Rencontre avec Olivier Sanfilippo, un auteur engagé, créateur de l’Empire des Cerisiers
“Un vaste archipel où règne un Empereur immortel. Un vaste archipel balayé par le souffle des kami, où la poésie de la vie se reconnaît dans chaque chose et où l’acier ne fait qu’un avec l’honneur. Un vaste archipel où le guerrier est poète et où le poète devient guerrier.”
Ainsi commence le jeu de rôle l’Empire des Cerisiers présenté hier dans nos colonnes. Aujourd’hui, on vous propose de partir à la rencontre de son auteur Olivier Sanfilippo. Lors d’un entretien, il nous a dévoilé la genèse du projet, ses inspirations et les futures sorties !

Olivier Sanfilipo est connu depuis de nombreuses années pour sont travail de cartographe et sa participation comme illustrateur sur de nombreux jeux de rôle. Depuis quelques temps, il est aussi devenu auteur avec la création du jeu de rôle inspiré de l’histoire, de la mythologie et de la culture japonaise : l’Empire des Cerisiers. Nous avons pu lui poser quelques questions…
Journal du Japon : Bonjour et merci pour votre temps, pourriez-vous présenter votre parcours ?
Olivier Sanfilippo : Après le BAC, je voulais faire de la bande dessinée. Mais j’ai été assez mal informé en terminale sur ce sujet, et la plupart des concours des école d’arts étaient déjà passés. Donc j’ai fait une année de prépa aux entrées d’école d’art supérieur qui a été très formatrice. C’était une sorte d’ « initiation » à pleins de domaines différents : couleur, dessin, perspective, photo, gravure…
J’ai ensuite rejoint une école des Beaux Arts classique… où je n’ai pas trouvé ma place. Je me suis réorienté en Histoire car c’était une matière qui me passionnait aussi et qui est très transversale. Puis, j’ai poursuivi mes études jusqu’au doctorat et j’ai continué en parallèle à apprendre l’illustration en autodidacte. J’ai enfin commencé à travailler en tant qu’illustrateur en 2007 et, depuis 2013, je suis à temps plein sur cette fonction. Donc pour ceux qui connaissent le jeu de rôle, j’ai travaillé sur Les Ombres d’Esteren, l’Appel de Cthulhu, Runequest, Vampire, Loup-Garou… Enfin plein, plein plein de jeux ! Plus largement on me connait aussi pour mes nombreuses cartographies.
Quel est votre rapport avec le japon ?
Petit, je ne lisais pas beaucoup de mangas mais j’étais fan du club Dorothée, ce qui a nourri une partie de mon enfance. Mais en réalité, le Japon était peu présent autour de moi à cette époque. J’ai découvert les mangas à l’adolescence et c’était un peu imperméable pour moi car il y avait vraiment tout un pan culturel que je ne comprenais pas, j’avais l’impression de passer à côté de quelque chose.
J’avais commencé ado le karaté que j’avais dû arrêter à cause de problèmes de santé (avant de reprendre la pratique à 35 ans). Certes, cela fait partie de la culture japonaise mais quand on passe la ceinture noire ou les dan, il y a 0 aspect culturel ou historique, ce n’est que de la pratique.
C’est par le jeu de rôle La Légende des 5 anneaux (L5R) que je me suis intéressé au Japon historique et culturel. Le jeu est inspiré du Japon mais il est très occidentalisé. Du coup, ça m’a poussé à aller chercher des références culturelles, historiques… En définitive, je me suis plus intéressé au Japon par ce biais que par la pop culture. Je me suis alors mis à regarder de plus en plus d’anime, à lire des mangas… À ce moment-là, j’étais justement en fac d’histoire et pendant 2-3 ans je me suis pas mal documenté.
