DIY : Crochetez des amigurumi Ghibli

Les éditions 404 ont décidé de sortir non pas un mais deux livres d’activités manuelles et créatives inspirées de l’univers des studios Ghibli. Après le livre d’activités variées (Fabrique tes créations Ghibli), le livre de Karine Larose est consacré au crochet et plus spécifiquement à l’art de l’amigurumi, à savoir, la création de petits personnages au crochet. L’avantage du crochet est qu’il ne prend pas beaucoup de place et qu’il peut donc s’embarquer partout. Alors, si vous êtes fan de Totoro ou de Kiki la petite sorcière, ce livre est peut-être l’occasion idéale de commencer une nouvelle activité pour l’été. Rencontre avec l’auteure et crash test d’un modèle.

D’instagram au livre : le crochet pour exprimer son amour de l’univers Ghibli

Journal du Japon :  Qui est à l’initiative de ce livre ? Comment est-il né ? 

 
Karine Larose et son livre ©Karine Larose

Karine Larose et son livre ©Karine Larose

Karine Larose : Je crochète depuis plusieurs années et j’ai fondé La rose du rang, ma petite entreprise de design de patrons/tutoriels de tricots et de crochet en 2014. Avec la pandémie, l’école à la maison et les joies de cette nouvelle réalité, j’ai un peu perdu mon inspiration… mais j’avais quand même envie de crocheter ! À cette époque, j’ai donc commencé à faire ce que j’ai appelé mes interludes créatifs ! Ce sont des projets “fan art” qui me permettaient de créer des petits personnages de différents univers que j’affectionne, sans la pression d’en faire des patrons pour la vente.

Comme j’aime particulièrement l’univers du studio Ghibli, j’ai plusieurs petits projets qui sont tirés de cet univers… et c’est comme ça que mon éditrice, Joséphine, m’a trouvée via des images publiées sur mon compte Instagram! Les éditions 404 avaient en tête de faire un livre de crochet inspiré par l’univers du studio Ghibli et comme elle aimait mon travail, elle m’a écrit pour en discuter. J’avoue que j’étais vraiment surprise d’être approchée par une maison d’édition pour écrire un livre de crochet !

C’est votre premier livre, comment l’avez-vous imaginé ? Quel a été le plus gros défi pour vous ? 

C’est mon premier livre, mais je publie des patrons depuis plusieurs années déjà, alors j’étais déjà à l’aise dans la rédaction ! Cependant, c’est clairement le plus gros recueil de patrons que j’ai écrit jusqu’à maintenant, puisqu’il regroupe les instructions pour confectionner 10 personnages différents ! Après des années à tout faire moi-même, j’avoue que le plus grand défi du projet, pour moi, aura été de ne pas pouvoir être perchée en permanence sur l’épaule de l’éditrice. C’était la première fois que je n’étais pas la seule responsable d’assembler mon ouvrage ! C’est donc la maison d’édition qui s’est occupée d’ajouter des petits paragraphes d’introduction au crochet et de présenter les différents personnages.

À quel point avez-vous été impliquée dans la conception du livre, le design, les textes, les photos, la couverture… ? 

Une fois que j’ai été convaincue qu’on ne me faisait pas une vilaine blague, et que l’offre de réaliser un ouvrage de fan art d’un des univers que j’aime le plus était vrai, j’ai eu la chance de proposer différents personnages qui, selon moi, seraient les plus adaptés pour un premier livre de crochet. Ensuite j’ai eu carte blanche pour le type d’amigurumi qui viendrait habiter le livre ! J’ai ensuite créé les différents modèles et rédigé les instructions avant d’envoyer les amigurumi à l’éditrice, laquelle s’est chargée de la photographie. C’est aussi la maison d’édition qui a pris en charge les différents visuels présentés dans le livre à partir de mes propositions et des amigurumi que je leur ai envoyés.

Quel était votre objectif avec ce livre ? Ce qui ne vous a jamais quitté tout au long de sa conception ? 

