Mistonia’s Hope – The Lost Delight : entre vengeance, mythes et amour
Cela faisait un petit moment que Journal du Japon n’avait pas proposé de test d’otome game. Mais cet état de fait est maintenant résolu avec un nouveau titre signé Idea Factory sorti récemment sur Nintendo Switch : Mistonia’s Hope – The Lost Delight. Une production jonglant entre rom-com et enquête policière, vengeance et surnaturel, parfait pour se réchauffer en cette période de Noël 2025 !
Mistonia’s Hope : un titre légendaire !
Sorti le 13 novembre dernier, le nouvel otome d’Idea Factory et Otomate, exporté à l’international par Aksys Games, nous entraîne dans un histoire de vengeance… et d’amour. On y joue Aprose E. Randolph, une jeune noble et unique survivante de la famille Randolph. Cette dernière cherche à savoir par qui ses proches ont été tués et pourquoi son village a été détruit. Les suspects sont la reine des fées Tia (diminutif de Titania) et les Cinq Maisons. Accompagnée par son intendant John et d’Obéron le roi des fées, Aprose s’est infiltrée chez les Bernstein sous le nom de Rose Cottingley. Son but : en apprendre davantage sur Tia et les dirigeants nobles afin de pouvoir se venger d’eux !
Shakespear : une inspiration indéniable

Rien que ce résumé permet de mieux appréhender le côté féerique de Mistonia’s Hope. L’œuvre s’ancre dans un cadre assez spécifique : les contes et légendes celtiques et bretons… mais pas que. Il s’inspire aussi du théâtre shakespearien et plus particulièrement d’Un songe d’une nuit d’été. Cette pièce prend place en Grèce antique et met en avant différents personnages dont Puck,Titania et Obéron. Ce titre semble en ce moment à la mode : en effet, l’éditeur Nobi-nobi a édité il y a peu un manga l’adaptant.
Ascot Lindel, l’un des prétendants, descend du puck, une créature pouvant prendre diverses apparences. Il est notamment connu pour se transformer en un cheval à la crinière enflammée… trait qui a été sûrement retranscrit avec les cheveux rouges du personnage d’Ascot. De plus, ce dernier est très séducteur, trait qui provient du personnage de Shakespeare. Dans la pièce, Puck était missionné pour que Titania s’amourache d’une créature grotesque à l’aide d’une fleur magique. Et ce fut un succès puisqu’elle tomba amoureuse de Nick Bottom affublé d’une tête d’âne. Un puck est donc très espiègle… Parfait puisque la malice d’Ascot et sa proximité avec la reine Tia ingame réinterprètent ces points de la pièce.
Mistonia’s Hope et les légendes européennes

Ainsi, outre la reine et le roi des fées qui sont repris à l’identique (tout comme leur conflit d’ailleurs), d’autres personnages peuvent aussi s’apparenter à des créatures directement tirées de la pièce (comme Ascot Lindel) ou plus largement des contes celtes et bretons. Ainsi chaque grande famille noble, les Bernstein, les Randolph, les Creswell, les Ward, les Sullivan et les Lindel descendent d’êtres légendaires. Les premiers viennent des sylphes, des esprits de l’air déjà entraperçus ou réadaptés dans Black Clover ou Mushoku Tensei (le personnage de Sylphy se rapproche des sylphides (sylphe féminin) avec sa magie de vent).
Un peu de littérature et de culture G pour le personnage principal
Les Randolph sont les descendants de l’Ainsel… qui n’est pas une créature légendaire au sens propre du terme. En effet, ce mot se réfère très certainement au titre d’un des multiples contes compilés par le folkloriste Joseph Jacobs dans son ouvrage More English Tales, et plus spécifiquement à My One Self (parfois orthographié Me Aan Sel ou encore Ainsel). Traduit en français par Moi-même, il s’agit d’une histoire dans laquelle intervient une fée. Une autre version du conte est aussi disponible dans les Scottish Folk Tales de Ruth Manning-Sanders.
Ce lien avec la créature magique ailée est aussi appuyé par le personnage d’Aprose ou plus exactement son nom de code Rose Cottingley. En effet, au début du XXè siècle a eu lieu « l’affaire de Conttingley ». Dans ce village, deux enfants ont vu des fées et des photos de ces créatures (aujourd’hui démontrées comme fausses) qui ont été prises et ont fait la une de la presse. Un bien bel hommage !
Les 3 dernières maisons
Les Creswell descendent eux des spriggan, des créatures souvent assimilées à des gnomes et qui avaient mauvaise réputation. Espiègles, ils avaient la mauvaise manie de jouer des tours aux humains, volant objets et bétail, et étant généralement en lien avec les changelins, les créatures qui « remplaçaient » les nouveaux-nés dans leur berceau. Plusieurs légendes content aussi le lien entre spriggan et les mines, permettant de faire le rapprochement avec la magie de terre utilisée par le personnage d’Alfred in game. Les spriggans étaient aussi parfois vus comme les gardes des fées.

