Manga : les 10 meilleures nouveautés de 2025
Si 2025 sera sans doute une année de légère baisse pour le marché du manga français, tant dans le nombre de sorties que dans le nombre d’exemplaires écoulés, des millions de volumes ont encore été vendus cette année, et des centaines de mangas ont été proposés chaque mois.
Alors qu’arrivent décembre et une traditionnelle accalmie dans les sorties, c’est le bon moment pour revenir sur cette année de BD japonaises dans notre hexagone. Quels sont les nouveaux titres marquants de l’année écoulée ? Quels sont ceux qui sont passés sous votre radar, ou qu’il serait bon d’ajouter sur la liste de Noël ?
Voici donc notre sélection des meilleures nouveautés manga de 2025. Le choix fut difficile, et il est évidemment subjectif, mais nous avons sélectionné 10 titres que nous vous présentons, comme d’habitude, à travers un résumé et, surtout, 3 raisons de les lire sans attendre.
Alors bonne lecture et, n’oubliez pas : donnez-nous vos favoris en commentaire, et défendez votre nouveauté préférée !
Tower Dungeon – Tsutomu Nihei – Glénat Manga

Le résumé : Un nécromancien maléfique a tué le roi et emporté la princesse dans la titanesque “tour des dragons” ! La garde royale se lance à son secours, mais est mise en déroute par les redoutables monstres qui infestent le bâtiment. Les habitants des villages alentour sont alors mobilisés. L’un d’eux est un jeune homme à la force prodigieuse : Yuva, le héros de cette histoire.
3 raisons de le lire :
De la SF à la fantasy : Oyez, oyez ! Dans cette nouvelle série, Tsutomu Nihei, connu pour ses mangas de science-fiction postapocalyptiques et cyberpunk comme Blame!, surprend ses lecteurs en explorant un nouveau genre : la fantasy. Si l’introduction aux allures de conte avec l’enlèvement de la princesse du royaume par un affreux nécromant est assez classique, le mangaka expérimenté, avec plus de 30 ans de carrière, a bel et bien choisi ce genre de récit avec l’idée d’aller au-delà des stéréotypes.
Un univers plus complexe qu’il n’y paraît : Le premier tome introductif de 160 pages n’est clairement pas le meilleur démarrage… C’est malgré tout en poursuivant la lecture que le tome 2 permet de constater la profondeur du monde et les intrigues à venir. Aux rôles classiques de jeu de rôle (guerrier, mage, tank, archer…), l’auteur insuffle une âme avec les dracomorphes, humains capables de se transformer en dragon. Les corps protéiformes sont d’ailleurs une marque de fabrique de l’œuvre du mangaka.
Un travail graphique familier et surprenant à la fois : Depuis une décennie, Nihei s’est renouvelé graphiquement, privilégiant la lumière avec des planches aux tons blanc et gris. Dans l’immense tour de 100 niveaux aux allures de Mégastructure (Blame !), on retrouve le talent du mangaka pour les paysages et les architectures impressionnantes qu’il dévoile dans de sublimes doubles pages avec une grande maîtrise des découpages horizontaux et verticaux. Ce qui est le plus surprenant et inhabituel, c’est davantage l’aspect « croquis » de certaines pages qui pourra en dérouter certains.
Les choses à savoir : Prépublié dans le Shônen Sirius depuis 2023 au Japon, après Kaina of the Great Snow Sea (Pika Édition) dans notre sélection de mangas de SF 2025, la série compte actuellement 5 tomes. En France, Tower Dungeon est publié par Glénat Manga, rejoignant ainsi les autres œuvres de Nihei excepté sa précédente. Les 2 premiers tomes sont sortis en édition classique à 7,90 € et collector à 10,95 € avec couverture cartonnée en simili cuir et marquage. (David).
Ruridragon – Masaoki Shindo – Glénat Manga

Le résumé : Ruri Aoki, lycéenne, se réveille un matin avec des cornes sur la tête ! D’après sa mère, elle tient probablement ça de son père, qui est en réalité… un dragon ?! Malgré cette situation inattendue, Ruri se rend au lycée… Bien évidemment, l’apparition de ces cornes attire l’attention de ses camarades, mais ce n’est pas tout : Ruri se découvre d’autres attributs de dragon ! Le quotidien de Ruri s’apprête à connaître bien des bouleversements !