Quand je suis arrivé en fin de licence il y avait un mémoire à faire et je me suis dit : « pourquoi ne pas trouver un sujet en lien avec le Japon ?«
Je me suis alors rendu compte que je ne connaissais rien au Japon. Ma solution a été de rentrer par la petite porte d’entrée de quelqu’un qui est allé au Japon mais qui est de culture occidentale. J’ai alors trouvé ce personnage : François Caron. Il a vécu 22 ans au Japon, c’était un membre de la compagnie néerlandaise des Indes orientales qui était en concubinage avec une Japonaise. Ce personnage était un prétexte pour étudier les relations entre l’Europe et l’Asie au 16/17e siècle. J’ai, à travers lui, travaillé aussi sur les théories des réseaux car il navigue dans plein de sphères importantes de cette époque. Je me suis documenté de plus en plus, et c’est là que je suis tombé amoureux du Japon.
Comment est né l’Empire des Cerisiers ? Pourquoi ce thème du japon fantasy ?
Je jouais beaucoup à L5R et je n’y retrouvais pas forcément ce que je recherchais par rapport à la culture japonaise. J’ai donc simplement créé un petit setting et un petit scénario pour faire jouer des amis dans un univers japonisant avec un peu plus de références japonaises comme on peut trouver chez Miyazaki. À ce moment-là, nous sommes en 2010 et je venais de rentrer du Japon où j’avais travaillé en temps que chercheur à Tokyo.
Je mis le jeu de côté jusqu’en 2016, où j’ai commencé à y introduire de petites cartographies de cités d’inspiration japonaise. Je les ai partagées sur les réseaux sociaux et on m’a suggéré de faire un artbook. À cette époque, je travaillais déjà avec Mathieu, le directeur d’Arkhane Azylum Publishing et je lui ai proposé le projet en incluant les cartes, un petit univers et un système de jeu, car en tant que rôliste je souhaitais que les gens s’approprient mon univers et joue dedans. Et, 2 semaines plus tard, il me recontacte pour me proposer de le transformer en « vrai » jeu de rôle. J’ai accepté mais après coup j’ai réalisé que je n’avais que 15 pages de notes en tout et, donc, je pensais partir de quasi-rien.
Puis je me suis mis à écrire, à créer mon univers de fantasy et je me suis rendu compte que dans mon esprit, déjà, tout un monde était en construction. L’Empire des cerisiers, c’est vraiment une œuvre personnelle. Le projet s’est développé sur le long terme ce qui lui a permis d’atteindre une certaine maturité.
Je ne voulais pas faire un jeu historique ; j’ai choisi la fantasy car j’aime ce genre et cela me permettait aussi de pouvoir inventer et donner vie à mes propres éléments comme par exemple des personnages, lieux, etc. J’ai mes propres biais mais j’ai essayé de m’en affranchir le plus possible pour virer l’aspect occidentalo-centré et avoir un rendu le plus authentique possible. Donc la majorité de mes références sont japonaises ou, quand ce n’est pas le cas, elles sont issues de spécialistes du sujet.

Pourriez-vous nous parler un peu plus de vos illustrations ?
Il y a des illustrations en noir et blanc et d’autres en couleurs. C’est vrai que le noir et blanc apporte un gain de temps quand on a quasiment un millier d’illustrations à réaliser. Mais c’est aussi un choix graphique personnel car j’aime beaucoup la ligne claire et les encrés. Pour les illustrations couleurs, à part peut-être certaines où l’on voit vraiment que c’est du pinceau et de l’encre de Chine, la plupart pour un gain de temps, d’espace, de praticité sont des dessins scannés et colorisés numériquement.
Au niveau des mes inspirations graphiques, je me nourris de plein de références mais parfois ça va plus être la composition, la lumière ou la couleur qui vont m’interpeller, et pas forcément le style. Et donc on ne va pas forcément le retrouver dans mon dessin. Je me suis aussi beaucoup inspiré de travaux japonais, que ce soit de la peinture ancienne ou de l’estampe, mais aussi de jeux vidéo notamment les Final Fantasy. Mes cartographies au niveau des angles de vues (3D iso) sont inspirées des décors de jeux vidéo. Il y a aussi les Ghiblis, Yoshitaka Amano, et les estampes japonaises, Nicolas Fructus, Sergio Topi, Francesca Berald… J’ai aussi beaucoup regardé Dragon Ball dont je suis fan et je pense qu’inconsciemment ça m’a influencé.
