A la découverte des bains japonais !

Cet hiver, rien de tel que de se plonger dans un bon bain chaud pour se réchauffer. Voici deux lectures qui vous permettront de découvrir l’art des bains japonais, en photographie et en poésie.

Sentô, l’art des bains japonais de Stéphanie Crohin-Kishigami, pour tout savoir sur les sentô et les admirer en superbes photos

Sentô l'art des bains japonais de Stéphanie Crohin Kishigami, éditions Sully : couvertureSi vous êtes allés au Japon, peut-être vous êtes-vous rendus dans un sentô, ces maisons de bains publics gérés par des familles et souvent transmis de génération en génération. Même s’ils ont malheureusement tendance à disparaître progressivement de nos jours, il en existe encore un peu partout dans le Japon.

Stéphanie, qui est ambassadrice officielle des sentô, membre du Comité de Bains de la ville de Tokyo où elle vit depuis plus de dix ans, vous offre un voyage au cœur des sentô grâce à des textes qui vous expliqueront tout sur ces bains (leurs vertus, leur dimension communautaire entre autres) et de très nombreuses photographies (car ce sont également des lieux magnifiques avec de superbes fresques peintes !).

Le livre est découpé en deux grandes parties.

La première est consacrée à la culture du sentô : définition, origines et histoire, parcours personnel de Stéphanie dans cet univers, aspect communautaire, bien-être, guide des bonnes manières (avec des illustrations de Joranne), et un passionnant chapitre consacré à l’art et l’architecture de ces sentô (avec un entretien avec une peintre de sentô qui réalise d’immenses œuvres sur des murs très hauts, avec une impression de facilité qui déconcerte !). Vous pouvez la découvrir dans cette vidéo de la NHK.

La deuxième partie est un voyage du nord au sud du Japon de bain en bain… avec des photographies magnifiques, et toutes les informations utiles pour aller s’y baigner (adresse, horaires, tarif, accès entre autres). Et des entretiens avec des propriétaires qui expliquent leur métier original et difficile.

Dans les dernières pages, un petit lexique très utile vient compléter ce livre très riche.

extrait du livre Sentô l'art des bains japonais, éditions SullyLes textes vous permettent de plonger totalement dans l’atmosphère des bains : descriptions précises des différents éléments, description de l’atmosphère, zoom sur les petits détails à regarder, les matières (bois, carrelages, pierre), les différents bains proposés (températures différentes, couleurs qui peuvent être surprenantes dans certains sentô – mais naturelles, remous, aromatiques, aux herbes médicinales) et la présence de sauna ou autres éléments intéressants (fauteuils, bibliothèque, collations, etc.).

En regardant les photos, on entend presque le bruit des bulles des bains à remous !

Ce qui impressionne en admirant les photos, c’est la grande diversité des bains : ambiance tamisée ou très colorée, bains extérieurs voire petits jardins merveilleux, bains de toutes les formes et de toutes les tailles, c’est un voyage dépaysant et les très nombreuses photos permettent réellement de visualiser les lieux, couplés aux belles descriptions fournies par Stéphanie.

On ne rêve plus que d’une chose : prendre un billet d’avion et se rendre dès notre arrivée dans un sentô pour profiter de son cadre unique et de ses vertus relaxantes ! Nous espérons que ce sera bientôt possible. En attendant, ce livre très riche en superbes photographies permet de patienter et de voyager à moindre frais.

Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

Vous pouvez retrouver dans cet article le portrait que nous avions fait de Stéphanie en novembre 2018.

O’Yu un éloge de l’eau chaude par Benoît Reiss

O'Yu un éloge de l'eau chaude de Benoît Reiss, éditions Esperluète : couvertureOn connaît l’amour de Benoît Reiss pour le Japon grâce à ses deux précédents livres Notes découpées du Japon et Mains d’herbe, histoire d’un jardin japonais publiés chez le même éditeur Esperluète en 2018 et 2019. Il revient cet automne avec un recueil de 55 petits textes entre essai et poème, entre récit intime et conte, pour nous livrer le bonheur ressenti en plongeant son corps dans l’eau chaude.

C’est en effet tout un monde qui s’offre à lui lorsqu’il prend son premier bain chez les hôtes qui l’accueillent lors de son premier voyage au Japon. « Je veux user des mots – avancer sur les pierres plates, dans le jardin au crépuscule – pour comprendre et faire comprendre – je l’espère – en quoi le bain d’eau chaude – O’Yu, introduit par son O de majesté – est non seulement une manière de penser et d’être au monde, mais aussi une manière – mains d’eau qui portent, supportent le corps – qu’a le monde de nous accueillir, de nous recueillir – d’accepter notre présence ».

Dans ce monde embrumé, seules les pierres qui mènent au bassin et l’entourent guident le baigneur. Ce monde flottant permet des rencontres improbables avec des animaux qui parlent de poésie : renard, chat ou corbeau viennent lui tenir compagnie.

C’est un nouvel univers à découvrir le nez au ras de l’eau. « Au ras de l’eau, le bassin est un océan. Les rochers et les rebords en bois deviennent flous – continents lointains, rives d’un autre monde. Je dois maintenant prendre tout mon temps, me tenir aux aguets, attentif au moindre mouvement – de la même façon, exactement, les yeux levés sur le ciel d’été, j’attends l’apparition d’une étoile filante. Ce mouvement dans le bassin peut surgir depuis n’importe où – d’un lieu très proche ou de bien plus loin – de l’horizon. Du coin de l’œil, je remarque soudain le coup de vent – il agite les branches du prunier et sitôt après accourt sur l’eau – la lumière du soleil, pourtant voilée, vient à cet instant piquer la pointe des vagues en formation – assaut d’écailles brillantes, pointes tremblantes coiffées d’éclats, roulées en nombre sur la peau noire de l’océan – froissement merveilleux qui traverse et passe – un rire de l’O’Yu. »

Car O’Yu est une divinité, elle accueille tous les corps, des corps nus desquels tout statut disparaît, seule reste l’humanité vraie. Cette communauté du bain dans lequel on vient depuis l’enfance, où chacun a appris à frotter le corps de l’autre, où les corps se délassent, où le temps lui-même est différent… l’auteur nous la livre dans des petites scènes du quotidien très douces. Une divinité sans prétention, qu’on trouve aussi bien dans un ryokan face à un magnifique paysage enneigé que dans un super sentô aux couleurs vives où la télé est allumée, ou dans un bain coloré, aromatisé, où flottent des jouets ou des yuzu. Tout le monde peut profiter de ses bienfaits !

Ce livre est inclassable et c’est l’auteur qui le résume le mieux : « Non pas un manuel ni un précis. Pas même un vade-mecum. Mais des pas maladroits sur des pierres imaginaires. Une sincère et véritable perte de temps. Je vais sans méthode, sans savoir. Je veux parler de bains, de plonger mon corps dans l’eau chaude ». Une promenade au hasard comme lorsqu’on découvre un jardin japonais et qu’on l’arpente en tous sens sans but précis. Un bonheur de sentir, de vivre, d’être au monde !

Un petit livre aquatique auquel les encres bleues plus ou moins profondes, plus ou moins coulantes et diffuses d’Anne Leloup donnent un supplément sensoriel original qui imprègne délicatement les pages.

Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

En attendant de pouvoir aller vous baigner dans les eaux chaudes japonaises, plongez dans ces deux livres pour vous y préparer !

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