Iwakura Aria : une poésie visuelle macabre

En ce mois de septembre 2025 et l’arrivée progressive d’Halloween, il est grand temps de se pencher sur les nouveautés automnales. Et parmi les titres, un a su attirer l’attention des membres de Journal du Japon. À la fois beau et inquiétant, Iwakura Aria, un jeu Switch interdit aux moins de 18 ans édité par PQube, ne peut laisser indifférent de par son ambiance aussi envoûtante que dérangeante. Mais ne concluons pas de suite et laissons plutôt place au test.

Iwakura Aria : une production Mages

Comme souvent avant de passer plus en détail au test, il est normal d’en apprendre un peu plus sur le studio derrière Iwakura Aria. Ce dernier n’est autre que MAGES (acronyme de Games), aussi connu sous le nom Mages Inc. Ce studio japonais produit de la musique, des jeux vidéo et de l’animation ; ces derniers transparaissent d’ailleurs dans les initiales du mot (Music, Animation, Games, Event, School). MAGES est à l’origine de plusieurs titres qui ont su attirer l’attention des joueurs de visual novel. Parmi les productions les plus connues, on peut noter Steins;Gate, Chaos;Head ou encore Ghost Hound. Ces dernières ont eu droit à leur adaptation sur le petit écran et se sont fait connaître à l’international via KZTV ou autre.

Productif depuis 2005, le studio de Chiyomaru Shikura qui possède également 5pb. Games et 5bp. Record au moment de sa création, a ensuite été en partie racheté par Dwango du groupe Kadokawa. L’entreprise prend alors le nom de 5pb. Inc. Jusqu’en 2019, où le studio cherche à être plus indépendant. Il est alors racheté par Chiyomaru Studio et prend le nom de Mages Inc. Et depuis 2020, c’est Colopl qui devient officiellement le nouveau propriétaire de la marque. Mais bien que le studio ait été racheté plusieurs fois, il n’a jamais oublié son esthétique presque gothique, ni son atmosphère atypique, envoûtante et dérangeante. Et Iwakura Aria ne fait nullement exception à cette règle !

Iwakura Aria : histoire et personnages

Il est grand temps de parler plus amplement du jeu du jour : Iwakura Aria. Un titre plutôt équivoque puisqu’il désigne tout simplement le personnage central de l’intrigue, à savoir la jeune Aria Iwakura, une noble japonaise quelque peu étrange. Mais avant de nous intéresser davantage a cette dernière ainsi qu’à son père ou sa servante, plongeons rapidement dans le synopsis officiel de Nintendo.

Après la guerre, le Japon connaît une croissance économique fulgurante, mais en marge de la société, une jeune fille se retrouve laissée pour compte. Privée de perspective d’avenir, Ichiko s’accroche à une mince lueur d’espoir : la promesse d’une nouvelle vie en tant que servante de la famille Iwakura. Cependant, les Iwakura dissimulent de lourds secrets, principalement liés à leur héritière, Aria. Ichiko se retrouve alors aspirée dans un autre monde, derrière les portes de ce mystérieux manoir.

Tiraillées entre les attentes et les espoirs des autres les concernant, Aria et Ichiko ont perdu contact avec leur véritable essence. À qui appartiennent les vies de ces jeunes filles, qui continuent de se conformer à ce qu’on attend d’elles ?

Pour briser leurs chaînes, elles devront faire preuve de courage et de détermination, et leur rencontre fatidique pourrait bien être la clé de leur émancipation.

Voici l’histoire d’un été de 1966, qui bouleversa le destin de la famille Iwakura et de leur nouvelle servante.

Ichiko et Aria

Ce visual novel nous met dans la peau de la nouvelle servante de la famille Iwakura, la jeune Ichiko. Cette dernière, vivant dans la rue depuis qu’elle a quitté son orphelinat, vient tout juste d’être « recueillie » par le chef de la famille Iwakura, M.Amane. Assez discrète et un peu immature dans un premier temps, on apprend très rapidement pourquoi elle réagit de cette manière et on s’y attache très vite. Son point de vue sur son environnement et sur les personnes qui l’entourent donne vie à cette histoire. Elle n’hésite pas à coucher sur papier des éléments qui attirent son (donc notre) regard. On participe à ses joies, ses doutes et on découvre en même temps qu’elle les secrets des Iwakura et de leur manoir.

