Soten No Ken : Quand l’Histoire croise le Hokuto !

Avec la récente publication de son cinquième tome, Soten No Ken se présente comme un excellent mélange entre combats spectaculaires et l’Histoire. Les premiers tomes présentent de violents conflits entre gang et une pègre, certes fictive, mais s’inspirant d’une période historique bien réelle. Les auteurs, déjà célèbres, vont nous montrer que, tout en gardant les codes de leurs précédents succès, parviennent à nous compter un tout autre récit qui ravira les férus d’action et de combats spectaculaires. La dorure et la corruption des années 1930 seront mêlés aux arts martiaux fictifs dans des duels ayant pour toile de fond un conflit sanglant entre deux grands gangs de Shanghai.

Bref, de nombreuses raison pour vous parler de cette série, aux éditions Mangetsu, à ne pas rater !

Soten No ken

Des gangs et des poings, une puissante entrée en matière !

Soten No Ken est une série de mangas dessinée par Tetsuo HARA et dont le scénario est supervisé par Buronson, duo iconique à qui l’ont doit également Hokuto No Ken. Contrairement à Hokuto No Ken originaire du célèbre Weekly Shônen Jump (magazine de prépublication hebdomadaire connu aussi pour Dragon ball, One Piece, Kenshin le vagabond, Naruto et bien d’autres), Soten No Ken a été prépublié dans le Weekly Comic Bunch de mai 2001 à août 2010. Dans ce magazine furent aussi prépubliés Angel Heart : une histoire parallèle à City Hunter et Btooom ! : un seinen survival game.

L’intrigue de cette préquelle se déroule pendant les années 1930, bien avant la guerre nucléaire qui ravagé la Terre. Cette terre aride et ravagée sera le théâtre des évènements contés dans Hokuto No Ken. Contrairement à son prédécesseur, Soten No Ken a lieu dans un environnement bien vivant, et habité. Cependant, malgré la différence d’époque, le lecteur est toujours mis face à l’injustice et à l’oppression des faibles par des puissants égoïstes et mal intentionnés.

Les déserts de Hokuto No Ken contrastent avec une Shanghai corrompue où de nombreux malfrats s’affrontent. Il est intéressant  d’examiner comment tout en conservant la patte HARA /Buronson, Soten No Ken parvient à créer un univers oscillant entre réaliste et surnaturel, à meler les arts martiaux grandiloquents et surréalistes à une certaine réalité historique.

Kenshiro KASUMI

Kenshiro KASUMI

KASUMI Kenshiro est le protagoniste de Soten No Ken. Il est d’abord présenté comme étant un enseignant au Japon, bien que sa véritable identité soit dévoilée très rapidement au lecteur. Le titre du premier chapitre « Yanwang, le roi des enfers » est la manière dont est appelée Kenshiro dans le monde de la pègre. Le premier tome s’ouvre sur de magnifiques pages couleurs expliquant ce qu’est le Hokuto Shinken et sur la naissance de son 64e héritier : le Kenshiro de Hokuto no Ken. On apprend donc que Ryuken, 63e héritier et maitre de Kenshiro, Raoh et Toki, a choisi ce prénom en hommage à son frère, qu’il admire et respecte profondément.

Ces quelques pages de prologue permettent de situer l’œuvre par rapport à Hokuto No Ken. Pour les néophytes, elles seront simplement une belle présentation mais pour les connaisseurs du premier manga du duo HARA/ Buronson, elles seront à la fois un repère chronologique et un superbe clin d’œil. L’entièreté du tome est une introduction conséquente à cette saga épique qu’est Soten No Ken.

Le contexte historique est exposé très précisément avec la date du 6 juin 1935. C’est d’ailleurs Aisin Gioro Puyi, personnage historique réel -12e et dernier Empereur de la Dynastie Qing – qui va conter au lecteur, l’importance et la force de Yanwang, tueur utilisateur du Hokuto Shinken.

Ce 1er volume va servir à présenter KASUMI Kenshiro et lui donner une raison de retourner en Chine et d’autres personnages très importants dont Pan GUANGLIN, gangster au grand cœur et chef du syndicat de Jade. Ce Kenshiro  diffère beaucoup de son homonyme de Hokuto No Ken. Malgré un sens de la justice très prononcé et une force hors du commun, Kenshiro garde un coté humain : il va au restaurant, lit, fume, peut provoquer ou se moquer de ses ennemis, mais également rire ou pleurer avec ses amis. Le contexte posé par les années 1930 permet de caractériser le personnage, de le rendre plus proche d’un homme et de ne pas le limiter à ses titres de « roi des Enfers » ou d’héritier du Hokuto Shinken.