Lorsque j’ai accepté de participer au projet, il était primordial pour moi que les projets soient accessibles même pour les crocheteuses qui débutent. Lorsque j’étais moi-même nouvelle dans l’univers du crochet j’ai malheureusement trébuché sur plusieurs patrons pas toujours adaptés, et c’est facile de simplement décider que le crochet n’est pas pour nous quand on s’emmêle dans des instructions mal présentées. C’est d’ailleurs un point central de mon activité professionnelle : faire que mes patrons soient simples à comprendre et à réaliser ! Ainsi, quand j’ai élaboré les différents modèles présentés dans ce livre, j’ai voulu garder des lignes et des formes simples tout en jouant sur les couleurs pour évoquer les personnages incroyablement attachants de MYAZAKI.

Comment définiriez-vous l’art de l’amigurumi ? Et qu’est-ce qu’il vous apporte ?

©Editions 404

©Editions 404

La laine a fait son entrée dans ma vie par le tricot et j’ai longtemps résisté à l’appel du crochet ! Je l’avoue, j’ai même pensé pendant plusieurs années que le crochet n’était simplement pas pour moi. Puis, j’ai eu envie de mettre une fleur toute simple sur un bonnet tricoté pour ma plus jeune fille… et ça a fait boule de neige ! Je n’étais plus intimidée par l’art du crochet et j’ai découvert tout un univers de possibilités ! Lorsque je me suis mise à crocheter des amigurumi, ça a vraiment été une révélation pour moi. C’était un moyen de façonner tout un univers de douceur et de couleur. L’art de l’amigurumi c’est beaucoup de choses, mais pour moi c’est surtout la liberté d’ajouter un peu de beauté et de joie dans l’univers ! 

Selon vous, à quel point l’amigurumi est-il implanté dans la francophonie ? 

D’entrée de jeu, je dirais que le crochet en général fait doucement, mais sûrement, sa marque dans l’univers de la fibre depuis quelques années. Il est malheureusement souvent perçu négativement et il met donc un peu plus de temps à prendre sa place dans le cœur des artisans. Mais je vois déjà beaucoup plus d’ouverture à cette forme d’expression artistique que lorsque j’ai débuté dans le domaine, et si on regarde plus particulièrement la discipline des amigurumi, la progression des mentalités est encore plus fulgurante !

Si la plus grande part du marché est anglophone, je remarque que la demande est de plus en plus présente pour des patrons de qualités offerts en français. Ce sont d’ailleurs les crocheteuses francophones qui forment la plus grande partie de ma clientèle depuis que j’offre mes patrons à la fois en français et en anglais. Je suis membre du Collectif Francrochet, lequel regroupe de nombreuses artisanes francophones du Canada et de la France dont un des objectifs premiers est de mettre en avant le crochet en français. Je crois que le crochet et l’art de l’amigurumi gagneront de plus en plus le cœur des gens dans les années à venir et, en créant des patrons/tutoriels de qualité en français, on s’assure une part importante du marché !

Sur quels critères avez-vous sélectionné les personnages Ghibli ? 

Lorsqu’on m’a approché pour le projet, c’était avec le thème très précis d’un livre inspiré par les personnages du studio Ghibli, mais en me laissant le choix des différents personnages qui seraient inclus. Ça m’offrait un terrain de jeu impressionnant ! Nous avons choisi de nous en tenir à 10 personnages et pour les choisir, j’ai cherché à avoir des projets qui seraient tous assez facile à réaliser et amusants. Je voulais aussi qu’on y retrouve différentes formes et techniques, mais en gardant une certaine uniformité. 

J’ai donc choisi des personnages qui me permettaient d’offrir une certaine progression en termes de difficulté de réalisation, mais qui serait amusants et intéressants à faire ! Pas question qu’on s’ennuie ou qu’on s’emmêle dans un projet trop ambitieux et qu’on abandonne ! Si j’ai choisi des personnages iconiques comme Totoro et Calcifer, j’ai aussi voulu inclure des personnages féminins parce que je trouve que c’est un des éléments extrêmement forts des films du studio Ghibli. Comme mes deux personnages favoris sont Kiki la petite sorcière et San de Princesse Mononoké le choix a été facile à faire.

