Sakuna: Of Rice and Ruin : du riz et de la châtaigne au menu !

Sans faire grand bruit et éclipsé par la sortie des consoles next-gen, Sakuna : Of Rice and Ruins, le nouveau jeu d’action et de simulation agricole indépendant du studio japonais Edelweiss (Astebreed), a débarqué ce 20 novembre en Europe sur PS4, Switch et Steam (et depuis le 10 sur PC). À la croisée des chemins, entre un Muramasa: The Demon Blade, pour son exploration et ses combats, et un Harvest Moon, dans ses phases plus calmes (mais néanmoins dépourvues de tout repos pour Sakuna) de culture du riz, céréale sacrée qui donne toute sa puissance à notre héroïne ; le titre offre une trentaine d’heures dépaysantes et rafraîchissantes. Bienvenue sur Hinoe, l’île des démons plus accueillante qu’il n’y paraît !




 

L’exil de la princesse Sakuna sur l’île des démons

Il était une fois la princesse Sakuna, fille pourrie gâtée du kami de la guerre Takeribi et de la déesse des moissons Toyohana. Elle vivait dans le luxe et l’opulence de la capitale Mihashira aux côtés des autres dieux et esprits de Yanato. Tout bascula lorsqu’un jour, sur le pont flottant séparant le royaume céleste du monde inférieur des hommes, elle fit la rencontre d’un groupe d’humains affamés en exil. Pas à une gaffe près, Sakuna, complètement bourrée, leur révéla l’existence d’un banquet à la capitale. Les mortels la suivirent et se rendirent alors dans l’entrepôt des offrandes. Maladroite, c’est alors qu’elle mit feu à la récolte…

La déesse Kamuhitsuki qui règne sur le domaine céleste, en guise de punition, bannit la princesse en disgrâce sur Hinoe, l’île dite des démons. La divinité l’a charge alors de reconquérir les lieux en éliminant les hordes de démons qui infestent la zone, sans quoi elle ne pourra plus retourner à la capitale et retrouver sa vie d’avant. Imbue de sa personne, comme si tout cela ne suffisait pas, elle doit dorénavant s’occuper des enfants à cause de qui elle se retrouve dans cette galère…  Ainsi commencent les aventures de Sakuna et des humains qui l’accompagnent pour débarrasser l’île du mal qui l’habite.

 

Le riz, c’est la vie !

Après avoir abordé l’histoire et le contexte de la venue de Sakuna sur l’île des démons et avant de parler des combats, parlons d’une partie importante du soft : la culture du riz. Sa mère étant une déesse des moissons, la petite Sakuna a hérité de ses pouvoirs et tire sa puissance de la qualité et de la quantité de riz planté et récolté. Tout au long de l’année, il faudra donc prendre soin des champs : du laboure au battage du riz après le fauchage et le séchage, chaque phase de la culture est sous la forme de mini-jeux.

En véritable simulation agricole, de nombreux paramètres comme les saisons et la météo (pluie, ensoleillement, température), la faune (grenouille, insectes et autres nuisibles) et la flore (algues et mauvaises herbes à arracher) influeront sur la croissance. S’ajoutent aussi l’irrigation du champ et la gestion de l’engrais. Pour nous aider à améliorer nos rendements, le joueur pourra compter sur les précieux conseils de Tauemon, ancien samouraï devenu bandit plus à l’aise dans les champs que sur le champ de bataille, et sur les parchemins à trouver au cours de l’exploration de l’île. Chaque année, la récolte sera, espérons-le, supérieure à la précédente grâce aux astuces apprises et mises en pratique. Pour que cela ne soit pas fastidieux, la bonne idée a été de faire passer assez vite les saisons : 3 jours chacune soit 12 jours pour une année complète. La journée-type est donc de s’occuper du champ (engrais, niveau de l’eau, mauvaises herbes à arracher…) le matin puis de partir à l’aventure pour récolter des ingrédients à cuisiner ou bien des matériaux pour crafter des armes plus puissantes auprès de Kinta, notre forgeron.

Le niveau et les attributs du riz qui ont une incidence sur les statistiques de Sakuna

Le niveau et les attributs du riz qui ont une incidence sur les statistiques de Sakuna ©2020 Edelweiss

A l’aventure !

