Le heavy metal littéraire : Rencontre avec Ningen Isu

À l’occasion de la sortie de leur nouvel album ce 06 septembre, la formation japonaise de Heavy metal Ningen Isu, à qui nous avions déjà consacré l’année dernière un article, nous a fait l’honneur de répondre à nos questions. Dans cette toute première interview du groupe pour un journal français, nous parlerons de littérature, de philosophie, de manga, de tourisme, de différences culturelles, de bouddhisme…et bien entendu de musique.

Une rencontre placée sous le signe de la création musicale et littéraire

Shinji WAJIMA, guitariste

Journal du Japon : Bonjour. Un grand merci à vous trois d’avoir accepté de répondre à nos questions. Pourriez-vous tout d’abord vous présenter en quelques mots, pour nos lecteurs français qui ne connaissent pas encore Ningen Isu ?

Shinji WAJIMA : Notre groupe de Hard rock / Heavy metal Ningen Isu existe depuis 1989. Notre principale influence est le Hard rock britannique des années 70. Nous y avons ajouté des éléments typiquement japonais, créant ainsi une formation originale. Nous avons par ailleurs toujours tenu à chanter en japonais. En 2013, notre passage à l’Ozzfest Japan a permis de nous faire connaître par un plus grand nombre de personnes. Merci à vous pour cet entretien.

La plupart de vos titres font référence à des œuvres littéraires et le nom même de votre groupe, Ningen Isu (La chaise humaine), provient d’une nouvelle d’Edogawa RANPO. Comment vous est venue cette idée de faire du « rock littéraire » ?

Shinji WAJIMA : Lorsque nous avons décidé de fonder ce groupe, il y a plus de trente ans de cela, je me suis soudain aperçu que le rock venu d’Occident (tous styles confondus) avait tendance à se baser sur des fondements chrétiens. Or, il y a très peu de chrétiens au Japon. Choisir le même mode d’expression que ces groupes fragiliserait nos fondements même, qui resteraient incompris. Que faire dans ces conditions ? J’ai alors pensé à insuffler à la place des éléments japonais. Et pour rendre les paroles plus profondes, quoi de mieux que de faire référence à la littérature. Le Heavy metal est par ailleurs hanté par le sang et la terreur, et Edogawa RANPO est l’auteur japonais qui a fondé le style de ses œuvres sur des thèmes morbides. C’est pourquoi nous avons décidé d’emprunter le nom d’une des ses œuvres pour nommer notre groupe.

Il me semble avoir perçu sur votre précédent album, Kuraku (Plaisir et souffrance) une référence à Raymond RADIGUET avec le titre Nikutai no bôrei (Le spectre au corps). Certains auteurs français font-ils partie de vos influences littéraires ?

Shinji WAJIMA : Les paroles de Nikutai no bôrei se situent dans le futur et décrivent le spectacle d’une humanité transformée en zombies. Le titre ressemblant au Diable au corps de Radiguet, il est vrai que ça a pu donner cette impression… mais l’œuvre de Radiguet n’a pas vraiment exercé d’influence sur ce titre. Si je devais par ailleurs évoquer l’influence d’un écrivain français, ce serait Arthur Rimbaud. Dans Tokyo Bondage, j’utilise une strophe issue du poème « Voyelles » et dans Ahen.kutsu no otoko (L’habitué de la fumerie d’opium) j’emprunte son terme de « bateau ivre ».

Recueil de nouvelles : La vérité au sujet des rêves nocturnes

Après avoir, pendant des dizaines d’années, rendu hommage à des œuvres littéraires à travers vos chansons , vous avez en 2022 bouclé la boucle avec la sortie du recueil de nouvelles intitulé La vérité au sujet des rêves nocturnes ; un ouvrage composé de six nouvelles inspirées par certaines de vos créations. Wajima-san, vous participez directement à ce recueil avec Un sombre dimanche, un récit de science-fiction inspiré par la chanson éponyme sortie en 1995. Pourriez-vous nous parler des similitudes et des différences que vous observez entre la création littéraire et celle de parolier ?

Shinji WAJIMA : Tous deux amènent à développer des images en fonction de ce que l’on souhaite transmettre et des sentiments auxquels nous voulons faire appel ; ces deux activités sont en cela semblables. Il existe différents types d’artistes. Il y a ceux qui s’attachent à l’impression que va laisser leur œuvre et ceux qui accordent plus l’importance au message. Pour ma part, j’appartiens plutôt à cette seconde catégorie. J’ai l’impression qu’une fois l’idée que je souhaite transmettre est clairement définie, la suite coule de source. Mais il y a également des différences entre la création littéraire et le travail de parolier.