3 raisons de le lire :
Un shônen à part dans le Jump : Ici, pas de méchant à vaincre ni de niveau à monter. Le manga avance à travers des petites scènes de la vie de tous les jours : un repas, une remarque maladroite, un message, un moment de solitude. Cette simplicité fait du bien et change des séries d’action habituelles du Shônen Jump.
Un personnage touchant : Ruri n’est pas parfaite, elle doute, elle hésite, elle avance doucement. Le dessin, fin et expressif, montre très bien ses émotions et celles de son entourage. C’est un manga qui respire la sincérité et qui donne envie de suivre Ruri pas à pas dans son évolution.
Une histoire qui fait écho en nous : Les cornes de Ruri représentent ces moments où l’on se sent différent·e, où le regard des autres pèse, ou encore ceux où l’on n’aime plus trop notre corps. Que ce soit en tant qu’adulte ou adolescent, chacun peut se reconnaître dans ce que vit Ruri.
Les choses à savoir : RURIDRAGON de Masaoki Shindo, aux éditions Glénat à 7,20 €, est une série en cours (4 tomes en VO, 2 tomes en VF) à suivre pour les fans de manga. Elle n’a pas encore d’adaptation animée mais on vous en dit plus ci-dessous pour les plus curieux :
Dragon & Caméléon – Ryo Ishiyama – Mana Books
Le résumé : Garyo Hanagami, surnommé le « Dragon », est un mangaka de génie, maître incontesté de la série à succès Dragon Land. Avec des années d’expérience et une imagination débordante, il règne en maître sur le monde impitoyable du manga. À ses côtés, Shinobu, un assistant ambitieux, mais à l’air arrogant, est connu sous le surnom de « Caméléon » pour son incroyable talent à imiter les styles de ses collègues. Obsédé par la gloire, il n’aspire qu’à la célébrité !
Mais lorsqu’un étrange accident les fait échanger leurs corps, leurs destins prennent un tournant spectaculaire ! Garyo devient soudainement l’étoile montante que tout le monde s’arrache, tandis que Shinobu goûte enfin à la célébrité tant convoitée dans la peau du maître…
Commence alors un duel sans merci, où les plumes s’entrechoquent et où chaque coup de crayon pourrait sceller leur avenir !

3 raisons de le lire :
La bonne surprise shônen : le titre combine les deux ingrédients classiques que sont la vie de mangaka et le shift de corps. Il se démarque néanmoins par une passion pour le manga et le métier de mangaka, avec un découpage et une mise en scène ambitieuse, et surtout 100 % shônen : les regards expriment avec force les émotions et la détermination des protagonistes, et les planches régulièrement en pleine page, voire en doubles pages, sont pleines de l’exaltation typique du genre. On pourrait, au départ, craindre la caricature, mais ce serait sans compter sur un excellent chara-design, une belle maîtrise des ombres, des lumières et des volumes, qui donnent au nekkutsu du titre les moyens de ses ambitions. Les luttes entre les mangakas s’annoncent héroïques, avec des planches qui claquent et qui nous en mettent plein les yeux. Face aux locomotives shônen qui veulent se démarquer des classiques, c’est agréable aussi d’avoir un shônen pur jus qui s’assume et qui y va à fond. Une bonne surprise, donc !
