Erio & the electric doll, balade initiatique en monde inconnu
ERIO & the electric doll est un manga post apo qui touche aussi bien par la beauté de ses dessins que par la poésie qui se dégage des rencontres que feront les deux demoiselles tout au long de leur voyage initiatique. Porté par un duo d’auteurs talentueux, cette nouvelle série a débarqué chez Mangetsu en avril 2025. La maison d’édition s’est ayors payé le luxe d’une présentation presse au sommet de la tour Eiffel. C’est dans ce décor steampunk que nous avons pu découvrir Erio et Ange, dans un monde sans technologie.
Le duo d’artistes derrière Erio & the electric doll
Shimazaki Mujirushi a commencé sa carrière en 2015 en participant à l’anthologie Gakkou Gurashi! Anthology Comic – Kai (basée sur l’œuvre School-Live !), puis il s’occupe de la série Dresseuses de monstre (Komikku) qui comptera deux tomes.
Ensuite, c’est au tour du one-shot An orc & a little witch (inédit en France). Puis, il s’illustre avec le manga web humoristique Otome Danshi ni Koisuru Otome (inédit en France) en 2017. C’est avec les séries Shiryou Jutsushi no Otetsuda et Katsuben Ouji no Hanayome-san qu’il range ses crayons pour s’occuper uniquement du scénario laissant la dessinatrice Hama s’occuper des dessins. Il fait de même avec Kuroimori pour le manga qui nous intéresse aujourd’hui : Erio the electric doll.

Pour l’illustratrice Kuroimori, Erio & the electric doll est son premier projet de manga. Avant cela, elle s’est fait connaître sur les réseaux sociaux avec ses fanarts sur le célèbre jeux vidéo Final fantasy XIV. En France, elle n’est pas totalement inconnue car son art book Steam Reverie in Amber a été édité par Noeve grafx en 2022.
Erio & the electric doll est ainsi scénarisé par Shimazaki Mujirushi et dessiné par Kuroimori. Il est en cours de parution en ligne sur Tonari no Young Jump (magazine seinen) depuis 2022. L’un est au Japon, alors que l’autre vit dans un autre pays. Qu’importe : les échanges se feront grâce à internet. Les storyboard sont assez clairs pour que les échanges le soient aussi. Paradoxalement, le duo se rencontre pour la première fois en France, grâce à Erio & the electric doll chez Mangetsu.
Comme évoqué dans l’introduction, Mangetsu a donc mis les petits plats dans les grands lors de la soirée de présentation du manga à la presse, libraires et autres acteurs du milieu. C’est au premier étage de la Tour Eiffel que les personnes présentes ont pu profiter d’une interview en direct des deux auteurs, mais aussi d’une belle mise en valeur de différents storyboards, planches et des illustrations.
Les jours suivants, Shimazaki Mujirushi et Kuroimori sont partis en dédicaces à la libraire PULP’S BD et la FNAC des Ternes. Un marque-page fut offert pour l’achat du premier tome dans les librairies participantes. La maison d’édition n’a vraiment pas hésité à offrir un très beau lancement à Erio & the electric doll.
Erio & the electric doll : L’histoire d’une rencontre
Dans ce récit, une guerre meurtrière a éclaté entre les hommes et les IA. Pour y mettre un terme il a été décidé de renoncer à l’électricité et de faire un bond en arrière technologique. La paix semble être revenue… Mais les inégalités persistent.
Dans un phare Erio a été élevé par Ange, la dernière androïde encore en fonction. Cette dernière a sauvé Erio en la sortant d’un laboratoire où elle était retenue car elle peut produire de l’électricité. C’est grâce à la jeune fille et à ces bisous électriques qu’Ange est toujours en état de marche alors que l’électricité a disparu.

ERIO TO DENKININGYO © 2022 by Shimazaki Mujirushi, Kuroimori / SHUEISHA Inc.
Ce manga nous plonge dans un univers steam punk à la rencontre de l’humanité dans ce qu’elle offre de plus beau mais aussi de plus sombre. Lors de ce voyage initiatique, Erio et Ange font de belles rencontres humaines. Le duo est attachant et fonctionne parfaitement : elles nous emportent dans leurs valises à la recherche des origines mystérieuses d’Erio. Pourquoi produit-elle de l’électricité ? Ange qui ne semble pas éprouver de sentiment, mais protège coûte que coûte la jeune humaine.
La relation spéciale entre les deux jeunes femmes, est selon les auteurs, laissée à notre imagination. Amour ou pas ? Ange peut-elle simplement ressentir des sentiments ? Ils ne trancheront pas pour vous dans ce premier tome, mais ils ne réfutent pas non plus leur amour réciproque. Ils nous poussent à lire la suite de leurs aventures pour en savoir plus.
Le scénario Shimazaki Mujirushi est solide, et soutenu par les magnifiques dessins de Kuroimori. Le duo est en symbiose parfaite pour enchanter les lecteurs.
Interview des auteurs d’Erio & the electric doll

