Six mangas pour frissonner en 2025 : Ito et Kago au sommet !

Le manga d’horreur poursuit son étrange et fascinant chemin dans nos librairies françaises avec ce premier semestre 2025 : du Shintaro Kago et du Junji Ito en voulez-vous en voilà ! À eux deux, ils nous offrent de nombreuses histoires à la fois terrifiantes, dramatiques et burlesques. Ces nombreuses sorties sont l’occasion parfaite pour plonger dans leurs univers aussi déroutants que singuliers !

Shintaro Kago : humour noir et cerveaux en vrac

Harem End © IHMO

Harem End

Résumé : « Un jeune homme se retrouve soudainement dans une situation digne d’un anime : son amie d’enfance, une tsundere, sa fiancée, sa belle-sœur et une extra-terrestre décident de former un harem et de vivre en colocation ! Une bataille féroce s’engage alors pour conquérir son cœur… Mais Shintaro Kago ne saurait s’en tenir à un simple harem. Nos cinq protagonistes ne cacheraient-elles pas des intentions toutes autres sous leurs airs de jeunes filles amoureuses et innocentes ? »

« Si j’ai rejoint Harem End, c’est pour mettre fin à cette vie de maltraitance masculine ! » : et si les victimes prenaient enfin leur revanche ? Qu’est-ce que pourrait bien donner un groupe de femmes motivées par la vengeance et inspirées par le guide de toutes les peines de morts jamais données ? Voici certainement les questionnements à la base de Harem End qui ont animé notre cher Shintaro Kago pour ce thriller nécrophile où se mêlent règlement de comptes et manipulations des corps.

Harem End, c’est le nom d’un groupe de supers vengeresses composé de 5 femmes aux profils bien distincts, chacune ayant son rôle à jouer dans le harem : Nao, la lolita, Miyuki, la jeune fille classe, Minami, la fille banale, Kotono, la denpa, et Nagisa, la tsundere. Une fois leur victime identifiée, plus rien ne les arrête. Le processus est parfaitement rôdé et rien ne laisse pas de place à l’erreur. Elles approchent l’homme qu’on leur a demandé de tuer sans qu’il ne sente le piège se refermer sur lui, ce dernier, si heureux de voir tant de femmes s’intéresser à lui, ne se doute alors de rien. Tout est si facile, trop facile. Mais ça, c’était avant de tomber sur la mauvaise proie…

Harem End est un one-shot édité par IHMO au prix de 18 euros. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

Dommage Cérébral © Huber Editions

Dommage cérébral

Résumé : « Testez la résistance de votre mental ! Votre cerveau sera-t-il capable de résister aux dommages causés par les histoires de ce recueil ? 4 récits terrifiants, choquants, absurdes et immersifs durant lesquels Shintaro Kago s’impose comme un des grands maîtres du manga horrifique. Vous en sentez-vous capables ? »

On sort du thriller macabre pour plonger tout droit dans de l’horreur plus absurde et surnaturelle avec Dommage cérébral et ses 4 histoires courtes. Si la première s’inscrit dans la logique de Harem End, avec un huis clos où les corps sont mutilés et exploités, les trois suivantes explorent les phénomènes paranormaux, avec pour certaines l’appel à des créatures assoiffées de sang.

Les 4 histoires, plus étranges et morbides les unes que les autres, ne se ressemblent en rien. La première s’ouvre sur le réveil de quatre jeunes filles étrangement similaires, habillées et coiffées de la même manière, enfermées dans une pièce vide. Elles semblent avoir été kidnappées pas plus tard que la veille. La seconde met en scène une société moderne qui a dû faire face aux retours inexpliqués de personnes décédées, qu’il faut accompagner vers l’acceptation de leur mort. La troisième tourne autour d’un grand-père, plutôt pervers et très amnésique, dont les proches disparaissent mystérieusement les uns après les autres. Et la dernière, sans doute la plus inattendue, donne vie à des créatures à la fois démoniaque et mécanique à la recherche de chaire fraîche…

Dommage cérébral est un recueil d’histoires courtes publié chez Huber Éditions au prix de 20 euros. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