Pourquoi avoir introduit des mechas dans le dernier supplément ?
En réalité, ils étaient dans le petit setting que j’avais fait, au tout début. À ce moment-là, on était plus proche d’un univers steampunk que fantasy. Et puis, très vite, j’ai abandonné l’idée. Comme j’avais plus envie de partir dans le délire shinto, j’ai créé des sortes de gros goshintai (NDLR : support physique d’une divinité shinto) pour qu’ils soient vraiment intégrés à l’univers.
On retrouve dans ces armures sacrées, mon amour des mechas qui sont une thématique fréquente de la pop culture japonaise. Ça me permet aussi de faire des ponts entre des thématiques qui sont souvent traitées dans les anime, qui en parlent beaucoup parce que la robotique, l’IA… sont des sujets très présents quand on pense au Japon. Ces mechas sont vraiment intégrés à l’univers mais sont considérés comme quelque chose de rare, donc c’est au meneur de jeu de voir s’il veut les généraliser ou les laisser de côté.
C’était aussi un peu mon leitmotiv avec l’Empire des cerisiers : prenez surtout ce qui vous plaît, ce qui vous intéresse et apportez-y votre propre bagage sur le Japon pour en faire votre propre jeu !
Quel est l’impact de votre formation d’historien sur votre processus de création et de rédaction ?
Quand on prépare un doctorat, il faut produire un manuscrit de thèse. Avec l’Empire des Cerisiers, on m’a aussi donné une deadline avec un manuscrit à rendre. Il y a des attendus (tel chapitre sur tel sujet) qu’il faut faire. J’ai donc eu l’impression en quelque sorte de refaire une deuxième thèse. D’ailleurs, par moment, ça a été assez compliqué émotionnellement. Mais c’était quand même plus fun qu’une thèse ! Car là, je peux créer, j’invente, je rigole, je peux insérer ce que je veux. Il y a plein de clins d’œil à des gens, je peux mettre des références culturelles… Enfin il y a plein, plein, plein de choses qu’on ne peut pas faire dans une thèse. C’est beaucoup plus ludique !
Pour la thèse, après le manuscrit il y a la soutenance. Au final, même si votre soutenance se passe mal, ça reste assez confidentiel. Et surtout, les critiques restent constructives, l’intérêt étant justement de pouvoir échanger avec les membres du jury. A contrario, un jeu de rôle, une fois que c’est publié, vous prenez les critiques de plein fouet.
Par contre, la thèse et la recherche m’ont apporté une méthodologie de travail. Quand je me documente pour l’Empire des Cerisiers, je fais des recherches bibliographiques ou archivistiques de la même manière qu’un universitaire. À la fin des ouvrages il y a la liste de mes inspirations à destination des joueurs et meneurs de jeu, mais il n’y a pas les références bibliographiques sur lesquelles je me suis appuyé (des articles d’historiens, d’ethnologues, anthropologues, archéologues, des ouvrages scientifiques…). Donc je me sers même d’articles que j’ai lu, des travaux de chercheurs, pour créer des choses qui s’en inspirent ou encore complètement fictionnelles. Si on prend un exemple, l’Empereur, c’est une agrégation de plusieurs figures mythologiques mais pas historiques.

Dans une interview à Game Over, vous avez parlé de l’impact de l’IA sur le monde de l’illustration, qu’est-ce qu’il en est du rôle de l’IA sur la génération de scénarios ou d’univers ?
