Geo Book Japon : votre nouveau guide de voyage

Préparez vos bagages, votre thé et votre meilleur couverture, car nous vous emmenons aujourd’hui pour un aller direct au Japon depuis votre canapé, avec le dernier livre de Cécilia Rado paru dans la collection des GeoBook. Du nord au sud, la professionnelle du tourisme nous propose de découvrir le pays par thématiques, avec des conseils personnalisés et des interviews de locaux. Prêt·e·s à décoller ?

Un guide par thèmes

Contrairement à la plupart des guides touristiques, qui recensent les lieux par régions et zones géographiques, le Geo Book Japon les recense par thèmes : Histoire et patrimoine, Spiritualité et traditions, Gastronomie et art de vivre, Art et artisanat, Bien-être et évasion, Nature et ruralité, Villes et pop culture. Au début de chaque chapitre, vous retrouverez néanmoins une carte du Japon avec la localisation des différents lieux décrits à la suite : châteaux, restaurants, musées, etc. À chaque endroit présenté correspondent des itinéraires, une carte de visite (avec par exemple les horaires d’ouverture, l’adresse, comment s’y rendre…) et des conseils tels que la période idéale pour y aller. Des photographies accompagnent les textes, riches en anecdotes culturelles, qui vont à l’essentiel pour programmer votre voyage au mieux !

Inspiration GEO : Au XVIe siècle, le Japon est divisé en provinces dominées par des seigneurs belliqueux. L’un d’entre eux, Oda Nobunaga, entreprend d’unifier l’archipel sous sa bannière. Il est suivi par Toyotomi Hideyoshi, puis par Ieyasu Tokugawa qui achève son œuvre en 1600, lors de la bataille de Sekigahara. Ces figures historiques sont collectivement surnommées « les trois unificateurs du Japon ».

Une carte des 47 préfectures en début d’ouvrage et des double-pages consacrées aux différentes régions offrent par ailleurs un aperçu topographique intéressant. Celles-ci sont suivies de pages thématiques sur les saisons, les manières de se déplacer ou encore le budget à prévoir. Bien que le livre soit un peu trop épais et lourd pour être emporté lors de votre voyage, il est parfait pour préparer vos escapades en amont ! Notons la présence d’un chapitre dédié à l’écotourisme, incitant notamment à privilégier les séjours prolongés dans une même région plutôt que les longs tours nécessitant de longs déplacements une fois sur place.

Enfin, de nombreux portraits parsèment le livre : pêcheuse ama, moine, guide au Parc Mémorial de la paix, céramiste, propriétaires d’une maison de thé, d’un café, d’un bar… Cécilia y narre leur parcours sur une page, avec leurs témoignages. Un encart présente conjointement leurs recommandations de lieux à visiter là où ils vivent.

Le quartier des potiers de Tokoname compte beaucoup d’endroits où la nature reprend ses droits. J’aime particulièrement la vue depuis l’allée Dokan Zaka au coucher du soleil, avec la silhouette des cheminées envahies par la végétation. Les couleurs changent tout au long de l’année, c’est très beau.

Un concept qui permet de s’approcher au plus près du pays et de ses habitants.

Des destinations diverses et variées

Grand Bouddha de Kamakura © Nina Le Flohic

Si vous y retrouverez certains lieux touristiques bien connus des Français, comme le grand Bouddha de Kamakura ou le fameux sanctuaire Fushimi Inari de Kyoto, le livre fait la part belle aux destinations prisées des Japonais et pourtant moins connues à l’étranger.

Par exemple, connaissiez-vous le temple Nanzô-in de Sasaguri, près de Fukuoka ? Avec son immense Bouddha de bronze allongé – un des plus grands au monde – c’est un lieu magnifique et doté de belles surprises ! Ou bien la plage d’Itoshima et son torii blanc dans la mer ?

Ou encore le banc de sable d’Amanohashidate, près de Kyoto ? Une « destination qui revêt une grande importance aux yeux des Japonais » selon l’autrice.

Amanohashidate est source de croyances depuis plus de mille ans, plusieurs légendes locales évoquant la création d’un « pont vers le ciel » par les divinités shintô. De nombreux artistes et poètes sont venus sur place chercher l’inspiration. Parmi eux figure le peintre Sesshû (1420-1506), dont la vue d’Ama no Hashidate réalisée entre 1501 et 1506 est exposée au Musée national de Kyoto.