Les mangas sur les mangakas, c’est toujours sympa : être mangaka, c’est dur, on en bave et le tout sans aucune garantie de réussite. C’est donc dans un monde sans pitié que Dragon & Caméléon a construit son duo de mangaka à succès qui repart à zéro et de son vil assistant cynique qui lui pique son corps et tente de prouver que la copie remplacera aisément l’original. Garyo, alias le Dragon, est le héros qui va devoir naviguer dans un monde sans pitié : celui de l’édition du manga. Là où certains mangas tentaient de traiter le métier avec réalisme, Dragon & Camélélon met en exergue la cruauté du système et la façon dont l’univers des magazines de prépublication peut broyer les auteurs si jamais on ne dispose pas d’un énorme feu intérieur. Après le décès de Toriyama en 2024, qui avait à nouveau soulevé le rythme inhumain des mangakas à succès, Dragon & Caméléon interroge à nouveau le lecteur, même s’il le fait sous la patine du shônen grand public. On se dit, en refermant le titre : « Non, mais c’est du shônen, c’est exagéré… mais quand même ! »
Un auteur passionné : Dragon & Caméléon est signé par Ryô Ishiyama, un quasi-débutant pour la France, même s’il en est un peu différemment au Japon : il a été temporairement l’assistant d’Eiichirô Oda et s’est occupé de la composition des storyboards de One Piece – Épisode A (cf. couverture ci-dessous), le spin-off dessiné par Boichi, paru en 2020 au Japon. Il a aussi été l’assistant de Kôhei Horikoshi sur My Hero Academia. Il connaît donc la vie des mangakas et le monde impitoyable qui va avec. Mais, malgré les échecs qu’il a pu connaître et qu’il retranscrit dans le personnage du Caméléon Shinobu, il garde la foi en son métier et voit dans les épreuves et dans les deadlines une occasion de se dépasser. Ryô Ishiyama ressent une passion tangible pour le manga et son métier, une foi qui le rend pareil à ses héros. C’est en tout cas ce que nous avons pu ressentir lorsque nous l’avons eu en interview :
Les choses à savoir : De son nom japonais Ryû to Cameleon, le titre a débuté au Japon en 2022 chez Square Enix, dans le mensuel Gangan Joker (Les mémoires de Vanités, Secret Service, Gambling School,…) et compte pour le moment 8 tomes au Japon et 3 en France aux éditions Mana Books. (Paul).
Dans L’ombre de la reine – Ai Kozaki – Soleil Manga
Le résumé : Angleterre, 1533. À une époque où tout est incertain, un garçon rêve d’un avenir meilleur. William Cecil, âgé de 12 ans, décide de monter pour la première fois au château. Le jeune homme, déprimé par la dure réalité du palais royal, aux antipodes de ce qu’il avait imaginé, rencontre la reine Anne Boleyn et fait le serment de servir pour toujours l’enfant qu’elle porte en elle… le futur « roi ».

3 raisons de le lire :
Parce que les Tudors. L’histoire débute en 1533, dans la cour de Henri VIII, le deuxième Tudor sur le trône, et l’un des plus célèbres. Dans L’ombre de la reine débute lors de la seconde partie de son règne, alors qu’il devient de plus en plus gros, libidineux et tyrannique. C’est d’ailleurs en réaction à cette personnalité que le jeune William décide de soutenir Anne Boleyn, qui attend un enfant de Sa Majesté. Nous arrivons donc en pleine période de drame et d’incertitude : Henri VIII a demandé à l’Église d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon et risque gros ; il veut absolument un fils comme héritier pour ne pas finir excommunié… Mais les troubles ne s’arrêtent pas là, les mariages et les divorces non plus, et c’est donc une longue série de drames, de trahisons, de meurtres et de rebondissements qui attend l’Angleterre pendant plus de deux décennies. Évidemment, les Tudors et Henri VIII ont maintes fois été contés dans plusieurs adaptations, mais il y a tellement à dire et tellement de points de vue possibles, que Ai Kozaki a pu faire un choix intéressant et assez inédit en prenant William Cecil et surtout la future princesse, puis Reine Elisabeth 1re, comme angle d’attaque.