Les Ward sont à rapprocher des cu sith, ces chiens légendaires des mythologies écossaises et irlandaises réputés pour les aboiements pouvant s’entendre à des kilomètres à la ronde et pour leur chasse furtive et expéditive. Cela est retranscrit dans Mistonia’s Hope par la milice royale qui agit rapidement, commandée par Linus Ward, le bras armé de la reine.
Les Sullivan semblent eux liés à la mort. En effet, ils descendent du jack-o’-lantern, un feu follet souvent représenté comme une citrouille volante ayant une lanterne à la main. Ils sont un peu le passeur d’âme et aident les esprits à aller dans l’Au-delà. Cet objet est celui que porte Lucas Sullivan lors de ses prospections nocturnes. Petit trivia amusant, ce monstre semble aussi avoir inspiré les Porteurs de lumières et plus spécifiquement le personnage de Flins dans Genshin Impact.
Les personnages de Mistonia’s Hope

Connaître les légendes est une chose, mais il est tout aussi important de s’intéresser aux différents protagonistes de l’histoire. Et qui de mieux pour ouvrir la marche que notre héroïne : Aprose E. Randolph ?Cette dernière est la fille aînée de la maison Randolph, ancienne Grande Maison de la monarchie de Tia. Suite à un mystérieux événement, le duc, sa femme et ses enfants ainsi que leur serviteur sont partis loin de la capitale, cachés par une mystérieuse forêt où vit le roi Obéron. Malheureusement, un soir, la reine ainsi que les chefs des Maisons ont retrouvé la trace des autres et… tout avait été détruit sauf la rancœur de la jeune Aprose et de son intendant John.
Bien des années plus tard, Aprose (aidée par son fidèle John et d’une informatrice portant pour alias Goneril) décide de s’infiltrer dans la Maison Bernstein afin d’en apprendre plus sur cette fameuse nuit, sur les criminels ainsi que sur la fameuse reine des fées Tia… pour de se venger de ces derniers. Et pour ce faire, elle n’a d’autre choix que de se faire passer pour une servante afin de discrètement recueillir moult informations ni vu ni connu ! Un personnage très intelligent et habile ayant bien évidemment quelques pouvoirs de fée (connaître la vérité par le toucher, rien que ça) et des aptitudes au combat à la dague. Une protagoniste parmi les plus intéressantes des récents otome sortis ces derniers mois.
Les prétendants Bernstein et Creswell
Après Aprose, il faut maintenant s’attarder sur les différents hommes que cette dernière va pouvoir rencontrer sur les différentes routes du jeu. Tous introduits dès le prologue, les différents choix faits par les joueurs vont entraîner les différents scénarii des Grandes Maisons. Le premier qui nous vient en tête est l’héritier de la famille Bernstein : Edward. Ce dernier nous est présenté dès l’arrivée d’Aprose alias Rose Cottingley dans la résidence principale des Bernstein. Très avenant et souriant, c’est un noble au grand cœur et généreux qui n’a aucun mal à se rapprocher des servants. Il est d’ailleurs tout l’opposé de son père, un homme bourru et strict qui n’a que faire de sympathiser avec les manants. Ce point de désaccord est central dans le développement du personnage. C’est d’ailleurs ce qui l’amènera à se rapprocher d’Aprose.