Le rôle de l’IA à l’heure actuelle est ultra capitaliste. Selon moi, dans les domaines de la création, c’est une aberration. Déjà éthiquement, c’est basé sur le pillage généralisé des œuvres textuelles et graphiques des artistes et des auteurs. C’est illégal parce que le pillage a été fait sans respect pour les questions de propriété intellectuelle ou de copyright. Au niveau de l’éthique environnementale c’est une catastrophe énergétique : utiliser une IA pour une simple recherche consomme 30 fois plus d’énergie qu’une recherche google standard.
C’est aussi une aberration en termes de créativité car ça ne crée rien, ça recrache une bouillie plagiée préallablement digérée en ayant avalé sans discernement des millions de créations volées. Ce n’est qu’un algorithme, donc il n’y a pas d’âme et donc pas d’intelligence comme on l’entend. D’ailleurs, le terme même d’IA c’est un mensonge marketing. L’IA régurgite des objets lisses, sans âme, sans aucune sensibilité artistique et à la longue ça va créer de vrais problèmes d’acquisition de compétences, de savoirs, de démarche intellectuelle… des futurs créatifs. Ça m’interroge de voir les écoles d’art développer des cours d’apprentissage aux IA alors que les étudiants sont en train de créer leurs démarches artistiques, construire leur propre corpus de références, se nourrir, analyser, décortiquer les œuvres et les démarches de nombreux créateurs pour pouvoir développer leur propre sens créatif et leur propre sensibilité. La création, ça demande du temps de recherche, de maturation, et l’IA vient tout bousiller et atrophier cet aspect là essentiel de l’apprentissage.
Au niveau des éditeurs il y en a très peu qui ont pris franchement position sur l’IA, ce qui est problématique. Il y en a cependant quelques rares qui ont inclus dans leur contrat le non-recours à l’IA de la part de leurs auteurs et illustrateurs comme Chaosium. Il y a aussi des labels comme par exemple Label Dirty Clean Crew qui militent pour des œuvres créées par l’ humain. Plusieurs maisons d’éditions mettent désormais en avant le fait que leurs créations est 100% humaine, mais selon moi ce sont celles créées par IA qui devraient être estampillées afin que toutes et tous puissions immédiatement savoir à quoi s’en tenir.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées comme vous êtes à la fois auteur d’univers, de règles et illustrateur ?
D’abord en tant qu’auteur, je ne suis pas japonophone ce qui est une grosse difficulté. Il y a beaucoup de sources sur lesquelles je travaille qui ont été traduites, ou alors j’utilise des études qui ont été faites sur ces ressources. Je bénéficie en plus d’un réseau japonophone ce qui me permet, même si je connais plein de mots japonais, de faire valider tous les termes japonais de la gamme, comme par exemple les sous-titres.
Néanmoins, comme c’est de la fantasy, il y a des termes qui n’existent pas en japonais et dans ce cas-là il faut faire valider le terme que j’ai créé. Il y a beaucoup de concepts qui passent par les idéogrammes, je vais donc en assembler mais parfois grammaticalement ce n’est pas possible, donc on va me proposer une alternative. J’essaye en tout cas d’éviter de maltraiter la langue ou de faire de l’appropriation culturelle.
Enfin, j’ai toutes les casquettes mais contrairement à un jeu indépendant je ne suis pas tout seul. Derrière moi, j’ai une équipe éditoriale. Par exemple je peux m’appuyer sur des relecteurs de fond… Il y a aussi un maquettiste. Être seul donne plus de liberté mais il faut faire attention à ne pas se perdre. Souvent l’auteur et l’illustrateur vont se nourrir l’un de l’autre. C’est aussi mon cas : je peux partir de ce que je suis en train de dessiner et développer l’univers à partir de l’illustration, et inversement. Par contre, être seul amène une plus grande cohérence en termes de création.
Sinon l’aspect technique, comme créer les caractéristiques des personnages, est la partie qui me fait la moins vibrer et ça peut vite devenir fastidieux. Mais comme c’est un jeu, c’est un passage obligatoire et je m’en occupe quasiment toujours en dernier.
Comment travaillez-vous avec l’éditeur ?
