Cinq ans pour le Toulouse Sake Club : kanpai !

Parmi les villes françaises qui ont toujours eu un lien fort avec le Japon, celle de Toulouse revient régulièrement – nous avons toujours eu des membres de Journal du Japon là-bas d’ailleurs. Bien sûr, cet attrait ne se limite pas à l’habituel duo manga-japanime : la preuve avec l’anniversaire du Toulouse Sake Club qui a 5 ans aujourd’hui, et qui promeut donc les boissons et la gastronomie japonaise.

C’est l’occasion pour nous d’aller à la rencontre de son fondateur, Bertil Lauth, passionné du Japon de longue date et déployant sa passion pour ce pays et son art de la table par mille et une facettes… Comme vous allez le constater de suite grâce à notre interview !

Toulouse Sake Club

De Toulouse au Japon…

Bonjour Bertil et merci pour ton temps.
Si je ne dis pas de bêtise, tu es le fondateur de Toulouse Sake Club, tu es également un Saké Sommelier et fondateur d’Occitanie Japon, ainsi que consultant pour la JETRO. Ça fait beaucoup de choses à évoquer !!!

Mais avant de parler de tout ça, commençons par ton premier lien, ta première rencontre avec le Japon. C’était quoi et c’était quand ?

La rencontre avec le Japon est finalement arrivée assez tôt dans ma vie. Dès la maternelle, j’ai pu développer un intérêt pour l’Asie et particulièrement le Japon par le biais des samouraïs, des arts martiaux, mais aussi des arts. Chez ma grand-mère, chez qui je passais tous mes mercredis après-midi, il y avait une grande collection d’estampes et de vaisselles japonaises. J’ai pu ainsi découvrir très jeune cette culture qui fait partie de mon quotidien.

Est-ce que ton parcours d’études était en lien avec le Japon ou est-ce que c’était une passion à côté ? 

Bertil Lauth
Bertil Lauth – Tous droits réservés

La question s’est posée une fois que j’ai eu le bac mais, je me suis ravisé. J’ai finalement opté pour une filière à la fac un peu plus généraliste mais j’ai conservé quand même mon intérêt pour le Japon à travers sa gastronomie et le manga. Et cet intérêt s’est accru quand j’ai commencé à vouloir enfin apprendre la langue de manière un peu plus sérieuse en voulant prendre des cours.

Comme je le disais plus haut, tu as tissé plein de liens avec le Japon de natures différentes, sous des angles différents. Si on reprend ton parcours, tout semble commencer en 2008. Pendant  8 ans tu es, je cite ça pèle-mêle : chargé de communication, Community Manager et organisateur d’événements pour Toulouse Midi Pyrénées Japon. Qu’est-ce que tu as construit durant cette période, qu’est-ce que tu as appris ?

Plus précisément, cela a débuté en septembre 2006 lorsque j’ai rejoint l’association. Je venais de finir mon Master 2 en Marketing et je souhaitais apprendre le japonais.

Dès le début, j’ai proposé mon aide en tant que bénévole, et comme dans toute association, on a toujours besoin de volontaires. L’investissement a rapidement augmenté et je suis devenu Président en 2008. Souhaitant faire les choses le mieux possible et développer l’association, c’était clairement devenu un deuxième travail quasi à plein temps.

Historiquement, l’association avait un local de 25m², rapidement, on a déménagé et doublé la surface. J’ai pu développer le nombre d’adhérents, les relations avec les institutions tant françaises que japonaises et aussi la visibilité. Ainsi, l’association avant mon départ en 2014 était devenu l’une des associations les plus importantes de France en termes de nombre d’adhérents. Malgré un grand nombre de soucis à gérer au quotidien, ce fut une expérience enrichissante à tous les niveaux avec de belles rencontres et la volonté à chaque fois de faire voyager le plus grand nombre tout en restant à Toulouse.

En 2019 tu crées Occitanie Japon, qu’est-ce donc ? Quel en est le but ?

Occitanie Japon est un site d’informations qui a pour vocation de parler de l’actualité du Japon en Occitanie, mais également de l’actualité occitane au Japon et du Japon en général. À cette époque, je trouvais qu’il manquait une réelle mise en avant des initiatives japonisantes locales. J’ai donc pris le taureau par les cornes et lancé le site.

Toulouse et l’Occitanie semblent avoir toujours entretenu des liens étroits avec le Japon, comment l’expliquer ?

