Gaming Memories #44 – Gynoug

Bienvenue dans le quarante-quatrième numéro de Gaming Memories. Après une promenade horrifique au Pays de Galles, notre premier rendez-vous rétro de 2022 nous emmènera sur Mega Drive, où une autre balade loin des mondes aux couleurs chatoyantes nous attend : Gynoug, shoot’em-up signé MASAYA Games sorti en janvier 1991. Tirs dans tous les sens et créatures étranges nous attendent…

Gynoug

Un jeu à la création assez obscure … comme son ambiance.

La Mega Drive est une console qui a accueilli de nombreux shoot’em-ups, notamment grâce à son processeur étudié pour des jeux rapides. Si la concurrence a pu être rude, avec un PC-Engine (NEC/Hudson Soft) très réputé pour ce genre au Japon, la machine de SEGA a pu accueillir plus d’un titre prometteur aussi. Outre leurs classiques After Burner, Space Harrier et le techniquement très impressionnant Galaxy Force II, d’autres licences qui parleront aux amateurs de boulettes colorées s’y sont aussi posées. On peut ainsi mettre au crédit de la console M.U.S.H.A Aleste, ou encore le très réussi Thunder Force IV.

Celui d’entre eux qui nous intéresse ce mois-ci, Gynoug (ジノーグ, Jinougu), a été développé par Masaya Games (メサイヤゲームス, Mesaiya geemusu, se prononce en fait comme le mot « messiah » en anglais). Cette société, à la base, est la branche jeu vidéo de NCS (Nippon Computer Systems) et est responsable de titres comme Chô Aniki ou Langrisser. Gynoug fait partie de la trentaine de jeux publiés par Masaya et est sorti le 25 janvier 1991 au Japon et en cours d’année dans le reste du monde.

GynougIl ne reste plus que vous pour sauver le monde (encore)

Vous êtes Wor, le maître du combat volant qui lance des éclairs d’énergie et qui peut contrôler les forces de la nature. Votre planète a été envahie par des créatures hideuses. Eliminez ces créatures et libérez la planète !

Bon, d’accord, cette explication est reprise directement de l’arrière de la boîte du jeu… mais y a-t-il besoin d’en dire beaucoup plus ? La planète s’appelle Iccus. L’ennemi, Destroyer. Il contrôle des hordes de monstres immondes et répugnants et Wor – donc le joueur, par extension, devra voyager sur la planète en détruisant toutes ces bestioles – ses anciens alliés corrompus par un virus qui a ravagé Iccus

Du classique mais efficace avec un peu de tactique en plus

Gynoug est un shoot’em-up à défilement horizontal. La progression dans les niveaux se fait donc automatiquement et des hordes d’ennemis viennent y assaillir le joueur. Wor, l’ange guerrier, a à sa disposition un tir (il suffit de maintenir le bouton B) et hormis boss et mid-boss, un seul impact suffit à détruire un monstre. Wor aussi, d’ailleurs – la moindre touchette fait perdre une vie. Dans ce cas, on ne repart pas du début du niveau comme dans d’autres shoots mais en plein cœur de l’action. Perdre un Continue, en revanche, vous forcera à reprendre tout le stage en cours depuis le début.

Il est possible de récupérer des bonus ça et là sur notre chemin, Ceux-ci sont un peu traître : il faut absolument penser à leur tirer dessus avant de les récupérer, sans quoi ils seront considérés comme un ennemi et feront perdre une vie à Wor en cas de collision. Ces upgrades pourtant bien utiles de toutes sortes : vitesse de déplacement accrue, tirs de plus en plus larges et nombreux, jusqu’à même en avoir derrière soi, et aussi pouvoirs magiques. Toutes ces aides se manifestent à l’écran sous la forme d’orbes de différentes couleurs. Il faudra être bien attentif pour ne pas se downgrader pour un autre item sans faire exprès. On récupère donc aussi de la magie, que l’on peut stocker pour en avoir trois différentes sur soi. Celles-ci sont en nombre limité et peuvent être offensives ou défensives, jetant des boulettes bien plus volumineuses à la face d’ennemis ou protégeant le protagoniste pendant un ce certain temps.