Illustration montrant aria et Ichiko - Iwakura Aria
Ichiko, la rousse, et Aria, la brune. © MAGES. Licensed to and published by PQube Ltd.

Ensuite nous avons Aria, la fille unique de monsieur Amane. Assez distante au premier abord, Ichiko arrive très rapidement à se rapprocher de cette dernière et à tisser une relation ambigüe, « oscillant entre amour et amitié ». Elle est au cœur du récit. Plutôt frêle et toujours de blanc vêtue, on a l’impression, tout comme Ichiko, qu’Aria est un être éthéré à la beauté surnaturelle, ce qui est appuyé par son teint blafard et ses yeux de miel. On a presque affaire à une poupée humaine ! Et ce visual novel nous permet de découvrir ses différentes facettes, de l’humaniser, de l’apprécier, de l’aimer…

Aria - Iwakura Aria
Première rencontre avec Aria. © MAGES. Licensed to and published by PQube Ltd.

M.Amane et Sui

Aria Iwakura - Une scène avec monsieur Amane Iwakura
Amane Iwakura parlant avec Ichiko. © MAGES. Licensed to and published by PQube Ltd.

Après la fille, le père. M.Amane nous est décrit comme grand et beau, au tempérament très avenant ; il possède des yeux vairons, ce qui appuie sur sa beauté irréelle. C’est lui qui a recueilli Ichiko et lui a demandé de travailler pour lui. Mais derrière cette apparence proprette, Amane Iwakura semble cacher bien des secrets. Un homme fort mystérieux qu’Ichiko respecte beaucoup… mais jusqu’à quand ?

Sui dans son environnement : la cuisine. © MAGES. Licensed to and published by PQube Ltd.

Enfin, le dernier personnage « important » est Sui Miyauchi. C’est la première amie que se fait Ichiko à son arrivée dans le manoir. Très gentille et avenante, elle est l’une des cuisinières des Iwakura. Elle est une aide pour les deux jeunes filles et travaille très dur. On en découvre davantage sur elle, sa famille, et sur ses tourments personnels toujours au travers du regard d’Ichiko. Un véritable pilier de l’histoire à ne pas négliger !

Le manoir Iwakura

Iwakura Aria - Rez-de-chaussée du manoir
À la découverte du rez-de-chaussée. © MAGES. Licensed to and published by PQube Ltd.

Impossible de ne pas citer le manoir familial parmi les « personnages » incontournables. Oui, vous avez bien lu. Ce dernier est découpé selon les étages et à de nombreuses reprises, il nous est demandé de l’explorer. Cuisine, solarium, atelier de dessin, chambres à coucher, salles d’eau… tout est à visiter ! Il est même possible de découvrir des petits secrets sur les personnages donc on fouille tout dès que possible. Mais le connaissons-nous vraiment ? À vous de percer le mystère.

Visual novel, choix et visuels

À l’instar des autres visual novel déjà présentés par le passé, Iwakura Aria nous propose une histoire unique et captivante sur une quinzaine d’heures de dialogues et d’images incroyables. Chaque pièce, chaque choix permet ainsi au joueur de découvrir les différents secrets enfouis chez les Iwakura. Avec neuf fins différentes possibles et neuf destins différents pour Ichiko et ses proches, ce jeu réserve son lot de surprises, de scénettes qui l’articulent, lui donnent corps et vie. On se prend à analyser chaque dessin d’Ichiko, chaque ligne de choix, chaque recoin de pièce du manoir pour aider ces personnages à avoir la meilleur des fins possibles.

Un des multiples choix à faire dans Iwakura Aria
On tend la main ou on baisse la tête ? © MAGES. Licensed to and published by PQube Ltd.

Comme dans beaucoup de jeux à choix, il va falloir essayer différentes combinaisons de réponses pour atteindre l’ending que l’on cherche. Alors, vous tendriez votre main ou vous baisseriez la tête sur l’image précédente, sachant que cela va influencer la relation Aria / Ichiko qui est au cœur du récit ? Difficile de choisir, n’est-ce pas ? Alors sauvegardez puis tentez l’une des réponses et voyez si la réponse vous convient et sinon rechargez la partie. À force de tâtonner vous arriverez à une fin, puis vous relancez une nouvelle partie et ainsi de suite. C’est un peu long voire très long si l’anglais n’est pas votre fort mais l’histoire en vaut la chandelle.

