[INTERVIEW] FIRE PUNCH : une brûlante découverte !

Parmi les grands lancements manga de l’année, difficile de passer à côté de FIRE PUNCH de Tatsuki FUJIMOTO. Ce nouveau titre du Shônen JUMP + de la Shueisha, sélectionné au Taisho Awards 2017, trace son sillon chez nous depuis le 15 mars grâce à sa prépublication en ligne et c’est le 21 juin prochain que le premier tome débarque dans nos librairies, aux éditions KAZÉ manga.

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Pour fêter l’arrivée du titre, Journal du Japon a eu l’opportunité de poser quelques questions à son auteur et nous proposons aujourd’hui un article découverte : de l’histoire assez audacieuse à l’auteur qui n’a débuté sa carrière qu’en 2014 et qui s’est déjà fait remarquer par ses pairs (Yusuke MURATA et Sui ISHIDA sont assez fans !) : vous saurez tout sur la série avant de vous lancer dans ce récit de vengeance d’une grande noirceur, qui mélange fantastique et anticipation.

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A propos de FIRE PUNCH

Avant de parler plus en profondeur du titre, de sa conception et de son auteur, petit rappel des faits…

Résumé officiel : Dans un monde où tout est recouvert de glace, la famine et le chaos règnent sur la Terre. Parmi les quelques humains qui tentent de survivre, certains sont dotés de pouvoir surnaturels. Agni et sa sœur, Luna, font partis de ces « élus » et possèdent la faculté de se régénérer. Agni utilise ce pouvoir pour nourrir les habitants de son village. Pourtant, cela ne suffira pas à les préserver du terrible malheur qui va s’abattre sur eux… Seul survivant d’un massacre, Agni se lance dans une quête effrénée pour assouvir sa soif de vengeance.

Proposé sur le site Jump +, version numérique de Jump, FIRE PUNCH s’est construite une renommée solide « quasi-uniquement grâce au bouche à oreille » selon son éditeur, KAZÉ. Dans un univers post-apocalytique hostile, l’humanité se replie sur elle-même et la loi du plus fort vient légitimer une barbarie sans nom. C’est dans une société de bas instincts (du meurtre au cannibalisme en passant par la zoophilie et l’inceste) qu’une vengeance hors du commun se met en place...

 

Un mangaka sans limite…

Sui ISHIDA, l’auteur de TOKYO GHOUL décrit l’auteur de FIRE PUNCH : « Il vaudrait sans doute mieux que Tatsuki FUJIMOTO prenne rapidement conscience qu’il est encore bien plus déjanté qu’il ne l’imagine. » Au-delà du compliment entre confrères, il est vrai que le mangaka n’est pas tout à fait comme les autres… 

Tatsuki FUJIMOTO est né dans la préfecture d’Akita. Au collège, il s’invente un magazine de prépublication de manga, avec jusqu’à sept récits en parallèle. Une imagination débordante qui avait tout simplement besoin d’être posée sur papier, comme l’explique l’auteur : « Déjà tout petit, j’aimais échafauder des tas d’histoires. À l’école, en particulier, comme je m’ennuyais en classe, je m’amusais à inventer tout plein d’aventures.»

L’un d’entre eux, à la trame très dure, lui servira de base pour FIRE PUNCH. Plus précisément « FIRE PUNCH est le résultat du mélange de deux histoires que j’avais en tête : Fire Sword et Hoshi no ibuki (litt. « Le souffle des étoiles »). Fire Sword parlait du sacrifice de soi, tandis que Hoshi no Ibuki parlait de la pénitence. Je suis parti de ces deux thèmes, j’ai creusé le sujet et voici le résultat. »

Du côté des inAnpanmanfluences, FUJIMOTO pourrait en citer plusieurs mais celui qui l’inspire le plus est Hiroaki SAMURA (Ndt : auteur de L’Habitant de l’infini). Concernant plus spécifiquement FIRE PUNCH, on peut citer Anpanman, un classique du manga au Japon destiné aux enfants, où la tête du héros est un pain fourré de haricots rouges dont il se sert afin de nourrir les gens affamés. Avec les caractéristiques d’Anpanman, on obtient l’idée d’un personnage offrant des parties de son corps aux hommes pour combattre la famine. Un retour à la réalité, en quelque sorte : « Je me suis dit que si Anpanman était un humain fait de chair et d’os, le récit et les images auraient été de fait beaucoup plus violents. »

Une violence que le mangaka ne cherche pas à atténuer, bien au contraire, puisqu’il il puise une énorme puissance. Quand on évoque la souffrance du personnage, Agni, son créateur est sans pitié : « Je pense qu’il est important qu’il souffre, mais encore plus qu’il ait le sens du sacrifice et qu’il soit en conflit. »

Graphiquement parlant aussi, l’auteur ne se pose pas de questions : « Je ne me suis imposé aucune limite. Pour les dessins, je fais des recherches sur internet avec des mots tels que « corps calcinés » ou « gore », et je m’inspire des résultats. »

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Le feu, l’apocalypse et l’anti-héros…

fire-punch-tome-1Comme l’explique son éditeur, KAZÉ : « Souhaitant développer la thématique du feu dans une histoire depuis plusieurs années, Tatsuki FUJIMOTO a choisi de situer l’action dans un univers paradoxalement touché par un froid extrême afin de créer un impact scénaristique important. »

Il faut dire qu’un personnage perpétuellement en flamme, ça en impose : « Rien que le fait qu’Agni soit dans le cadre rend le dessin visuellement plus puissant. Et surtout, un personnage en feu, à mon avis, marque les esprits. »

Avec une telle souffrance sur les épaules du personnage principal, difficile d’en faire un héros souriant. FUJIMOTO réfute d’ailleurs ce terme : « Beaucoup considèrent Agni comme un héros, mais pour moi, il n’en est pas un. C’est certes le personnage principal, mais certainement pas un héros. » De même avec FIRE-PUNCH : « Je pense que c’est un manga qui, de l’extérieur, passe pour une série de super-héros, mais au niveau du contenu, c’est tout le contraire. Le titre prend tout son sens au fur et à mesure que l’intrigue avance. »

Sans héros, quelle place donné à l’espoir dans cet univers barbare ? Tout n’est pas perdu semble-t-il : « À l’heure actuelle, c’est un manga dans lequel on a du mal à déceler une lueur d’espoir, mais j’espère faire en sorte de terminer sur une fin heureuse. »

La fin justement… FUJIMOTO le dit lui-même : « J’ai déjà tout pensé jusqu’à la conclusion, et j’ai également commencé à réfléchir à mon prochain titre. » Et il nous confie également que « tout devrait tenir en neuf tomes ».

Si tout est déjà bouclé, on peut alors poser la question à son auteur : quel est le message envoyé par FIRE PUNCH ? Un cri d’alarme, sociologique et écologique, quand à notre avenir comme le dit son éditeur (« C’est exactement ça !!! », approuve FUJIMOTO). Et, au lecteur,  « Je souhaite leur donner une sensation de réel et d’instantanéité. »

Il ne vous reste plus qu’à découvrir pour ressentir ces sensations, alors rendez-vous le 21 juin en librairie pour le début de l’aventure !

 

 

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Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

1 réponse

  1. 3 avril 2020

    […] l’a lu : Fujimoto TATSUKI, vous l’avez (peut-être !) découvert avec Fire Punch, œuvre très brute et douloureuse d’action et d’anticipation post-apocalyptique pour laquelle […]

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