Gaming Memories #38 – Metal Slug : Super Vehicle-001

Bienvenue dans ce nouveau numéro de notre rubrique rétro. Cette fois-ci, nous restons en 1996 pour la troisième fois de suite, pour rendre visite à une série de run’n’gun mythique et pourtant un peu confidentielle aux yeux du grand public vu son support de naissance : l’arcade. Mais si vous aimez les boulettes de couleur et tirs de tous les cotés, venez grimper dans le Super Vehicle 01, le Metal Slug, et en avant pour un mois d’avril vingt-cinq ans dans le passé !

MS

Shoot un jour…

Metal Slug

Une borne arcade du jeu.

Si Metal Slug (MS) est désormais une franchise appartenant à SNK, ces derniers ne sont pourtant pas ses créateurs. C’est la firme (à la vie très courte, à peine six ans) Nazca Corporation qui en est à l’origine. Celle-ci, fondée par des anciens de chez Irem dont le shoot n’est plus un secret depuis longtemps (si jamais le nom R-Type vous dit quelque chose…), avait pour prédécesseurs des jeux comme In the Hunt et GunForce II et arrivait avec certains de leurs éléments de gameplay dans les poches.

Le jeu était à la base centré sur les fameux « Metal Slug », ces véhicules lents et qui glissent un peu comme une limace. Seulement, après quelques temps de développement et un premier jet présenté au public, cet essai qui tirait un peu de In the Hunt (dans lequel on dirige un sous-marin, donc pas très rapide) a été jugé trop lent pour être intéressant. De plus, SNK pour qui le projet était destiné voulait plus de plate-forme dans le titre, ce qui demanda à Nazca de repenser le jeu pour en faire quelque chose de plus réactif aussi bien seul qu’à deux. Les deux personnages n’étaient pas définitifs et  s’appelaient Phil Gene et Michiko Nakajima.

Ils furent utilisés uniquement durant une toute première version jouable au public en septembre 1995. C’est cette rencontre avec les joueurs qui fit changer le jeu pour quelque de plus direct et dynamique. Et finalement, il sortit sur le système arcade Neo Geo MVS de SNK en avril 1996 et AES le mois suivant pour ceux qui préfèrent jouer chez eux.

La guerre des trois boutons

MS

Une Metal Slug.

2028 : Le joueur incarne le Capitaine MarcoRossi ou le lieutenant Tarma Roving de la Peregrine Falcon Strike Force, une unité envoyée pour enrayer la tentative de Coup d’Etat du vilain DonaldMorden qui vise un nouvel Ordre Mondial ! Et… c’est à peu près tout ce qu’il y a à savoir, puisque le jeu n’en raconte pas plus.

Passons donc au gameplay. A peu près aussi simpliste que le scénario, celui-ci n’en est pas moins efficace et direct : on avance en courant (le jeu est en 2D avec scrolling horizontal), on peut se baisser et sauter, puis forcément tirer ou lancer des grenades. Celles-ci sont en nombre limitées, tout comme les différentes armes que l’on peut récupérer au fil du jeu (fusil à pompe, mitrailleuse…) ; au contraire du pistolet de base qui lui n’est pas soumis à cette limite. Toucher un soldat ennemi au corps à corps ne tuera pas le héros automatiquement mais, lui comme les ennemis peuvent sortir un couteau pour éliminer l’autre en passant à sa portée.

Le jeu est un « one shot one kill ». Au moindre tir qui touche, c’est une vie ou un adversaire en moins. Les fameuses Metal Slug, elles, encaissent quelques dégâts mais exploseront si elles en ont trop reçu. Leurs tirs sont plus rapides et puissants, et elles peuvent lancer des obus plus courts en portée, mais plus dévastateurs. On trouvera aussi des prisonniers de guerre assez souvent, et il suffira de tirer vers eux et les toucher pour qu’ils offrent quelque chose au joueur pour le remercier. Ils apporteront aussi un bonus de points à la fin d’un niveau, mais celui-ci sera annulé si vous perdez une vie.

Des boulettes à en faire une indigestion

Metal Slug est sorti à une époque où la 3D commençait à se faire de plus en plus présente, et à devenir de plus en plus crédible. Mais le jeu qui nous intéresse ce mois-ci est intégralement en 2D, et quelle 2D ! Si elle fait un peu pixellisée de nos jours, elle reste très belle à regarder, avec des décors tout droits inspirés des travaux de Hayao MIYAZAKI.

Metal Slug.Ce qui est encore plus bluffant dans ce jeu, c’est la qualité de ses animations dessinées à la main, soignées et fluides. Certains décors sont intégralement destructibles et s‘effondrent progressivement. De plus, l’aventure est bourrée de détails un peu partout ; des soldats qui sont en train de discuter entre eux et sont surpris de voir arriver Marco, ou se moquent du joueur s’il perd un crédit pour finir stupéfaits qu’il revienne à la vie, de la buée qui s’échappe de sa bouche lors du niveau dans la neige… ce ne sont que quelques exemples encore assez simples à remarquer, mais un seul run ne suffirait pas à tout voir !