Peinture et crayonné

Outre ses personnages ou bien son intrigue tout aussi fascinante que dérangeante, ce qui fait la force et la singularité de Iwakura Aria, c’est bien son esthétique. Les décors sont soignés, les menus de toute beauté mais surtout c’est l’impression d’être en face d’une toile qui se meut en permanence qui fait accrocher. On est dans une peinture à l’huile digne de la Renaissance et on plonge dans cet univers de Japon des années 1960 d’une manière unique, avec des couleurs non saturées, marronâtres, vintage, un peu à l’instar des photos aux tons sépias. On se promène ainsi entre les couleurs du Radeau de la Méduse de Géricault et de la Liberté guidant le peuple de Delacroix tout au long de l’histoire. Chaque couleur, chaque ton participent ainsi à la lecture des sentiments des personnages.

Scénette façon fusain d'Iwakura Aria
Scénette façon fusain avec une pointe de rouge sur les lèvres d’Ichiko qui se maquille pour la première fois. © MAGES. Licensed to and published by PQube Ltd.

Mais ce n’est pas tout. Si les illustrations sont une harmonie de couleurs, plusieurs scénettes en noir et blanc viennent ponctuer le récit, apportant des éléments d’intrigue à analyser. On a l’impression de voir des crayonnés, des dessins préparatoires au fusain et à l’encre avec parfois une touche de couleur pour souligner l’importance d’un élément. Ainsi, Iwakura Aria est une véritable poésie visuelle aussi belle que macabre.

Les dernières infos autour d’Iwakura Aria

Ce visual novel atypique est le fruit du travail de plusieurs personnes, à commencer par les directeurs Eriko Mizuno (Steins;Gate) et Ayano Ishikawa (Gensou Manège, ROBOTICS;NOTES DaSH). Le scénario a été écrit par Bridge (CHAOS;CHILD) et Nemuru Gogo (B-PROJECT: Ryûsei * Fantasia). La partie artistique et visuelle est le résultat de la collaboration entre Hyakunen, un célèbre peintre japonais contemporain (à ne pas confondre avec Sasaki Hyakusen, le peintre japonais du XVIIe – XVIIIe siècle, ou Suzuki Hyakunen, peintre du XIXe siècle) et Fumi Nakada. Cette dernière est surtout connue pour les design de la saga des Famicom Detective Club dont le troisième opus, Emio, a été l’objet d’un test l’année dernière sur Journal du Japon.

Musique et voix

La musique est signée Takeshi Abo, notamment le thème PAIN qui est LA musique d’Iwakura Aria. C’est un artiste qui a déjà travaillé avec MAGES comme sur Emio, Gensou Manège, Corpse Party, Famicom Detective Club, etc.

Quant aux voix, il est possible d’entendre celle de Mariko Honda (Sandrone dans Genshin Impact, Yuri Jahad dans Tower of Gods, Kastumi Nakase dans Steins;Gate 0) dans le rôle de Sui. Ichiko est, elle, doublée par Sayumi Suzushiro, la voix de Kirara dans Genshin Impact, de Shirogane dans Kaguya-Sama ou encore Ayako dans The Elusive Samurai. Au casting d’Aria c’est Chie Nakamura, à savoir Sakura Haruno de Naruto, Chika Nakajima dans Ghost Hound ou encore Arycelle Dania dans Tactics Ogre: Reborn. Enfin, Amane Iwakura est doublé par le célèbre Toshiyuki Morikawa (Griffith dans Berserk, Kengo Akechi dans Les Enquêtes de Kindaichi, Julius Novachrono de Black Clover ou encore Paul Greyrat dans Moshoku Tensei). C’est également un chanteur réputé. En bref, un casting cinq étoiles.

Pour conclure, Iwakura Aria est une œuvre puissante et complexe de par son esthétique peinte assumée et son ambiance thriller polar qui happent le joueur. Il devient alors impossible de quitter le manoir Iwakura sans en découvrir les moindres secrets aux côtés de personnages très nuancés. Les musiques et les voix viennent parfaire ce tableau déjà bien entamé, et ce ne sont que les finitions d’une production MAGES de toute beauté. Une sacrée belle surprise gothique et envoûtante, parfaite pour la période d’Halloween qui approche. En tout cas, la magie a ici parfaitement opéré.

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