Podcast, un voyage auditif vers le Japon – Episode 1 : Tabibito

Quand on s’intéresse à la culture japonaise, ce n’est pas ce qui manque du côté des livres, des blogs, de la presse… A Journal du Japon, on parle peu de contenus audiovisuels comme les reportages à la télévision, les chaînes YouTube ou les émissions Twitch notamment. Pour remédier à cela, nous vous avons donc concocté une nouvelle série d’articles sur les podcasts à écouter ! Dans ce premier épisode, on démarre le voyage auditif vers le Japon avec Olivier et Laureline de Tabibito.

©Tabibito

Journal du Japon : Bonjour Olivier et Laureline. Merci d’avoir accepté de nous parler de votre passion pour le Japon et de votre podcast Tabibito. Pour commencer, pourquoi ce nom ?

Olivier et Laureline : Choisir le nom a été un vrai casse-tête (rires) ! On voulait un nom qui reflète le concept du podcast : voyager au Japon. Donc on a cherché des mots sur le thème du voyage et qui sonnaient bien en japonais, du genre : bagage, ticket, avion, etc… (rires). On a donc choisi le mot tabibito qui veut dire « voyageur », ce qui nous définit bien aussi tous les deux.

Logo avec le résumé de quelques épisodes ©Tabibito

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans le podcast ?

Olivier : Le podcast est né entre les deux premiers confinements. J’avais prévu un voyage au Japon en 2020 qui a malheureusement été annulé. Nous avions tous les deux pensé à lancer un podcast sans nous concerter : Laureline depuis Edimbourg (Écosse) et moi à Dijon. Laureline était plus avancée que moi ; elle a fait des tests seule mais le résultat ne lui convenait pas, alors elle m’a contacté pour me proposer de co-animer le podcast avec elle. J’ai donc dis oui tout de suite, les grands esprits se rencontrent ! En quelques semaines, on avait le nom, le logo, la structure des épisodes, et on a demandé à un copain ingénieur du son de nous préparer le générique et de nous conseiller sur le matériel et les logiciels à utiliser.

Laureline : Pour ma part ce qui a motivé cette décision, c’était l’envie de créer quelque chose autour de ma passion pour le Japon. J’ai toujours eu un blog mais je n’ai jamais réussi à être régulière dans l’écriture qui devenait vite une corvée car je n’arrivais pas à transposer ce que je voulais par écrit. En surfant sur internet je suis tombée sur des liens de podcasts et ça a fait tilt : je pouvais narrer mes aventures au Japon à l’oral à la place de l’écrit. J’ai tout de suite fait des tests en m’enregistrant sur mon téléphone portable, mais je me suis vite heurtée à plusieurs soucis : gérer le temps de parole (j’allais soit trop vite, soit trop lentement) ou bien garder en tête une trame de narration. Du coup je me suis dit que ça serait plus dynamique, intéressant, et surtout plus fun, de faire un podcast à deux, et c’est pourquoi j’ai contacté Olivier qui a tout de suite accepté de le faire ensemble !

Selon vous, quels sont les avantages de ce format et ce qui le distingue des vidéos et des blogs ?

Laureline : Je me sens plus à l’aise à l’oral et cela me paraît plus naturel de parler de mes aventures que de les écrire. En tant qu’auditrice je trouve que les podcasts m’inspirent plus à la détente. Ecouter un podcast est un moment que je prends pour moi : le matin avec un bon café et loin d’un écran. Je trouve qu’il y a un rapport très particulier avec un contenu audio qui peut autant être un bruit de fond rassurant quand on fait une autre activité, qu’un contenu informatif et une activité en soi-même.

Si je dois trouver un inconvénient autant en tant que créatrice et auditrice, c’est que certaines informations comme des liens internet, des noms de lieux ou de personnes, ont besoin d’être écrites pour qu’on puisse les retrouver facilement. Même si l’expérience audio reste excellente, je ressens toujours un peu le besoin d’avoir un support écrit. C’est pour cela que chaque épisode de Tabibito s’accompagne d’une description détaillée dans laquelle on peut retrouver tous les liens utiles concernant le sujet de l’épisode et une carte pour retrouver tous les lieux cités.

Olivier : Le podcast et le blog sont pour moi deux moyens totalement différents de communiquer. J’aime le format du blog pour la place laissée aux photos, la possibilité de retrouver très rapidement des informations à partir de liens ou de recherches Google. Je trouve que le podcast permet en revanche de mieux retranscrire les émotions par le jeu du dialogue qu’on instaure avec Laureline et avec les invités. Le ton de la voix est sincère et transporte davantage quand on raconte une anecdote à mon sens. On essaye aussi autant que possible d’insérer des sons captés sur place pour justement retranscrire au mieux tout cet environnement ressenti au Japon.