Comme nous le disions, nous avons eu la chance de rencontrer les deux auteurs d’Erio & the electric doll lors d’une conférence de presse. C’est au cœur de Paris, dans un bel hôtel parisien dont la décoration était en adéquation avec l’atmosphère Steampunk que nous avons pu en apprendre plus sur eux et leur vision de l’IA.
Journal du Japon : Comment s’est déroulé le choix de collaborer avec Kuroimori ? Et plus globalement comment vous organisez-vous pour élaborer Erio & The Electric Doll ?
Shimazaki Mujirushi : Dès le départ, je voulais uniquement signer le scénario de cette œuvre. Tout en discutant avec ma responsable éditoriale j’ai fait un “nēmu” (storyboard). Et à partir de ce dernier, la rédaction du magazine a cherché un/une dessinateur/dessinatrice. Avoir trouvé Mme Kuroimori, c’était vraiment comme un rêve pour moi.
En ce qui concerne notre manière de travailler, en général je transmets à ma responsabilité éditoriale le storyboard, ensuite à partir de là Mme Kuroimori va réaliser les dessins. Parfois, si besoin, nous discutons par messagerie en ligne pour les détails.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours de vos débuts jusqu’à Erio ?
Kuroimori : J’ai toujours publié des illustrations sur les réseaux sociaux, y compris des fan arts pour Final Fantasy XIV. Je suis très reconnaissante que de nombreuses de personnes soient venues voir mon travail, et j’ai pu publier un recueil d’illustrations intitulé « Steam rêverie in Amber ». Cette publication m’a permis de recevoir encore plus d’offres d’emploi. Et donc à force de publier mon travail sur les réseaux sociaux, j’ai attiré l’attention de la rédaction du Tonari no Young Jump qui m’a proposé le projet d’Erio & the electric doll.
M. Shimazaki Mujirushi qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire l’histoire d’Erio & the electric doll ?
Shimazaki Mujirushi : Avec ma responsable éditoriale, nous nous sommes posés la question du genre d’histoire que nous pourrions imaginer. C’est à ce moment-là que le concept nous est venu à l’esprit de voyage de deux jeunes filles dans un monde post-apocalyptique. Rien que le concept m’a beaucoup parlé. Immédiatement, il y a eu toutes sortes d’inspirations qui sont nées dans mon esprit.
L’histoire s’est développée au fur et à mesure jusqu’à devenir ce qu’il est dans Erio & the electric doll.
Créer des illustrations et un manga sont deux choses très différentes. Quels sont les challenges que vous avez dû relever pour Erio & The Electric Doll ?
Kuroimori : Lorsque je fais des illustrations et que je vais représenter un personnage, je vais prendre une photo de quelqu’un avec cette position. Ensuite, je vais dessiner en regardant la photo. Mais dans le cas du manga évidemment je n’ai pas le temps de faire ça pour chaque position de personnage. Donc j’ai d’abord un peu ré-appris la manière de dessiner le corps humain.
Mon style en tant qu’illustratrice se caractérise par un usage des couleurs qui est assez aérien. On sent un petit peu l’air qui passe. Je me suis posée la question du passage au noir et blanc. Comment faire pour conserver cette atmosphère ? J’ai donc fait en sorte d’avoir de la respiration dans mon trait, d’avoir un trait qui respire. Et aussi d’intégrer du blanc dans les noirs et de ne pas faire des noirs complètement noirs, mais d’avoir des touches. De blanc pour avoir une atmosphère qui se rapproche de mes illustrations couleurs.

L’IA est au cœur de l’actualité ces deux dernières années : est-ce que vous vous en servez dans votre quotidien ou votre travail et pensez-vous qu’une utilisation raisonnée soit la clé pour sa pérennité ?
Shimazaki Mujirushi : Dans mon travail quotidien, je ne vais pas beaucoup utiliser d’IA. Mais je pense que dans un futur proche c’est une possibilité. C’est une possibilité que je ne peux pas ignorer. Mais je pense que si j’utilise une IA, il faut que je veille à ce qu’elle garde son rôle d’assistant. Il ne faut surtout pas devenir dépendant ou se laisser dominer par l’IA.
KUROIMORI : À un moment donné, je me suis dit peut-être que l’usage de l’IA pourrait m’être utile pour les arrière-plans ou pour dessiner juste des personnages comme des passants par exemple. Donc je me suis dit : « tiens, si j’essayais ? » mais en fait j’avoue être j’avoue que les machines et moi ça fait un peu deux. Je n’ai pas trop utilisé ni réussi à maîtriser l’IA. Et j’ai abandonné.
Je pense que les IA génératives se marient assez mal avec l’univers du steampunk puisque dans le steampunk on a des structures de machines qui n’existent pas dans la réalité. Mais l’IA, elle se base sur des éléments qui existent dans la réalité pour créer ces images. Ça ne peut pas fonctionner pour le steampunk.
Dernier point, ça peut aussi poser beaucoup de problèmes au niveau des droits d’auteur. Donc pour le moment, je regarde cela de loin sans y toucher.
Merci pour cette interview.
Nous tenons également à remercier Miyako Slocombe pour son interprétation et à toute l’équipe de Mangetsu pour l’organisation de cette interview d’Erio & the electric doll.
Vous pouvez retrouver les auteurs et l’éditeur sur les réseaux sociaux : Kuroimori, Shimazaki Mujirushi et enfin les éditions Mangetsu .
