Root Thumm à Japan Expo : Tendance JAPPY
Fatigués de marcher dans les allées de Japan Expo ? Les Root Thumm, qui se sont produits sur la scène du JE Live House le samedi 3 juillet 2010, étaient là pour nous redonner la pêche et nous transmettre la « JAPPY attitude ».
Article publié à l’origine en août 2010 (on trouvait de chouettes choses à Japan Expo)
Root Thumm, une découverte à Japan Expo 2010
Root Thumm est un groupe électro du label indie ban-be records / NEUTRAL NINE RECORDS / aran parallel, influencé par les Yellow Magic Orchestra. Leur premier album Coton est sorti en décembre 2009 et est disponible sur l’iTunes Store français pour 9,99 euros. Ils ont donné un premier concert à Japan Expo 2010 le samedi 3 juillet, puis ont animé la soirée Tokyo Paris Undergound le 4 juillet à La Scène Bastille. Leur deuxième album, Yamatopia, est sorti le 28 juillet 2010. On y trouve plusieurs titres qu’ils ont présenté lors des concerts sus-cités.
Une musique « énergique », « joyeuse », « entraînante » et « positive ». C’est en ces termes qu’on a parlé du groupe électro indie √thumm (se prononce Root « racine » Thumm), l’une des curiosités de cette 11e édition de Japan Expo. L’une des bonnes surprises aussi.
Parce que oui, on reproche beaucoup de choses à Japan Expo sur le choix de ses artistes musicaux : pas assez de JPop ou alors des ambassadrices dépassées comme les Morning Musume, du visual kei bas de gamme, du X Japan fatigué et en nombre réduit, etc. Le festival a tout de même le mérite de réunir sur scène des styles éclectiques.
Qu’on aime ou non, il y a souvent dans le public des prises de conscience, et comme sur tout festival, de bonnes découvertes. Ce fut le cas avec les Root Thumm qui se sont produits sur la scène du JE Live House le samedi 3 juillet sur les coups de 14 h.
Pourtant déchaîné derrière sa batterie, Benjamin AKAI, arborant un t-shirt à l’effigie de JAPPY, est plutôt resté en retrait. C’est le guitariste électro-geek SUJIN, affublé d’un t-shirt imprimé rouge et d’une paire de lunettes hipster, qui a mené la danse tout au long du concert, essayant tant bien que mal d’établir une communication avec nous.
Finalement c’est à coup de termes gastronomiques lancés à la volée qu’elle s’est faite. Chaque « sushi », « maki », « takoyaki » ou encore « sake » du musicien (oui, tout le fleuron de la cuisine nippone y est passé), était immédiatement suivi d’un hurlement du public et des rires assez remarquables et rigolos de la chanteuse LIO, bien calée derrière son synthé.
Bon, c’est devenu un peu lourd (la récitation des noms de poissons, pas les rires de la chanteuse, n’est-ce pas !). Les artistes nous donnaient effectivement parfois l’impression de se moquer un peu de nous et de notre passion inconditionnelle pour la culture japonaise.
Peu importe, même dans le cas où ça pouvait vraiment nous gêner plutôt que de nous faire rire, leur musique était bien plus marquante.
Une voix digitale et des sons électros posés sur des beats rapides avec des instruments live. L’univers du trio s’inscrit dans un mouvement électro-pop inspiré des Daft Punk, YMO (Yellow Magic Orchestra) et Perfume teinté de sons issus de la musique traditionnelle japonaise et orientale. Tous les titres de leur répertoire sont finalement des mélodies légères, plus ou moins rythmées et/ou plus ou moins exotiques.
Cet après-midi, ils ont ouvert le concert sur Neu! et Star Space, les deux titres les plus lisses qu’ils ont écrit, extraits de leur premier album Coton, sorti en 2009. Puis ils ont enchaîné avec Fuji et Yamato Kotonoha, extraits de leur nouvel album Yamatopia disponible depuis le 28 juillet, des morceaux tout aussi dynamiques mais plus mélodiques et plus originaux que l’on découvre en plus en avant-première.
On ressent bien la touche musicale du groupe, qui a réussi à produire un son plus abouti d’un opus à l’autre. Enfin arrive un morceau plus doux comme Root Thumm sait faire avec Harukami, un mélange roots et électro qui nous balade, avant de repartir sur Cubic Star, Kiss me Kiss me et Magic Love, là encore des titres sur lesquels nos artistes se sont fait plaisir et nous ont fait danser.
