Gaming Memories #56 – Alien Storm

Bienvenue dans ce 56e numéro de Gaming Memories, la rubrique consacrée au jeu vidéo rétro de Journal du Japon ! En ce mois de mai 2023, nous allons rester dans les salles enfumées d’arcade pour un voyage terrifiant, infesté d’aliens belliqueux ! Alien vs Predator ? Non ! Alien Storm de SEGA, sorti en 1990 ! Préparez votre fusil plasma et une bonne poignée de pièces…

Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©SEGA

La « Team Miracle » ne s’arrête pas

Alien Storm, notre jeu du mois, est une production SEGA. On ne sait pas grand-chose de la création de ce titre, sinon qu’il serait affilié à la Team Shinobi, responsable de grands succès de l’éditeur dans les années 1980 comme Shinobi, Golden Axe, ou encore Altered Beast.

Si l’on en croit les crédits de fin du jeu, celui-ci n’aurait été l’œuvre que de six personnes uniquement nommées par des pseudonymes (Top, M.R.N., Valents, Miyapon, Psychedelic Chung, Souseki, Bros.400), avec des remerciements justement à la Team Shinobi, qui sera apparemment plus présente sur les différentes « révisions » du jeu en arcade, comme le montrent les génériques de fin.

Voir les Endings Versions 1 et 4 :

Quoi qu’il en soit, Alien Storm est sorti en arcade en avril 1990 d’abord aux Etats-Unis, puis le mois suivant au Japon. Cette première version n’est pas arrivée jusqu’en Europe, qui a dû se « contenter » des nombreux portages du jeu.

Commando pizzaiolo ?

L’horreur se déchaine sur Terre ! Des extraterrestres belliqueux descendent nous rendre visite pour tous nous exterminer ! Mais alors que l’invasion vient de commencer, un trio de vaillants combattants nommés Garth, Karen et Scooter (qui est d’ailleurs un robot), les Alien Busters, part à l’assaut des vilains dans les rues et à bord de leur camionnette de pizzéria pour aller d’un point à un autre de la ville.

Oui… c’est totalement déjanté et stupide dit comme ça, mais le joueur incarnera donc l’un des trois héros dans un beat’em-up au scrolling horizontal (de gauche à droite), de un à trois selon le type de borne. Tout en défouraillant tout ce qui passe à leur portée, ils parcourront leur ville et ses environs jusqu’à s’introduire dans le vaisseau mère et éliminer la menace ! Et ensuite… pourquoi ne pas se faire une bonne pizza ? Si vous arrivez à survive, bien sûr…

Action ! Destroy ! Run ! La Team Shinobi exhibe
fièrement ses jeux… à vous d’éviter
que les vilains aliens ne les détruisent !

Un pour tous, tous pour un et surtout trois-en-un !

Alien Storm est un beat’em-up presque tout ce qu’il y de plus classique. On progresse dans les niveaux truffés de monstres en les éliminant progressivement, à l’aide de trois boutons différents : combo d’attaques classique, super attaque qui dégomme tout à l’écran et à la différence des autres jeux du genre, nos héros peuvent traverser l’écran d’une seule traite pour se repositionner plus correctement face à la menace.

Cette action a son propre bouton et peut tirer d’un mauvais pas pour se replacer correctement face aux ennemis. Si l’on presse la touche d’attaque pendant cette course, le personnage frappera pour se débarrasser de ce qui lui fait face. Et si l’on appuie deux fois sur avant, enchaîner avec ces deux manipulations principales fera soit effectuer un bond de géant pour traverser l’écran, soit là aussi attaquer brutalement ses adversaires.

La jauge de vie des personnages n’est pas la seule chose à prendre en compte : l’arme que chacun utilise dépend d’énergie qui diminue au fil des utilisations. Lorsque celle-ci est vide, il faudra se débrouiller au corps à corps le plus pur ! Fort heureusement, les phases de shoot permettent d’en récupérer un bon paquet. En effet, les Alien Busters rentreront régulièrement dans des boutiques ou entrepôts en cours de mission et en quête de vilains visqueux à détruire. Là, il faudra marteler son bouton d’attaque à toute vitesse dans des séquences de rail shooter où tout éliminer est là encore la seule solution. Les extraterrestres se jettent à la figure du joueur en permanence et dans tous les sens, faisant de ces phases un défouloir total !