Vous l’aurez compris, ce livre nous fait voyager à l’autre bout du monde rien qu’en tournant ses pages !

Le Bouddha allongé de Sasaguri © Nina Le Flohic

Une autrice passionnée

Mais qui est donc Cécilia Rado, celle qui se cache derrière ces textes et recommandations ? Connue pour avoir fondé le site Passeport Japon, elle est également autrice de Gotochi, le guide illustré du Japon régional. Professionnelle du tourisme, elle aime partager ses expériences et découvertes… Journal du Japon a décidé d’aller à sa rencontre pour vous !

Bonjour Cécilia et merci infiniment d’avoir accepté de répondre à nos questions. Pour commencer, pourriez-vous vous présentez à nos lecteur·ices ?

Je m’appelle Cécilia, je suis autrice de guides de voyage, mais aussi blogueuse spécialisée Japon depuis plus de 10 ans. En parallèle de mon parcours universitaire et professionnel orienté vers le tourisme et la valorisation du patrimoine, j’ai créé mon blog Passeport Japon en 2015. Mon but était alors de partager mes récits de voyage dans l’archipel, pour garder une trace de mes découvertes… mais les choses ont un peu débordé ! Je suis devenue complètement accro à ce pays fascinant et petit à petit, le Japon est devenu mon principal centre d’intérêt et une incroyable source d’inspiration.

Comment est née votre passion du Japon ?

Née en 1985, j’appartiens à la génération Club Dorothée, mais curieusement, ma passion pour l’archipel n’est pas apparue avec les manga et anime. Enfant, j’étais une rêveuse attirée par les horizons lointains. L’Asie me fascinait particulièrement et ma mère l’a vite compris. C’est elle qui m’a offert mon premier livre sur le Japon, un ouvrage de Stephen Mansfield, devenu mon livre de chevet. Je l’ai toujours avec moi aujourd’hui. En feuilletant ses pages, j’ai commencé à rêver de voir le Pavillon d’Or, d’arpenter les couloirs vermillons du sanctuaire Itsukushima-jinja ou de me baigner dans des sources chaudes en pleine nature. Et puis le rêve de voyage s’est petit à petit dilué dans le quotidien. Je me disais sans cesse « un jour, j’irai au Japon », et les années ont passé… 

C’est à l’occasion de mes 30 ans que j’ai eu le déclic : je ne devais plus attendre pour réaliser mon rêve, au risque d’avoir des regrets. Je suis donc partie deux semaines pour un voyage assez classique, entre Tokyo, Kyoto et Osaka. Et ça a été le coup de foudre ! Dix ans plus tard, j’en suis à six voyages, pour une durée cumulée de près de 6 mois entièrement consacrés à l’itinérance, et j’aurais probablement plus de séjours au compteur si l’épidémie de Covid-19 n’était pas passée par là… 

Qu’aimez-vous particulièrement dans ce pays ?

L’esthétique épurée, la cuisine raffinée, les paysages sublimes et la courtoisie des Japonais au quotidien… tout ça me plaît. Mais ce sont surtout de petits détails qui me viennent à l’esprit quand on me pose cette question : l’odeur entêtante des tatamis, le bruit d’une porte coulissante refermée avec soin, le confort d’un futon moelleux ou le bonheur indescriptible de se baigner dans un onsen après une longue journée de marche… J’aime le Japon parce que je m’y sens bien, tout simplement.

Le Geo Book Japon, c’est près de 300 pages de textes et de photographies, avec une multitude de conseils et d’anecdotes sur le pays. Nous imaginons sans peine que cela représente plusieurs années de voyages et de découvertes. Combien de temps vous a pris ce travail ?

L’écriture de ce Geo Book s’est étalée sur 6 mois mais je ne partais pas de zéro heureusement. Pour un certain nombre de destinations, j’ai pu travailler sur la base d’articles issus de mon blog, que j’ai enrichi et réactualisé pour l’occasion. C’est l’une des raisons pour lesquelles mon éditeur m’a choisie d’ailleurs : il fallait quelqu’un qui connaisse bien le pays en tant que touriste, et qui puisse livrer un grand nombre de contenus dans des délais assez courts. Et avec plus de 150 articles et deux guides déjà publiés à mon actif, j’avais le bon profil pour relever le défi !