Je pense que plusieurs facteurs ont pu y contribuer et y contribuent toujours : l’histoire de Toulouse, les industries présentes, notamment l’aéronautique…Toulouse est aussi une ville internationale et estudiantine avec le plus grand nombre d’étudiants après Paris. 

Un autre élément aussi c’est la volonté d’hommes et des femmes de nouer des relations avec le pays.

En parlant des échanges France – Japon, tu es aussi consultant JETRO : qu’est-ce donc et en quoi ça consiste concrètement ?

Depuis maintenant quelques années, je collabore avec le Japon via son agence du commerce extérieur JETRO. Mes missions sont de créer et d’organiser des événements pour valoriser les boissons et la gastronomie japonaise en province. Mais parfois j’ai pu aussi venir en soutien sur certains événements auxquels l’agence participait comme le Salon de l’Agriculture. 

… en passant par la sake !

Basculons sur le sake désormais. Quelle est ton histoire avec ce produit et avec la gastronomie japonaise ?

Comme je le dis souvent, j’ai basculé dans les alcools japonais de manière professionnelle en 2019. Auparavant, j’avais un grand intérêt pour les whiskies japonais bien avant qu’ils deviennent à la mode et que leur prix explose. L’arrivée dans le saké s’est passée de manière assez fortuite. J’avais bu mon premier saké quelques années avant, mais cela ne m’avait pas laissé un grand souvenir. Il aura fallu attendre une rencontre avec Christophe Fernandez de la Brasserie Chevalier pour que ma vision du produit change et que je souhaite en faire mon métier. Concernant la gastronomie, j’ai toujours eu un intérêt pour la nourriture en général et notamment les différentes spécialités que l’on pouvait trouver en Asie. J’ai un grand intérêt à cuisiner également. Quand professionnellement, j’étais à la croisée des chemins, ma volonté était de trouver un métier qui pourrait allier mes différentes passions : le rugby, le Japon et la gastronomie. J’ai vite laissé tomber l’idée de travailler dans le rugby, il ne restait que le Japon et la gastronomie.

Entre le Toulouse Sake Club et ton diplôme de sommelier, dans quel ordre tout ça a commencé ?

J’ai commencé d’abord par me former en suivant une formation de Saké Sommelier à Paris en 2019 puis à force d’échanges et de rencontres, l’idée de lancer mon entreprise avec ma vision s’est vite imposée. C’était il y a donc 5 ans que j’ai lancé ma structure.

Tu es sake sommelier SSA – WSET : c’est quoi tous ces acronymes ?
La SSA est la Saké Sommelier Association, c’est une structure basée à Londres fondée par un Français et une Japonaise qui proposent des formations et des événements autour du saké japonais.

Le WSET (Wine & Spirit Education Trust) est un peu l’équivalent de la SSA mais plus orienté sur le vin et les spiritueux.

En novembre 2020 ensuite, on en est au deuxième confinement, et toi tu lances le Toulouse Sake Club : pourquoi et pour faire quoi ?

Le Toulouse Sake Club fête ses 5 ans

J’ai tendance à croire que le meilleur moment pour faire quelque chose est celui que l’on a choisi. À cette époque, j’étais convaincu de ce que je souhaitais faire et comment le faire. J’avais pu aussi analyser le marché du saké en France et je trouvais qu’il y avait certains manques. Ma volonté dès le début était de continuer de promouvoir la culture du Japon mais par le biais de sa gastronomie et de ses boissons. Le vecteur le plus utilisé pour valoriser le Japon était à cette époque le manga, mais je trouvais que cela limitait les possibilités de découvertes. Réunir les gens à table quelque soit leur âge ou leur niveau de connaissance du Japon me parut la meilleure des manières pour les faire voyager.

J’ai ainsi commencé à lancer mon club de dégustation et un e-shop dédié aux alcools du Japon, rapidement, la partie épicerie japonaise viendra compléter l’offre.

Aujourd’hui, avec plus de 160 références disponibles, tous les alcools sont représentés sur le site : saké, shochu, umeshu, bières, vins…et au niveau de l’épicerie, je propose des produits de qualité du quotidien, ce qui permet de réaliser presque toutes les recettes possibles. 

Les Français, par le prisme du manga et de la pop culture japonaise, disent s’ouvrir à la culture japonaise dans son ensemble, donc à sa gastronomie. Est-ce que c’est quelque chose que vous avez constaté, au Toulouse Sake Club par exemple ? 

Il est clair que le manga et la pop culture ont pu contribuer à accélérer l’intérêt des Français pour la culture japonaise bien que cet intérêt ne soit pas si nouveau finalement. Il y a toujours eu depuis plusieurs siècles une fascination mutuelle entre les deux pays.