L’admirable descente aux enfers

Gynoug semble ne pas payer de mine lorsqu’on le commence. C’est vrai, il s’ouvre sur un logo éditeur impressionnant avec ses lettres qui apparaissent progressivement et se distordent, puis on tombe très vite sur un écran-titre simple, certes affichant un sprite du personnage principal de bonne taille mais fixe. Le menu ne comporte que deux choix : start et options. Celles-ci sont d’ailleurs assez restreintes puisqu’il n’y a le choix que dans la difficulté, le nombre de vies et un sound test. Et ce n’est pas mieux lorsque l’on lance la partie : le personnage et ses ennemis semblent petits…

Ce n’est qu’une courte déception par rapport à ce qu’une Mega Drive peut faire : bien vite, les distorsions d’écran sont de retour. Le niveau se secoue, des éléments du décor tombent sur le joueur, des pluies d’ennemis et de tirs de plus en plus gros et nombreux l’envahissent. Et tout cela, sans aucun ralentissement d’aucune sorte ! Les ailes de Wor, les mouvements des monstres et la superposition des différentes parties qui les composent sont d’une fluidité impeccable, peu importe tout ce qui affiché. Certains boss et mid-boss sont énormes à l’écran, surtout comparés au reste (qui  encore une fois est un peu petit, mais ne serait-ce pas là une façon d’afficher la grandeur de la menace qui règne sur ce monde… ?).

Certes assez sobres au départ, les décors traversés finissent bien vite par prendre une identité propre et proposer parfois des concepts qui vont les caractériser. Les monstres ne seront plus les seuls dangers au bout d’un moment, et même les décors vont s’y mettre : Gynoug propose des courses folles au travers de scènes dans lesquels slalomer pour survivre, jusqu’à atteindre un niveau final glauque, étrange et organique qui tiraille la vision du joueur du début à la fin grâce à des distorsions d’écran permanentes. Si le jeu est plus sombre que la plupart des shoots étoilés et flashy de l’époque, ce n’est pas par manque de couleurs de la palette graphique de la Mega Drive mais bien pour plonger le joueur dans une aventure étrange. Le seul regret à avoir, de ce coté, est peut-être aussi la taille de certains tirs ennemis, parfois vraiment très fins et donc difficilement lisibles.

Gynoug

Le deuxième niveau commence sous un ciel menaçant, pour se terminer sous les profondeurs aquatiques.

« Lisible » est pourtant un mot qui ne manque pas aux qualités de ce jeu. Bien sûr, il est surchargé de tirs par moments, et cela arrive que des éléments de décors viennent se placer en premier plan pour plus de crédibilité. Mais on n’est jamais vraiment gêné par des parties de niveaux qui viendraient rendre la progression pénible ou peu compréhensible, comme cela peut être le cas dans d’autres shoots (citons par exemple Verytex sorti également sur Mega Drive trois mois après Gynoug, qui était un exemple parfait de ce qu’il ne fallait pas faire dans un shoot’em-up…).

Ces tirs de petite taille, cependant, font de Gynoug un soft naturellement difficile, enfin, difficile selon les standards du genre. Comme toujours, il faut avoir de l’observation, de la dextérité, et connaître ce qui nous attend pour mieux s’en sortir. L’apprentissage se fait donc par l’échec, comme dans nombre de shoot’em-ups. Il n’y a pas de mots de passe ici, donc perdre tous ses continues force à reprendre depuis le début. Le jeu n’est pas très long, du haut de ses cinq niveaux (environ quarante à soixante minutes en fonction de la difficulté, ce qui est déjà plutôt bon pour ce genre), mais c’est bel et bien en appréciant ses décors, et en les apprenant que l’on progresse et finit par s’en sortir de mieux en mieux. Petit détail toujours (dés)agréable à savoir : le titre de Masaya dispose bel et bien d’un mode facile… uniquement dans la version japonaise.

