Gaming Memories #60 – Klonoa – Door to Phantomile

Bienvenue dans le 60e numéro de Gaming Memories ! Cette fois encore, nous allons rester auprès de Namco, en rendant hommage à un petit personnage qui aurait eu sa place parmi les mascottes anthropomorphes cultes du jeu vidéo : Klonoa ! De retour en 1997 sur PlayStation, Journal du Japon vous invite pour la dernière fois de l’année pour un voyage de rêve… en avant !

Captures d’écran prises par JDJ.
Pour tout autre visuel, ©Namco

Un rêve aux grandes ambitions

Ce mois-ci encore, nous allons nous pencher sur un soft signée Namco. Celui-ci a été produit par Shigeru YOKOYAMA (un habitué de la firme qui y a officié depuis les années 1990 jusqu’à Code Vein en 2019 et a même agi sur certains Smash Bros. !) et principalement dirigé par Hideo YOSHIZAWA, aussi responsable de quelques Ninja Gaiden, Ace Combat ou Mr.Driller. C’est ce dernier qui est principalement à la tête de la réalisation de Kaze no Klonoa, ou Klonoa : Door to Phantomile chez nous.

Ce jeu était à l’origine prévu pour être une adaptation du manga Spriggan (9) de Hiroshi TAKASHIGE et illustré par Ryôji MINAGAWA, mais le projet fut annulé. Les développeurs ne souhaitant pas perdre le travail déjà effectué dessus, avec des ennemis robotiques déjà designés par exemple et le personnage principal lui-même aurait dû être un robot qui se battait en jetant des balles à la figure de ses opposants ! Mais le directeur du jeu avait d’autres idées, et souhaitait se rapprocher du thème du rêve, ceux que l’on peut faire et ceux que l’on oublie. La direction de Namco approuva l’idée, pensant que cela pourrait aussi bien attirer les jeunes joueurs que les plus âgés.

Dans ce but, le personnage principal du jeu a lui aussi changé, devenant tout autre : avec sa fourrure noire et blanche, ses oreilles longues et ses yeux jaunes, Klonoa est, de manière avouée, quelque part entre le chat, le chien et le lapin à la fois. Initialement nommé Shady, le personnage designé par Yoshihiko ARAI (Super Smash Bros. Ultimate, Star Fox Assault entre autres) adopte une attitude plus cool, légèrement rebelle avec son béret orné et sa cravate « pour le style ».

Le jeu a fait l’effort d’une grande attention de la part de son équipe : déjà, la bande-son n’est pas composée que par une seule personne – chaque niveau est l’œuvre d’une personne différente. Les graphismes, eux aussi, y ont eu droit puisque des techniques et procédés reconnus de l’époque comme Light Wave ou Softimage ont été utilisées pour les réaliser. Certains personnages ont fait l’effet de motion capture pour rendre leurs mouvements plus réalistes aussi.

Les personnages anthropomorphes étaient à la mode à la fin des années 1980 et première moitié 1990. Mais en dehors de ceux de dessins animés et d’un certain Sonic the Hedgehog, la mode commençait à passer à l’époque où Klonoa est apparu. Il emprunte cependant ce même look cool et gentiment arrogant, et le jeu tournant autour du concept du rêve n’est pas sans rappeler Nights into Dreams par la même occasion. Mais il n’a pas grand-chose à voir avec pour autant ! Celui-ci sort d’ailleurs en décembre 1997 au Japon sur PlayStation, en mars de l’année suivante aux Etats-Unis puis en juin 1998 en Europe. Et bonne nouvelle : les textes sont intégralement en français !

Une vidéo commerciale plutôt festive !

Un monde de rêve à préserver du cauchemar

Nous sommes dans un monde nommé Phantomile, un monde créé de rêves que ses habitants ont chaque nuit. Dans celui-ci vit un petit personnage nommé Klonoa et tout commence lorsque celui-ci rêve, une nuit, d’un vaisseau qui s’écrase dans les montagnes non-loin de chez lui. Un rêve prémonitoire..? Il apparaît qu’un navire s’échoue effectivement dans les parages le jour suivant ! Klonoa décide donc d’aller voir ce qu’il se passe là-bas, accompagné de son ami Huepow, une sorte d’esprit volant.