La fluidité est donc de mise, en tous cas la plus grande partie du temps. MS ralentit un poil de temps à autres mais peut gérer sans problèmes cinq ou six ennemis à l’écran sans aucun problème. On peut très bien y aller lentement ou foncer tête baissée, le jeu suit parfaitement, même lorsqu’il est surchargé de détails. Toutefois, il semblerait que cette apparente fluidité se fasse au détriment de l’originalité des personnages. Effectivement, les rescapés, les ennemis, tous ont exactement le même sprite et pas un seul de plus, ce qui fait finalement affronter une armée de clones comme rarement on a vu dans un jeu. Cela dit, ce n’est pas un gros point noir dans un plateformer étant donné le peu de temps que ces derniers restent à l’écran …

Au niveau des regrets, on ajoutera deux autres points (tant qu’à y être) : les ennemis ne sont pas juste clonés graphiquement, ils ont aussi absolument tous la même voix, déclinée en trois expressions différentes selon leur mort. Les rescapés sont dans le même cas, ce sont tous le même ermite blond à la même voix (là encore, peut-on leur en vouloir quand on sait à quel point le recyclage est utilisé dans les beat’em-ups…). La durée de vie du jeu est très limitée (quarante minutes suffisant en ligne droite, vingt-cinq en cas de speedrun)… la replay-value en est de ce fait très réduite, si ce n’est d’essayer le jeu seul et à deux, et tenter de s’améliorer pour utiliser le moins de crédits possibles sont des challenges possibles à donner…




Cela dit, il faudra plus d’une tentative avant d’en voir le bout car bourriner n’est pas toujours la meilleure méthode, malgré la sensation de tout pouvoir détruire sans problème avec certaines armes. La version arcade, forcément, pouvait être continuée tant que l’on y mettait des pièces, mais sur console, la partie était finie au bout de deux crédits de deux vies chacun. Ainsi, le jeu reste relativement punitif et vous demandera quand-même quelques temps d’apprivoisement avant de pouvoir terminer une run en 20 min ! Finalement, le jeu parvient tout de même à être suffisamment prenant et drôle, avec tous ses détails d’un nombre rare, pour donner envie d’en faire une session comme ça, de temps en temps.

Metal SlugLe jeu est donc assez court, en soi, et est seulement composé de six niveaux qui peuvent être traversés en quelques minutes chacun. Les boss disposent chacun de patterns qu’il faut apprendre pour éviter de se faire massacrer inutilement, et les combats contre eux sont dignes d’un shoot’em-up à pied plutôt que dans un vaisseau. Attaques massives, pluies de boulettes et déplacements au millimètre, tout y est. Mais si les niveaux sont courts, ils sont assez intenses et le répit est rare… gare à vos poignets car le tir auto n’existe pas ici ! On apprécie donc des instants où l’on peut finalement juste se promener quelques secondes pour relaxer sa main…

Les contrôles, comme dit plus haut, sont on ne peut plus simples, avec un bouton de tir, de saut, et un pour les grenades. Les phases de plate-forme font un peu sauter au dernier moment pour ne pas les rater, mais c’est plus une question de précision que de mauvaise maniabilité. Celle-ci réagit d’ailleurs très bien, que l’on tire devant soi, en dessous pendant un saut, ou au dessus. Il est quasiment possible de tirer à 360° à l’intérieur d’un Metal Slug, et parvenir à le garder tout le long d’un niveau sera un avantage certain. Juste, il faut faire attention à ne pas trop réagir au dernier moment non plus… La bande-son du jeu, formidablement dynamique et héroïque, ne cesse de donner envie de continuer la partie, et on se lasse rarement de ces mélodies dignes d’un grand film d’action maintenant un peu rétro. Le danger est omniprésent, mais avec classe !

Metal Slug

Heavy Machine Gun !

Metal Slug a plutôt bien été accueilli à son époque. Pour ainsi dire, il a même été classé septième jeu le plus populaire en arcade ! Des portages en ont ainsi été faits, sur NeoGeo CD, Sega Saturn et PlayStation pour commencer. Ces versions eurent droit à quelques bonus, qui proposaient au joueur de revisiter les niveaux différemment ou de jouer à des mini-jeux. Celles sur 32bits ont à leur tour été bien reçues, malgré les difficultés de la version Saturn qui nécessitait une cartouche d’augmentation de puissance pour tourner. Celle sur AES aurait atteint les vingt mille dollars aux Etats-Unis, tant sa rareté a augmenté…

Metal SlugLa course du Metal Slug ne s’est pas arrêtée là, car le jeu a été porté un grand nombre de fois au cours des années : PlayStation 2, 4, PSP, PC, Wii… et même sur iOS et Android ! Bien entendu, il a fait partie des titres disponibles sur NeoGeo X, la réédition portable de la machine sortie il y a quelques années. Steam et la Nintendo Switch ont à leur tour respectivement vu le jeu arriver chez eux en 2015 et 2017.

Mais Metal Slug, ce n’est pas juste un jeu avec plein de portages. Le nombre d’épisodes de la série s’élève, à l’heure où ces lignes sont écrites, à son neuvième opus (2009). Sans compter les remakes et spin-offs, dont le dernier date de l’année dernière. Et au final, on peut de ce fait ajouter les NeoGeo Pocket Color, Xbox, Linux, Mac, et NintendoDS aux cibles touchées par le titre. On regrettera quand même qu’une version GameBoy Advance ait été prévue mais annulée à cause d’un hardware trop limité…

Metal Slug est une série qui, si elle est un peu restée confidentielle aux yeux du grand public, a tout pour plaire : du challenge, de l’humour, de beaux graphismes 2D et une action soutenue. Ce premier épisode n’est pas le jeu du siècle, bien sûr, et surtout est tombé en plein avènement de la 3D, mais il reste une valeur sûre du genre et reste très divertissant. En faire une petite partie de temps à autres ne devrait tuer personne… à part votre poignet et peut-être quelques touches de manette.

Et le mois prochain, on continue dans le matraquage de touches dans un genre plus « bourre-pif » !

 

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Nazca Corporation ©SNK Playmore

2 réponses

  1. Myamoto dit :

    Ah Métal Slug.. Souvenirs. L’article résume bien l’essentiel de ce jeu. Et pour une pause bourrinage, c’est l’idéal

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