L’éditeur fait tout pour que l’Empire des cerisiers ait la plus belle vie éditoriale possible ! Il fait une dernière relecture, gère la partie impression incluant la maquette et la distribution. Il m’a aussi conseillé des auteurs comme par exemple Noriko Ogiwara qui a écrit Les contes du magatama considéré comme le premier roman de fantasy japonaise. Cette lecture m’a conforté que l’on pouvait jouer avec le folklore, la mythologie japonaise sans que ce soit mal perçu. Au fil du temps mon éditeur est devenu un ami. Je suis privilégié car j’ai carte blanche. Je ne vais pas non plus faire n’importe quoi, mais disons qu’en termes de thématiques, par exemple, j’ai pu traiter librement de nombreux sujets : féminisme, sexisme, patriarcalisme, discriminations, colonialisme, racisme. J’ai un parti pris, je ne cache pas mes valeurs et ma direction idéologique. Je pars du principe que lorsque l’on aime sincèrement une culture on n’omet rien de ce qu’elle est, le positif comme le négatif. Et de fait je ne me suis pas empêché de parler de choses parfois plus délicates.
Certains suppléments, notamment un recueil de scénarios, ont été écrits par d’autres auteurs, comment vous êtes-vous organisés ?
Il y a toujours un petit moment d’appréhension : on se demande ce qu’ils vont faire de mon bébé, est-ce qu’ils vont être inspirés, est-ce que ça va leur plaire !?
Mais les doutes ont été très vite balayés. Ca m’a fait penser au milieu du fanzinat et des Webzines où j’ai évolué : il y a souvent des créations amateures sur des licences qui existaient. De plus, ils ont été écrits par des amis auteurs et autrices reconnus et c’est donc intéressant de voir comment ils se sont emparés de mon univers. J’avais envisagé de leur donner un cadre mais finalement j’ai préféré leur mettre comme seule contrainte de varier les thématiques dans le recueil de scénario. J’ai essayé de très peu intervenir sur ce qu’ils ont écrit, j’ai juste vérifié la cohérence, valider leurs propositions. Par contre, les échanges ont été nombreux : pour que je leur fournisse des éléments de contextes ou des éléments déjà créés. Et à l’inverse, lors de l’écriture des suppléments suivants, j’ai pu m’appuyer sur ce qui avait été développé dans les scénarios ou leur faire référence.

Quel est votre joueur cible ? Quels conseils pouvez-vous donner aux débutants ?
Le joueur sympa, bienveillant avec qui on va passer une bonne soirée autour de la table ! Ce n’est pas uniquement un jeu pour les connaisseurs du Japon mais avant tout pour des gens curieux !
Concrètement, si vous n’avez jamais joué au jeu de rôle, le système de règles est simple et il y a des personnages pré-tirés qui sont téléchargeables, ce qui facilite la prise en main. Au niveau des scénarios, je commencerai par celui qui est dans le livre de base. Il est assez intimiste, c’est un cadre réduit où il n’y a pas besoin de connaître l’Empire des cerisiers pour pouvoir jouer. Pour faire une mini campagne, les suites de ce scénario se trouve dans le supplément La Légende des Cerisiers. Une autre option est le double scénario crée par Aldo dans ce même recueil.
Comment le jeu a-t-il été accueilli par le public ?
Le jeu a très bien marché ce qui a été une vraie surprise pour moi. C’était même un peu intimidant parce que le financement participatif a rassemblé environ 1 100 participants qui ont souscrit pour le livre de base et nous sommes très vite arrivés à la fin des paliers prévus. En 2018, c’était le 3e financement francophone en montant récolté et le 1er en nombre de participants.
Nous avions un peu la crainte que les personnes l’aient acheté pour nourrir leurs propres scénarios de L5R car on se positionnait sur un créneau où ce dernier trustait la thématique de fantasy asiatique et qu’il ne soit pas joué en tant que tel.