Là-bas, un personnage sombre nommé Ghadius accompagné de son bras-droit tout aussi malfaisant Joka sont à la recherche d’un pendentif magique pour transformer le monde des rêves en monde de cauchemar… et ce n’est pas tout ! Entre leurs griffes se trouve la diva Lephise, la seule personne capable d’effectuer le Chant de renaissance qui permettrait à Phantomile de redevenir un monde de rêve si le vil Ghadius parvenait à ses fins… quelles sont ses vraies motivations ? C’est au jeune Klonoa, qui se trouve posséder le pendentif en question, de le découvrir et aussi éviter que le rêve ne devienne un cauchemar en voyageant au travers de différentes contrées de Phantomile.

Oui, c’est la scène d’introduction du jeu.
Un peu radin, mais plutôt mignon dans son genre.

Deux boutons et ça sera bon

Klonoa : Door to Phantomile est un jeu de plateforme en défilement 2D. On avance de gauche à droite, on saute entre les plates-formes parfois à plusieurs niveaux différents et au dessus du vide. Le jeu a une progression globale linéaire, c’est-à-dire que l’on va d’un point A à un point B dans tous les cas, mais certaines portions de niveaux ont plusieurs chemins et sont parfois séparés en plusieurs zones qui donnent un petit sentiment d’exploration avec des endroits qui peuvent être évités.

Notre petit personnage rencontrera, au cours de son aventure, des bestioles ou boss qui viendront tenter de l’entraver. Il est très simple à manier, puisqu’en dehors de se déplacer, il peut sauter, planer un peu en tapotant rapidement sur la touche de saut pour gagner un peu plus de terrain en cas de saut trop court et, son atout offensif principal reste sa capacité à attraper ses ennemis en appuyant tout simplement sur une autre touche. Une fois un monstre captif, on peut l’écraser ou le jeter au loin, principalement sur un autre adversaire afin d’en éliminer plusieurs à la fois. La petite subtilité vient du fait qu’il est primordial de se servir d’un monstre que l’on retient pour s’en servir de trampoline et ainsi sauter un peu plus haut !

Le déroulement global du jeu lui-même est assez classique dans ses bases : on traverse les niveaux, découpés en chapitres et sous-chapitres, et on peut encaisser plusieurs attaques avant de perdre une vie, ce qui nous fait revenir un peu en arrière dans le niveau. Dans le cas où l’on utilise toutes nos vies, on peut continuer sans limite de game over mais dans ce cas, on recommencera tout le sous-chapitre en cours. Bien sûr, jeu de plateforme oblige, on aura à faire face à de nombreux gouffres sur notre chemin… L’originalité du soft de Namco, comparé à la concurrence, ne se trouve donc pas dans son gameplay de base, qui peut être apprécié et pris en main facilement, mais plutôt dans sa progression globale…

En effet, la plupart des jeux de ce genre, jusqu’alors, se contentaient d’une cinématique d’introduction plus ou moins longue (et encore), après quoi on enchaîne les niveaux sans trop réfléchir, quoi qu’il y aura parfois quelques petites cutscenes pour les ponctuer (comme dans le premier Rayman par exemple, où quelques PNJ venaient nous parler). Ici, les niveaux traversés sont souvent ponctués de cinématiques et discussions entre Klonoa, son petit camarade volant et d’autres personnages. Le jeu a une narration continue qui le rend vivant et permet de faire des pauses à la fois, le tout dans des discussions parfois légères ou sérieuses, mais le plus souvent dans une ambiance bon-enfant – Klonoa est un personnage qui semble arrogant de prime abord mais qui est au final aimable et ne cherche que l’aventure, pas le conflit !