Parce que la vie à la cour VS William Cecil. La vie à la cour d’Angleterre au 16e siècle n’a rien à envier à celle des rois de France : fastueuse, excessive et surtout dangereuse pour qui ne sait pas y naviguer et s’y mouvoir. Tout le monde trahit tout le monde, chaque famille essaie de se placer, ou d’y faire éclore sa descendance pour récupérer les largesses des nobles et des gens en place. Avec un Henri VIII lunatique, facétieux, et qui change de femme comme de chemise, la cour plonge petit à petit dans l’excès, dans la débauche et dans une frénésie constante et malsaine, où chacun marche sur la dépouille encore fumante de son prochain. Le jeune William Cecil, douze ans, y débarque grâce à son père, qui est habilleur officiel de la Cour. Ce premier tome nous montre sa découverte de ce monde nauséabond qui l’écœure rapidement, à l’exception de Anne Boleyn. Certes, la favorite du roi n’est pas une innocente, mais elle est désormais abandonnée de tous et toutes, et enfermée dans la solitude et dans son rôle de poule pondeuse royale. Cette détresse va toucher William et l’innocence et la pureté de ce dernier vont émouvoir Anne, et les deux deviennent de véritables amis, loyaux, chers l’un à l’autre. Une belle histoire entre ombre et lumière, donc.
Parce que la time line est des plus judicieuses. Paru le 16 avril dernier aux éditions Soleil Manga, le titre a débuté il y a quelques années déjà au Japon et compte désormais huit tomes, et il est toujours en cours. C’est donc la promesse de ne pas se contenter de la vie d’Anne Boleyn, déjà bien entamée lorsque l’histoire commence, ni de s’arrêter non plus à celle d’Henri VIII et à ses frasques ou ses furies, mais bien de voir plus grand. Sous-titré L’Histoire de William Cecil, le titre est donc plein de promesses pour les amateurs d’histoire, car William Cecil a vécu jusqu’en 1598, survivant à Henri VIII, Edouard VI, Marie la sanglante et accompagnant pendant 40 ans, ou presque, le règne d’Elisabeth 1re, une des plus illustres reines d’Angleterre. On a hâte de suivre les prochains volumes (le deuxième arrive en août, c’est loin !) pour être le témoin privilégié de cet homme de l’ombre très bien mis en scène pour le moment par Ai Kozaki. Vivement la suite ! (Paul).
From bureaucrat to villainess – Michiro Ueyama – Meian Éditions
Le résumé : Suite à un accident de la route, Kenzaburô Tondabayashi, un fonctionnaire de 52 ans, se retrouve dans un jeu de simulation de drague, réincarné sous la forme de la noble Grace, la méchante ! Avec son expérience de père et sa sagesse d’adulte, il bouleverse les règles du jeu.

3 raisons de le lire :
Le héros, c’est ton daron. À force de voir des isekai pousser comme des champignons, tout le monde connaît la formule. Un ado asocial et blasé de la vie se fait transférer dans un monde médiéval fantastique de façon plus ou moins brutale (souvent par le biais d’un camion), et récupère pouvoirs surpuissants et harem acquis à sa cause. Sauf que Kenzaburô est un quinqua chauve, fonctionnaire zélé, heureux en ménage et parfaitement satisfait de sa vie ! Il a transmis sa geekitude à sa fille qu’il adore et, même s’il ne maîtrise pas l’otome game dans lequel il se retrouve coincé, il a bien l’intention d’en tirer parti tout en essayant de comprendre ce qui lui arrive.
Le daron et la méchante. Le duo involontaire qu’il forme avec Grace d’Auvergne fonctionne comme rarement. Adolescente noble et méchante typique jusqu’au bout des anglaises, Grace use de sa forte personnalité pour faire régner ce qu’elle estime être l’ordre des choses, notamment en s’en prenant à l’héroïne principale du jeu. Lorsque Kenzaburô prend le pas sur elle grâce à son expérience d’adulte et de papa poule, le clash de caractères fait que les actions de Grace sont bien mieux perçues par son entourage. Pour notre héros, c’est une série hilarante d’incompréhensions et de chocs générationnels absolument savoureux à lire.
De l’autre côté de l’écran. Lorsqu’on joue à un visual novel, on a le point de vue du protagoniste, plus rarement d’un autre personnage et jamais celui de l’antagoniste. Cette fois on se retrouve dans la tête de Kenzaburô, mais également de Grace dont la situation est plus complexe que ce que son caractère vif laisse supposer. Et à travers cette partie d’otome game, on découvre aussi le point de vue de la famille de Kenzaburô, dont la capacité à transmettre son expérience et la gentillesse ne laisse pas indifférent.
