Parole de trad’ : Aline Kukor, traductrice et passionnée !

Le milieu de la traduction de manga fait souvent rêver les jeunes amateurs de culture japonaise. Mais ce métier est loin d’être simple et nécessite de nombreuses compétences. Aline KUKOR est l’une des ces traductrices. Cette belge de 31 ans a travaillé depuis presque une décennie sur de nombreuses œuvres tels que Otaku Otaku, Tôgen Anki, Shy, Shigahime ou encore &. Elle revient avec nous sur son métier et ses différents aspects au quotidien.

 

Les débuts dans le milieu

Aline Kukor

Aline Kukor

Journal du Japon : Bonjour Aline et merci pour votre temps. Pourriez-vous nous raconter votre parcours et nous expliquer ce choix de devenir traductrice ?

Aline Kukor : Bonjour, et merci à vous pour cette interview ! Je devais avoir 14 ans quand j’ai découvert les animes (autres que ceux diffusés en français à la télé dans des émissions comme le Club Dorothée, avec lesquels j’ai grandi), et j’ai très vite eu le coup de foudre pour la langue japonaise. Puis, en commençant à lire des mangas, un peu plus tard, j’ai réalisé qu’il y avait forcément des gens pour traduire ces œuvres depuis le japonais. Je savais depuis longtemps que je voulais un métier en lien avec les langues étrangères, et c’est naturellement que je me suis tournée vers l’apprentissage du japonais.

J’ai d’abord appris en autodidacte, quand j’étais au lycée, puis je suis partie étudier en France (puisque les études que je voulais n’existaient pas en Belgique). J’ai obtenu ma licence de Japonais, puis, j’ai obtenu une bourse de la Fondation du Japon pour partir étudier six mois à Osaka et y mener mes recherches en linguistique japonaise. Je pensais poursuivre avec un Master en rentrant de ces six mois mais, finalement, j’ai trouvé du travail seulement deux semaines après mon retour, et j’ai sauté sur l’occasion !

Comment avez-vous fait pour rentrer en contact avec les maisons d’édition lors de vos débuts ?

J’ai commencé ma carrière en travaillant pour les éditions Boy’s Love IDP. Quand je suis revenue du Japon, j’ai appris via une connaissance de l’université (qui travaillait déjà pour eux) que Boy’s Love IDP recherchait de nouveaux traducteurs. Je me suis dit que ce serait l’occasion d’entrer dans le milieu, alors j’ai postulé. J’ai très vite passé un test et c’est ainsi que notre collaboration a débuté. Ensuite, après quelques mois, j’ai commencé à envoyer régulièrement des candidatures spontanées à différentes maisons d’édition, mais sans jamais avoir de réponse favorable, ou de réponse tout court. Il a fallu attendre presque deux ans pour que les éditions Kana me donnent ma chance.

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Quels souvenirs gardez-vous de votre première (ou de vos toutes premières) traduction ? Est-ce que c’était tel que vous l’imaginiez ?

À vrai dire, je ne savais pas vraiment dans quoi je m’embarquais et j’imaginais difficilement à quoi pouvait ressembler ce métier. Sans être forcément une grande consommatrice de BL (Note : abréviation signifiant Boy’s Love), j’étais un peu euphorique, à l’époque, car je venais d’obtenir le boulot de mes rêves ! Dans l’ensemble, même si j’ai commencé avec des titres que je ne recommanderais pas forcément, j’en garde de très bons souvenirs. Je me souviens qu’il m’a fallu un moment avant d’avouer à mes parents et à ma famille le contenu des mangas je traduisais, de peur qu’on se moque de moi ou qu’on ne considère pas ça comme un « vrai travail ». Finalement, c’est presque devenu une anecdote familiale !

Depuis vos débuts vous avez traduit pas mal de mangas, qu’est-ce que cela vous a appris ?

Ça peut paraître bête mais une des premières choses que j’ai apprises, c’est à gérer mon planning et à m’imposer un rythme. Quand on est freelance et qu’on travaille de chez soi, on peut tomber dans le piège du « je fais la grasse mat’ ce matin, je bosserai plus tard ». J’ai appris à éviter pas mal de petites erreurs en français, au fil des corrections des relecteurs, et j’ai appris à rendre mon texte plus fluide et naturel, en me détachant du japonais. Je pense que quand on débute, on a un peu de mal à se détacher du texte en VO.

Forcément, l’expérience et les retours des collaborateurs, ça aide ! Et pour sortir un peu de la traduction pure, j’ai appris énormément de choses sur des sujets aussi divers que variés. On trouve toutes sortes de thèmes dans les mangas et, bien souvent, la traduction nécessite de faire pas mal de recherches. J’ai appris des choses sur les fleurs, le cosplay, la peinture, l’Italie au XVe siècle, la physique, etc. Je n’ai pas tout retenu, évidemment, car on doit intégrer beaucoup d’informations en peu de temps, mais certaines bribes restent et enrichissent mes connaissances.