©Editions 404

©Editions 404

Quel est le personnage Ghibli que vous préférez crocheter ?

Oh là là, pas facile de choisir un personnage préféré dans cet univers ! Mais si je m’en tiens à cet ouvrage, je crois que je choisirais Kiki la petite sorcière ! C’est un personnage que j’aime beaucoup, et dont l’histoire résonne beaucoup avec moi… Disons que je suis familière avec l’idée qu’on puisse perdre notre passion pour quelque chose lorsque la pression devient trop lourde et que ça étouffe un peu la joie que notre métier ou passe-temps nous apportait à la base.

Il y a aussi quelque chose de particulièrement cher à mon cœur dans l’idée qu’on peut transformer un projet en jouant sur les couleurs et qu’une simple poupée “générique” devienne un personnage qu’on affectionne particulièrement ! C’est un peu la base de mes interludes créatifs et projets “fan art” que je présente sur mon site : en jouant sur les formes et les couleurs on peut évoquer presque n’importe quel personnage. Alors de réaliser ce type de projet dans le livre, c’était particulièrement chargé d’émotions pour moi !

Quelle est la dernière peluche en amigurumi que vous avez crochetée ? 

C’est un secret ! Blagues à part, les derniers amigurumi sur lesquels j’ai travaillé seront offert en cadeau pour les 14 ans de mon adolescente, une très grande fan d’animes. C’est d’ailleurs devenu une tradition ces dernières années que je lui offre quelques mini poupées de ces personnages favoris du moment ! J’ai donc visité plusieurs univers en projet fan art dans ce but très précis, haha !

Du côté professionnel, les derniers amigurumi tombés de mon crochet étaient des poupées personnalisées à l’image de l’équipe d’une boutique de laine locale, un projet réalisé dans le cadre de mes chroniques Notre Univers au crochet (#notreuniversaucrochet) ! La propriétaire les a offerts en cadeau à son équipe pour l’anniversaire de la boutique. Dernièrement ce sont principalement des mini-poupées personnalisées qui m’ont tenu occupé ! Notre Univers au Crochet et la réalisation de poupées sur mesure est un projet qui me permet de partager mes amigurumi avec une partie de ma clientèle qui les apprécie… sans nécessairement avoir la patience d’en crocheter.

Auriez-vous des conseils (astuces, chaîne de tutos YT, livres ou sites) pour les lecteurs et lectrices de votre livre qui aimeraient continuer l’art de l’amigurumi une fois ce dernier achevé ? 

Le meilleur conseil général que je puisse donner aux crocheteuses et crocheteurs qui voudraient poursuivre dans le domaine des amigurumi est de ne pas hésiter à essayer des projets qui les poussent hors de leur zone de confort ! Qu’il s’agisse d’explorer des modèles d’amigurumi articulés, plus gros, plus petits, avec une construction originale… Lancez-vous ! La beauté avec les amigurumi, c’est qu’on peut recommencer autant de fois qu’on veut, et qu’il n’y a pas de date de péremption sur la laine et les crochets !

Et pour ceux et celles qui voudraient explorer le monde du crochet en français, ça vaut le coup d’aller découvrir le Collectif Francrochet.

Quels sont vos projets actuels et prochains ?

©Editions 404

©Editions 404

L’avantage d’être à la tête de ma propre entreprise c’est qu’à l’approche de la saison estivale je peux me permettre d’organiser mes projets pour profiter de la belle saison avec ma famille ! J’ai beaucoup de projets en tête, notamment des projets fan art, mais je veux aussi continuer de bonifier l’offre de patrons gratuits sur mon site Web. J’y travaille tranquillement depuis un moment, puisque je trouve que c’est une bonne façon de permettre à la clientèle de se familiariser avec mon style de rédaction avant d’acheter mes patrons. Ce sont des patrons simples, mais ça demeure une bonne façon de partager ma passion avec les visiteurs et visiteuses qui consultent mon site. C’est aussi intéressant en termes de rayonnement de partager ces patrons de cette façon, et lorsque les crocheteuses partagent leurs projets sur les réseaux sociaux avec le lien vers le patron ça permet à La rose du rang de se faire connaître !