Le principal avantage comme dit précédemment, c’est de pouvoir prendre sa dose de Japon sans rester devant un écran, contrairement aux formats YouTube et blogs. Avec le confinement, on a tous passé beaucoup de temps chez nous et on a ressenti le besoin de limiter notre consommation d’écran, ce que le podcast permet facilement. C’est aussi un excellent moyen pour s’évader lorsqu’on fait autre chose. Personnellement, j’écoute beaucoup de podcasts en voiture ou lorsque je cuisine. C’est divertissant et si je retiens une information que je veux retrouver par la suite, je consulte après coup le descriptif de l’épisode.

En tant que créateur, la démarche de recherche de sujet est la même (qu’avec le blog) mais l’approche est différente car il faut réfléchir à l’interaction de notre duo afin de rendre l’épisode vivant et agréable à l’écoute. On scripte un minimum avant d’enregistrer mais on reste très libres car c’est finalement dans le direct et l’improvisation qu’on se sent le plus à l’aise.

Au programme de Tabibito : présentation de villes, interviews avec des passionnés et expériences japonisantes en France… Photos de Olivier, Laureline et Yannick, l’ingénieur son ©Tabibito

Comment vous démarquez-vous des autres podcasts ?

Olivier : Je crois que ce qui démarque Tabibito, c’est avant tout notre côté duo de voyageurs « comme tout le monde ». Nos témoignages et expériences permettent, on l’espère, de donner des idées de voyage et de rassurer aussi sur le fait que c’est un pays accessible et facile à découvrir même sans parler la langue. Notre but est de présenter des épisodes sur des quartiers moins connus ou de présenter des lieux ou expériences plus authentiques, loin des grands centres touristiques. On parle aussi de régions très visitées mais dans ce cas, on donne de petites adresses locales qu’on a testé et approuvé pour vivre une autre expérience de voyage, comme aller au contact des spécialités culinaires du coin ou rencontrer un artisan, un brasseur de saké… 

Si on a aimé, on le dit, si on a moins aimé, on le dira aussi ! Nos descriptifs d’épisodes sont également assez denses et on ajoute à chaque fois une carte qui localise précisément tous les lieux abordés durant l’épisode. Si l’épisode vous a plu, vous avez toutes les informations sous la main pour programmer facilement une journée ou une demie-journée dans un quartier, autour d’une ville… C’est clé en main !

Laureline : Pour Tabibito nous avons voulu faire un format et un contenu qui nous ressemblaient et surtout un podcast qu’on aurait aimé pouvoir écouter pour préparer nos voyages au Japon. L’idée est de parler du Japon à des personnes qui ont envie d’y voyager, que cela soit pour la première comme pour la centième fois, ou des personnes qui ont juste envie d’en découvrir un peu plus sans que ça ne devienne académique. On n’avait pas vraiment fait de recherches sur les podcasts qui existaient déjà : on s’est juste lancé en freestyle (rires), donc on n’a pas vraiment de modèles sur lesquels on s’est basé.

Je dirai que ce qui démarque Tabibito, c’est le dialogue qu’on crée avec Olivier, soit entre nous, soit avec notre invité. On scripte très peu nos épisodes, on se base sur une simple trame écrite avec les points principaux que lui, moi, ou notre invité veut aborder et après on fait la conversation. Cela crée une dynamique d’échanges plus naturels et sincères, et je pense que cela se ressent à l’écoute. Le fait d’être à deux permet aussi de montrer que, sur une même destination, chacun peut vivre une expérience différente : comme Olivier et moi voyageons à différente saison et/ou avec différents objectifs, on ne visite pas les mêmes choses même si on est allé dans la même ville ou région. On a ainsi plus de choses à faire découvrir à notre audience !

En message à faire passer, Olivier l’a déjà dit mais ce serait que voyager en dehors des sentiers battus au Japon, c’est très facile, même si on ne parle pas le japonais. Les réseaux de transport y sont très développés : vous prenez un bus ou un train et en une heure, vous êtes dans un environnement complètement différent, qui peut être la campagne, la mer ou la montagne ; il y aura toujours plein de choses à découvrir. Et le jeu en vaut tellement la chandelle !

Comme chacun de nos épisodes se concentre sur une ville, il y a peu de chance qu’on fasse des doublons. On va aussi tous au Japon avec des envies bien différentes (visitez des jardins, l’architecture, les mangas, la pratique d’un sport ou d’un art…) donc on a tous des choses très différentes à raconter sur nos voyages même si on va tous au même endroit. Et il y a notre section coup de cœur dans laquelle on parle chacun de quelque chose, en rapport avec le Japon, qu’on a aimé faire, lire, voir… pour que les auditeurs puissent découvrir quelque chose de nouveau qu’ils peuvent faire de chez eux aussi.

Comment se passe la création d’un épisode ?

 Olivier : Comme nous préparons en avance toute une saison, les thèmes et les invités sont choisis très en avance. On se met ainsi d’accord avant le lancement de la saison pour ensuite enregistrer plus facilement tout au long de l’année au rythme d’un enregistrement chaque mois pour une publication le premier vendredi du mois suivant. On reste très libres et spontanés malgré la trame qu’on écrit sur chaque épisode. On fait surtout des épisodes qu’on a envie d’écouter et on a une approche qui consiste à retrouver l’ambiance d’un groupe d’amis qui se retrouvent autour d’un café pour discuter de voyages au Japon. C’est vraiment cette convivialité et cette authenticité qui nous tient à cœur.

 Laureline : Pour l’écriture c’est assez simple : pour chaque épisode, on va chacun lister nos points d’intérêts, et on va essayer de les relier en un itinéraire facile à suivre. L’enregistrement se fait ensuite en visio, mais en enregistrant nos pistes séparément : on se voit et on s’entend, mais nos ordinateurs n’enregistrent que la voix entrant. Si tout se passe bien, on fait une seule prise. Puis, c’est moi qui m’occupe du montage : je coupe les blancs et hésitations, remet les informations oubliées à la bonne place, j’ajoute nos génériques, jingles et sons d’ambiances, avant d’harmoniser le volume de toutes les pistes. Cela peut prendre entre 5 et 10 heures en fonction du nombre de prises et d’invités.

Olivier s’occupe ensuite de la mise en ligne : écrire la description qui accompagne l’épisode, créer le chapitrage et planifier la publication en ligne. Et enfin, il y a la gestion de la page Instagram : préparer les visuels, faire l’annonce, poster et relayer en story. Être à deux nous permet de bien répartir les tâches, de se relayer et de se remotiver. Au final, ça nous fait toujours plaisir de se retrouver tous les deux pour parler du Japon et de travailler ensemble.

Le podcast permet aussi à Olivier et Laureline de parler de leurs propres expériences sur place. Ils en profitent pour présenter des produits culturels japonais, tous deux étant justement des sommeliers saké diplômés.

Quels sont les retours et les évolutions sur vos podcasts ?

Laureline : On est tellement heureux que ce podcast fonctionne aussi bien et on prend toujours autant (si ce n’est plus) de plaisir à s’en occuper. Je pense que ce qui a vraiment changé par rapport à nos débuts, c’est qu’on est plus à l’aise quand on parle derrière nos micros. Il y a aussi toute la communauté et toutes les nouvelles rencontres et amitiés qui se sont créées autour et qui rendent cette aventure vraiment géniale. J’habite en Écosse depuis plus de trois ans et il n’y a pas d’espaces dédiés à la culture japonaise. Et cela fait beaucoup de bien de pouvoir échanger avec des gens qui ont la même passion pour ce pays.

Avez-vous des projets pour Tabibito ?

Olivier : Le prochain objectif de voyage, c’est quand même d’enregistrer des sons d’ambiance sur place pour les insérer dans les épisodes et retranscrire encore davantage ces sons qui caractérisent tant le Japon. C’est ce que nous avons fait pour les épisodes 3 et 16 sur les matsuri : clairement les captations sonores durant le festival permettent de mieux se rendre compte de la ferveur sur place ! C’est aussi ce que nous avons fait pour l’épisode 25 qui présente le marché de Noël japonais éco responsable de Shizen market. C’est un contenu qui me plaît beaucoup et que j’aimerais pousser à l’avenir mais pour cela, il faut partir en voyage pour enregistrer sur place !

Laureline : De manière générale, j’ai encore l’impression que nous en sommes à nos débuts car il y a plusieurs choses qu’on aimerait créer autour de Tabibito : notamment pouvoir enregistrer des sons d’ambiances ou des interviews au Japon avec des expatriés, et pourquoi pas un jour avec des Japonais. On nous contacte aussi de plus en plus pour nous proposer des projets ou nous donner des idées de sujets, et on aimerait bien pouvoir en intégrer plus dans une saison. Mais comme je le disais plus haut, pour l’instant, on se maintient à notre rythme pour pouvoir assurer une bonne qualité de contenu et d’écoute.

Retrouvez Olivier (@japankudasai) et Laureline (@baristatorii) sur Instagram ©Japan Kudasai ©Barita Torii

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait démarrer son podcast ?

Olivier : Je pense que les conseils qui suivent valent autant pour se lancer dans un projet de podcast ou de blog. On est parfois emballé à l’idée de se lancer mais cela peut très vite devenir épuisant, dur de tenir le rythme sur la durée car notre travail et notre vie quotidienne se poursuivent en parallèle. On peut donc se décourager face à tout ce qu’il y a à faire et perdre alors notre communauté par manque de régularité dans la production de contenus. Il faut en effet prendre beaucoup de choses en compte.

Éditer un podcast, ce n’est pas qu’enregistrer une piste : il faut démarcher les invités, enregistrer bien sûr, puis monter l’épisode, rédiger le descriptif, créer la vidéo pour YouTube, le promouvoir ensuite sur les réseaux sociaux (ça prend énormément de temps !), créer les visuels, répondre aux commentaires… Tout ceci demande en réalité beaucoup de temps.

Mon conseil principal est donc de bien s’organiser avant de se lancer bille en tête. Nous établissons par exemple tous les thèmes des épisodes de la saison à venir avant son lancement en identifiant déjà des invités. Ensuite, tous nos visuels sont déjà conçus sur Canva pour faciliter la mise en ligne. Enfin, on s’est clairement partagé les tâches entre nous dès le départ ce qui permet de diviser le travail et plus facilement intégrer l’édition du podcast dans nos emplois du temps respectifs. Personnellement, entre le temps que je passe sur la production de contenu et l’animation du blog et du podcast, je compte en moyenne 30 heures d’activité par mois.

Laureline : Un conseil que je donnerai, ce serait de se faire plaisir. On a lancé le podcast parce qu’on est des geeks et qu’on ne se lasse pas de parler du Japon (rires), donc même si au pire des cas on aurait été les deux seuls à s’écouter parler, on se serait bien amusé ! 

Un deuxième conseil : prendre son temps. On a mis plusieurs mois avec Oliver à préparer ce projet : choisir le matériel d’enregistrement et de montage (un grand merci à Yannick notre ami ingénieur son pour son aide), la longueur des épisodes, le format, une liste d’idées d’épisodes et surtout le rythme de parution. On ne voulait pas se laisser dépasser par un rythme trop soutenu, et perdre en qualité de contenu au profit de délais de publication trop serrés. Au début, on s’était dit que si on arrivait à bien trouver nos marques on augmenterait notre rythme de parution mais au final, même après trois ans, on est plus à l’aise en restant sur un épisode par mois car cela nous permet de mieux s’adapter aux changements d’emploi du temps de chacun.

Pour choisir votre co-animateur, il vous faudra quelqu’un avec qui vous vous entendez bien car vous allez passer énormément de temps ensemble (rires) ! Je vis à Édimbourg et Olivier à Dijon mais on s’appelle et on s’envoie des messages régulièrement pour se tenir informés sur nos progrès au niveau du montage, de la mise en ligne de l’épisode, réfléchir sur les visuels, etc.

Avant Tabibito, on se connaissait surtout via des messages échangés sur nos blogs respectifs. Depuis le lancement de ce projet, on est devenu de très bons amis, donc s’il faut faire des changements de date (enregistrement ou publication), de thème d’épisode ou autres, on s’adapte. Le but n’est pas de se mettre la pression avec le podcast mais de passer un bon moment ensemble et de s’échanger des astuces de voyages au Japon. Parce que c’est aussi pour ça qu’on fait le podcast à deux : on s’échange nos bonnes adresses !

Où retrouver Tabibito ?

Sur Instagram pour se tenir à jour des nouveaux épisodes.

A l’écoute Spotify, Youtube, Deezer, Apple Podcast, Google Podcast, Ausha, Podcast Addict, Castro et Castbox : retrouvez les liens des plateformes d’écoutes et des blogs des podcasters c’est par ici.

Un grand merci à Laureline et Olivier pour leur temps et leurs réponses sur les coulisses des podcasts et de Tabibito en particulier !

A très vite pour l’épisode 2 dédié au podcast Explore Japon !

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