Contrairement à la plupart des guides de voyage, votre livre ne se divise pas par régions mais par thèmes : pourquoi ce choix ? 

Il s’agissait d’une exigence de mon éditeur, qui souhaitait privilégier une approche plus originale pour ce premier guide Géo consacré au Japon. 

J’ai immédiatement adhéré à cette idée, car elle fait écho à ma propre expérience professionnelle dans le domaine du tourisme. Ma conviction est qu’au-delà du tourisme de masse – le plus visible malheureusement – le désir de voyage cache un sens profond auquel peu de guides répondent concrètement. Chaque voyageur est unique, avec des attentes et des centres d’intérêts qui lui sont propres. Pour les lecteurs de Géo en particulier, voyager ne se résume pas à enchaîner les spots touristiques pour alimenter un feed Instagram. Il s’agit de vivre des expériences profondes, marquantes, qui ont du sens. Et c’est justement l’approche que nous avons cherché à mettre en avant, notamment à travers les portraits.

Le livre inclut de nombreux portraits de personnes qui habitent au Japon (moine, guide, céramiste, etc) et nous présentent leurs lieux favoris. Qu’avez-vous découvert et compris sur ce pays à travers les rencontres que vous y avez faites ?  

Il m’arrive fréquemment de voyager seule au Japon et je peux le dire : les Japonais sont loin d’être aussi réservés qu’on pourrait le croire. Je pourrais raconter mille anecdotes de voyage à ce sujet, mais mon souvenir le plus marquant est cet immense fou rire avec deux grands-mères dans les bains publics de Kusatsu Onsen, où l’eau était si chaude que j’arrivais à peine à tremper un orteil. Ces moments sont parmi mes meilleurs souvenirs de voyage. La gentillesse des Japonais fait partie des trésors de ce pays… mais comme tout trésor, elle se mérite.

Dans les médias, le Japon est depuis quelques années présenté comme un pays qui se referme sur lui-même, avec des politiques qui promettent de réduire le taux (pourtant bas) d’immigration et de régler le « problème du tourisme ». Cela se ressent-il dans la vie de tous les jours, dans les interactions avec les Japonais que vous avez rencontrés ?

Au printemps 2024, j’étais en vadrouille dans la préfecture de Kochi en pleine polémique sur le Lawson du mont Fuji, et je me souviens avoir été frappée par le contraste entre ce que je vivais sur place et les débats passionnés qui animaient les réseaux sociaux. Tout le monde parlait de surtourisme et critiquait (à raison) les mauvais comportements de certains voyageurs irrespectueux, pendant que je vivais ma meilleure vie dans un recoin de Japon totalement oublié des grands guides de voyage, où les gens étaient incroyablement heureux de croiser une française égarée. 

Je ne nie pas qu’il y ait des problèmes liés au tourisme au Japon : qu’il s’agisse d’un Johnny Somali en roue libre ou de touristes indélicats qui harcèlent les geisha, ces comportements méritent évidemment d’être condamnés. Mais je m’inquiète de la manière dont les politiques et les médias se servent de faits divers isolés pour stigmatiser les étrangers, touristes comme résidents. Et c’est une tendance qui dépasse largement les frontières de l’archipel.

De manière générale, il me semble que le véritable « problème du tourisme » au Japon est surtout la surfréquentation de certains lieux très précis, notamment à Kyoto. D’où l’importance d’élargir les horizons des voyageurs, en mettant en valeur des préfectures moins connues, mais réellement désireuses d’accueillir davantage de touristes. C’est pourquoi nous avons fait le choix de proposer des « itinéraires bis » dans le Geo Book Japon, autrement dit des lieux alternatifs proposant une expérience proche de celle décrite dans chaque chapitre. 

Mon autre projet de guide illustré, Gotochi, va lui aussi dans ce sens : j’y accorde énormément de place à des préfectures sous-représentées dans la plupart des guides traditionnels, comme par exemple Tottori, Fukui, Ibaraki ou Toyama… C’est un projet qui me tient beaucoup à cœur et que j’espère finaliser dans les prochains mois grâce à un financement participatif. 

