Baten Kaitos, un classique de la GameCube à (re)découvrir sur Switch !

Les remasters sont à la mode sur la Nintendo Switch et 20 ans après sa sortie sur GameCube au Japon, Baten Kaitos : Les Ailes éternelles et l’Océan perdu a droit de reprendre son envol. Si le premier opus n’a pas connu un succès commercial, son univers et sa mécanique de jeu original avaient marqué les fans de JRPG notamment. Et trois années après, le préquel intitulé Origins voyait le jour sans jamais débarquer en Europe malheureusement… Baten Kaitos I & II HD Remaster, disponible depuis le 15 septembre, est l’occasion d’enfin connaître (en anglais) le second opus de la franchise Baten Kaitos.

Une Baten Kaitos 1 et 2 HD
©Bandai Namco Entertainment Inc.

Il était une fois l’Océan perdu, la Baleine et le Continent suspendu…

Mille ans avant le début du jeu, quand l’humanité ne vivait pas encore dans le Ciel, le dieu maléfique Malpercio envahit le monde et avala l’Océan où une énorme baleine vivait paisiblement. La guerre fut terrible mais cinq héros magiciens réussirent à sceller l’ancienne divinité de la destruction en cinq parties. Grâce à leur puissante magie, ils firent léviter les îles dans le Ciel pour quitter la Terre désolée. Les humains se virent pousser des Ailes du cœur et vécurent une existence paisible dans les cieux. Cette époque fut longue et tranquille… mais son effondrement avait commencé. C’est au moment où un jeune homme appelle son ange gardien que cette histoire commence sur un Continent suspendu dans les airs.

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Si vous ne le saviez pas, Les Ailes éternelles et l’Océan perdu regorge de références astronomiques. Citons d’abord Baten Kaitos signifiant « le ventre du monstre marin », l’autre nom d’une étoile de la constellation de la Baleine, Ceti (ζ). Les 5 grandes nations du jeu portent des noms tirés de la cosmologie, excepté l’île d’Anuenue qui signifie « arc-en-ciel » en hawaïen. Ainsi, Sadal Suud doit son nom à Beta Aquarii, l’étoile la plus brillante de la constellation du Verseau appelée traditionnellement Sadalsuud. Mira à l’étoile du même nom de la constellation de la Baleine. Alfard est l’étoile la plus brillante de la constellation de l’Hydre. Diadème est l’autre nom de Alpha Comae Berenices, une étoile binaire de la constellation de la Chevelure de Bérénice. L’une des quêtes du premier jeu est de collecter des fragments de constellations pour les rendre au Temple en échange de magnus.

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Un univers riche à explorer

L’originalité dans les jeux Baten Kaitos est que, contrairement à d’autres JRPG, le joueur n’incarne pas un des personnages mais un ange gardien lié à Kalas dans Les Ailes éternelles et l’Océan perdu et à Sagi dans Origins. Le rythme de l’histoire est assez lent au début et installe les bases du jeu pour que la seconde partie s’accélère avec son lot de rebondissements et de révélations. Les joueurs qui ne sont pas habitués aux jeux de rôle japonais pourront avoir du mal à venir à bout de la cinquantaine d’heures de jeu. Pour le remaster, aucun changement dans l’histoire et c’est tant mieux (même si cela pourrait déranger des joueurs habitués aux jeux actuels, condensés sur une dizaine d’heures en général) !

Dans le premier opus, Kalas est un antihéros pas forcément concerné par la fin du monde annoncée et la survie de ses compagnons d’aventure. Son seul objectif est de se venger du meurtre de sa famille. S’il crée un groupe avec la « voleuse » Xelha, c’est uniquement pour se rapprocher de son but : retrouver Giacomo et le tuer. Les événements s’enchaînent et la découverte du sombre plan de l’Empire d’Alfard embarque les héros dans une course contre la montre à travers les différentes îles, à la recherche des 5 Magnus Ultimes. Comme le très bon Tales of Symphonia en son temps sur GameCube, qui a d’ailleurs eu droit dernièrement à son remaster sur Switch, l’aventure amène à rencontrer des personnages attachants où l’on prend plaisir à découvrir leur passé et leurs objectifs.

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L’histoire du préquel Origins se déroule une vingtaine d’années avant Les Ailes éternelles et l’Océan perdu. En tant qu’ange gardien, nous suivons Sagi, un agent d’élite du Dark Service de l’Empire d’Alfard. Notre héros est accompagné par une paramachina appelée Guillo, c’est-à-dire une espèce de poupée mécanique animée par la magie. Au début du jeu, notre mission est d’assassiner l’empereur Organ. Leur cible est tuée par une autre faction et Sagi et Guillo sont accusés à tord de l’assassinat. En fuyant de la ville, ils sont rejoints par Milly. Le trio a pour objectif d’innocenter Sagi avec en toile de fond un conflit entre politiciens dans la course à l’investiture impériale. Avec seulement 3 personnages contre 6 jouables dans le premier opus, le casting est ainsi très réduit mais cela permet de mieux se concentrer sur le trio.