Écrire des paroles revient à exprimer tel quel l’éclat d’un pierre précieuse, sans la polir. Je me permets ainsi parfois d’écrire de façon abstraite. Dans l’écriture d’un roman, en revanche, je ne peux pas me le permettre. La littérature est plus précise. Il faut alors regarder la pierre précieuse non pas d’un point de vue unique, mais observer toutes ses facettes, la polir, puis écrire de manière à ce qu’il n’y ait pas de contradictions. Pour utiliser une métaphore, l’écriture de paroles équivaut à un sprint tandis que l’écriture d’un roman correspond davantage à une course de fond. J’ai ainsi pu me rendre compte que la création d’un récit demande bien plus d’énergie.

Suzuki-san, vous nourrissez quant à vous, il me semble, un certain intérêt pour le dessin, comme nous pouvons le voir avec le clip Neputa no mondori-ko, dont vous avez réalisé paroles, musique et graphisme. Le dessin et la musique sont, avec l’écriture, trois formes d’expression qui se rejoignent sur plusieurs points. Lorsque vous créez des paroles de chansons ou que vous les apprenez, vous arrive-t-il de vous les représenter par des dessins ou de les imaginer sous forme d’images ?

Ken.ichi SUZUKI : Je ne porte pas un très grand intérêt au dessin, mais j’aime bien dessiner sur les pochettes d’album ou les papiers de couleur destinés aux autographes. Ce ne sont rien de plus que des dessins tous simples. Je n’écris les paroles que d’une seule chanson par album, mais lorsque je le fais, c’est toujours avec l’impression d’avoir une image bien précise en tête.

Votre vingt-troisième album, intitulé Tout est vacuité et qui sort le 06 septembre, marque les 34 années de Ningen Isu, 34 ans de création et de tournées. Certains groupes, comme les Français de Gojira, disent ralentir le tempo au fur et à mesure que ses membres prennent de l’âge. Il me semble que dans le cas de Ningen Isu, c’est presque l’inverse : vos derniers albums ont un son plus lourd que les premiers. Pourquoi cela ?

Shinji WAJIMA : Je pense que, dans mon cas, la raison de cette évolution provient du fait que le message que je souhaite transmettre devient plus clair et plus profond au fil des années. Comme je l’ai déjà dit précédemment, mon processus créatif prend pour point de départ ce à quoi je souhaite faire appel. C’est peut-être parce que cet axe principal s’est approfondi que nos chansons sont naturellement devenues plus intenses. Regardez autour de vous. Qu’est-il en train de se passer dans notre Monde ? De quelle manière souhaiteriez-vous l’habiter ? C’est justement parce que notre époque s’apprête à prendre un tournant majeur, que je souhaite accomplir jusqu’au bout mon rôle d’artiste.

Nobu NAKAJIMA : Probablement parce que ça a toujours été mon son préféré et que je n’ai pas encore l’impression que ma forme physique ait diminuée !

Ken.ichi SUZUKI, bassiste

Suzuki-san, vos chansons peuvent se classer en deux catégories : celles qui expriment les aspects les plus sombres de l’âme humaine et de la vie en général, et celles teintées d’humour et d’auto-dérision. D’un côté la noirceur et de l’autre l’humour : que représentent pour vous ces deux thèmes ? Seraient-ils pour vous les principaux composants de l’être humain ?

Ken.ichi SUZUKI : Je ne réfléchis jamais aux paroles en tentant d’aborder des thèmes aussi audacieux que les composants de l’être humain. Cette cervelle semblable à du tofu, je l’utilise pour extraire des paroles qui, d’une manière ou d’une autre, donneront vie à une chanson.

Wajima-san, fan de Lovecraft et de la science-fiction en général, vous êtes le parolier du titre Mirai kara no dasshutsu (Évasion depuis le futur), un titre présent sur votre nouvel album. Celui-ci exprime le désespoir et la tristesse d’un être qui espérait voir advenir un futur heureux, fraternel et lumineux. L’enfant devenu adulte fait la liste de ce qu’est devenu le monde et décrit le futur qui nous attend : un futur envahi par la technologie, duquel ont disparu l’échange et la création. Cet enfant, c’est vous ?