Sur votre site Passeport Japon vous avez créé une page intitulée « Le Japon pour tous », avec un espace dédié aux façons de voyager avec un handicap. Pourriez-vous nous en dire plus ? Le Japon est-il selon vous plus accessible que la France ? 

Cette page consacrée au handicap est le fruit d’une collaboration avec Anaïs de Kokoro Voyages, travel planner spécialisée dans l’organisation de voyages accessibles au Japon.

Ayant été confrontée à la question du handicap dans ma vie personnelle et professionnelle, je voulais traiter ce sujet depuis longtemps sur Passeport Japon, mais j’attendais d’avoir une interlocutrice fiable pour le faire, car j’avais peur d’être maladroite, ou de proposer un contenu sans réelle valeur ajoutée. 

Le principal problème du Japon est l’absence de labels permettant aux voyageurs de s’y retrouver facilement. En France par exemple, nous avons le label Tourisme & Handicap qui permet de trouver des établissements et activités accessibles en fonction du type de handicap (physique, sensoriel, mental…). L’office de tourisme dans lequel j’ai travaillé pendant 10 ans possédait ce label, et je garde le souvenir de procédures assez exigeantes, qui sont un vrai gage de confort pour le visiteur en situation de handicap.

Ce système n’existe pas au Japon, mais pour autant, le pays n’est pas à la traîne en ce qui concerne l’accessibilité, notamment dans les transports. Il faut dire que le pays est vieillissant et que le sujet de la mobilité concerne une part croissante de la population. Il est donc possible de voyager au Japon avec un handicap, mais encore faut-il avoir les bonnes informations. C’est pourquoi j’ai souhaité donner un peu de visibilité au travail d’Anaïs, qui a le mérite d’avoir une expertise précise sur le sujet, contrairement aux nombreux travel planners qui se sont lancés ces dernières années et dont on ne connaît pas toujours les qualifications.

Pour finir, avez-vous un ou des lieux favoris au Japon que vous souhaiteriez nous partager ?   

J’ai un gros faible pour les préfectures de Gifu et Nagasaki, ainsi que pour Dogo Onsen à Matsuyama et la région du mont Aso. J’ignore pourquoi, mais dès que je me retrouve là-bas, j’ai l’impression étrange d’être chez moi. 

À Gifu, je recommande absolument la ville de Gujo, et notamment la cascade d’Amidagataki, où l’on peut manger des nagashi somen en été.

Côté châteaux, mon préféré est celui de Kochi qui est le seul à avoir conservé sont donjon et son palais Honmaru d’origine. En plus, Hirome market se situe juste à côté, l’endroit parfait pour déguster des katsuo no tataki à tomber.

Enfin, pour les voyageurs en quête de spiritualité, mon lieu de culte favori au Japon est le sanctuaire Udo-jingu, en préfecture de Miyazaki. Il se situe à flanc de falaise, dans une grotte mystique qui m’a laissé un souvenir exceptionnel.

La verdure de l’ancienne caldeira du Mont Aso © Nina Le Flohic

Un immense merci à Cécilia d’avoir accepté de répondre à nos question ! Que vous planifiez un futur voyage au Japon, souhaitiez en savoir plus sur ce pays ou que vous ayez envie de vous replonger dans vos souvenirs, n’hésitez pas à aller faire un tour sur le site Passeport Japon… Ou à vous plonger dans ce bel ouvrage !

Si vous souhaitez soutenir l’autrice dans son autre projet Gotochi, le guide illustré du Japon régional, pour que celui-ci sorte en version intégrale, c’est par ici : https://www.gotochi.fr !

Vous pouvez également suivre son avancée sur Instagram.

Nina Le Flohic

Traductrice japonais-français et grande lectrice passionnée par le Japon depuis ma plus tendre enfance, j'ai eu notamment l'occasion d'effectuer, au cours de mes études, des recherches dans le domaine de la littérature japonaise. Je suis très heureuse de pouvoir partager avec vous mes coups de cœur et expériences à travers divers articles, que ce soit dans les rubriques littérature, tourisme ou musique ! N'hésitez surtout pas à me laisser vos questions ou avis en commentaire... J'y répondrais toujours avec grand plaisir.

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