Les choses à savoir : From bureaucrat to villainess compte actuellement 5 tomes, sur 9 parus au Japon. Petite rareté, même s’il s’agit d’un isekai, il n’est pas adapté d’un light novel. Il a été adapté en anime par le studio Aijodo à qui l’on doit A sign of affection, et est disponible sur ADN. Retrouvez-le sur le site de Meian (Albine).
Bloom – Saka Minami – Nobi Nobi !
Le résumé : Le lycée public pour garçons à la traîne, Chidori. Le lycée privé pour jeunes filles de bonnes familles, Kikyô. Entre les deux établissements, un mépris réciproque. Rintarô ne s’en soucie pas vraiment, préférant sympathiser avec Kaoruko, une cliente régulière de la pâtisserie de ses parents, où il travaille de temps en temps. Mais l’adolescent panique quand il apprend que la jeune fille fréquente l’établissement rival du sien.

3 raisons de le lire :
Roméo et Juliette. Ça pourrait commencer comme ça : « Deux familles, égales en noblesse… » Sauf que Chidori rassemble les cancres du coin, quand Kikyô enrôle les filles les plus intelligentes de l’élite. Entre les deux lycées, il n’y a que préjugés, mépris de classe et paroles dures. Avec de telles prémisses, difficile d’imaginer comme la romance peut seulement exister. Et pourtant, sans s’en apercevoir, Rintarô et Kaoruko vont faire flancher le statu quo.
Ouverture et communication. Complexé par son apparence et peu sûr de lui, Rintarô a du mal à accorder sa confiance facilement. Sa rencontre avec Kaoruko, une jeune fille joyeuse, franche et sincère, va l’amener à changer peu à peu et à affronter ce qu’il redoute : le regard des autres. Et, bon sang, que ça fait du bien de voir des ados embarqués dans une comédie romantique communiquer sans attendre que les malentendus et les quiproquos s’installent. Ils ont la maladresse de la jeunesse, mais ils font les efforts pour se comprendre et s’exprimer. C’est particulièrement visible lorsque le cercle d’amis de Rintarô et Kaoruko s’élargit, et qu’ils observent avec curiosité leur relation.
C’est juste tellement mignon. Le mignon, le tendre, le bienveillant, c’est la vie ! Bloom c’est ce moment tout doux, dont tout le monde a besoin, installé confortablement avec une pâtisserie et du thé pas trop loin, en savourant cette romance slow burn. Très remarqué lors des Next Awards et des Tsutaya Comic Awards, réclamé à cor et à cri par la communauté shôjo, c’est le manga romantique de cette année.
Les choses à savoir : Bloom compte actuellement 6 tomes, sur 20 parus au Japon, la série étant toujours en cours. L’adaptation animée est disponible sur Netflix, assurée par le studio CloverWorks. Retrouvez le manga chez Nobi Nobi (Albine).
Jaadugar – La légende de Fatima – Tomato Soup – Glénat Manga
Résumé : En 1213, Sitara, jeune servante au sein d’une famille persane fortunée, envisage initialement de s’échapper. Cependant, sa décision change après sa rencontre avec Mohammed, le jeune maître des lieux. Sous son influence, elle s’immerge dans l’art, la science et la théologie, trouvant peu à peu sa place au sein de la famille grâce à l’aide de la mère de Mohammed, Fatima. Plus tard, bien après le départ de Mohammed pour des études dans une grande ville, les Mongols attaquent. Pour échapper à leur capture, Sitara et Fatima se cachent avec quelques provisions et des livres, les derniers cadeaux du défunt mari de Sitara. Malheureusement, les assaillants les découvrent, et après des pertes douloureuses, Sitara devient esclave de Tolui, le quatrième fils de Gengis Khan. La rencontre avec Sorgaqtani perturbe profondément la jeune femme, et la colère qu’elle ressent envers cette dernière la rapproche de Töregene, la femme d’Ögede, troisième fils de l’empereur. Töregene, contrairement aux apparences, n’est pas aussi enthousiaste à propos de l’Empire mongol.