Le développement et la disponibilité de l’information, mais aussi de l’offre ont par contre contribué à accroître la visibilité du Japon. Cela se retrouve aussi depuis quelques années avec l’augmentation du nombre d’expatriés et de touristes français au Japon.

Pour autant, même si l’intérêt s’est accru, il y a encore un grand nombre de clichés sur le Japon qui ont la vie dure et finalement toujours une méconnaissance aussi importante.

Les amateurs de sake que tu rencontres viennent plutôt de milieux otaku, ou est-ce plutôt des amateurs de spiritueux ?

Étonnamment les amateurs sont issus de tous les milieux, de toutes les générations sans pour autant être otaku. Je rencontre autant des curieux, de vrais connaisseurs du Japon, des amateurs de spiritueux en général ou bien des gens qui reviennent d’un voyage au Japon et qui sont restés sur leur fin, qui ont envie d’en savoir plus. 

Conseils et perspectives d’un sake sommelier…

En tant que sake sommelier, quel est le conseil que tu pourrais donner aux lecteurs de Journal du Japon pour choisir un bon sake ?

C’est une question assez complexe mais je vais tenter d’y répondre. Quelques éléments peuvent aider pour choisir un bon saké : tout d’abord le lieu d’achat. En se rendant dans un endroit tenu par des personnes ayant une vraie connaissance du produit permet de limiter les déceptions. 

L’autre point à prendre en compte, ce sera à quel moment il sera dégusté et  avec quels types de plats. Bien que le saké soit un exhausteur de goût naturel et que les fautes d’accords mets et sakés soient assez rares, certains sakés s’accordent plus facilement avec certains mets que d’autres.

Autre élément qui n’est pas vrai dans le vin mais qui peut compter lorsque l’on achète un saké japonais en France c’est le prix. En dessous de 25€ pour une bouteille de saké de 72cl, il est difficile de trouver quelque chose de qualitatif. On trouve quelques bouteilles en supermarché ou supérette à moins de 20€ mais cela n’est pas très qualitatif pour le prix.

Pour une première expérience, je recommande de partir sur un saké type Junmai Ginjo ou Junmai Daiginjo servi frais qui sont des sakés assez facile à boire et plutôt fruité accompagnés de produits de la mer ou de fromage. En général ce sont des sakés avec beaucoup de fraîcheur et très accessible gustativement parlant.

C’est quoi ton association sake-plat favorite ?

C’est difficile d’en choisir une mais spontanément je dirais saké – sashimi ou saké – chirashi, c’est assez agréable. Il y a aussi  saké et pâtes à la truffe ou bien saké – fromage, c’est assez facile à faire et cela donne une bonne expérience.

Enfin, quel bilan tires-tu de 5 années de Toulouse Sake Club ?

Le bilan est très positif forcément. En amorçant le projet, je ne pensais pas faire d’aussi belles rencontres et d’avoir eu autant d’opportunités. J’ai pu vivre des moments assez incroyables et j’espère en vivre encore d’autres mais parmi les meilleurs souvenirs il y a notamment la rencontre avec un membre de la famille impériale japonaise, mon premier événement pour Jetro, collaborer avec la fédération japonaise de rugby, être invité au Japon pour rencontrer des producteurs à Okinawa et à Kyushu…

J’ai pu voir également une belle évolution de l’intérêt des Français pour les boissons et la gastronomie japonais même s’il y a encore des marges de progression.

Enfin, la vision que j’ai eu dès le début de l’aventure est plus que jamais d’actualité, ce n’est pas pour rien je pense que certains concurrents ou fournisseurs ont étonnamment commencé à s’inspirer de ce que je faisais depuis 5 ans. 

Et qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour les 5 années à venir ?

De continuer d’avoir l’énergie et la force de toujours proposer le meilleur du Japon au plus grand nombre et quelques voyages au Japon aussi. J’espère pouvoir célébrer avec vous les 10 ans. Merci de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer à l’occasion de cet anniversaire du Toulouse Sake Club.

Merci beaucoup pour ton temps et longue vie au Toulouse Sake Club !

Pour retrouver le Toulouse Sake Club, vous pouvez vous rendre sur leur site web, ici, ou les suivres sur les réseaux sociaux, comme Instagram par exemple.

De plus le Toulouse Sake Club vous offre 10% de réduction avec le code Bienvenue, donc profitez-en !

Remerciemets à Bertil Lauth, pour ses réponses et pour son temps.

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

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