Rintarô aux Utopiales 2022 : un hommage réussi

Outre la conférence de presse de Rintarô qui nous a permis de mieux connaître le grand maître de l’animation japonaise, le festival de science-fiction des Utopiales rendait hommage à son invité d’honneur avec son exposition « Dans les coulisses du maître », des soirées cinéma avec des projections de ses films en présence de Rintarô mais aussi des cartes blanches, des films qui ont compté dans sa vie.

Une BD autobiographique à venir chez Kana

En plus de permettre aux visiteurs des Utopiales de (re)découvrir des films de Rintarô, le grand maître a pu dévoiler son projet ambitieux : une BD autobiographique éditée par Kana qui devrait sortir prochainement en librairie ! Il explique que beaucoup de ses amis français souhaitent connaître l’histoire de l’animation télévisée japonaise et son contexte. Qui de mieux placé que Rintarô qui a participé à la production d’Astro Boy, le tout premier animé à la TV japonaise en 1968 ?

Et c’est ainsi qu’à 81 ans, il décide « de dessiner sa première et dernière BD en réponse à [ses] amis français qui portent un grand amour pour l’animation japonaise ». Quelle(s) histoire(s) le grand maître racontera-t-il ? Une chose est sûre le cinéma occupera une belle place. Il explique que la découverte du 7e art a été décisif dans sa vie. C’est son premier film dans le gymnase de l’école primaire de la campagne où il était évacué pendant la guerre qui lui a donné envie de devenir réalisateur. A son retour à Tokyo, il mettait presque de côté ses études pour fréquenter les salles de cinéma et lire des mangas…

A quoi s’attendre ? Rintarô aime rappeler qu’un film est fait de 24 images par seconde et que pour lui, la vie d’un homme ressemble à un film. Fidèle à ses habitudes de réalisateur, il prévient que le découpage de sa BD ressemble à celui des storyboards de ses films. Il nous tarde donc de voir le résultat, « sa vie en 24 images » et 250 pages environ, autour des « sujets assez précis et des axes choisis » qu’il promet à ses futurs lecteurs.

Dans les coulisses du maître

L’exposition a présenté des œuvres encore jamais montrées au public. Et durant sa longue carrière débutée en 1958 en tant que coloriste au sein des studios de la Toei Animation, les spectateurs ont découvert ses séries ou films les plus connus sous un angle inédit avec des storyboards, des cahiers de dessins et autres pièces exposées, comme Astro Boy (avec l’épisode Atlas diffusé sur un écran) et Albator (avec les dessins annotés de l’épisode 34 de la série de 1978) notamment. On pouvait observer le storyboard de Metropolis (2001) et un message de James Cameron saluant entre autre la beauté de ce chef d’œuvre. Était présenté aussi le chronomètre que le Maître a utilisé pendant 40 ans pour le minutage des séquences. En grand amateur de cyclisme, il y avait aussi la projection de 48 x 61 – Rintarô x Ôtomo, un court-métrage en bonus du DVD de Steamboy pour son ami Ôtomo ainsi que le storyboard original.

Dans les coulisses du maître Rintarô aux Utopilaes 2022 ©Photo de David Maingot pour Journal du Japon

 Plus d’images de l’exposition dans notre fil Twitter ci-dessous :

Carte blanche à Rintarô : les 3 films de sa vie

Le festival avait donné carte blanche à Rintarô pour choisir la projection de 3 films importants de sa vie. Au programme du week-end : des classiques du cinéma qu’il a regardé enfant et qui l’ont émerveillé au point de faire carrière dans le cinéma.

Carte blanche à Rintarô aux Utopiales 2022

Dans Planète interdite de Fred McLeod Wilcox (1956), Rintarô avait apprécié ce space opera américain où l’équipage d’un vaisseau spatial part enquêter sur le silence radio d’une planète colonisée. Le maître japonais indique qu’il avait « été fasciné par le charme de l’actrice Anne Francis ».

C’est aussi La Guerre des mondes de Byron Haskin (1953), le premier film de science-fiction que le réalisateur de L’Épée de Kamui a regardé alors qu’il avait 13 ans. Il explique « [avoir] été frappé non pas par cette histoire d’invasion de la Terre, mais par les visuels, le design de la soucoupe, la façon dont elle apparaît, les effets sonores, l’utilisation de l’éclairage, etc. [Sa] première prise de conscience de la mise en scène cinématographique ». Si les plus jeunes connaissent le remake moderne de Spielberg, les Utopiales étaient parfaites pour faire découvrir la première adaptation du best-seller d’H. G. Welles.

C’est aussi du cinéma soviétique avec La fleur de pierre de Aleksandr Ptushko (1946). Cette carte blanche permet de redécouvrir ce film totalement disparu de la circulation, présenté exclusivement pour le festival. Pour le maître japonais, il s’agit du tout premier film qu’il a vu à ses 8 ans, sa véritable découverte du cinéma. Il ajoute avoir « été émerveillé par le fait de voir dans la campagne japonaise un paysage russe qui se projetait soudainement sur la toile. Sur l’instant le projecteur m’a semblé être une boîte magique ».

Hommage à Rintarô avec 7 de ses films

Le samedi soir (de 20h45 à 2h), les Utopiales rendaient hommage à Rintarô avec une soirée cinéma au tarif de 8€ pour les 3 films : Adieu Galaxy Express (1981) ; Metropolis (2001) et Manie Manie (1987). Galaxy Express 999 (1979) était diffusé juste avant cette soirée pour enchaîner directement avec le second opus.

Avec Galaxy Express 999, Rintarô connaît le succès au Japon, dès son premier long métrage qui adapte le manga de Leiji Matsumoto. Après avoir travaillé sur la série animée Astro Boy d’après le manga de Osamu Tezuka, en 2001, c’est un retour aux sources pour le réalisateur avec l’adaptation de Métropolis, manga du « Dieu du manga » publié en 1949. Ouvert à l’évolution technique, Rintarô innove et réalise en 2009, Yona, la légende de l’oiseau sans ailes, entièrement en CGI avec le studio Madhouse.

2022 était une belle année pour cette édition des Utopiales avec un bel hommage rendu à Rintarô. Les visiteurs ont pu mieux connaître ses différents travaux grâce à son exposition « Dans les coulisses du maître », des soirées cinéma avec des projections de ses films en présence du réalisateur mais aussi des cartes blanches, des films qui ont compté dans sa vie. Il a profité de sa venue à Nantes pour présenter aussi sa première et dernière BD qui sera autobiographique et éditée chez Kana prochainement, en exclusivité pour la France.

Tweet de la remise de la médaille de la Ville de Nantes à Rintarô :

David Maingot

Responsable Culture à JDJ et passionné de la culture et de l'histoire du Japon, je rédige des articles en lien avec ces thèmes principalement.

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