   Le mandala de feu  Les fleurs de la mer égée 

Des traductions d’Aline Kukor avec un apport culturel enrichissant

Travailler sa traduction

Pour en venir au présent, pouvez-vous nous raconter votre journée type – s’il y en a ! – en tant que traductrice ?

Chaque journée est différente, bien sûr, mais je suis quand même généralement le même schéma. Je sais que je suis beaucoup plus efficace le matin, donc je m’arrange pour commencer ma journée entre 7h30 et 8h et je traduis jusqu’à midi pratiquement sans interruption. Ensuite je reprends vers 13h (ou plus tôt, si j’ai un timing serré), et là c’est plus variable. J’essaye de ne pas trop charger mes après-midis et de garder du temps pour finaliser des traductions avant de les envoyer aux éditeurs, m’occuper des relectures qui me reviennent au compte-goutte, annoter les prochains chapitres à traduire, lire les tomes en VO que je reçois au fur et à mesure, ou tout simplement pour répondre à des mails avec parfois des questions d’éditeurs.

Dans tous les cas, je m’arrange pour finir ma journée au plus tard à 17h, à quelques exceptions près. Il fut un temps où j’avais des journées beaucoup plus chargées et des timings plus serrés mais, aujourd’hui, j’essaye de me ménager.

Avez-vous une approche particulière de l’œuvre avant de vous lancer dans la traduction ?

L’idéal est de lire tout ce qu’on a à disposition avant de commencer la traduction d’une série. C’est forcément plus facile quand la série est terminée que quand on se lance dans une série qui n’est pas très avancée au Japon. Ensuite, je ne pense pas avoir d’approche vraiment particulière. Pendant la lecture, j’essaye toujours de me mettre à la place des personnages pour mieux les comprendre et trouver le ton de chacun, même si je pense que ça se fait plus ou moins naturellement pendant la lecture. Parfois, je marque quelques pages quand je sais qu’il y aura des choses à creuser sur des personnes qui ont existé ou des faits qui ont eu lieu, ou sur du vocabulaire bien précis lié à certains thèmes. Ça me permet aussi de pouvoir réfléchir un peu en avance à des noms d’attaques ou a des jeux de mots, par exemple.

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Shôjo souvent mais aussi yaoi, shônen, etc. : une grande variété manga au compteur

 

Rencontrez-vous régulièrement des difficultés lors de votre travail ? Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés lors du passage du japonais au français ?

Comme toutes les langues, le japonais comporte son lot de difficultés qu’on apprend à dompter à force d’y être confronté. Par exemple, les bulles avec quelques kanjis qui donnent des phrases à rallonge en français, ou le fait qu’il n’y ait ni singulier ni pluriel, ni féminin ni masculin. Ce qui m’embête le plus, personnellement, ce sont les phrases ambiguës où il n’y a pas de sujet en japonais. Le lecteur est censé pouvoir définir le sujet lui-même en fonction du contexte mais parfois, ça s’avère compliqué, d’autant que les bulles peuvent être placées ou dessinées de façon qu’on ne sait pas forcément qui parle. Alors selon la manière dont on interprète le texte, le sens peut être très différent.

C’est d’autant plus intéressant de pouvoir lire sa traduction mise en page quelques semaines (ou mois) après le rendu ou d’avoir des retours des éditeurs car, parfois, quand on est parti dans une direction, on n’envisage pas forcément qu’il puisse s’agir d’autre chose. Et puis il y a les onomatopées, très nombreuses en japonais, qui nous forcent à être créatifs.

Dans la série Otaku Otaku par exemple, vous avez choisi de conserver le terme fujoshi. Pourquoi décidez-vous par moment de ne pas adapter des termes japonais et de les laisser tels quels, avec des notes de bas de pages ?

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©FUJITA- Ichinjinsha Inc., Tokyo- Kana

Tout dépend du manga qu’on traduit et du public concerné. Otaku Otaku plonge les lecteurs dans l’univers des mangas, des animes, des jeux vidéo… on est en plein dans la culture populaire du Japon. Il y a énormément de termes qui y sont liés et les garder permet ici une immersion plus totale. Fujoshi est un terme qui utilisé chez nous par certain(e)s « otaku » donc pas totalement inconnu non plus. Ç’aurait été dommage de le supprimer, et ça aurait sans doute enlevé un certain naturel lors des conversations avec Narumi, qui est vraiment à fond dans son trip BL. J’ai aussi pensé que les fans de BL se retrouveraient plus dans le personnage de Narumi en constatant qu’ils utilisaient le même genre de phrases qu’elle, avec des termes un peu « pointus ».

Quelles seraient les principales qualités pour devenir une bonne traductrice selon vous ?