Utilisation du grappin

Utilisation du « grappin » ©2020 Edelweiss

Si la moitié du temps se passe dans les champs, le reste de la journée est dédié à l’exploration de l’île et aux phases de combat en 2,5D avec défilement horizontal qui ajoute un charme et une identité au jeu. En mode beat’em all, Sakuna est armée pour envoyer valser les dizaines de monstres avec deux types d’attaques à alterner et adapter selon les ennemis : les attaques rapides et les frappes lourdes mais lentes. L’héroïne débloque des compétences à mesure qu’elle distribue des châtaignes ; dommage qu’il n’y ait que 4 slots disponibles pour les compétences de combat et 4 autres pour le « grappin-écharpe ». En parlant de l’écharpe divine de Sakuna, cette dernière lui permet au combat d’agripper des adversaires, d’esquiver des attaques ou de se mettre derrière l’ennemi pour faire encore plus de dommages…  Mais utilisé comme un grappin, il permet aussi d’accéder à des endroits inaccessibles avec un saut simple : une manière d’apporter un peu de verticalité bienvenue au soft. On pourra reprocher une maniabilité qui n’est pas toujours là. Il arrive fréquemment que l’on s’y reprenne à plusieurs fois pour accéder à la plateforme que l’on vise.

Combat contre un boss

Combat contre un boss : la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe ! ©2020 Edelweiss

Pour progresser et explorer de nouveaux niveaux, il faut accomplir les objectifs pour augmenter son niveau d’exploration. Ainsi, si au début les zones se ressemblent et se montrent assez linéaires, après quelques cartes, on découvre de nouveaux terrains de jeux (aquatiques ou volcaniques par exemple) avec des obstacles plus compliqués (sans toutefois être insurmontables !). Si à la nuit tombée les ennemis deviennent très durs à abattre (moins le cas à la fin du jeu), lorsqu’il fait jour, lapins, sangliers, tortues et autres monstres sont assez simples à éliminer grâce à nos attaques de zone et à notre précieux « grappin ». Dommage que la difficulté soit assez mal jaugée… Même les boss ne feront pas si peur que cela à notre héroïne ! Notons que la difficulté pour la partie simulation agricole et les combats sont dissociées : un bon point pour les joueurs pas forcément très à l’aise dans la gestion de la culture du riz (même s’il y a pas mal de tutoriels pour guider les jeunes pousses que nous sommes) ! Jouer avec la difficulté basse n’a aucun intérêt et ne présente vraiment aucun défi. Si Sakuna: Of Rice and Ruin débute sur les chapeaux de roues, passée l’introduction à la capitale avec la première année sur l’île et l’explication des bases du jeu, l’histoire s’avère un peu décevante et plate à certains passages. Il manque des rebondissements et pendant plusieurs heures, on enchaîne les différents niveaux sans vraiment avoir de ligne directrice… Quel dommage quand on voit toutes les possibilités qu’il y avait pour dynamiser tout cela ! La musique traditionnelle qui revient en boucle aurait mérité plus de variété. L’univers est pourtant réussi mais la relation entre les différents personnages met trop de temps à être développée : on commence à s’attacher à nos exilés plus d’une dizaine d’heures après leur arrivée sur l’île. Saluons la jolie édition collector « Golden Harvest » (« moisson dorée ») qui en plus du jeu de base inclut un artbook de 130 pages, 3 CD des musiques de Sakuna: Of Rice and Ruin et un poster. Tout cela pour un prix abordable : 60€ contre 40€ pour la version standard. On regrettera tout de même de ne pas avoir droit en Europe à l’amulette japonaise (omamori) présente dans la version nord-américaine à 60$…

Sakuna: Of Rice and Ruin Edition collector Golden Harvest

Sakuna: Of Rice and Ruin, l’édition collector « Golden Harvest » plutôt bien fournie avec son artbook et les OST ©2020 Edelweiss

 

Pour résumer, Sakuna: Of Rice and Ruin est une belle découverte et est un jeu indépendant non dénué de charme qui pourra surprendre avec sa synthèse de 2 genres radicalement différents : la  simulation agricole et le beat’em all à défilement horizontal. Edelweiss a travaillé l’ambiance qui fait clairement voyager dans le folklore japonais en délaissant quelque peu l’histoire et sa progression. Le jeu peine à convaincre totalement avec des baisses de rythme qui pourraient faire passer à un autre jeu les joueurs les moins patients. Si le happy end est assez prévisible, il n’empêche que l’on passe globalement de bons moments (plus de 30 heures) aux côtés de Sakuna sur l’île des démons ! Les allergiques à l’anglais devront passer leur chemin : seuls les doublages anglais/japonais avec sous-titres anglais sont disponibles. L’absence de sous-titres en français n’est pas forcément dérangeant pour suivre l’histoire et les dialogues.

 

David Maingot

Responsable Culture à JDJ et passionné de la culture et de l'histoire du Japon, je rédige des articles en lien avec ces thèmes principalement.

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