Parfois, l’action passe au niveau supérieur en se transformant en course folle aussi : là, le protagoniste court à toute vitesse face à des extraterrestres tout aussi rapides en shootant tout ce qui bouge, jusqu’à atteindre la section suivante. Si ces moments ne sont pas des plus difficiles, il faut tout de même faire attention pour le reste. Au contraire de la majorité des autres jeux de l’époque qui laissaient deux vies par crédit au joueur, Alien Storm n’en a qu’une seule ! Chaque vie perdue est donc un continue perdu… et une pièce de plus à remettre pour continuer.

Welcome to SEGA World ! On sert des cafés, hamburgers, takoyaki et… des Alien Hotdogs. Yep !

Invasion de vilains pas beaux de qualité

Le jeu commence sur cet écran étrange et exhibe fièrement le nom des trois jeux à succès de la Team Shinobi. Puis il enchaîne sur l’écran de sélection de personnage, un écran qui rappelle furieusement celui de Golden Axe en y remplaçant le squelette par un crâne métallique digne de Terminator (là encore un choix étrange car on ne combat ici que des aliens…).  Puis la panique commence ! On se fait attaquer par des bestioles gluantes après avoir fait trois pas dans la rue.

Alien Storm montre ce dont il est capable dès le début. Les sprites des personnages ou des aliens sont de bonne taille, et il n’a pas peur d’en afficher cinq, six à la fois sans aucun ralentissement. Les mouvements de chacun sont fluides et bien détaillés la plupart du temps et le bestiaire est satisfaisant, bien que l’on aurait pu apprécier quelques types de monstres en plus. Entre bestioles à tentacules, machins volants et autres bidules cachés dans les poubelles qui font office de carapace lorsqu’ils en sortent, on se fait aussi surprendre avec plaisir par leurs transformations. Et alors, que dire quand on affronte ce boss à trois phases !

Les phases de shoot en vue interne sont elles aussi impressionnantes pour l’époque. Rapides, dynamiques, chaque élément du décor est destructible et les objets pleuvent en même temps que les tirs fusent et les ennemis apparaissent, plus gros que lors de la partie BTU – mention spéciale à ceux qui se jettent sur le joueur dans un petit effet de zoom bien saisissant ! Les courses poursuites montrent elles aussi des vitesses de défilement de l’écran assez folles.

On traverse plusieurs types de décors au cours de l’aventure. Principalement en extérieur, dans la ville ou en rase campagne, à l’intérieur aussi pendant les phases de tir, Alien Storm ne réutilise pas de décors à outrance et on progresse, jusqu’à rejoindre le vaisseau-mère… là encore, une surprise attend le joueur puisque cette zone n’est pas un niveau linéaire mais un petit labyrinthe ! Il est totalement possible de revenir sur ses pas par mégarde en prenant un mauvais chemin…

On vous garde la surprise du troisième type de gameplay.

Cela peut être un problème lors des premières parties, lorsqu’on ne connait pas ce chemin justement, car le jeu est plutôt difficile. Une vie, c’est tout, bien sûr étant un jeu d’arcade on peut toujours rajouter des pièces pour continuer, mais cela change des habitudes. De plus, le nombre d’items de soin au cours de la progression est plutôt mince – on retrouvera bien plus souvent de quoi recharger son arme que sa vie et nos Busters ne sont pas bien solides – quelques coups et c’est fini.

La maniabilité est cependant bonne et réactive bien que certains coups ne sortent pas à temps par moments. La palette de mouvements, différente des autres beat’em-ups, est pourtant plus complète que ce que faisaient la majorité des jeux de l’époque (Golden Axe exclus, avec un nombre d’actions similaire et une monture sur laquelle grimper par moments !). On aurait cependant bien apprécié un tir automatique (éventuellement optionnel) pour les phases en vue interne, pour éviter d’une part de ruiner ses doigts et les boutons de la machine à force de martèlements, mais aussi à cause d’attaques venant des deux cotés et donc ne pouvant pas être toutes évitées… on se demande également pourquoi la super attaque globale ne fonctionne pas dans ces passages…