Vient ensuite le nouveau chef des Creswell : Alfred. Véritable modèle du noble à l’anglaise, il s’entend particulièrement bien avec Edward. Par contre, il a beaucoup plus de mal avec Lucas Sullivan ou Ascot Lindell. Posé et pragmatique, il ne laisse que très peu transparaître ses émotions, un point qui le rapproche beaucoup de notre chère Aprose. Élégant et distingué, il s’habille toujours dans un costume trois pièces luxueux couvert de pierres précieuses. Mais l’habit ne faisant pas le moine, il possède également des secrets… des secrets qui pourraient certainement aider la dernière des Randolph dans sa quête de vengeance !
Les héritiers Lindell et Sullivan


Autre prétendant, autre caractère. Voici à présent Ascot Lindell, le sex symbol de ces dames et véritable dragueur notoire. C’est simple, dès qu’il croise une femme qui lui plaît, il ne peut s’empêcher de lui dire des mots doux. Il a donc la côte auprès de la gente féminine… sauf les femmes (servantes ou nobles) Bernstein. En effet, ce côté mielleux fait qu’il est très difficile de cerner ce qu’il pense. Et ne vous laissez pas avoir par ces artifices, car c’est un fieffé manipulateur et un des confidents de la reine. Un prétendant dangereux pour Aprose mais qui pourrait être un allier d’exception… à condition de l’attirer dans ses filets sans se faire prendre à son propre piège.
Après Ascot Lindell, tournons-nous vers le prochain chef des Sullivan : Lucas. Et clairement, il est totalement opposé au don juan. En effet, Lucas est quelqu’un de très très réservé, un peu ermite sur les bords. Il ne se montre que rarement et ne voit pas souvent la lumière du jour, faisant moult prospections nocturnes. Il est donc assez maladroit socialement mais n’en reste pas moins quelqu’un qui est assez têtu sur le bords. Lucas est donc assez difficile à approcher. Mais derrière ces barrières se cache un homme brisé qui peut parfaitement comprendre la douleur d’Aprose.
Linus Ward et John : les deux derniers bachelors de Mistonia’s Hope
L’ultime héritier des Grandes Maisons n’est autre que Linus Ward. Ce dernier semble un peu effacé au premier abord bien qu’il se montre assez gentil est bienveillant dans l’ensemble. Et ce n’est pas un hasard si on le croise assez peu et qu’il semble distant puisqu’il s’agit en réalité du chef de la milice impériale ! Potentiellement des services secrets aussi, l’amenant par la même occasion à rester en retrait, à l’affut de tout. On met d’ailleurs en garde Aprose d’éviter de trop se rapprocher de lui tout comme d’Ascot, montrant qu’il est bien plus sombre qu’il n’y paraît.


« Quoi ? John n’est pas un prétendant ? Mais comment est-ce possible ? Il est beaucoup trop beau pour être un personnage lambda… » Voilà le genre de dialogue imaginaire qui pourraient pleuvoir sur les réseaux si ce personnage n’avait pas été annoncé d’office comme le dernier des personnages du jeu à pouvoir être séduit. De plus, il diffère de ses comparses de par le fait qu’il est l’intendant et le confident de notre héroïne mais aussi par son statut de non noble. Il est également celui qui la comprend le mieux, l’aidant dans sa vengeance tout en nourrissant des sentiments plus qu’évidents pour la demoiselle. Et cette proximité, cette alchimie va finir par laisser place à bien plus et à révéler quelques secrets enfouis…

Un otome classique mais plaisant
Lorsque l’on commence à jouer à Mistonia’s Hope, il ne faut pas s’attendre à de grands changements dans le gameplay somme toute habituel. En effet, comme souvent dans ce style de titres narratifs, le début met les personnages en place peu à peu, les lieux et le scénario dans un long, très long prologue qui prend plusieurs heures de jeu afin d’en apprendre un maximum sur les prétendants et les motivations d’Aprose. Cette partie est aussi entrecoupée de différentes phases d’exploration un peu répétitives, qui consistent à aller dans les différentes pièces du manoir Bernstein, ou d’aller au village et d’interagir avec les PNJ pour ramasser des fragments de souvenirs. Une fois fait, Aprose se rend dans sa chambre et regarde les informations qu’elle a déniché… et ainsi de suite.
Certains passages demandent de faire des choix et comme toujours selon la réponse donnée, il est possible de se rapprocher un peu, beaucoup, ou pas du tout du personnage avec qui l’on dialogue. Il est donc recommandé de sauvegarder régulièrement pour éviter de rater des points d’affinité nécessaires au déblocage des différentes fins. Une fois le prologue terminé, une route s’enclenche selon la proximité avec les prétendants et commence une des six histoires, pouvant chacune donner plusieurs fins différentes. Alfred, Edward, Lucas,… Happy end, best end, bad end, true end, clairement il y a de quoi lire !
Un point à souligner : les illustrations

Lorsque on lance pour la première fois le jeu, on ne peut qu’être subjugué par la qualité des illustrations et du character-design. Et tout cela grâce au travail de l’illustratrice Karin Suzushiro qui débute dans l’otome en tant qu’assistante pour des titres comme Norn9 – Norn + Nornette – Last Era. Elle a ensuite pu travailler en tant qu’artiste principale et création des personnages de Cendrillon palikA. Reconnue dans la profession depuis, il est normal de la voir apparaître sur Temirana (un titre qui sortira en 2026) et sur son dernier jeu en date : Mistonia’s Hope.
Scénario
Le jeu a été dirigé par Mao Seki qui avait déjà officié comme directeur sur Paradigm Paradox en 2021, un autre jeu édité par Idea Factory et fait aussi partie du staff pour un nouveau titre à venir : OVER REQUIEMZ. Quant au scénario, quatre personnes ont donné vie à Aprose et consort. En premier, il y a Yuzuki qui avait déjà écrit sur Paradigm Paradox et sur Temirana. Un jeu dans lequel a aussi écrit Akira Natsuo, autre scénariste sur OVER REQUIEMZ. Le groupe compte aussi Satomi Nakayama ayant débuté en 2014 sur Code: Realize – Sousei no Himegimi – ou encore Izumi Koizumi qui en est à son seizième projet depuis ses débuts en 2010.
Musique et doublage
L’opening a flavor of the moment est chanté par FRA. Asaka chante les deux endings : White Aube et I don’t Even Know. Cinq personnes étaient à la composition : Jun Ichikawa qui avait déjà travaillé sur Cupid Parasite – Sweet and Spicy Darling –, Hisakuni Tanaka dont c’est le premier travail, Hiroaki Suzuki surtout connu pour DesperaDrops, Takuya Miyazawa ayant travaillé sur Plastic Memories et enfin Tatsuya Yano, assez connu avec onze titres sur lequel il a composé et arrangé la musique. Il est à noter qu’il est aussi le parolier sur Mistonia’s Hope.
Enfin, côté doubleurs Yûichiro Umehara (Jô Togame dans Wind Breaker ; Noah Voltaire Wynknight dans Comment Raeliana a survécu au manoir Wynknight) prête sa voix à Alfred Creswell. Jun Fukuyama (la nouvelle voix de Yumichika Ayasegawa de Bleach: Thousand-Year Blood War) interprête Ascot Lindell. Edward Bernstein est quant à lui doublé par Atsushi Tamaru (Masumi Yogodawa dans Tougen Anki ; Mikihiko Yoshida dans The Irregular at Magic High School).
Yûsuke Shirai (Miroku Darai dans Blue Lock Saison 2 ; Shûmei Sasaki dans Sasaki et Miyano) prête lui sa voix à John. Shûichirô Umeda (Adam Taylor dans Comment Raeliana a survécu au manoir Wynknight) interprête Linus Ward. Et pour terminer le cast principal, Lucas Sullivan est doublé par Ryôta Suzuki aka Ryusui Nanami dans Dr. Stone. Il est à noter la participation de Natsumi Fujiwara (Damian Desmond dans Spy x Family) en tant que roi Obéron et de Saki Fujita (Ymir dans L’Attaque des titans) pour la reine Tia.
Pour conclure, Mistonia’s Hope a été une très agréable découverte pleine de magie. Son héroïne, son histoire d’amour et de vengeance ou encore ses illustrations nous ont particulièrement plu et nous vous recommandons donc chaudement d’y jouer. En attendant le prochain test otome de Journal du Japon, continuez de rêver !