Shinji WAJIMA : L’enfant que je dépeins dans ce titre représente de manière plus générale toutes les personnes au cœur pur qui sont désormais devenues adultes. Celles-ci ne peuvent qu’être désespérées face à un avenir dénué de toute humanité. J’ai également écrit ces paroles comme un moyen de faire s’interroger celles et ceux qui l’écouterons : allez-vous vraiment choisir de vivre dans un monde digne d’une dystopie ? J’ai écrit Mirai kara no dasshutsu d’un point de vue qui compare l’actualité avec les espoirs du passé, mais deux autres titres y sont reliés. Le tout premier de l’album, Saraba Sekai (Adieux à ce Monde), dont le point de vue se situe cette fois-ci dans le présent et le tout dernier, Shide no tabiji no monogatari (Récit d’une randonnée vers l’Au-delà), qui décrit quant à lui la détermination à survivre. N’hésitez pas à les écouter également.

Je vais désormais me tourner vers vous Nakajima-san, qui interprétez cette chanson. En effet, vous participez aux cœurs et interprétez de façon complète certaines chansons de Ningen Isu, ce qui est rare pour un batteur. Aviez-vous déjà expérimenté le fait de chanter en jouant de la batterie dans les groupes où vous exerciez avant de rejoindre Ningen Isu en 2004 ? Par ailleurs quels sont à la fois les difficultés que vous rencontrez et ce que vous appréciez dans cet exercice ?

Nobu NAKAJIMA, batteur

Nobu NAKAJIMA : Je n’avais jamais interprété des chansons de façon complète avant de rejoindre Ningen Isu, mais j’ai, par contre, toujours participé aux chœurs.

Je me rends compte à présent que je dois constamment faire en sorte de ne négliger ni mon jeu de batterie, ni mon chant. Quelle que soit le degré d’intensité d’un passage de batterie, je dois chanter le plus fort possible en y mettant toute mon énergie, afin que tout le monde puisse bien m’entendre.

J’adore tout autant la batterie que le chant, alors ce sera toujours un vrai plaisir !

Le titre de votre dernier album fait référence à un concept bouddhiste selon lequel « tout est vacuité », c’est à dire que rien de ce qui existe en ce monde n’a de substance. Wajima-san, vous pensez que garder ce concept à l’esprit pourrait nous permettre, à nous, humains du 21e siècle, de traverser plus facilement les difficultés inhérentes à notre époque. Vous vous êtes également intéressé à la philosophie, notamment à la pensée de Nietzsche. Est-ce aussi cela le rôle de Ningen Isu : amener les auditeurs à réfléchir au monde dans lequel ils vivent et à garder espoir malgré la noirceur du monde ?

Shinji WAJIMA : Au train où va le monde, nous risquons de voir s’effondrer toutes les valeurs que nous connaissions jusqu’alors (même si cela profitera à certains). Si nous restons profondément attachés à ce que nous connaissions, nous ne pourrons pas survivre à cette époque. Je pense qu’en nous appuyant sur ce concept bouddhiste, nous pourrions parvenir à laisser derrière nous notre attachement. Peut-être même serions-nous alors en mesure de pardonner. Nous laisserons-nous emporter par l’époque ou bien choisirons-nous de reprendre nos vies en mains ? Quoi qu’il en soit, il me semble que nous ne devons pas oublier ceci : nous sommes des êtres humains et nous devons continuer de vivre fièrement en tant que tel. Car il me semble que la vie, c’est l’incarnation même de l’espoir. Chacun de nous possède la lumière en soi ; je souhaite que de plus en plus de personnes prennent conscience de leur propre lumière.

En 2020, juste avant que la crise mondiale du covid ne paralyse le monde, vous avez effectué une tournée européenne de trois dates durant laquelle vous avez joué en Allemagne et en Angleterre. Envisagez-vous de revenir jouer en Europe un jour ? Pourquoi pas en France ?!

Shinji WAJIMA : J’aimerais évidemment venir en Europe et pourquoi pas en France. Cependant, avec la récente inflation en Europe et aux États-Unis (une hausse des prix qui s’aggrave également au Japon) et la réalité des bas salaires au Japon, je ne pense pas que cela soit actuellement possible. En Occident, l ‘écart entre les riches et les pauvres est probablement très important, mais les citoyens japonais sont vraiment en train de devenir de plus en plus pauvres. Mais cela changera peut-être tôt ou tard et nous pourrons en profiter pour nous engouffrer dans la brèche… Et puis non, nous pourrions également être rock’n’roll jusqu’au bout et le faire quand même, sans nous soucier de l’argent. L’envie est là, donc notre venue en France se produira tôt ou tard.