Si le bestiaire de base semble assez simple, voire peu intéressant, on change vite d’avis lorsque l’on tombe face à un boss. Ceux-ci, de bien plus grande taille, sont déjà plus effrayants et donnent au jeu toute son ampleur horrifique. Plus menaçants, plus répugnants, ces monstres parfois organiques, parfois mécaniques (ou les deux) n’ont rien à voir avec un shmup étoilé plus conventionnel. Ces derniers rapppellent également au joueur qu’avant, c’étaient une population normale qui vivait sur cette planète que l’on arpente, et qu’ils ont tous été corrompus par ce virus horrible.

Gynoug

Le troisième niveau, à l’ambiance délicieusement Castievania, ne fait aucun cadeau : tout, y compris les collisions sur le décor, est à éviter.

La maniabilité répond très bien, cela dit. Wor réagit parfaitement, tout comme les autres commandes. Celles-ci, cependant, souffrent peut-être du même syndrome qu’Alien Soldier dont nous avons déjà parlé. En effet, bien qu’il soit moins survolté qu’AS, changer d’upgrade se fait à la volée, en pleine action, et lorsque l’on sait que la moindre touchette fait perdre une vie, il n’y a pas intérêt à s’emmêler entre un tir puissant dans le vide et un bouclier qui pourrait sauver sa partie…

Cette aventure, parfois classique tout en élevant l’adrénaline du joueur d’un seul coup, est soutenue par une bande-son du compositeur Noriyuki IWADARE. Responsable de l’ensemble sonore de Grandia, il montre que ce RPG n’a pas été qu’un coup de maître isolé dans sa carrière : Gynoug est rempli d’une atmosphère de méfiance et de thèmes guerriers des plus dynamiques possibles. Les mélodies restent en tête pendant longtemps, après avoir dynamisé l’expérience du début à la fin. Impossible d’oublier le thème du premier niveau qui donne envie de charger tête baissée vers les forces du mal pour les éradiquer. Un ensemble sonore qui accompagne le coté visuel à la perfection, cela dit peut-être au détriment des bruitages assez oubliables et de lignes de musique qui sautent dans certaines séquences (comme celle de tremblement du premier niveau). A moins que cela ne soit fait exprès… ?

Gynoug

Deux exemples de boss, qui montrent bien les mutations atroces que les habitants de la planète on subi.

Le voyage… ne continue pas

Gynoug a reçu à l’époque des notes majoritairement positives, assez positives en dehors de quelques grincheux moins favorables. Même pour les joueurs, il reste une très bonne expérience, assez marquante et dont on se souvient forcément si l’on parle de shoot’em-up rétro. Malgré cela, ce titre de Masaya restera à tout jamais un jeu esseulé, sans suite, sans remakes, sans ressorties, rien de plus qu’un souvenir. On déplore donc son absence dans des compilations Mega Drive, alors que la plus récente en date comportait pour la première fois des jeux de studios autres que SEGA (Gunstar Heroes, Alien Soldier, Landstalker…).

Il faudra attendre novembre 2021 pour que Wor revienne. A présent disponible sur PlayStation 4, 5, Xbox et Switch, le jeu a même eu droit à des options supplémentaires, pour ajouter des filtres, revenir en arrière pour corriger une erreur, etc. Avec un prix modeste mais peut-être un peu trop haut au goût de certains pour un jeu de trente ans passés (six euros)… mais cela reste une bonne façon de le (re)découvrir pour qui n’a plus, ou jamais eu le jeu d’origine !

Resté un one-shot obscur et pas forcément très connu du grand public, Gynoug est l’un de ces outsiders du jeu vidéo qui a su trouver sa place. Il est étrange, différent mais reste pourtant une valeur sûre du shoot’en-up de l’époque. Si jamais vous n’y avez encore jamais joué avant la lecture de ces lignes, vous savez où le trouver. Wor ne reviendra sans doute pas, après avoir gagné sa guerre, mais ce n’est pas une raison pour l’oublier pour autant !

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Masaya Games

2 réponses

  1. Miyamoto dit :

    Article intéressant, même si ce n’est pas mon style de jeu préféré. A voir un jour puisque apparemment jouable PS4

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