Les Root Thumm savent faire la fête mais l’humour fait aussi partie de leur panoplie. Il y a d’ailleurs une question que vous vous êtes sûrement posée… mais où était donc passer JAPPY, cette créature mi-souris mi-lapin, annoncée comme le vrai batteur du groupe ? Nos artistes l’avaient laissé au Japon, l’énorme bestiole ne passant probablement pas la douane ? JAPPY, contraction de « Japan » et « Happy », n’existe pas vraiment (que de déception !). Il s’agit en réalité d’une mascotte (dite culte au Japon), créée par le collectif artistique ANTENNA de Kyōto ou d’après le guitariste, « d’une entité divine qui cherche à rendre tout le monde heureux. »
SETLIST Root Thumm à Japan Expo 2010 :
* Neu! (album Coton, 2009)
* Star Space (album Coton, 2009)
* Fuji (album Yamatopia, 2010)
* Yamato Kotonoha (album Yamatopia, 2010)
* Harukami (album Yamatopia, 2010)
* Cubic Star (album Yamatopia, 2010)
* Kiss Me Kiss Me (album Yamatopia, 2010)
* Magic Love (album Coton, 2009)
Rencontre avec Lio, Sujin et Benjamin AKAI…
Les Root Thumm portent leur musique sur eux et c’est tout un concept. SUJIN et Benjamin AKAI, avec leurs t-shirts imprimés, dont un à l’effigie de leur mascotte JAPPY, ont vraiment des têtes de « techno-geek ». Tandis que LIO, avec son yukata et ses bottes esquimaux, nous rappelle les traditions japonaises. De la techno-pop orientale, soit de l’électro à la sauce nippone (on a bien notre « French Touch » après tout), voilà qui définit leur univers. Il ne manque plus que JAPPY, l’expression de leur humour, de leur côté « pas prise de tête », et ils sont prêts à faire le show. Mais en attendant, ils nous parlent de leur musique et de ses origines.
Journal du Japon : Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
LIO : Bonjour ! Je suis LIO, la chanteuse et pianiste.
SUJIN : Je suis SUJIN, le guitariste.
Benjamin AKAI : Je suis Benjamin AKAI, le batteur.
Votre nom reprend le symbole mathématique de la racine carrée, d’où vient ce nom ?
SUJIN : « Root », racine en anglais, est l’expression de nos origines musicales, par ailleurs variées.
Japan Expo accorde une place particulière aux groupes électro, dans quel courant musical inscrivez-vous votre musique ?
SUJIN : C’est de la techno-pop orientale (oriental techno-pop, ndlr). Nous faisons de l’électro, de la musique dansante, avec des mélodies traditionnelles, de chez nous.
Votre groupe a la particularité d’être accompagné par une mascotte à mi-chemin entre la souris et le lapin, qui est JAPPY ?
SUJIN : Ce n’est ni une souris, ni un lapin (rires). C’est une entité divine qui cherche à rendre tout le monde heureux au Japon. Son nom est une contraction de « Japan » et « Happy ».
(Il croise les mains.)
Ça fait Jappy.
Qu’est-ce qui fait que vous écrivez cette musique, très positive, qu’est-ce qui vous inspire ?
SUJIN : On se rend aux temples japonais bouddhistes et shintoïstes. On s’imprègne de ce qui nous entoure, on laisse parler nos émotions et c’est là qu’on écrit nos chansons.
Root Thumm – Photo Florian Lambert pour © journaldujapon.com – Tous droits réservés
Qui sont les artistes, au Japon et en France, qui vous ont influencé ?
SUJIN : En france, les Daft Punk bien sûr !
LIO : Et pour le Japon, YMO. (Yellow Magic Orchestra, artistes des années 70-80, premiers du genre, ndlr)
Que cherchez-vous à transmettre avec votre musique ?
LIO : Avec notre musique, nous cherchons à exprimer un parfum japonais, à transmettre notre héritage, la beauté des paysages de Nara d’où nous venons.
Vous avez l’habitude de jouer devant un public japonais, qu’attendez-vous de la part du public français ?
SUJIN : Comme notre musique est dansante, nous voulons surtout que les Français s’amusent avec nous, qu’ils prennent beaucoup de plaisir à nous écouter et surtout qu’ils nous rappellent ! (Il fait référence à un éventuel retour en France, ndlr)
Le public français étant très attaché à la culture japonaise, pensez-vous qu’il sera réceptif à votre musique électro-traditionnelle ?
SUJIN : Oui, j’en suis sûr !
Pouvez-vous nous parler de votre actualité, quels sont vos projets ?
SUJIN : En France, on veut aller de l’avant, prendre du plaisir. Notre CD Coton est disponible pendant les 4 jours de Japan Expo, puis il sera mis sur l’iTunes Store français. Et nous sortons un 2e album Yamatopia le 28 juillet.
Quelles sont les différences entre vos deux albums ?
SUJIN : Avec Coton, le premier album, il s’agit de prendre du plaisir en dansant. Notre deuxième album est beaucoup plus orienté pop orientale. Nos inspirations japonaises y sont plus fortes, nous y avons plus fait appel à nos origines.
On ne pourra pas dire le contraire, même sans la présence de JAPPY parmi nous, nous étions heureux. Heureux également de constater que les Japonais peuvent proposer autre chose que du visual kei et de la JPop, autrement dit une musique aux sonorités (et à l’univers) modernes et sans tomber dans les clichés du genre. Ne dit-on pas que la musique « roots » est quelque part la plus internationale, la plus universelle ? Peut-être pas, mais cet adage s’appliquerait parfaitement dans le cas de nos musiciens.
Pour aller plus loin :
http://rootthumm.com
Live Report par Céline Maxant – Propos recuillis en interview par Thomas Hajdukowicz
(merci à Unagi desu ! pour la vidéo et la setlist)