Bonne pioche pour son système de cartes

Outre son histoire prenante, Baten Kaitos avait marqué les esprits grâce à son excellent système de jeu basé sur les magnus. Que cela soit lors des combats ou en pleine exploration, le joueur peut compter sur ces cartes magiques qui absorbent l’essence de toute chose. Par exemple, si des flammes bloquent un passage, il suffit d’utiliser un magnus où l’on a capturé de l’eau. Armes, armures, potions, nourritures, divers objets : tout peut être miniaturisé sous forme de magnus. Certains PNJ ont besoin d’objets précis et les aider permet de gagner des cartes. Le système est quasi identique dans les 2 opus.

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Dans Origins, leur nombre a été diminué (plusieurs centaines contre plus de 1 000 auparavant) et il n’y a plus qu’un deck pour toute l’équipe pour rendre les combats encore plus dynamiques avec les phases d’attaque et de défense qui s’enchaînent très vite. Dans Les Ailes éternelles et l’Océan perdu, chaque personnage a son deck avec des cartes propres (armes, armures et attaques spéciales). Les combats étaient plus stratégiques et demandaient plus de réflexion dans le premier opus car l’élément et le nombre spirituel des cartes utilisés dans le même tour ont un impact sur les dégâts. En effet, les éléments s’annulent par paire : eau/feu, lumière/ténèbres et vent/temps. Si la simplification effectuée dans le préquel donne des combats plus rythmés, cela se fait au détriment de la réflexion, un élément que l’on aime lorsque l’on joue à un RPG. Le système par cartes a un revers difficilement améliorable : une distribution aléatoire qui fait que l’on peut « perdre » des tours d’attaque, faute de cartes d’attaque…

Un remaster au goût amer…

Pour commencer, abordons les points positifs, au final assez peu nombreux, de cette version remastérisée. Tout d’abord, notons les améliorations graphiques de jeux, remaster HD oblige dirons les mauvaises langues, qui avaient une vingtaine d’années au compteur. C’est un véritable plaisir de rejouer à Baten Kaitos et ses décors en peinture aquarelle, avec une direction artistique assumée et originale : surtout en mode portable grâce à cette possibilité offerte par la Switch ! Si la résolution a été améliorée et les graphismes lissés, il ne faudra pas s’attendre à des miracles, soyons honnêtes : il ne s’agit pas d’un remake avec des graphismes actuels.

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Malheureusement, ce remaster se repose essentiellement sur les qualités des jeux de l’époque. On a vraiment l’impression que le portage a été réalisé à la va-vite sans clairement vouloir rendre hommage à Baten Kaitos. Preuve en est avec les doublages anglais supprimés, où le joueur devra uniquement se contenter des voix japonaises avec les sous-titres français pour Les Ailes éternelles et l’Océan perdu et seulement en anglais pour Origins ! Il est vrai que le préquel n’était pas sorti en Europe mais ne pas avoir choisi de traduire ce jeu inédit montre que l’éditeur n’a pas assez investi dans le remaster.

Enfin, que dire des options de confort ajoutées ? Laisser l’IA jouer à notre place durant les combats, tuer les ennemis en une seule attaque, augmenter la vitesse du jeu et des combats jusqu’à 300% ne servent à rien ou pire, ne font que tuer l’intérêt du jeu ! La seule option vraiment bien est la disparition du tableau des dégâts à chaque tour pour que les combats gagnent en dynamisme. La possibilité de désactiver les combats en exploration fait office de gadget et n’apporte pas grand-chose dans l’expérience vidéo-ludique.

Pour les joueurs de plus de 20 ans, Baten Kaitos était un bon JRPG sur GameCube. Que penser de ce remaster sur Switch ? S’il faut en premier lieu saluer les améliorations graphiques, les fans de la première heure ne pourront qu’être déçus et frustrés par les mauvaises décisions prises par l’éditeur : pourquoi ne pas avoir traduit en français le préquel Origins ? À l’époque, les Français n’avaient pas pu y jouer et ce remaster était pourtant une bonne occasion pour rectifier le tir mais non, les personnes qui n’auront pas un niveau en anglais suffisant devront se contenter du premier opus et des options pour la plupart inutiles !

©Bandai Namco Entertainment Inc.

David Maingot

Responsable Culture à JDJ et passionné de la culture et de l'histoire du Japon, je rédige des articles en lien avec ces thèmes principalement.

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