Ken.ichi SUZUKI : J’aimerais vraiment réaliser une nouvelle tournée européenne. Et visiter la France au moins une fois. D’autant plus que c’est le pays d’origine d’André the Giant, que j’admire beaucoup.

Nobu NAKAJIMA : Aucune tournée à l’étranger n’est pour l’instant prévue, mais personnellement j’aimerais beaucoup y voyager. J’adorerais aussi venir jouer en France !!

Influencés par des groupes mondialement reconnus comme Kiss, Black Sabbath ou Motörhead, vous chantez en japonais, vous faites la part belle à la culture, à l’histoire et à la littérature japonaise, créant ainsi une formation très originale. Cela participe bien entendu à votre attrait. Quel regard portez-vous en tant que musiciens sur la production musicale actuelle ?

Shinji WAJIMA : Je souhaite tout d’abord faire en sorte de ne jamais oublier nos racines. Lorsque ce fut la mode du grunge, les solos de guitare soignés ont pendant un certain temps purement et simplement disparu. Nous avons pourtant continué à en faire. C’est parce que nous avons continué à jouer du Hard rock, qui n’était pas dans les tendances de l’époque, que nous avons pu nous produire à l’Ozzfest en 2013 et connaître une sorte de renaissance. La scène musicale japonaise actuelle tend à exiger des intros courtes, mais nous continuons malgré tout à les faire durer. Je pense que nous restons ainsi davantage dans l’esprit du rock, plus humains, et que nous limitons au maximum les modifications informatiques du son.

En outre, j’ai l’impression que le Japon contemporain a tendance à perdre ses spécificités culturelles à une vitesse effroyable. Qu’est-ce qu’un pays ? Un pays est avant tout défini par sa langue. C’est pourquoi je mets un point d’honneur à continuer de chanter en japonais.

Nobu NAKAJIMA : Je compte ne jamais ménager mes efforts et affiner chaque jour davantage mon jeu !

Le Japon est, par le biais des manga et des dessins animés, un pays très apprécié par les jeunes français. Il me semble que les œuvres de Shigeru MIZUKI ont exercé une certaine influence sur vos premières années (notamment sur la tenue de scène de Suzuki-san). Auriez-vous des manga que vous appréciez à conseiller à nos lecteurs français ?

Shinji WAJIMA : J’ai récemment découvert Tokyo Revengers, que j’ai trouvé intéressant. Pour faire bref, c’est un manga qui parle d’un gang de délinquants à moto. On les appelle les Yankees (la raison pour laquelle on utilise ce terme d’argot venu des États-Unis est un mystère, mais une théorie veut que ce soit parce qu’après la Seconde Guerre mondiale, les délinquants japonais ont repris le style vestimentaire de la jeunesse américaine). Vêtus de longs manteaux qui ressemblent aussi à l’uniforme autrefois utilisé par l’armée japonaise, ils se déplacent à moto.

Il y est également question de voyage dans le temps, ce qui est fréquent dans les manga. Tokyo Revengers a eu un impact considérable sur la jeunesse, remettant au goût du jours les yankees, qui avaient disparu de l’imaginaire collectif pendant un certain temps. Il a également été adapté en anime. Pourquoi ne pas y jeter un coup d’œil, pour en savoir davantage sur la culture yankee du Japon ?

Ken.ichi SUZUKI : Puisque vous avez mentionné Shigeru MIZUKI, je recommanderai notamment Kitaro le repoussant, Mon copain le kappaAkuma-kun et toutes ses autres œuvres des années 50.


Nobu NAKAJIMA
 : En matière de manga, je recommande vivement les œuvres de Hideshi HINO, Junji ITÔ et Daijirō MOROHOSHI.

Quant aux anime, ils datent tous un peu, mais je dirais : Devilman, Lupin III, First Human Giatrus, Dorororon Enma-kun, The Gutsy Frog, Little Wansa, Chobin, Vic le Viking , Démétan la petite grenouille , The Genie Family, Kitaro le repoussant, Tensai Bakabon, Inakappe Taishō, Apache Yakyūgun, Yamato, Galaxy Express 999, Albator le corsaire de l’espace, Mobile Suit Gundam, Urusei Yatsura, Maicchingu Machiko-sensei, Tiger Mask, Gamba no Bôken, Mazinger Z Je suis un vrai otaku concernant les anime, donc si je commence à en parler…je ne peux plus m’arrêter. Je vais donc m’arrêter là (rires).