Un dernier mot pour la fin ?

Pour terminer, je voudrais prendre un moment pour encourager les crocheteuses et crocheteurs à choisir des projets qui leur permettent de s’amuser et de colorer leur quotidien ! On sous-estime souvent l’importance de prendre le temps de faire les choses dans un monde qui nous pousse à aller toujours plus vite, à toujours en faire plus, et ce sans prendre le temps d’apprécier la beauté des petites choses. Crochetez avec de la jolie laine, avec un joli crochet, prenez le temps de crocheter doucement en vous amusant et sans vous décourager lorsque vous vous attaquez à un projet ambitieux ! En se donnant le droit de profiter du temps que l’on passe à crocheter autant que l’on va profiter du produit fini, on prend soin de notre fibre créative !

Modèle du Grand Totoro par une débutante : on a testé pour vous !

De format A4, le livre est léger, mince et facile à glisser et à transporter dans un sac avec un crochet et du fil. C’est donc armés de ces derniers que je me suis lancée dans l’art de l’amirugumi. Après avoir regardé les différents modèles, je me décide pour Totoro parce que je l’adore, parce que le modèle me semble plus accessible à la débutante que je suis et, enfin, que j’ai des restes de fils gris, blanc et noir. Le design du livre est beau, la mise en page aérée et le tout est assez minimaliste pour bien mettre en valeur les visuels. L’univers des studios Ghibli est subtilement rappelé dans les illustrations de nature. Franchement, la première impression est agréable en plus d’être rassurante.

Les textes explicatifs du matériel sont concises et claires. Pour celles des points, je me suis tournée vers les tutos en ligne pour m’assurer d’avoir bien compris. J’ai préféré acheter un rembourrage en coton recyclé à celui en polyester cité dans le livre. La laine cardée est aussi une alternative plus écologique au polyester en plus d’avoir des propriétés plus intéressantes pour la santé. Me voilà donc totalement équipée, c’est parti. J’avoue avoir un peu galéré entre des explications trop courtes et le manque de précisions sur les coutures ou le besoin ou non de rembourrage. Je me suis sentie parfois frustrée et là aussi, youtube est venu à ma rescousse. Disons que les explications sont plus pour les adeptes de l’autonomie et la prise d’initiative et il ne faut pas aussi hésiter à se référer aux explications des points qui sont en introduction du livre ou à chercher le web.

A côté de cela les points utilisés sont très peu nombreux ce qui fait qu’on avance vite. Le geste vient rapidement, aussi, et s’installe naturellement : plus on crochète et plus on gagne en rapidité et dextérité. Je suis tombée à court de fil à la toute fin ce qui me fait dire qu’il manque peut-être un métrage soit sous forme de minimum ou une estimation. Si, après cet essai, vous décidez de continuer, mieux vaut s’équiper du matériel dédié et utiliser le type de fil préconisé. Résultat, malgré des passages un peu fastidieux au commencement ou à la fin des pièces, j’ai réalisé un grand Totoro, le mien était un peu plus grand que 15 cm, en un rien de temps. Et il fait désormais le plaisir de ma filleule.

Studio Ghibli, le livret de crochet est un livre qui attitrera tous les fans de Totoro, Kiki ou Mononoke curieux de découvrir une activité créative pour exprimer leur amour à l’univers de Miyazaki. Et pour ceux et celles qui désireront continuer des tas de modèles plus élaborés existent sur le web, alors lancez-vous !

 

Em B

Eto...

1 réponse

  1. 2 juillet 2023

    […] ce sujet elle a aussi fait une entrevue avec le blogue Le journal du Japon que vous pouvez lire ici […]

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