Du Hip Hop avec Samouraï Champloo au Jazz dans Kid on The Slope, rencontre avec un couteau suisse japonais : Shin’ichirô WATANABE  

Après Masahiki KOMINO, c’est au tour de l’éminent Shin’ichirô WATANABE de se livrer à une interview réalisée par nos soins, lors de la 21e édition de Paris manga en février dernier. Très connu pour ses œuvres telles que Samuraï Champloo, Cowboy Bebop ou dernièrement Space Dandy, il a également collaboré sur l’animé de Kids on the Slope

Rencontre.

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Quand on interroge M. Watanabe sur le regard qu’il porte sur ses nombreux projets et s’il n’est pas fatigué après tout ce temps d’en parler encore et encore, le réalisateur nous répond avec humour que « non, ça ne me dérange absolument pas, je suis toujours ok pour tout ». Il faut dire que le Japonais a une longue carrière derrière lui : directeur d’épisodes, storyboardeur, réalisateur… M. Watanabe a plus d’une corde à son arc.

Quand on l’interroge sur la difficulté de ces divers postes, il répond d’ailleurs qu’« Il n’existe pas de bonne réponse dans le monde de la réalisation. Je réfléchis au cas par cas pour faire mon possible pour que tout fonctionne bien. »

Puis il enchaîne sur une autre difficulté, pour laquelle le temps joue en sa faveur… « À mes débuts, quand j’avais une vingtaine d’années, j’étais un jeune réalisateur et le staff autour de moi était souvent plus âgé, c’était donc dur de donner des ordres et  ils ne voulaient pas m’écouter, car j’avais une moins grande carrière qu’eux. Ça a été difficile de convaincre de manière logique le staff qui m’entourait pour qu’il m’écoute. Maintenant je suis plus âgé, on écoute plus souvent ce que je dis. (Rires) ».

Depuis, l’auteur a roulé sa bosse et son travail a pu s’affiner au fil des expériences et des projets. Mais passons sans plus attendre à l’interview et laissons M. WATANABE nous parler de sa longue carrière.

Musique Maestro !

Journal du Japon : Parmi tous vos postes, en avez-vous un qui vous tienne particulièrement à cœur ? Si oui, pourquoi ?

Shin’ichirô Watanabe : Ce que j’ai le plus de plaisir à faire, c’est producteur de musique. Parce que, lorsqu’on est réalisateur, on ressent beaucoup de pression et c’est vraiment un travail difficile. Alors que, si je suis producteur de musique d’une œuvre que je ne réalise pas, je suis beaucoup plus serein, j’ai l’esprit plus tranquille. Je n’ai pas toute cette pression.

D’ailleurs vous semblez particulièrement attaché à la musique ; on voit qu’elle tient une place importante même dans votre travail. D’où vous vient cet intérêt ?

Depuis longtemps, avant même de devenir réalisateur j’ai toujours été un grand fan de musique. À 10 ans j’ai écouté des chansons du groupe KISS et depuis je suis un grand fan de musique, j’adorais ça ! (Rires)

© Yuki Kodama, Shogakukan / KIDS ON THE SLOPE Committee

© Yuki Kodama, Shogakukan / KIDS ON THE SLOPE Committee

En parlant de musique… Parlez-nous un peu de votre expérience avec Kid on the Slope, comment avez-vous vécu le fait de travailler sur un manga ? Qu’est-ce que cela change dans votre processus créatif ? 

C’est la première fois que je travaillais sur une œuvre avec un manga qui existait déjà. Comme j’ai l’habitude d’écrire moi-même mes histoires, j’ai donc un peu hésité avant d’accepter cette demande. Mais ce qui m’a vraiment convaincu de m’occuper de cette œuvre, c’est qu’elle était basée sur du Jazz, un genre de musique que j’apprécie beaucoup. Le monde original de l’œuvre était déjà vraiment bien alors j’ai fait attention à ne pas trop le changer. Il arrive souvent que, lors d’une adaptation, l’univers évolue trop et que les atouts du manga disparaissent avec l’anime. J’ai tout fait pour éviter ça.

Pour vos travaux originaux comme Space Dandy ou encore Samuraï Champloo, avez-vous vous-même décidé de la musique ?

Bien sûr !