Soten no Ken

Un scénario dense et prenant

L’une des plus grandes forces de Soten No Ken à ses débuts est de ne pas se focaliser sur le Hokuto Shinken ou les autres écoles. En effet, les différents combattants et leurs arts martiaux gravitent autour de la pègre et de ses conflits… Contrairement à Hokuto No Ken ou le scénario est avant tout là pour justifier les divers affrontements devenus des classiques.

Dans sa structure et sa narration, Soten No Ken  fait beaucoup penser au manga Sun Ken Rock de Boichi. Il y a certes des duels spectaculaires et la présentation d’autres branches du Hokuto mais les combats sont avant tout la représentation des luttes entre le Syndicat de Jade et l’Union du Pavot Sanglant. Si, dans Sun Ken Rock, le gang obtient sa renommée et son influence en protégeant les faibles et en affrontant les oppresseurs, dans Soten No Ken, le Syndicat doit réclamer sa gloire passée en affrontant l’Union et ses tueurs. En effet, même si le grand gang chinois combat pour un prestige passé et non à obtenir, les deux organisations ont un code de l’honneur et un certain sens de la justice. Ces qualités seront les différences principales qu’ils auront par rapport aux groupes rivaux.

Enfin, à l’image de Ken du gang Sun Ken Rock, certains ennemis de Kenshiro KASUMI connaitront la rédemption en reconnaissant leurs tords… mais elle se fera parfois dans la mort.

Soten no Ken

La puissance des sentiments

Le duo Buronson/ HARA parvient à habilement mêler l’univers sombre des gangsters aux combats spectaculaires qui ont fait le succès de Hokuto No Ken.

De plus, au-delà de toute l’action proposée, le récit véhicule des émotions puissantes. L’amour est très présent et il s’exprime de nombreuses manières à travers les liens solides que partagent les personnages. Ce sentiment que porte Kenshiro à Yuling est très fort et sera l’une des intrigues les plus importantes. Cet amour viendra également se greffer au conflit entre le Syndicat et l’Union. L’amour fraternel et l’amour filial seront également représentés et abordés par le prisme d’autres personnages.

On peut également parler de l’amitié sans faille des membres du Syndicat. Plus que de simples compagnons, ils sont des frères d’armes. Le terme « Pengyou »  est utilisé très tôt dans le récit par le personnage de Li, un membre du syndicat. Ce mot n’est utilisé que par les membres du Syndicat de Jade entre eux, renforçant leurs liens et matérialisant leur solidarité et leur fraternité.

Kenshiro et l'un de ses Pengyous

Kenshiro et l’un de ses Pengyous

Les retrouvailles de Li et Kenshiro seront un élément déterminant dans le retour de « Yanwang le roi des Enfers » à Shanghai.  De plus, le jade est une pierre précieuse qui correspond en Chine à la dignité d’un Empereur. Le nom de l’organisation : « Syndicat de Jade » démontre qu’elle est plus qu’un simple regroupement de malfrats. Le jade symbolise aussi la résurrection. Le Syndicat va donc renaitre de ses cendres et faire face à « l’Union du Pavot Sanglant ». Tout comme l’organisation rivale, l’Union porte ses principales caractéristiques dans son nom. La dénomination « pavot sanglant » met en exergue leur violence et leur matérialisme exacerbés. Durant le début du récit, les interventions des membres de l’Union seront là pour mettre en avant leur lâcheté et leur égoïsme, antagonistes des valeurs du Syndicat.

Des membres détestables du Pavot Sanglant

Des membres détestables du Pavot Sanglant

 

Une lecture pour les férus d’action

Soten No Ken plaira autant aux fans de Hokuto No Ken et du style Tetsuo HARA qu’aux lecteurs qui ne connaissent ni l’auteur si son œuvre phare. En effet, tous les concepts sont expliqués de manière précise afin que les enjeux et les différents arts martiaux fictifs soient clairs pour tout le lectorat. Ce manga déploie une grande énergie à travers des scènes d’action qui raviront les férus de film d’arts martiaux.

Soten no Ken aà

Enfin, les dessins sont vraiment très réussis : on distingue une réelle différence entre les premiers tomes de Hokuto No Ken et Soten No Ken. Les tenues des personnages sont très travaillées et plutôt variées. On peut également constater un véritable travail sur les visages et expressions faciales. Les traits de personnalités sont presque inscrits sur le visage des personnages, on peut aisément distinguer qui sera bienveillant ou honorable ou inversement qui est un tueur ou un égoïste.

Pour conclure, Soten No Ken est une excellente lecture qui peut se savourer à plusieurs niveaux et de différentes manières, être autant une magnifique épopée pleine de sentiments forts dans la pègre des années 1930 imaginées par Tetsuo HARA et Buronson qu’un excellent divertissement pour ceux qui recherchent avant tous les combats spectaculaires et violents.

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