La bande-son est également à placer parmi les points faibles du jeu, pour sa majorité. Elle n’est pas particulièrement mémorable, et il y aura peu de chances qu’elle reste en tête malgré sa répétitivité (entendre par là qu’il y a beaucoup de petits loops de quelques secondes et qu’on entend dans presque tous les niveaux). Certains morceaux sauvent quand même l’ensemble qui s’il n’est pas à jeter, est loin, très loin d’égaler ce qu’on entendra dans Streets of Rage l’année suivante par exemple. Les personnages ont aussi des voix et prononcent régulièrement des petites phrases (dans une qualité audio assez médiocre), et qui donnent aussi l’impression d’être dans un vieux dessin animé américain obscur des années 1980…

Surprenant jusqu’au bout grâce à ses idées différentes dans un cadre pourtant bien classique, Alien Storm peut être terminé en une quarantaine de minutes, moins une fois que l’on a bien compris les mécaniques et les chemins à prendre dans le dernier niveau, et plus lorsqu’on ne le connait pas. Il n’y a pas énormément de replay value au niveau des personnages et leurs capacités (qui sont plus floues à remarquer que dans les autres jeux du genre). Mais il est d’une durée suffisante pour ne pas se lasser et même en redemander, et ce jusqu’à une fin… pas si positive, comme on peut le voir dans les vidéos proposées plus tôt ! Dans tous les cas, les Alien Busters, ces cousins éloignés des Ghostbusters, ont bien mérité leur place parmi les classiques de l’arcade et du beat’em-up !

Lui, ce n’est pas le genre qu’on voudrait comme voisin…

Buster un jour… buster un jour, et c’est tout.

Alien Storm fait partie de ces jeux qui ont eu droit à de nombreux portages dont certains même chez la concurrence. Ainsi, il s’est bien entendu exporté sur les Master System et Mega Drive de SEGA, mais aussi sur des machines plus ou moins antérieures comme les Commorore 64, Amiga, ZX Spectrum, Atari ST et Amstra CPC (des noms déjà évoqués dans le Gaming Memories 55 consacré à Double Dragon, tiens… !)

La version la plus connue, et probablement également la meilleure parmi toutes est celle sur Mega Drive. Sortie courant 1991 dans le monde entier, cette mouture s’avère être certes un peu moins impressionnant graphiquement (notamment au niveau des zooms des aliens qui nous sautent à la figure) mais dispose d’un meilleur son, et de niveaux un peu différents et plus longs. Il est aussi… diaboliquement difficile, et même le fait de jouer à deux n’aide pas, au contraire ! En effet, les deux personnages partagent le nombre de continues total… ce qui fait que si l’un des deux en utilise deux sur les trois que le jeu propose… l’autre joueur n’aura eu droit qu’à une seule chance ! Diabolique, on l’a dit…

A gauche l’arcade et à droite la Mega Drive. On n’a pas ici affaire
à un simple portage, même si cela reste le même jeu.

Les aventures des Ghost… pardon, des Alien Busters de SEGA n’eurent aucune suite. On peut éventuellement retrouver le robot de l’équipe dans Project X Zone sur Nintendo 3DS, mais ça s’arrête là. Le jeu est cependant disponible dans sa version Mega Drive sur nos consoles actuelles et PC depuis la génération PS3/Xbox 360.

Les scènes en vue interne semblent avoir fait l’effet d’un soin
tout particulier peu importe la version.

Bien moins connu que Golden Axe ou Streets of Rage du même éditeur, Alien Storm était pourtant un beat’em-up redoutablement efficace grâce à ses trois gameplays très accrocheurs. Sa version arcade d’origine est certes difficile d’accès légalement de nos jours, mais le portage Mega Drive reste un très bon compromis facile d’accès pour s’y essayer !

Et la mois prochain, Gaming Memories fêtera son anniversaire à l’une des consoles les plus emblématiques de tous les temps !

Articles liés :
Gaming Memories #09 – Golden Axe https://www.journaldujapon.com/2018/05/24/gaming-memories-09-golden-axe/
Gaming Memories #12 –  Streets of Rage https://www.journaldujapon.com/2018/08/30/gaming-memories-12-bare-knuckle/
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