Nana : Tokyo, mode et amour
Paru au début des années 2000, Nana d’Ai Yazawa a prouvé que le manga pouvait se renouveler. À l’époque, il a connu un succès énorme et, encore aujourd’hui, il continue de toucher les lecteurs et lectrices. Cette histoire d’amour, d’amitiés et de rêves a marqué toute une génération avec ce portrait du Japon des années 2000, nous plongeant dans la culture urbaine de Tokyo.
Vingt ans plus tard, Nana reste une référence en matière de manga mais aussi de style et de mode : les collaborations avec des marques comme Vivienne Westwood ou Uniqlo et la réédition chez Delcourt dans un coffret collector très attendu en sont la preuve. La fascination pour cette œuvre ne s’est jamais estompée. Comment un manga créé il y a plus de vingt ans continue-t-il à influencer la mode et la pop culture d’aujourd’hui et à nous faire rêver avec ses histoires ?

Nana raconte la rencontre de deux femmes qui portent le même prénom mais qui sont différentes :
Nana Osaki est une chanteuse de rock indépendante et passionnée. Elle rêve de réussir avec son groupe BLAST et son style vestimentaire punk, inspiré de Vivienne Westwood, « Oh, c’est quoi ? un Vivienne Westwood ? T’es sure Misato ? un truc si cher« reflète bien sa personnalité : à la fois sa colère, sa force et sa vulnérabilité.
Nana Komatsu, surnommée Hachi, quitte sa vie à la campagne pour suivre son petit ami à Tokyo. Naïve et romantique, elle découvre l’amitié, les désillusions et son propre chemin vers l’émancipation. Ses vêtements montrent bien son caractère fleur bleu tout en voyant au fil du récit l’évolution de sa personnalité à travers ses vêtements et ses coiffures.
« Même moi qui suis très rêveuse, je n’avais pas imaginé pouvoir rencontrer cette fille dont je ne connaissais que le prénom » dit Nana Komatsu. Entre concerts, histoires d’amour compliquées et rêves parfois brisés, elles essaient surtout de comprendre qui elles sont. Et bien souvent, ce sont leurs vêtements qui leur permettent de trouver un équilibre entre ce que la société attend d’elles et ce qu’elles ont vraiment envie de montrer.
La mode comme expression de soi et de rébellion

Dans Nana, les vêtements sont un vrai langage : ils expriment les émotions, l’identité et même l’appartenance culturelle des personnages. Et on peut dire qu’Ai Yazawa les dessine avec un talent fou. Sans la mode, l’œuvre n’aurait pas du tout la même saveur. On prend le temps de regarder chaque tenue, coupe de cheveux ou bijou et au fil des pages, on imagine facilement le plaisir que la mangaka a dû avoir à créer ces looks. Elle joue sans cesse entre les deux styles très différents des protagonistes, ce qui reflète parfaitement les personnalités opposées des deux Nana. Voyons cela de plus près.
Nana Osaki, avec ses tenues punk-rock, cuir noir, chaînes et bijoux de Vivienne Westwood, elle incarne l’indépendance et la rébellion. Chaque pièce, du choker aux jupes tartan, raconte son histoire et ses combats personnels. Vivienne Westwood devient ainsi une référence iconique au Japon (mais pas que), inspirant jeunes artistes et créateurs tokyoïtes, et ancre Nana dans une culture punk héritée de l’Angleterre des années 70-80. Nana « Hachi » à bien cerner son caractère « tu es un chat sauvage qui n’en fait qu’à sa tête, tu es très fière et libre mais avec une blessure incurable ».
Hachi, au départ en robes fleuries pastelles et accessoires discrets, montre sa douceur, sa naïveté et son désir d’être en couple. Elle aime l’amour. Au fil du récit, son style évolue pour devenir plus affirmé et mature, comme pour faire écho à ce qui lui arrive. Ainsi, ses robes se font moins enfantines et ses tenues plus structurées, montrant son cheminement personnel et sa confiance grandissante qu’on ressent aussi à travers ses positions. Ses choix vestimentaires marquent pour elle cette envie de se réinventer et à trouver sa place à Tokyo, tout en gardant sa féminité et sa sensibilité qui lui est propre. Elle se décrit d’ailleurs assez bien « moi qui suis candide ».
Les membres du groupe BLAST adoptent des styles distincts : Nobuo et son glamrock romantique, Yasu et son élégance sobre, Shinichi et son audace punk limite bondage. Et on voit tout le long du récit d’autres personnages qui nous plaisent tout autant avec leur univers, pas que liés au rock, qui font écho à leur vêtements. des histoires d’amour, d’amitiés fortes et des doutes « et puis finalement, qu’est que je veux vraiment ? Que Shoji m’accorde du temps, des jolies vêtements et accessoires ? ».
On comprend alors qu’Ai Yazawa ne fait pas que dessiner des vêtements : elle montre toute la diversité des jeunes tokyoïtes, en mélangeant des influences locales et occidentales, du punk aux tendances Harajuku, synonyme de mode japonaise branchée. Ce sens du détail a créé un vrai engouement autour de l’œuvre et donné de l’importance au style et à la mode pour certains et certaines. Des magazines alternatifs comme Kera proposaient même des guides pour reproduire les looks des personnages. Et les collections inspirées de Nana, comme celle lancée par UNIQLO en 2025, sans oublier l’influence majeure de Vivienne Westwood, prouvent que le manga continue de façonner la mode actuelle.
Vivienne Westwood, UNIQLO : l’héritage de Nana dans la mode