Dementia 21 © Huber Editions

Dementia 21

Résumé : « Yukie, jeune femme dynamique et pétillante est une employée modèle de l’entreprise GREEN NET spécialisée dans les soins aux personnes âgées… Volontaire, serviable et heureuse de faire ce travail, elle vise chaque jour rien de moins que l’excellence et le bien être de ses patients. Elle est donc considérée à juste titre comme la meilleure employée de GREEN NET. Mais un beau jour, rongée par l’aigreur, une collègue jalouse fomente un véritable complot pour disgracier Yukie. C’est alors le début des ennuis pour notre chère Yukie qui va découvrir que certaines missions peuvent être d’une dangerosité extrême. Certains patients ne sont en effets pas les douces et calmes personnes âgées auxquelles elle s’attendait et certaines situations sont impossibles à gérer… »

À l’occasion de la sortie du tome 2 de Dementia 21, qui a obtenu le prix d’Angoulême Fauve de la Série en ce début d’année 2025, revenons sur ce titre tout particulier de Kago Shitaro. Publié dans son édition originale en 7 tomes, Dementia 21 nous est proposé en France par les éditions Huber en 2 tomes grand format, dont le premier est sorti en 2023.

Dans Dementia 21, nous suivons les aventures à la fois loufoques, comiques et dérangeantes de Yukie, une jeune assistante à domicile de l’entreprise Green Net. En tête de liste des meilleurs employés de la société depuis qu’elle y a été embauchée, Yukie a attiré la jalousie d’une rivale qui n’est autre que l’amante d’un des dirigeants. Obsédée par l’idée de la voir échouer à ses tâches, cette dernière fait envoyer Yukie dans les pires environnements possibles, aux côtés des personnes âgées les plus difficiles à gérer. Véritable critique du traitement des séniors dans notre société, Dementia 21 dénote par ses situations plus absurdes qu’horrifiques, avec un accent mis sur les personnes séniles et abandonnées.

Dementia 21 est une série en 2 tomes publié chez Huber Éditions au prix de 23 euros chacun. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

Junji Ito : quand le réel se fissure

Décapitées © Mangetsu

Décapitées

Résumé : « Un jeune homme qui se réveille un matin avec du fil écarlate cousu à même la peau, un rituel funéraire ancestral qui retient les âmes des morts, un cirque maléfique aux funestes numéros, un meurtre sanglant dans une salle d’art remplie d’étranges sculptures décapitées, un cimetière peuplé d’épouvantails aux allures de linceuls… »

Suite du Déserteur que nous vous avons présenté dans la sélection de mangas d’horreur de l’été dernier, les nouvelles de Décapitées ont toutes été publiées entre novembre 1990 et février 1992 dans le magazine Gekkan Halloween, en parallèle de l’incontournable Tomie.

Compilées dans l’ordre chronologique de publication, les 12 nouvelles de Décapitées posent les bases de ce qui deviendra la marque distinctive de l’auteur : des histoires entre deux mondes où les protagonistes n’ont que peu d’importance face à leur environnement qui, lui, est la véritable substance du récit. Des statues en quête de tête, un disque post-mortem qui obsède, une malédiction qui fait ressortir le pire du narcissisme de l’être humain… Chaque histoire nous plonge dans un univers atroce, sanglant, ou au mieux glauque, où les personnages subissent le sort qui est le leur.

Mais ces derniers ne sont pas forcément à plaindre : si on peut ressentir de la peine pour certains d’entre eux, la grande majorité ne sont finalement que les reflets du pire de l’espèce humaine. Cupidité, jalousie, obsession ou encore vengeance et égoïsme, il peut être difficile de compatir avec ces héros et héroïnes qui ne nous inspirent pas grand chose de positif.

Décapitées est un one-shot publié chez Mangetsu au prix de 24,95 euros. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

Dans l’ombre © Mangetsu

Dans l’ombre

Résumé : « Une impasse murée dans laquelle résonnent des cris d’enfants dès que la nuit tombe, un sinistre dortoir d’hôpital dont les patientes semblent liées jusque dans leurs rêves, une belle demeure envahie par une moisissure rampante qui dévore tout sur son passage, une jeune fille qui se sent épiée jusque dans son intimité, un mystérieux marchand de glaces qui attire ses victimes dans son camion. »