3 raisons de le lire :
Parce qu’il évoque une figure féminine oubliée de l’histoire. Si Jaadugar – La légende de Fatima s’inspire librement de l’histoire de Fatima Khatun, une conseillère influente à la cour mongole au XIIIe siècle, il n’en reste pas moins qu’en Europe, c’est un personnage méconnu du grand public. Ce manga représente donc une belle opportunité de découvrir des pans méconnus de l’histoire orientale, tout en donnant une voix à une femme souvent effacée des récits traditionnels. En effet, loin des clichés de la « femme forte » moderne, le personnage de Sitara incarne une forme de résistance et de stratégie subtile. En la suivant, le lecteur sera confronté à un autre prisme de ce qu’est le pouvoir ou de ce qu’il peut être, notamment à travers le savoir, l’influence et la diplomatie. Car après tout, « Le savoir, c’est le pouvoir », disait Thomas Hobbes dans Léviathan.
Parce qu’on découvre l’Empire mongol du XIIIe siècle. À bien y regarder, peu d’œuvres osent s’aventurer sur cette période de l’histoire, aussi complexe et fascinante est-elle. Dans Jaadugar – La légende de Fatima, le lecteur découvrira une reconstitution du quotidien au sein de l’Empire mongol après la mort du grand Gengis Khan. Entre intrigues politiques et alliances matrimoniales, les jeux de pouvoir de l’époque sont finement restitués et nous permettent de prendre du recul sur les fantasmes qui ont pu nourrir notre imaginaire. D’autre part, le manga nous offre une plongée surprenante dans les savoirs de cette époque, comme la médecine perse, l’astrologie ou encore la botanique. Jaadugar – La légende de Fatima s’impose finalement comme une œuvre historique audacieuse, qui apporte un éclairage subtil sur certaines zones d’ombres du passé. Entre récit d’émancipation féminine, plongée politique et richesse culturelle, ce manga rejoint ces titres qui nous offrent une découverte plus large du monde qui nous entoure et sur son fonctionnement.
Parce que la subtilité est parfois plus destructrice que la révolte. Ce qui rend Jaadugar – La légende de Fatima unique, c’est sa capacité à construire un propos féministe sans pour autant dénaturer le cadre historique comme nous pouvons le voir dans d’autres œuvres. Sitara ne se révolte pas frontalement contre le patriarcat : elle en comprend les règles, les contourne et s’en sert pour avancer. Grâce à ses connaissances, elle parvient même à gagner la confiance d’un autre personnage historique. Une confiance qui donnera naissance à une alliance redoutable et fascinante, mettant ainsi un autre phénomène de société en avant : la sororité. Ce féminisme à la fois subtil, stratégique, et particulièrement crédible dans le contexte historique apporte au manga une certaine puissance émotionnelle et intellectuelle qui devrait plaire à de nombreux lecteurs et lectrices.
Les choses à savoir : Ce titre de l’éditeur japonais Akita Shoten compte actuellement 5 tomes, au Japon comme e France, où il est publié aux éditions Glénat Manga. L’adaptation de l’animé devrait arriver en 2026 et c’est l’excellent studio Science Saru, cofondé par l’excellent Masaaki Yuasa (à qui l’on doit l’anime de DanDaDan et prochainement celui de SANDA). Plus d’infos sur le site de l’éditeur et dans notre article grand format sur la série que vous pouvez retrouver ci-dessous. (Juliet)
Kagurabachi – Takeru Hokazono – Kana Éditions
Le résumé : Aspirant forgeron, Chihiro travaille chaque jour aux côtés de son père. De nature taciturne, il est tout l’opposé de son paternel, un homme qui a toujours le mot pour rire. Ils avaient tout pour vivre heureux… jusqu’à cette terrible tragédie. Désormais, leur belle relation est tachée de sang, et leur bonheur est à jamais perdu. Consumé par la haine, Chihiro est aujourd’hui animé par une détermination sans faille…

3 raisons de le lire :
Sans hésitation : les combats ! L’auteur revisite les affrontements de samouraïs de l’époque Edo dans un univers technologique proche du nôtre, comparable au XXe siècle. Ainsi, Chihiro déploie toute sa puissance avec Enten et nous offre des affrontements dantesques, tant contre Sôjô que contre Kyôra. Certains reprochent à l’auteur son trait « basique », mais celui-ci confère aux combats une clarté et une précision remarquables. Cet atout vaut également pour les duels entre sorciers, dynamiques et cinématographiques.