Il faut une bonne connaissance de la langue source, évidemment, mais un bon niveau de français est également indispensable. Être curieux de tout est aussi un plus, puisque nous sommes amenés à devoir faire des recherches et à lire énormément de livres, de pages Internet ou d’articles sur toutes sortes de sujets. Il faut aussi être à l’écoute des collaborateurs avec qui on travaille pour pouvoir s’améliorer de jour en jour.

Peut-on parler d’une spécificité dans la traduction dans le domaine du manga par rapport à l’adaptation en France de comics ou autres bandes dessinées étrangères ?

C’est très difficile à dire, étant donné que je n’ai jamais traduit que des mangas. Je connais assez mal l’univers de la traduction de comics ou de bandes dessinées. Je pense que la plus grosse spécificité, ici, serait la manière d’adapter les termes liés à la culture japonaise. Peut-être aussi le fait de devoir raccourcir certaines phrases, le japonais étant beaucoup plus concis que le français, et d’utiliser des mots plus courts quand on le peut à cause de la taille ou de la forme des bulles. Quand elles sont très étroites et très allongées verticalement (puisque le japonais se lit de haut en bas), ça peut parfois être problématique.

 

Le milieu de la traduction de mangas

Vous êtes une traductrice free-lance et avez donc travaillé avec de nombreuses maisons d’édition. Comment se passent vos échanges avec celles-ci ? Existe-t-il des différences dans leur manière de fonctionner ?

La plupart du temps les échanges se font par mails, aussi bien pour les propositions de séries que pour le suivi. Certaines maisons d’édition préfèrent le téléphone pour revoir quelques points ensemble et débriefer, mais ça reste assez rare. Globalement, le procédé reste assez similaire d’une maison d’édition à l’autre.

Si ce n’est pas indiscret, pourriez-vous nous dire comment vous êtes rémunérée ? Avez-vous par exemple un salaire fixe ou au contraire cela dépend de certains facteurs comme le nombre de pages ou de caractères ?

Chaque maison d’édition fonctionne de manière différente. En ce qui me concerne, je peux être rémunérée par forfait au tome, à la page (en comptant la totalité des pages du manga ou en comptant uniquement les pages sur lesquelles il y a du texte) ou au feuillet, auquel cas je ne connais ma rémunération qu’après avoir terminé la traduction.

Notre question précédente n’est pas anodine car, sur votre compte twitter, vous essayez souvent d’expliquer les difficultés du métier du point de vue de la reconnaissance et de la rémunération. Au lecteur de manga qui ne connait rien de votre métier ni de ces problématiques, qu’avez-vous envie de dire ?

Tout d’abord, j’aimerais que les gens se rendent compte que derrière chaque parution de manga, il y a un travail énorme ! Il y a les traducteurs, bien sûr, mais aussi les lettreurs, les graphistes, les relecteurs, les préparateurs de copie ou encore les éditeurs. Tout le monde fait de son mieux, est très appliqué et, surtout, passionné. Sur les réseaux sociaux, certains peuvent avoir la critique facile si un tome (que ce soit au niveau de la traduction ou du reste) ne correspond pas à leurs attentes. Mais non, notre travail n’est jamais fait « à l’arrache » et tous les choix sont mûrement réfléchis même si dans le fond, l’appréciation reste subjective.

Aline Kukor sur Twitter

Aline Kukor sur Twitter, un compte à suivre (parce qu’elle aime Yotsuba, mais pas que !)

En ce qui concerne la rémunération, j’ai de la chance d’avoir un salaire très décent, ce qui n’est pas forcément le cas de tout le monde. Certaines boîtes payent encore malheureusement trop peu pour le travail fourni. J’avais effectivement parlé sur Twitter des problèmes des scantrads, en évoquant notamment le fait que ça puisse aussi avoir des répercussions sur les traducteurs (et sur tous les autres acteurs de la chaîne manga). Avec beaucoup de maisons d’éditions, les traducteurs touchent des droits d’auteur en fonction des ventes. Plus il y a de gens qui lisent une série illégalement, moins il y en a qui achètent les tomes en librairie. Outre le fait que ce soit totalement illégal et irrespectueux, cela touche plus de monde qu’on l’imagine. Et puis il faut bien avouer que ce n’est jamais agréable, en tant que traducteur ou éditeur, de voir une team de scantrads surfer sur le succès d’une série et reprendre sa traduction à partir de ce qui n’a pas encore été publié chez nous !

Le dernier point, qui fait probablement rêver beaucoup de traducteurs, concernerait plutôt la reconnaissance : ce serait d’avoir notre nom en première page du manga (ou sur la jaquette) ! Sur les réseaux sociaux (encore et toujours) certains crient à la « starification » des traducteurs mais… on trouve bien les noms des traducteurs de romans en première page, pourquoi n’aurait-on pas le droit d’espérer la même chose pour les mangas ?