A l’origine, Ningen Isu a vu le jour dans la région d’Aomori, tout au nord du Japon. Suzuki-san et Wajima-san, vous êtes tous les deux originaires de cette région et nombre de vos chansons évoquent la culture, les festivals qui lui sont propres, voire utilisent des mots du dialecte de Tsugaru. Auriez-vous des lieux et des spécialités régionales d’Aomori à conseiller à nos lecteurs qui prévoient un voyage au Japon ?

Shinji WAJIMA : Cela dépend de la saison, mais je vous conseille de goûter ses pommes. Elles sont délicieuses : grosses, tendres, fraîches et sucrées. Le mont Iwaki (près de Hirosaki, dans la préfecture d’Aomori) est magnifique, au point d’être surnommé le mont Fuji de Tsugaru. Depuis bien longtemps, le Japon voue un culte aux montagnes et le mont Iwaki est l’un de ces monts sacrés.

Je vous conseille par ailleurs la visite du mont Osore, qui se trouve sur la péninsule de Shimokita. Bien qu’elles soient moins nombreuses qu’auparavant, nous avons dans le nord du Japon des Itako, des personnes qui font descendre ici-bas les âmes des morts et nous permettent de discuter avec eux. J’ai moi même pu y parler avec l’esprit de Jimi Hendrix. C’est comme visiter une sorte de parc d’attraction des esprits.

Ken.ichi SUZUKI : Les spécialités d’Aomori que je préfère sont les sashimi de coquilles Saint-Jacques, le Ke-no-shiru (un bouillon de riz typique d’Aomori) et les niboshi-ramen. Pour ce qui est des lieux à visiter, je dirais le mont Iwaki, la côte ouest d’Aomori, les plages de Shichiri et le cap Tappi.

Pour finir, auriez-vous un message que vous souhaiteriez faire passer à vos fans français ?

Shinji WAJIMA : Soyez fiers de votre pays. Prenez soin de sa langue, de sa culture et de sa nature. Cela revient à prendre également soin de vous. Si vous êtes fier de vous, vous serez fier des autres. Car cette fierté, vous la retrouvez chez des personnes nées dans un pays différent du votre, qui parlent une autre langue, qui ont une autre culture. Ne pas tout uniformiser. Ne pas chercher à éliminer les différences. C’est précisément parce que nous sommes tous différents que la fierté peut rayonner et que vous aussi, en tant qu’individu unique, vous rayonnez.

Ken.ichi SUZUKI : Fans français de Heavy, écoutez Ningen Isu et appréciez l’étrange fusion du Hard rock et de la langue japonaise.

Nobu NAKAJIMA : Si nous avons l’occasion de faire un concert en France, j’espère vous voir dans le public. Restons en plein forme jusqu’à ce fameux jour !

Un grand merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Nous vous souhaitons depuis la France une très belle continuation et espérons que cette interview permettra à de nombreux lecteurs français de vous découvrir !

Photographie en noir et blanc des trois membres du groupe

Entretien mené par Nina LE FLOHIC.

Remerciements tout particuliers à Kenya KAI (Tokuma Japan).

Traduction : Nina LE FLOHIC et Maiko NISHIMURA.

Shikisokuzekû (Tout est Vacuité) !

Sorti le 06 septembre 2023, Shikisokuzekû est le 23e album studio de Ningen Isu. Composé de 13 titres, il s’inscrit incontestablement dans la lignée du précédent album Kuraku (Plaisir et Souffrance), sorti en 2021. Un son lourd, des refrains entêtants et des mélodies qui s’assemblent comme des boucles. Le guitariste Shinji WAJIMA et le bassiste Ken.ichi SUZUKI se partagent le chant avec six titres chacun, tandis que le batteur Nobu NAKAJIMA interprète un titre supplémentaire. Les chansons du bassiste sont comme toujours les plus lourdes sur un plan musical et les plus sombres au niveau des paroles : elles parlent d’enfer, de diable et de ténèbres.

Le 10e titre, Jigoku daitetsudô (Le grand chemin de fer de l’Enfer), est musicalement très intéressant : nul besoin de comprendre les paroles, il suffit de se laisser emporter par la musique pour comprendre que les trois musiciens nous emmènent, à l’aide de leurs instruments et de leurs voix, à bord d’un train. Sur une majorité de titres aux sonorités Heavy metal, le 11e offre une parenthèse, qui rappelle davantage les débuts du groupe : le chant clair et la guitare sèche de WAJIMA prennent le relais sur les habituelles sonorités graves et lourdes du trio.