Et c’est encore une suite que nous propose Mangetsu avec Dans l’ombre : les 11 histoires de ce recueil ont vues le jour entre 1991 et 1993, mais ne sont pas compilées dans l’ordre chronologique. On y retrouve en réalité 2 groupes de publications : un premier de mars 1992 à avril 1993, qui correspond aux nouvelles publiées dans le fameux Gekkan Halloween à la suite de celles de Décapiées ; et un deuxième de février 1991 à mai 1993 qui, lui, correspond aux histoires publiées dans le Nemuki. Ce dernier est à l’origine un hors-serie du Gekkan Halloween, mais il finira par lui survivre en 1995 grâce à sa ligne éditoriale plus fantastique. C’est d’ailleurs le Nemuki qui publie encore aujourd’hui les œuvres de Junji Ito, soit 30 ans plus tard !

Cette différence influe le nombre de pages commandées à l’auteur. Si la plupart des histoires font en effet 32 pages, on apprécie de découvrir un autre format grâce au Nemuki qui publie des histoires allant de seulement 20 pages, avec Les fumeurs, jusqu’à 70 pages, avec La ville sans rues. Prenons d’ailleurs le temps de parler de cette dernière : ici l’auteur nous plonge dans un univers étriqué où l’intimité n’est plus. L’histoire, bien plus longue que d’habitude, ressemble à un cauchemar sans fin. Ce qui part d’une simple conquête d’amour devient un véritable labyrinthe qui mène tout doucement à la folie. On peut d’ailleurs dire que cette nouvelle représente bien le thème de ce recueil : la sensation d’être pris au piège, et de n’avoir aucun échappatoire, même pas dans la mort, comme nous l’illustrent L’assentiment et La moisissure.

Dans l’ombre est une one-shot publié chez Mangetsu au prix de 24,95 euros. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

Sutures © Mangetsu

Sutures

Résumé : « Un beau matin, Monsieur A. retrouve son épouse frappée d’un mal étrange et inquiétant. La bibliothèque du collège de la jeune I. devient le théâtre d’une apparition surnaturelle. Trois vacancières assistent à une manifestation lumineuse inexplicable au cœur de la nuit. Un vieux pantin articulé, trouvé dans un carton par la troupe d’une apprentie comédienne, devient le déclencheur de nombreux incidents… »

Ce dernier titre est tout particulier : si le nom de Junji Ito y apparait bien, c’est uniquement aux illustrations ! Les nouvelles, elles, sont de Hirokatsu Kihara, un auteur à succès de récits de fantômes japonais (kaidan) avec qui le maître de l’horreur avait déjà collaboré dans Les cauchemars de Mimi (sélection de l’hiver 2023). Mais sa singularité ne s’arrête pas là : l’ouvrage n’est pas proposé sous format de manga mais de roman illustré.

Dans la même veine que le maître de l’horreur, son homologue Hirokatsu Kihara dresse des situations où l’angoisse prend toute la place. Ici, les protagonistes n’ont pas d’identité : « I. », « A. », « M », … seules des lettres les nomment. Ils subissent les situations qui se présentent à eux et, bien que passagères, ces dernières ne sont pas anodines. De la petite écolière qui coure dans les couloirs de la bibliothèque à la jeune femme pendue qui apparait dans la chambre à coucher, en passant par le marionnettiste qui s’évapore et la belle jeune fille assise autour du feu qui attire tous les regards masculins, nombre de fantômes ou d’êtres malveillants se manifestent dans ces 9 petites histoires qui prennent vie aux travers des horrifiques illustrations de Junji Ito. L’ouvrage se conclut sur un chapitre supplémentaire de Sutures entièrement dessiné, format manga donc !

Sutures est un one-shot publié chez Mangetsu au prix de 14,95 euros. Plus d’informations sur le site de l’éditeur.

Le manga d’horreur de ce premier semestre 2025 est à la hauteur des attentes : entre les délires de Shintaro Kago et les mondes horrifiques de Junji Ito, on oscille sans répit entre curiosité, inconfort, angoisse et épouvante. Une chose est sûre : l’horreur graphique est au rendez-vous !

Rokusan

Roxane, passionnée depuis l'enfance par le Japon, j'aime voyager sur l'archipel et en apprendre toujours plus sur sa culture. Je tiens le blog rokusan.fr dédié aux voyages au Japon.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *