Elles nous racontent leur Japon #1 : Joranne
Nouvelle rubrique sur JDJ, nouveau voyage en plusieurs épisodes : Elles nous racontent leur Japon.
Sophie Lavaur est photographe, fan du Japon et de marche au long cours, elle est l’auteure d’un ouvrage sur le pèlerinage des 88 temples au Japon. Son livre fut l’occasion de belles rencontres, parmi elles, des auteurs femmes, le Japon dans le sang, investies à faire connaitre leur passion pour ce pays.
En résonance avec sa propre histoire, elle a eu envie de les découvrir plus intimement, de les écouter parler Japon et d’en apprendre plus sur la culture nippone au travers de leur vécu.
La voilà partie à leur rencontre, stylo et boitier à la main, pleine de curiosité.
Joranne est graphiste, illustratrice et blogueuse. Elle habite Lyon, un grand appartement lumineux, qu’elle partage avec sa coloc et son chat. Partout, des livres et des objets du Japon, aux murs, par terre, sur les étagères. Un joyeux capharnaüm bien organisé. Nous partageons un thé et une part de galette, au chaud autour du kotatsu (table basse chauffante), assises sur un tatami chiné sur Leboncoin. Un moment sympa, à parler Japon, voyages et…. vieux appareils photo, son autre passion.
Sophie : Bonjour Joranne, qu’as-tu envie de nous dire sur toi ?
Je suis graphiste, mais mon kif c’est l’illustration. Je suis une grande fan de BD et de films d’animations, tous styles confondus. J’anime mes blogs depuis quelques années, dont celui où je parle de ma passion du Japon, via les objets du quotidien. Je suis aussi membre du collectif Jipangu, des blogueurs qui partagent leurs bons spots pour découvrir le Japon autrement.
Pourquoi le Japon ?
Petite, j’ai été bercée par les récits et contes populaires chinois, grâce à une proche amie de ma famille. Le Japon, c’est venu après, durant mes études, via une amie qui était en fac de japonais. Elle m’a fait découvrir les mangas et les animes. J’y ai retrouvé les légendes chinoises de mon enfance. Comme je suis très curieuse, j’en ai dévoré un certain nombre, des histoires de samouraïs, de yokaïs, des tranches de vie de japonais. J’ai réalisé que leurs vies n’étaient pas simples, cela m’a donné un certain recul sur la réalité du pays.
J’ai fait mon voyage « lune de miel » en 2009, avec des amis. Un mois à visiter les classiques : Tokyo, Kyoto, Nara. C’était fabuleux, je vivais enfin ce que j’avais tant lu et vu. La narration japonaise décrit avec précision les lieux d’actions ; je retrouvais en live les bruits, les sonneries, les bruits du quotidien. Puis, deuxième séjour en 2013, moins drôle sur le plan relationnel, j’ai un peu déchanté. C’est à ce moment que j’ai commencé à parler des objets japonais sur mon blog BD que je tenais depuis 2007, les réseaux sociaux étaient en plein essor, j’ai touché un nouveau public, des français expatriés. Des amitiés se sont liées. Du coup, mon troisième voyage en 2017 a été plus ancré dans le quotidien, j’ai pu dormir chez les uns et les autres et récolter plus facilement de la matière pour mon blog.
Peux-tu nous raconter la genèse du livre ?
Grâce aux réseaux sociaux, j’ai été repérée pour participer à la Japan Touch de Lyon en 2016. J’avais un immense stand, offert gracieusement par les organisateurs. J’ai eu l’idée de faire un livret rassemblant mes posts les plus populaires, un succès. J’ai enchaîné les conventions, puis Alice Monard, elle aussi blogueuse, m’a contactée, nous avons évoqué un possible livre, elle m’a énormément aidé à trouver un éditeur. Août 2018, je signais un contrat avec les éditions Le Prunier-Sully, je n’avais plus qu’à me mettre au travail. Je suis repartie au Japon dans la foulée, enquêter, prendre des photos. Après, j’ai écrit, re-écrit, dessiné, cela a duré neuf longs mois, je ne faisait que ça. J’ai rendu mon manuscrit en septembre 2019, en novembre le livre était dans les librairies. Voilà.
Un secret à partager sur le livre ?
Alors, lequel ? Il y en plusieurs. J’ai dû retoucher pas mal de photos de darumas*, car beaucoup avaient déjà leur deux yeux et il me fallait seulement l’œil gauche dessiné. Dans la note sur les shīshā*, la photo du lion gardien chinois n’est pas de moi, elle a été prise par mes parents en Chine, à la cité interdite.
Je garde aussi un bon souvenir de la photo du jet des washlets*. Prise dans les toilettes d’un shukubo [NDLR : hébergement traditionnel dans un temple bouddhiste], l’appareil à la main, un pied sur la cuvette pour déclencher le mécanisme. J’avais mis de l’eau partout, j’ai tout bien nettoyé après.
Qu’as-tu appris de cette aventure littéraire ?
Chaque jour a été un apprentissage. Enfin, cela aurait été mieux avec un bon rétro planning.
Je retiens la joie des premières fois : tenir le livre entre mes mains, les premiers commentaires sur les réseaux sociaux, le retour des libraires, les séances de dédicaces. On ne le dit jamais assez, l’après publication est une accumulation de petits bonheurs.
Ton livre ou auteur préféré sur le Japon ?
Définitivement « Manabeshima » de Florent Chavouet. Le carnet de voyage que j’aurais voulu faire. Tout est top, les dessins, l’histoire, l’unité de lieu.
Il y a aussi ce livre ramené du Japon, c’est ma bible pour tout connaître des fêtes, des objets, des plats, en fonctions des dates de l’année (NdA: je feuillette l’ouvrage, tout en japonais, impossible de déchiffrer le titre et l’auteur, cela restera un mystère, dommage il a l’air passionnant).
Et maintenant ?
Après une année consacrée à écrire mon livre, mes finances sont à sec. Priorité à retrouver un travail. Bien sûr, je vais continuer mes projets personnels, reprendre le fil de mon blog, partager toujours et encore ma passion pour le Japon.
Un tome 2, pourquoi pas, enfin on va attendre un peu. Mais j’ai déjà des idées….
Merci Joranne, on a hâte de le lire.
Découvrez le livre de Joranne « Maneki-neko et autres histoires d’objets japonais » sur le site des éditions Le Prunier Sully.
*shīsha, darumas, washlet : vous trouverez la meilleure définition dans le livre de Joranne !
Un grand merci à Joranne pour son accueil et sa bonne humeur.