L’univers de Nana ne se limite pas aux pages du manga. Depuis sa création par Ai Yazawa, cette œuvre culte continue d’influencer la mode, au Japon comme ailleurs. Entre références punk, collaborations modernes et streetwear, Nana a réussi à mêler style et émotions, créant des looks immédiatement reconnaissables et pleins de sens. Plus de vingt ans après sa sortie, ses personnages continuent d’inspirer les fans et de guider les tendances.
Dès le début, Ai Yazawa s’est inspirée de Vivienne Westwood, la créatrice britannique qui a révolutionné la mode punk dans les années 70-80. Dans le manga, on retrouve ses corsets, chaînes, colliers en perles et motifs tartan. Comme Nana Osaki, Westwood incarne la liberté, la force et l’indépendance. Grâce au manga, son style est devenu une référence au Japon, surtout dans les milieux alternatifs, où il reste associé à la rébellion et à l’affirmation de soi.
En 2025, UNIQLO a lancé une collection inspirée de Nana, mêlant streetwear et influences punk chic composée de sweats, t-shirts… reprenant les symboles et citations emblématiques de la série, permettant aux fans de la première heure comme aux nouvelles générations de revivre l’univers du manga à travers des vêtements du quotidien. Porter une pièce de cette collection, c’est un peu reprendre la part de rêve, de rébellion et de nostalgie de Nana.
La collection Ai Yazawa UT, qui célèbre ses 40 ans de carrière, inclut aussi des designs de Paradise Kiss, Neighborhood Story et Je ne suis pas un ange, avec illustrations et motifs originaux inspirés des personnages. Elle montre que le style des héroïnes dépasse le manga pour devenir un objet de mode avec les dessins de la mangaka.
Au-delà des collaborations, Nana continue d’inspirer la mode actuelle. Les looks punk et rock du manga restent présents sur TikTok, Instagram ou Pinterest, et des accessoires comme le collier perlé de Nana Osaki connaissent un succès auprès des fans et influenceurs. Mais Nana, ce n’est pas que la mode : c’est aussi la musique, les objets et les collections. Le coffret collector, qui rassemble les tomes 1 à 10 avec un nouveau design et des ex-libris exclusifs, permet de redécouvrir cette œuvre voire même de faire découvrir l’univers à de nouveaux lecteurs et lectrices. La mode, la musique et les objets deviennent un langage commun, et nous montre que l’œuvre, en suspend depuis 2009 mais non arrêtée, vit toujours très bien au-delà de ses pages.
Nana Remix : le retour du shôjo culte

Les éditions Delcourt/Tonkam célèbrent le retour de Nana d’Ai Yazawa avec le coffret Nana Remix, un événement attendu par les fans comme par les nouvelles lectrices et les nouveaux lecteurs. Ce premier coffret rassemble les tomes 1 à 10, avec le fanbook 7.8 inclus, et propose un design repensé, qui donne un côté plus moderne et élégant, ainsi que deux ex-libris couleur inédits. Deux cartes qu’on prendra plaisir à exposer. Une jolie occasion de redécouvrir l’histoire des deux Nana dans Tokyo.
« Vous avez l’air de très bien vous entendre toutes les deux, que diriez vous de co-louer cet appartement ? » . Cette édition rend hommage à l’univers original tout en offrant une présentation soignée, pensée pour être agréable à lire et à collectionner. Que l’on connaisse déjà le manga ou que ce soit une découverte, le coffret permet de se (re)plonger dans l’émotion, la musique et la mode qui font la force de l’œuvre. On regrettera juste que la devanture ne puisse pas s’enlever pour pouvoir avoir une belle bibliothèque des tomes. Néanmoins, le coffret a misé sur l’importance des détails : le soin apporté au design, le choix du papier et la mise en page reflètent la sensibilité d’Ai Yazawa et de l’éditeur pour cette œuvre
Le deuxième coffret, qui regroupera les tomes 11 à 21, sortira en 2026, complétant la série et permettant de vivre l’histoire dans son intégralité. Avec Nana Remix, Delcourt/Tonkam offre aux fans une expérience complète d’un manga culte, qui continue de toucher toutes les générations et de marquer la pop culture.
Vingt ans après sa sortie, Nana reste un manga capable de toucher toutes les générations. Entre émotions, musique et style, son univers continue d’inspirer, de faire rêver et de marquer la pop culture.
Nana Remix – Coffret T01 à T10 de Ai Yazawa Ed. Delcourt Tonkam à 85€