Nous craignions aussi qu’il ait comme c’est le cas pour d’autres jeu un succès d’estime au lancement… Mais en définitif le jeu a trouvé son public, la communauté est très active et compte un nombre très important de meneurs de jeu et joueurs passionnés. Il est beaucoup joué en convention ou lors d’initiations en boutiques, médiathèques et on voit beaucoup de primo meneurs de jeu, voire même de primo joueurs. Ce jeu a été un moyen pour eux de passer de la pop culture japonaise à la culture japonaise. Au final on peut dire qu’il se hisse allègrement parmi les succès du JDR français de ces dernières années… et ça fait très plaisir.
Que peut-on attendre comme suite de gamme ?
Le prochain supplément concerne les peuples autochtones et anciens. Toute une partie s’inspire des peuples autochtones du Japon (comme les Aïnous et les Ryûkyûans, ou encore les anciens Emishi, etc.) J’ai dû beaucoup me documenter pour cette partie car c’était un pan de la culture japonaise que je ne connaissais au final très mal. C’est celui aussi qui m’a aussi posé le plus de cas de conscience et de réflexions vue la thématique qu’il aborde. Ce sont des peuples qui sont pour certains toujours existants et sont toujours discriminés au Japon, donc c’est très délicat. Ensuite, même si c’est une création de fiction, il y a beaucoup de renvoi dans le texte pour que les lecteurs puissent aller s’informer par eux-mêmes sur ces thématiques.
L’autre projet en cours, c’est une boite d’initiation plutôt à destination des enfants à partir de 8 ans comme joueurs et plutôt à partir de 10-12 ans comme meneur. La boite sera autonome, on n’aura ni besoin de connaitre l’univers de l’Empire des cerisiers ni d’avoir le livre de base pour jouer. Il y aura un rappel de l’univers et des règles et des personnages pré-tirés d’enfants ainsi qu’une mini-campagne. Il y a aussi un système de progression inclus. Ainsi quand les scénarios de la boite seront finis on peut soit inventer ses propres histoires, soit passer au livre de base et aux recueils de scénarios.

Enfin, et c’est notre dernière question : que souhaitez-vous transmettre avec ce jeu/univers ?
Une passion. Ce jeu, c’est un peu ma déclaration d’amour auX JaponS.
Je suis un fan absolu des œuvres de Miyazaki. Il s’inspire beaucoup de l’Occident notamment dans les récits. Et il se les approprient vraiment pour en faire une œuvre purement japonaise, mais qui parle au monde entier. Sa patte graphique, et l’animation en tant que tel me plaisent beaucoup… c’est aussi quelque chose que j’ai aussi voulu transmettre.
C’est une œuvre personnelle : les thématiques que je veux véhiculer à travers le jeu sont celles qui me touchent. Dès le début, je voulais faire un jeu inclusif. J’ai voulu aussi transmettre ma passion pour l’histoire. Quand on est autour d’une table de jeu, on n’est pas là pour faire un cours d’histoire. Par contre, le jeu de rôle permet de véhiculer plein de connaissances, de savoirs… et les transmettre à travers le jeu est génial.
Par le ludique, on apprend beaucoup mieux et plus facilement je pense.
Une belle façon de conclure.
Si vous voulez en savoir plus, rendez-vous du 22 au 24 août au Festival Clans Sort le Grand Jeu (Clans), du 10 au 12 Octobre à Octogones (Lyon), du 8 au 11 novembre je serai à la convention Contes d’Automnes (Moustiers-Ste-Marie) pour des dédicaces.
Un grand merci à Olivier Sanfilipo pour le temps qu’il nous a accordé.
Site de l’éditeur : https://www.arkhane-asylum.fr/shop/Empire-Cerisiers/
Les documents téléchargeables : https://www.arkhane-asylum.fr/telechargements/Empire-Cerisiers
Instagram d’Olivier : https://www.instagram.com/shosuroakae/
Bluesky d’Olivier : oliviersanfilippo.bsky.social
Site personnel d’Olivier : https://shosuroakae.wixsite.com/sanfilippo