L’histoire accélère à 200 % avec deux arcs repartis sur cinq tomes : le premier introduit la quête de Chihiro, tandis que le second révèle les véritables intentions de Hishaku, liées à la maîtrise du sixième sabre et une puissance comparable à celle d’une bombe atomique. Dans ce sens, l’arc Rakuzaichi nous offre à la fois un spectacle visuel et de nouvelles informations pour la suite en dévoilant les enjeux de pouvoir entre les groupes et interroge sur le rôle des sabres. Ce questionnement pousse Chihiro à emprunter une autre voie que celle du rônin, en redéfinissant son rôle dans sa propre quête. Un aspect qui sera visible dès le prochain tome !
Dernier point, à la fois double : le développement des personnages et celui du lore. Chihiro n’est pas le seul personnage : Char et Hakuri sont également importants. Tous deux progressent de concert durant cet arc. Sans oublier l’introduction d’autres personnages, comme Hiyuki ou ceux liés par un pacte. Ces ajouts enrichissent un aspect resté assez linéaire dans le premier tome. Niveau lore, nous en apprenons bien plus sur la matière constituant les sabres. Hishaku dévoile son grand plan éclairant les coulisses des lois et relations de pouvoir depuis la fin de la fameuse guerre de Seitei avec la découverte des locaux du Kamunabi et son conseil.
Les choses à savoir : Avant même sa sortie française, le manga était devenu un phénomène sur les réseaux dès son lancement en 2023, avec une annonce forte avant son lancement en France : une adaptation animée par le studio Cygames Pictures serait en cours. Après moins d’une année de publication en France (le premier étant sorti le 14 février 2025), Kana nous gâte avec déjà cinq tomes à disposition des lecteurs. Le sixième tome, ouvrant un nouvel arc, paraîtra samedi 6 décembre prochain. D’ici là, lisez notre article sur la série, en cliquant ci-dessous. (Edouard).
Sounds of vinyl – Ryôichirô Kezuka – Véga-Dupuis
Le résumé : au travers de différentes histoires, dans une ambiance mêlant nostalgie et passion, différentes générations de mélomanes se réunissent autour d’une platine disque, d’une radio, d’un juke-box, pour vivre pleinement leur amour de la musique.

3 raisons de le lire :
Fix-up. En littérature, un fix-up est une série de nouvelles écrites par un même auteur autour d’un même thème conducteur. Au rythme d’une tous les trois mois environs, Ryôichirô Kezuka fait publier ses histoires courtes dans la revue mensuelle Aokishi de Kodansha, qui a la particularité de ne pas se limiter à un genre, mais se veut éclectique (ils publient notamment Petit Requin, qui est très différent de Sounds of vynil). Le talent de Kezuka se perçoit autant dans son trait de crayon fin, à la limite du crayon à papier, que dans sa capacité à rendre tangible tant la musique que l’atmosphère qui cratérise les personnages et les pays où ils se trouvent. L’auteur avoue d’ailleurs sa fascination pour les magasins de disques, qu’il ne manque pas de visiter lors de ses déplacements, chacun de ceux qu’il dépeint a d’ailleurs un plan inspiré d’un vrai magasin.
On air. Chaque nouvelle prend place dans un lieu et un moment différent, sans lien ou presque avec celle qui la précède, mettant en scène des personnages venus de tous horizons. Vendeuse de disques, musicien exilé, groupe de rock dans le vent ou famille endeuillée, certains vous rappelleront même des gens bien connus dans notre réalité. Certains vivent une vie paisible, d’autres sont en danger dans leur pays simplement parce qu’ils aiment la musique, mais tous partagent cet amour indéfectible pour les disques, la radio, et souhaitent partager ce sentiment.
