Diablo Macha, de Da Hosoi : quand les démons ont bon cœur
Auteur d’origine italienne, Da Hosoi a fait ses classes au Japon avant de livrer un shônen aussi dynamique qu’attachant. Sa série, portée par le personnage de Neve, nous plonge dans un univers où les démons ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Avec un trait qui évoque celui de My Hero Academia, et un récit qui mêle action, bienveillance et grands questionnements, ce premier tome a su nous séduire dès les premières pages.
Rencontre avec un auteur qui s’est totalement approprié les codes du genre.

Résumé de l’éditeur : Adopte (un gentil) démon !!
Neve est un invocateur qui coule des jours heureux avec de gentils démons. Sa mission : les invoquer sur Terre car ils sont harcelés en Enfer pour leur nature bienveillante.Mais ce stratagème est vu d’un mauvais œil par les autres démons qui vont tenter de s’infiltrer dans leur refuge pour le réduire à néant.
Neve va devoir se battre pour préserver ce qui lui est cher en utilisant d’étranges et puissants nouveaux pouvoirs. Cependant, il est loin de se douter que ce combat va remettre en question toutes ses certitudes…
Da Hosoi : Parcours et influences
Journal du Japon : Bonjour Da Hosoi, et merci pour ton temps. Tu es d’origine italienne mais tu as été formé au Japon. Comment cette double culture a-t-elle influencé ton travail ?
Da Hosoi : J’ai grandi avec les bandes dessinées, puis les mangas. Mais c’est vraiment en lisant Dragon Ball que l’envie de devenir mangaka est née. Ensuite, j’ai eu la chance de dessiner directement au Japon, et c’est là-bas que j’ai eu le vrai coup de cœur. C’est ce séjour qui a confirmé ma vocation.

Peux-tu justement nous parler de cette formation au Japon : quel était ton quotidien, qu’est-ce que cette expérience t’as appris ?
J’ai participé à un concours de manga au Japon, et j’ai terminé 3ᵉ sur plus de 1 000 participants. Ensuite, j’ai suivi une formation à Tokyo. Mon quotidien se déroulait sur un campus, entièrement dédié à l’apprentissage du manga. Ce sont des Japonais qui m’ont tout appris : le processus complet, de l’idée à la réalisation. Là-bas, ma vie tournait vraiment autour du manga.
Le Japon a un immense marché du manga. En Italie, ce marché n’existe quasiment pas, alors qu’en France, il est très développé. C’est pour cela que je travaille aujourd’hui en France, où il y a bien plus de lecteurs.
J’ai aussi observé une grande différence culturelle : au Japon, le travail passe avant tout. Ils commencent par travailler, et seulement ensuite, s’il leur reste du temps, ils le prennent pour eux. C’est une autre manière de vivre et de penser le métier.
En Italie comme en France, les anime japonais ont marqué les années 80-90 et le début des années 2000. Est-ce que tu as grandi avec cette culture ? Quelles séries t’ont marqué ?
J’ai grandi avec Saint Seiya, Dragon Ball, Inu Yasha… Je les enregistrais à la télé et je les regardais en boucle. C’est comme ça que j’ai commencé à recopier les dessins. Dragon Ball et Ken le Survivant font vraiment partie de mes grands coups de cœur.

Ton dessin évoque immédiatement le shônen à la My Hero Academia. Quelles sont tes inspirations, graphiques et narratives ?
Je suis un grand fan de l’auteur de My Hero Academia, et on m’a souvent dit que mon style de dessin s’en rapprochait. Pourtant, ce n’est pas vraiment mon inspiration, même si la ressemblance est là.
En ce moment, l’auteur qui m’inspire le plus, c’est Yusuke Murata, notamment pour son travail sur Eyeshield 21. J’admire énormément la manière dont il dessine les scènes d’action. Comme lui, j’essaie d’apporter une vraie dynamique à mes planches… même si je ne sais pas encore si j’y parviens vraiment !
Pourquoi avoir choisi le shônen comme genre de prédilection ?
J’ai essayé de suivre la voie des mangas qui me parlaient vraiment. J’avais envie de créer quelque chose qui résonne avec moi, qui me ressemble.

Diablo Machia, un héros en Enfer
Comment est née l’idée de Neve et de cet univers peuplé de démons gentils ?
À l’origine, l’idée était celle d’un diable méchant parce qu’on sait tous que les diables sont censés l’être. Mais j’ai voulu inverser le cliché, et imaginer un diable gentil.
J’avais écrit cette histoire il y a longtemps, quand j’étais au lycée artistique en Italie, puis je l’avais mise de côté. C’est seulement après avoir étudié au Japon, et appris les techniques de narration et de dessin, que j’ai décidé de la ressortir et de la retravailler.
Le fait que ces démons soient harcelés en Enfer pour leur bienveillance est une idée forte. Est-ce une métaphore de l’exclusion ou de la marginalisation ?
Le conflit entre les diables, c’est un thème central pour moi. Ces personnages souffrent parce qu’ils sont rejetés, obligés de repartir sans cesse. Ils cherchent un endroit où se poser, un lieu où ils peuvent être eux-mêmes. Le héros aussi est en quête de cette sensation de paix, d’un foyer, d’une famille en qui il peut avoir confiance. C’est cette recherche d’appartenance qui traverse toute l’histoire.

Si tu pouvais invoquer un démon pour t’aider dans ton travail, il serait comment ?
Ce serait un assistant pour m’aider à dessiner ! (Rires)
As-tu d’autres projets avec Glénat ? Peux-tu nous en parler ?
Il y a des choses en préparation, mais il faudra faire preuve de patience.
Un petit message pour les lecteurs français qui découvrent ton univers ?
Tout d’abord, un grand merci à toutes les personnes qui ont lu mon œuvre et soutenu mon manga. Je remercie encore plus chaleureusement celles et ceux qui continueront à me suivre dans cette aventure.
Avec ce premier tome à la fois original, touchant et rythmé, Da Hosoi réussit le pari de s’approprier les codes du shônen tout en y injectant une bonne dose de cœur et de réflexion, et au fil de quatre volumes seulement, il déploie un univers complet, riche en émotions et en action, démontrant qu’un shônen peut être marquant et mémorable sans s’étirer à l’infini.