Une production à la hauteur de ses ambitions

Après cette petite séquence d’introduction, le jeu s’ouvre sur un menu très simple qui propose directement d’entrer son nom ainsi que de choisir ses options. Klonoa dispose de plusieurs types d’utilisation des boutons de la manette mais reste simple dans tous les cas : il n’a que deux touches d’action, ce qui permet de mettre celles-ci sur deux touches différentes afin de vraiment convenir à tout le monde – on peut choisir respectivement X et O pour sauter et tirer (et donc Carré et Triangle de même, ou X et O pour sauter / Carré et triangle pour tirer ou inversement). Le soft était initialement prévu pour utiliser une troisième touche, mais ne se servir que de deux le rend accessible encore plus directement.

Si cette cinématique d’intro est plutôt jolie, colorée et joviale, le jeu lui-même n’a pas à rougir : taillé dans une 3D honorable et bordé de couleurs et luminosité chatoyants, il est agréable à l’œil et sa 3D se trouve plutôt dans le haut du panier de ce qui se faisait dans le domaine sur la PlayStation – cependant, on pourrait trouver les sprites de Klonoa et de ses adversaires peut-être un peu petits parmi ces décors pourtant variés, soignés et accompagnés de petits détails ça et là. De même, la 2,5D telle qu’on l’appelle a son petit lot de problèmes de lisibilité.

En effet, si la caméra suit bien le personnage et se place toujours de façon à le garder visible, le déroulement du jeu peut parfois tromper un peu. On se déplace de gauche à droite sans pouvoir aller en profondeur (comme dans un jeu 2D) mais avec des graphismes en 3D qui sont très bien utilisés, proposant plusieurs embranchements par moments, des rotations de caméra (que l’on ne peut d’ailleurs pas contrôler, 2D oblige), mais certains peuvent d’entrecroiser, cachant parfois la portion sur laquelle on est par endroits. De même, certains sauts au dessus du vide semblent être un peu hasardeux…


Non vraiment, vous ne trouvez pas que le jeu est mignon comme tout ?

Le soft, avec sa maniabilité simple et rapide, ses graphismes colorés et tournant autour du rêve, s’avère attirant aussi bien pour les grands que les petits. Son ambiance et son character-design typiquement japonisants sont l’une des signatures de Namco, qui s’ils signent un jeu d’apparence plutôt classique, s’avère être un changement remarquable dans le jeu de plate-forme. Effectivement, dans la grande majorité de ceux-ci, on a souvent une explication en début et puis, c’est tout, on avance et on saute jusqu’au bout. Klonoa, en revanche, est assez différent car entrecoupé de petites séquences de dialogues (avec les graphismes du jeu), qui permettent à la fois de faire une petite pause et de conserver la narration au cœur de celui-ci : oui, Klonoa est un jeu de plate-forme à narration constante (qu’il est tout de même possible de zapper en appuyant sur Start). Une volonté de son producteur, las de ces jeux qui laissaient trop souvent le scénario de coté…

Un autre point fort du jeu réside dans sa bande-son. Chaque thème créé par un compositeur différent, l’ambiance sonore se veut souvent enjouée et appelle l’aventure dans des mélodies enchanteresses, une aventure dynamique et emprunte de cette candeur enfantine que les japonais aiment tant, sans pour être trop « gamine » pour autant. Elle est juste engageante, donne envie de l’écouter et de la fredonner sans jamais lasser et propose des thèmes aux sonorités et saveurs différentes, un peu à la manière de Noriyuki IWADARE avec Grandia. Elle dispose aussi de quelques morceaux un peu plus sérieux et menaçants, car bien entendu, il n’y a pas de héros ni d’aventure sans méchant…

Les personnages, d’ailleurs, disposent de voix. Enfin, si on veut : disons qu’ils parlent, mais dans un dialecte imaginaire plutôt incompréhensible, ce que l’on aurait tendance à appeler du « yaourt » dans le domaine (un peu comme dans les Mario ou Animal Crossing par exemple). Ils ont tous une voix et quasiment une façon de parler différente, comme s’ils avaient tous un langage différent à leur façon. Cela se résume à de simples sons, bien entendu, mais a le don de donner une profondeur supplémentaire à l’univers du jeu.

L’aventure est constituée d’une quinzaine de niveaux découpés en sept zones différentes nommées des « Visions ». Le deuxième niveau de chaque Vision se termine sur un combat contre un boss pas forcément très violent, tout comme l’intégralité du jeu. Ils se résumeront souvent à éviter les obstacles ou projectiles qui peuvent nous blesser, attendre le bon moment pour saisir quelque chose et le jeter à la figure du boss un certain nombre de fois. Mais certains utilisent plutôt bien la profondeur et la 3D dans cette production qui ne l’est pas complètement !

Un combat de boss qui montre bien l’utilisation de la 3D du jeu dans son gameplay 2D.

Continuons de rêver encore un peu…

Klonoa : Door to Phantomile est un jeu qui s’est vu plutôt bien reçu à l’époque. Bien sûr, comme toute production, il ne peut pas plaire à tout le monde mais cela ne l’empêche pas d’avoir reçu des notes que l’on pourrait résumer à 7,5/10, ce qui est loin d’être mauvais pour une première tentative. Certains n’hésitèrent même pas à le placer dans le haut du top des meilleurs jeux sur PlayStation !

Le petit personnage revint en 2001 sur PlayStation 2. Nommée Klonoa 2 : Lunatea’s Veil, ce second opus est une suite directe, le jeu reprend le même gameplay que son aîné et s’avère très attirant graphiquement pour une production parue seulement un an tout pile après la console elle-même. Les deux aventures de Klonoa font partie de la compilation de remakes Klonoa : Phantasy Reverie Series sortie sur toutes nos consoles actuelles en 2022.

D’autres épisodes sont sortis entre temps en tant que spin-offs sur consoles portables ; en premier lieu sur WonderSwan de Bandai (une console relativement méconnue et restée au Japon) en 1999 sous le titre Klonoa : Moonlight Museum puis en 2001 et 2002 sur GameBoy Advance (Empire of Dreams et Dream Champ Tournament). Cette dernière est une année très productive pour notre héros du mois puisqu’il y devient celui d’un jeu de volleyball et d’action RPG le temps d’une aventure !

Bien qu’il soit resté un personnage assez discret dans le paysage vidéoludique, Klonoa reste important dans l’histoire de Namco ; de fait, on le retrouve dans un grand nombre d’autres productions en tant que caméo. Ainsi, on l’aperçoit comme personnage jouable dans Namco x Capcom ; une pelletée de jeux de sport l’accueillent également de la même façon (pêle-mêle World Kicks, Super World Stadium 2000, Family Tennis Advance, Alpine Racer 3…). Le petit héros aux longues oreilles fait également office de références dans d’autres grandes séries de la firme tels les Tales of et Taiko no Tatsujin. Ridge Racer Type 4, par exemple, comporte un  circuit nommé « Phantomile »…

Mais malgré tout ce succès, tous ces efforts, Klonoa reste malheureusement une mascotte assez oubliée ; faute à un marketing insuffisant peut-être, et malgré des avis critiques toujours positifs, il n’a jamais eu de grands chiffres de vente lui permettant de rivaliser avec ses plus grands concurrents. Il est pourtant bourré de qualités et d’innovations pour son époque, et puisqu’il existe une version d’essai pour son remake, ne nous privons pas ! Il vaut le coup d’essayer et qui sait, d’être aimé et ainsi faire perdurer sa flamme dans le monde du jeu vidéo !

4 réponses

  1. Doc dit :

    Autant je connaissais le 2, parce que je me faisais la démo en boucle sur PS2, autant l’original m’était totalement inconnu. Ça m’a donné envie d’y jouer maintenant !
    Merci pour ce 60e dossier !

  2. Myamoto dit :

    Ce 60ème article est très bon, (comme toujours) et bien que mes jeux des plates formes privilégiés est étés Kirby, Sonic, Rayman ce Klonoa m’a l’air digne d’intérêt. Encore merci pour ces immerssions dans le passé.

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