ailleurs revenus sur l’épisode un de la saga lors du Gaming Memories #12.




Yuzo KOSHIRO teste régulièrement de nouvelles choses, il innove à chaque fois. Considéré comme en avance vis-à-vis des autres compositeurs, il continue d’utiliser à l’époque son PC-88, alors qu’il aurait pu s’équiper de matériels plus récents et plus performants.

Avec l’arrivée de la génération 32 bits, il découvre et exploite d’autres styles (hip hop, flamenco…). Néanmoins, les jeux profitant de ses talents de compositeur ne restent pas dans les mémoires des joueurs pour leurs musiques.

Toutefois, il arrive à rebondir avec le succès international de Shenmue, malgré les difficultés rencontrées par Yuzo KOSHIRO vis-à-vis des choix de Yu SUZUKI lors du développement. Le créateur et producteur était très minutieux, ce qui fut compliqué pour ses collaborateurs. Mais c’est sans doute grâce à son perfectionnisme que ce soft a marqué les esprits, celui-ci étant le fruit d’une collaboration de multiples talents.




 

Une fin de carrière progressive

Après Shenmue, le déclin progressif de SEGA causé par plusieurs échecs commerciaux rend la notoriété de ses compositions plus discrètes. Par la suite, il travaillera pour les jeux de la série de jeux de course : Wangan Midnight Maximum Tune.




Ses envies d’explorer et d’apprendre de nouvelles choses le pousse à découvrir les concerts symphoniques. Il recompose et réorchestre plusieurs musiques de jeux sur lesquels il avait travaillé par le passé, comme Sonic The Hedgehog ou The Revenge Of Shinobi. En 2007, on le retrouve à la composition du thème principal de Nolife, la chaîne de télévision française, qui a depuis cessé son activité. On vous en parlait avril 2018.




 

Les années passent et le compositeur se fait de plus en plus discret. Il continue de composer et de participer à certains projets. Aujourd’hui on peut affirmer qu’il est devenu une des références dans le milieu. Sa créativité, son désir de découvrir, d’explorer de nouvelles choses autour de la musique lui ont permis d’obtenir ce statut. Dernièrement, Yuzo KOSHIRO a retrouvé les joies des synthétiseurs et des anciennes boîtes à rythmes afin de composer pour le dernier Street of Rage, quatrième du nom, après plus de vingt ans d’attentes en collaboration avec Olivier DERIVIERE principalement. Espérons que cela le fasse rebondir pour que nous puissions le retrouver sur de nouveaux projets… et dans les B.O. de nouveaux jeux !

3 réponses

  1. Pape dit :

    videogame god composer!

  2. PIGNOT dit :

    Bel article, il est vrai que la musique est une partie intégrante d’un jeu. J’ai passé de nombreuses heures sur les jeux cités et ne m’en suis jamais lassé.. La musique y est pour beaucoup. Merci au clin d’oeil pour le générique de Nolife que j’ai regardé aussi de nombreuses heures, et suis toujours autant peiné de ce gâchis….

  1. 10 octobre 2020

    […] le meilleur de Castlevania. De grands noms de la musique de jeux-vidéo ont travaillé dessus comme Yuzo KOSHIRO sur les premier […]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous aimerez aussi...

Verified by MonsterInsights