Vous avez travaillé plus d’une fois avec Yôko Kanno, quelles ont été les raisons de votre choix ?

Pour moi Yôko Kanno est vraiment un génie, c’est très rare de pouvoir rencontrer des artistes et musiciens aussi talentueux, donc c’est un vrai plaisir de travailler avec elle. Par contre, je pense que l’atmosphère de l’anime sur lequel je travaille ne correspond pas à celui de Yôko Kanno. Par exemple, je ne lui ai pas demandé pour Samuraï Champloo avec le hip-hop, ça aurait été difficile. (Rires)

© Manglobe / Shimoigusa Champloos

© Manglobe / Shimoigusa Champloos

In a sentimental Mood

Quand vous avez une idée sur un projet original, comment choisissez-vous l’équipe avec laquelle vous voulez ou allez travailler ?

En fait il y a beaucoup de réalisateurs qui travaillent souvent avec les mêmes artistes, les mêmes animateurs ou les mêmes doubleurs, etc. Mais moi je ne veux pas faire ça. Je veux ressentir la nouveauté, toujours faire de nouvelles rencontres, pour ne pas avoir tout le temps le même staff. J’aime être influencé par le nouveau staff que je rencontre à chaque fois, car le fait de rencontrer et de travailler avec de nouvelles personnes va créer une réaction et une émulation qui vont à nouveau m’inspirer.

Ça m’arrive, par contre, de travailler deux fois avec la même personne avec plusieurs années d’intervalle, et cela crée de nouvelles interactions. Par exemple, c’est vrai que j’ai travaillé plusieurs fois avec Yôko Kanno, mais jamais je ne lui dirai « Fais-moi quelque chose dans le style de Cowboy Bebop », tout comme les musiques de Terror in Resonance ne ressemblent pas à celles de Samourai Champloo.

 

Est-ce que vous pouvez un peu nous parler de votre expérience avec le Studio Manglobe ?

Quand Samourai Champloo a été créé au tout début, la boîte venait de se monter, on manquait de personnel, ça a été très difficile. On s’est vraiment donné à fond pour cette œuvre, on a même recruté d’autres employés d’autres boîtes pour faire le travail. Pendant des années il est vrai que je n’ai pas travaillé avec eux, mais j’ai été vraiment triste d’apprendre leur fermeture.

JDJ_ParisManga_fev2016_WATANABE-ssize-wm-1Est-ce que cette indépendance offerte par ce studio reste une priorité pour vous ou est-ce que vous pourriez envisager de retravailler dans une grande structure ?

Je préfère quand même la liberté. (Rires)

Un projet en cours ?

Oui j’ai un projet d’un nouvel animé original… Tout est dans ma tête. (Rires)

Une œuvre ou une personne avec qui vous aimeriez travailler ?

Pour les œuvres j’en ai en tête… Mais si je donne des noms ici, peut-être que quelqu’un d’autre va l’adapter en animé alors je préfère ne rien dire. (Rires)

©2014 BONES / SPACE DANDY Project

©2014 BONES / SPACE DANDY Project

Avez-vous une anecdote qui vous aurait marqué à nous raconter sur un de vos projets, pour finir ?

Donnez-moi deux minutes alors…J’ai une longue carrière. (Rires)

Pour réaliser Space Dandy, on a eu comme projet de rassembler beaucoup d’argent, et quand on a été voir les sponsors, on n’a pas du tout dit que c’était une comédie, on a simplement dit que c’était l’histoire d’un chasseur et que ça se passait dans l’espace. Les sponsors ont dû penser que c’était sérieux et ils ont tous voulu y participer en pensant que ce serait comme Cowboy Bebop, et ils ont tous été très surpris de voir que c’était une comédie ! (Rires)

Bien joué !

Merci à Shin’ichiro WATANABE d’avoir répondu à nos questions, à Alice OULEBSIR KIMURA son interprète ainsi qu’à l’équipe de Paris manga.

Crédit photo : Pascal VOGLIMACCI 

3 réponses

  1. Nick Rimer dit :

    Hey. Can you make english version please?

    • Loÿs Régent dit :

      Hello Nick, first of all, thanks a lot for your interest in our website ! Unfortunatly, we don’t have (yet?) an english version to propose. I hope you will be able to find something to translate the page online.
      Best regard

  1. 21 avril 2016

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