Please don’t stop the music. À l’ère de la dématérialisation, le vinyle fait un étonnant retour en force, et avec lui le geste nostalgique de poser doucement un disque en plastique noir, puis de déplacer un bras articulé pourvu d’un diamant. La musique se diffuse alors, avec son lot d’émotions. Chaque histoire permet de voir comment la musique est appréciée par ceux qui l’écoutent. Ce qui les a fait basculer sans retour, l’attachement qu’ils portent au média et ce qu’ils sont prêts à faire pour continuer de le faire exister tant pour eux que pour autrui
Les choses à savoir : Sounds of vinyl compte actuellement deux tomes, sur trois parus au Japon. C’est le tout premier travail de Kezuka chez nous. Vega-Dupuis le propose dans un grand format au prix de 14 €. (Albine)
Légères sur le dancefloor– Yû Utaname) – Meian Éditions
Le résumé : Kiki Haruma, grande et rêveuse, aspire à danser le rôle féminin. Un paradoxe dans un univers où la taille définit le genre du danseur. Entre compétition, attentes scolaires et pression personnelle, elle découvre un nouveau chemin grâce à Michiru, petite et volontaire, leur duo défiant les normes pour mieux se révéler.
3 raisons de le lire :

Défier les apparences. Au premier abord, la mise en place est celle d’un yuri typique. Une école de filles, un club de danse dans lequel ses membres s’investissent avec passion. Le « couple » le plus en vue pour remporter une place lors d’un très important événement de l’école, Kiki et Shion, vient de se séparer, au grand désarroi de la première, qui entrevoit pourtant sa chance d’exaucer son souhait. Plutôt que d’être celle qui mène la danse, Kiki veut être suiveuse. Mais on l’a toujours ramenée à sa grande taille et l’image du « prince » cool et détaché lui colle à la peau. Perturbée par ce décalage entre sa personnalité réservée et ses aspirations personnelles, elle voit arriver avec étonnement Michiru, petite de taille et boule d’énergie motivée comme jamais à être meneuse. D’un an sa cadette, Michiru ne veut pas que sa petite stature définisse ses capacités ou la perception que les autres pourraient avoir d’elle. Initiatrice de ce duo unique, elle revendique sa place de meneuse, quitte à se montrer parfois abrasive.
Pas à pas. Suivre Kiki et Michiru c’est non seulement voir de belles scènes de danse sous le trait délicat de leur autrice Yû Utaname, mais aussi assister à l’évolution de leur duo. Avoir la volonté de réaliser son rêve n’est pas suffisant quand on vise le sommet de la compétition, elles doivent apprendre à communiquer, voir à s’ouvrir à elles-mêmes et aux autres. Leurs motivations, le rapport qu’elles ont avec leur corps et les attentes que leurs entourages ont pour elles vont être les obstacles, mais aussi les moteurs de leur progression.
Let’s dance. Outre les allusions à la dysphorie, ce trouble indiquant un malaise ou une insatisfaction quant à la perception que l’on a de soi, le manga s’aventure sur le terrain des sentiments refoulés, car il faut rappeler que cette histoire se joue non autour de deux, mais de trois personnages. La communication n’est pas le fort de tout le monde ici et l’équilibre qui s’établit difficilement est remis en question quasiment à chaque chapitre, apportant sou lot de drames silencieux et de non-dits sous couvert de rivalité. Mais c’est ce qui rend les moments de résolutions de ces tensions toujours exaltants.
Les choses à savoir : Légères sur le dancefloor compte trois tomes à ce jour, la série étant toujours en cours de parution au Japon, dans le trimestriel Comic Yurihime, l’une des rares revues entièrement dédiées aux segments yuri. L’éditeur Meian lui doit de nombreux titres, comme Yuri is my job ou I’m in love with the villainess. L’éditeur propose d’acquérir les trois premiers tomes séparément, ou dans un coffret accompagnés de goodies. (Albine)
Et voilà, c’est tout pour 2025 ! La liste est évidemment subjective, mais notre équipe vous a livré ses coups de cœur… Quels ont été les vôtres pour 2025 ? Alleeeezz, on est curieux, alors dites-le-nous en commentaire !!
