Digimon Survive : une aventure pleine de mystères et de survie !

Il aura fallu de la patience mais les fans des monstres digitaux ont enfin pu s’immerger à nouveau dans le Digimonde. Quatre ans après l’annonce du jeu, repoussé plusieurs fois sur fond de crise du Covid-19, Digimon Survive est enfin là sur PC, Switch, PS4 et Xbox One. Malgré la timide communication autour de cet épisode plein de mystères et de survie, à Journal du Japon, on l’attendait avec impatience. Si le Visual Novel ne plaira pas à tout le monde, son histoire mature compense largement les longues heures de lecture ! Au programme : des choix qui auront des conséquences sur la survie du groupe d’adolescents et des mystères qui sauront tenir en haleine jusqu’à l’une des fins possibles.

Une histoire mature qui rappellera des souvenirs aux fans de Digimon de la première heure

Un scénario nous immergeant dans la culture nippone

Le joueur incarne Takuma Momozuka, un jeune garçon parti en voyage scolaire avec les autres membres de sa classe dont deux amis du collège, Aoi Shibuya et Minoru Hyuga, dans un coin reculé de la campagne japonaise. Si au début, tout se passe bien, tout bascule très vite. Au pied des sakura, Minoru, amateur d’anecdotes, nous livre celle sur les feuilles des cerisiers en fleurs vénéneuses. Après un séisme, la balade, où on peut admirer tranquillement les arbres en fleurs, laisse place à des phénomènes étranges. Suite au passage d’un étrange tunnel avec un cercle et une corde sacrée shintô, les enfants débarquent dans une forêt avec des lycoris, fleurs qui ne poussent normalement qu’en automne.

Rencontre avec les digimon

Plus loin, les enfants explorent un sanctuaire de campagne lié à une mystérieuse légende des Kemonogami. Takuma rencontre alors un monstre rose, Koromon. A peine les présentations effectuées, Takuma, accompagné de son digimon, fonce aider ses camarades de classe qui sont attaqués par des monstres apparus dans la brume. Dans le combat, Koromon se transforme en Agumon. Si le duo réussit à faire fuir les monstres, les héros se rendent compte que leur calvaire ne fait que commencer… Ils ont été téléportés dans un autre monde, peuplé d’étranges créatures, les digimon. Grâce à leurs compagnons digitaux, les 8 enfants devront se battre et prendre des décisions difficiles s’ils veulent rentrer chez eux. Les choix du joueur tout au long du jeu ont un impact sur l’évolution des digimon et sur la fin de l’histoire.

Le parallèle avec l’anime de notre enfance

Les personnages ont des ressemblances avec les enfants de la saison 1 de l’animé, Digimon Adventure. Takuma ressemble à Taï. Kaito dans le rôle du grand frère sur-protecteur de Miu rappelle Matt. Aoi est la figure maternelle, comme Sora. Shuuji sous pression parce qu’il est le plus âgé et peureux fait penser à Joe. Comme les enfants sont plus âgés, l’histoire pouvant rappeler le synopsis de l’anime de notre enfance s’est assombrie. Sans trop en dévoiler, la mort d’un des adolescents, survenant assez tôt dans l’histoire, est assez inattendue. Les survivants sont choqués et réagissent différemment, amenant un développement des personnages intéressant : l’un des gros points forts du jeu.

Le système de choix implique une direction morale du héros. Même si les effets ne sont pas forcément évidents au début, c’est un élément crucial qui ajoute de la tension et du suspens. A chaque décision, le joueur peut se dire que cela pourrait amener à la mort d’un autre enfant. Par ailleurs, à la fin de la première partie, un message indique qu’en ayant une meilleure affinité avec Ryo, tout le monde aurait pu survivre… Un bon moyen de challenger les joueurs pour un game + et découvrir une autre fin plus joyeuse !

Un Visual Novel classique et bien mis en scène avec une bonne traduction française

Digimon Survive est un Visual Novel classique. Les fans de ces récits vidéo-ludiques ne seront pas dépaysés. Les personnages discutent et les choix de répliques permettent au récit d’emprunter différentes voies. A cela s’ajoute un peu d’action avec des phases d’exploration de la carte. En effet, le jeu distille progressivement le passé et les secrets des enfants mais le développement de la psychologies des héros peut manquer de profondeur à certains passages. Les réactions sont ainsi parfois un peu trop caricaturales ou prévisibles. Pour arriver au bout de l’histoire, il faut compter une trentaine d’heures et les nombreux textes sont traduits en français. Les non-anglophones apprécieront cet effort pour rendre accessible le jeu à tout le monde. La traduction est de plutôt bonne qualité et par exemple, les erreurs d’Agumon (comme « nez-colle » au lieu de « école ») sont bien adaptées.

Le tactical RPG pour représenter les combats digimon

Pour que le joueur soit plus actif et évite d’appuyer uniquement sur une touche pour faire défiler le texte, il y a des passages où il faut utiliser le téléphone portable pour scanner l’environnement à la recherche d’objets ou d’indices. C’est une petite chose mais c’est toujours bon à prendre. Ensuite, pour maintenir l’intérêt, il y a aussi les combats pour donner au jeu un côté tactical RPG. Le système est classique (comme Utawarerumono: Prelude to the Fallen) avec le damier, les dégâts selon l’orientation de la cible (si l’ennemi est de côté ou de dos, il subit plus de dégâts). On trouve quelques spécificités comme les discussions avec les ennemis, permettant de se lier d’amitié avec les digimon (avec 3 questions auxquelles bien répondre et ensuite avoir de la chance pour que la capture se fasse). On pourra ensuite les utiliser en combat.

Les évolutions des digimon

Elles se débloquent progressivement dans l’histoire pour les digimon du groupe et les consommations de points d’action sont tellement ridicules que l’on transforme les digimon tout le temps et que l’on n’est jamais à court de PS. Il est cependant dommage que la difficulté soit mal jaugée : on enchaîne toujours les combats sans grande difficulté… Pire, la stratégie à adopter se résume à foncer dans le tas, faire évoluer les digimon à leur forme la plus avancée, utiliser ses points de déplacement et les attaques les plus puissantes. Chaque digimon a 2 emplacements pour apprendre des techniques ou gagner des bonus/résistances : cela simplifie (peut-être trop) la gestion des digimon. En effet, les combats sont tellement à l’avantage du joueur qu’il est frustrant de devoir courir après les adversaires qui fuient le combat…

Toujours comparé (à tort) à Pokémon, qu’a à offrir Digimon dans une formule inédite de Visual Novel pour la licence ? Avant toute chose, Digimon Survive est typiquement le genre de jeu que l’on aime ou déteste. Le VN n’est pas forcément le genre de jeu vidéo le plus populaire en France, et faire défiler du texte la majorité du temps peut en rebuter certains, et c’est compréhensible. Cependant, il serait dommage de passer à côté de cette nouvelle histoire qui réinvente l’animé de notre enfance dans une aventure mature et pleine de suspens.

L’ajout des combats en mode tactical RPG n’est pas la partie la plus réussie du jeu. Point assez décevant : pas de collectionnite avec seulement une centaine de digimon, ce qui fait que l’on a l’impression d’affronter toujours les mêmes ! Bien que Survive soit loin d’être parfait, il n’empêche que l’on passe un bon moment et que l’on veut vite progresser dans les 12 parties de l’histoire pour enfin tout comprendre.

David Maingot

Responsable Culture à JDJ et passionné de la culture et de l'histoire du Japon, je rédige des articles en lien avec ces thèmes principalement.

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