 

Comment voyez-vous le marché de la traduction d’œuvres en japonais, et plus particulièrement dans le domaine du manga ? Avec par exemple la sortie de l’application Piccoma qui propose de lire des mangas sur son téléphone en France ou la traduction en simultanée de séries phares avec l’application Manga plus de SHUEISHA, cela ne risque-t-il pas de modifier vos habitudes dans le domaine de la traduction ?

Le manga commence à se consommer différemment, c’est un fait, et il est fort possible qu’il y ait de plus en plus de simultrad. Personnellement, je n’en ai jamais fait, et ce n’est pas quelque chose qui me vend du rêve. Ça doit être un exercice intéressant mais pas dans la durée. Les traducteurs qui s’occupent des séries disponibles sur Manga plus s’engagent plus ou moins à être disponibles toute l’année et à traduire dans des délais très courts !

Ça complique beaucoup les choses pour l’organisation de vacances ou autre et laisse peu de place aux imprévus. Ils ont probablement la possibilité de se faire remplacer s’il le faut, mais ça reste très contraignant et je ne suis pas certaine que le salaire soit à la hauteur du désagrément. Si le système vient à se généraliser, c’est certain que nos habitudes seront bouleversées (au risque de peut-être dégoûter certains traducteurs). Traduire en simultané, c’est une tout autre organisation ! Cela dit, je crois que le système prendra du temps à changer, et je ne suis pas sûre que toutes les maisons d’édition japonaises décident de suivre la voie du simultrad.

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La plateforme de Webtoon Piccoma désormais disponible en France

Appréhender l’avenir et les problématiques du métier de traducteur de mangas

Pourriez-vous envisager de travailler dans la traduction dans d’autres domaines que le manga ?

Je ne sais pas trop… J’aimerais essayer la traduction de romans, un jour, mais j’ai toujours du mal à me lancer. Je crois que j’ai peur de ne pas être à la hauteur, ha ha ! Cela dit, traduire des mangas était le métier de mes rêves, et mon planning est déjà bien chargé pour les mois à venir. Si je voulais tenter autre chose, ce ne serait de toute façon pas pour tout de suite !

Récemment nous échangions avec deux traducteurs différents qui affirmaient pour l’un que le manga était de la littérature tandis que le second disait qu’on ne pouvait pas le considérer comme tel. Quel est votre point de vue sur le sujet ?

La littérature, c’est l’ensemble des œuvres écrites auxquelles on reconnaît une finalité esthétique. Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi le manga ne rentrerait pas dans cette catégorie. Certains pensent que les mangas (ou les BD et les comics) ne sont pas de la « vraie » lecture, mais … faut-il obligatoirement qu’un livre soit un classique de 500 pages sans images et traitant d’un sujet hyper-sérieux pour être considéré comme de la « vraie lecture » ? Peut-être que les illustrations donnent un côté « enfantin », d’un point de vue extérieur, mais on trouve des mangas sur tellement de thèmes qu’on peut difficilement affirmer que les mangas sont « pour les enfants » ou « inintéressants ».

Et puis le plus important, ça reste de lire ce qu’on aime. Le but de la lecture, c’est avant tout de passer un bon moment, de s’évader dans un autre monde et de rêver ! On ne sera pas un meilleur ou un plus grand lecteur parce qu’on s’est forcé à lire des classiques à la place de quelque chose qui nous fait réellement vibrer !

Auriez-vous un conseil ou des mises en garde pour ceux qui auraient envie de se lancer dans l’aventure de la traduction de manga ou de la traduction en général ?

Ça peut paraître un peu neuneu comme ça, mais… toujours croire en soi et en ses rêves ! Quand j’ai commencé le japonais avec l’espoir de traduire des mangas, je pense que personne ne croyait que je réussirais (ou du moins que j’arriverais à en vivre). Et me voilà, presque dix ans plus tard ! Bien sûr, il faut se donner les moyens d’y arriver. La petite mise en garde, ce serait de bien garder en tête qu’indépendant, ce n’est pas toujours la meilleure situation qui soit. Le tout est de bien savoir dans quoi on s’embarque. À tous ceux qui voudraient devenir traducteurs de mangas, je dirais de foncer ! Il y a tellement de séries qui sortent, ces temps-ci, qu’il y a une pénurie de traducteurs !

Encore merci de nous avoir accordé votre temps et de nous avoir fait part de votre expérience.

Merci à vous !

Vous pouvez suivre Aline Kukor sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter et Linked in ou apprécier son travail sur des œuvres en cours de publication comme Le petit monde de Machida, &, Un petit ami trop parfait, les spin-off de Magus Bride et bien d’autres !

1 réponse

  1. Maurine dit :

    Une traduction toujours au top niveau !

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