La pochette de l’album est signée Jun MIURA, un mangaka et musicien ami des membres depuis leurs débuts. Elle représente un Jinjadaishô, une divinité bouddhique censée protéger (en particulier les voyageurs) des maladies, du danger et d’éloigner les démons. Le titre est calligraphié par Tenpû MIYATA. La photographie des trois membres a, quant à elle, été réalisée selon une technique de développement photographique ancienne de plus de 170 ans.

Un album original dans lequel les connaisseurs pourront retrouver des similitudes avec d’anciens titres tout en savourant de nouvelles créations, mais qui pourra également constituer une belle porte d’entrée dans l’univers de ce trio japonais à découvrir d’urgence !

Le groupe sera en tournée dans tout le Japon du 09 octobre au 6 novembre 2023.

Site officiel : https://ningen-isu.com/

Se procurer l’album : https://www.cdjapan.co.jp/product/TKCA-75173

Page instagram officiel :

https://instagram.com/ningen_isu?igshid=MzRlODBiNWFlZA==

Page en français :

https://instagram.com/ningen.isu.france?igshid=OGQ5ZDc2ODk2ZA==

Écouter Shikisokuzekû sur Spotify :

Shikisokuzekû Tout est Vacuité

1) Saraba Sekai / Adieux à ce Monde

2) Kamigami no kessen / La dernière bataille des Dieux

3) Ikiru / Vivre

4) Akuma ichizoku / Le clan du Diable

5) Kyôki Ningen / Le fou

6) Ningen no shômei / La preuve de l’Homme

7) Uchû dengeki tai / Forces spéciales de l’Univers

8) Uchû no hito wadarâ / Le vagabond de l’Espace

9) Mirai kara no dasshutsu / Évasion depuis le futur

10) Jigoku daitetsudô / Le grand chemin de fer de l’Enfer

11) Hoshizora no michibiki / Guidé par le ciel étoilé

12) Namekuji taisô / La gymnastique de la limace

13) Shide no tabiji no monogatari / Récit d’une randonnée vers l’Au-delà

Pour (re)lire notre article sur le groupe :

Nina Le Flohic

Grande lectrice passionnée par le Japon depuis ma plus tendre enfance, je suis diplômée d'un master Langue, Littérature et Culture Japonaise. Des études au cours desquelles j'ai eu l'occasion d'effectuer des recherches dans le domaine de la littérature japonaise et de voyager plusieurs fois au pays du Soleil Levant. Très heureuse de pouvoir partager avec vous mes coups de cœur et expériences à travers mes articles, n'hésitez pas à me laisser vos questions ou avis en commentaires, j'y répondrais avec plaisir !

5 réponses

  1. Aerosniff Someglue dit :

    Je connais un tout petit peu ce groupe (grâce à youtube, les CDs nippons restant…onéreux et étant contre les Spotify, Netflix et Cie).

    Cela fait du bien de lire des interviews/articles sur le J-rock, moi que la pop (surtout coréenne), le rap, le hip hop et Cie indiffèrent (et je reste poli!).

    Chouette site que je viens de découvrir! Bravo et excellente continuation!

    • Bonjour,
      Merci beaucoup pour votre retour, qui m’a fait chaud au cœur !
      Je suis ravie que la présente interview vous ait intéressé et peut-être permis d’en apprendre un peu plus sur Ningen Isu, un groupe dont on parle en effet assez peu.
      Je prépare actuellement un reportage sur le concert de Ningen Isu et de Sex Machiguns (autre groupe de métal japonais) qui a eu lieu en décembre à Kawasaki. Celui-ci devrait paraître le mois prochain et j’espère qu’il saura également vous intéresser !
      Bonne journée !

  2. Bonjour et merci pour cette belle découverte. je suis animateur radio sur RAM05, radio libre des hautes alpes et je les diffuserai dans ma prochaine émission rock « Dans la brume électrique » le 7 février prochain; Serait-il possible que je reprenne quelques éléments biographiques de votre interview pour présenter le groupe ? bien sûr, je vous citerai comme source ainsi que le site journaldujapon.
    En tout cas merci à vous pour cet article et merci à Ningen Isu pour la musique

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