Rencontre avec les étudiants de la Kyoto University of Art and Design

Être passionné de mangas et d’animés, aimer dessiner, créer ou imaginer des personnages et des histoires, espérer en vivre et s’inscrire dans une grande université japonaise pour en faire son métier. Un rêve devenu réalité ? Et pourquoi pas le vôtre, demain ?

Rencontre avec 7 étudiants et 3 professeurs de la Kyoto University of Art & Design, présents lors de Japan Expo de juillet dernier, pour nous parler de leurs études et de leur fac qui accueille également les étudiants étrangers !

 

Kyoto University of Art and Design : le département de chara-design

« Le département de chara-design de l’Université d’art et de design de Kyoto propose une grande variété de cours liés aux domaines du chara-design, de l’animation, de l’infographie et des jeux vidéo, tout en adoptant une perspective sociale. L’idée de base est de conférer des usages multiples à une source unique, c’est-à-dire de transformer un sujet unique en le déclinant sur une variété de supports. Ce concept s’applique également à la philosophie de formation des étudiants, puisque nous faisons en sorte qu’ils puissent s’adapter à n’importe quel environnement de travail dans le futur. »

7 étudiants et 3 professeurs :  les ambassadeurs de l’université

Journal du Japon : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Nous sommes (de la droite vers la gauche sur la photo, NDLR) un garçon : Jojima Koki (production/organisation), et six filles : Arayama (production/organisation), Karakasa Miria (animation), Ayana Kato (illustrations, graphismes), Honda Mako (graphismes), Mimo Kaneko (animation de jeux vidéos et dessins), Kiyomi Kurihara (production). Du côté des professeurs : Ishinabe Daisuke (production/organisation), Ikeda Atsushi (CG 3D, qui n’avait pas d’élèves ce jour-là), Nomura Seiji (animation).

Quelle est la spécificité de cette université de Kyôto par rapport à d’autres proposant le même type de cursus ?

Comme toutes les universités d’art, à Kyôto il y a aussi deux autres universités, qui font partie du même groupe. La particularité de notre université est surtout d’accueillir des étudiants étrangers, il y a en effet beaucoup d’échanges internationaux.

Comment se passe l’accueil des étudiants étrangers, faut-il savoir parler japonais, peut-on apprendre sur place ?

Il y en certains étudiants qui en arrivant ne parlent pas japonais, mais la plupart des élèves étrangers qui arrivent parlent déjà un peu japonais. Mais pour ceux qui ne parlent pas notre langue, l’université propose quand même des cours de japonais.

Y’a-t-il un système de scolarship, des bourses ou des logements prévus pour l’accueil des étudiants étrangers qui seraient intéressés ?

Oui effectivement il y a des bourses, et des aides pour le logement, pour les étudiants étrangers.

Combien y’a-t-il d’étudiants étrangers qui viennent chaque année, et d’où viennent-ils majoritairement ?

Dans notre département, environ un étudiant sur cinq ou six est étranger. Et la plupart viennent d’autres pays d’Asie. Par contre dans d’autres départements de l’université, on a aussi vu des occidentaux.

Y’a-t-il une sélection à l’entrée de l’université ?

Il n’y a pas de sélection spécifique pour les étudiants étrangers, c’est la même que pour les élèves japonais.

Combien y’a-t-il d’étudiants dans votre université ?

Tous départements confondus, en tout, il y a 3000 étudiants. Dans notre département, il y a environ 300 élèves.

Comment se déroule une année pour vous ? Y’a-t-il des ateliers, des workshops ?

Pendant la première année, qui est commune, pour tout le monde on apprend les bases, c’est-à-dire apprendre à utiliser les ordinateurs et les applications de calepin et de saisie, la 3D, et les cours de dessin.

À partir de la deuxième année, nous avons le droit de choisir chacun notre voie, et de prendre plus librement les cours qui nous intéressent. Comme dans une université classique, les études durent 4 ans.

Pourquoi venir à Japan Expo ?

En fait c’est notre troisième année de participation à Japan Expo. À la base, le département de Character Design vient dans le but d’un échange international, mais aussi pour découvrir quels types de produits ou de marchés fonctionnent en France, en Europe… Pour nous c’est aussi l’occasion d’apprendre ce qui se passe ici en Europe.

Vous êtes en quelle année d’université ?

Nous sommes tous en 2e année ou en 3e année, et une seule d’entre nous seulement est en 4e année.

Bientôt sur le marché du travail alors ! (Rires)
Et justement comment se passe la recherche d’emploi (shûshoku katsudô) pour vous ?

Pour moi notamment, je cherche dans des boîtes de société de jeux vidéo. Comme c’est ma dernière année il y a, comme en France je pense, un dossier de fin d’année à présenter. Je dois le préparer en même temps que la recherche du travail donc c’est un peu compliqué !

À Japan Expo, avez-vous eu l’occasion de rencontrer beaucoup de monde, est-ce qu’il y a beaucoup de gens qui s’arrêtent sur votre stand ?

Sur notre stand, nous dessinons sur place des portraits payants, du coup nous arrivons vraiment à échanger et à discuter avec les gens. Le concept de notre école, c’est de rendre les gens heureux avec l’art. Ainsi, c’est l’occasion de communiquer avec les gens, et en dessinant, on voit qu’ils sont contents, on a vraiment ce retour positif. 

En effet, pour les curieux qui ont profité du stand des étudiants lors de cette dernière Japan Expo, vous aurez peut-être eu l’occasion de vous faire tirer le portrait en mode « chibi », au choix sur un éventail ou sur un petit shikishi ! Au-delà du joli souvenir, c’était aussi un petit moment de partage de s’asseoir face aux étudiantes concentrées sur leur dessin, levant le nez de temps en temps pour saisir les caractéristiques de votre visage, avant la surprise de la découverte du résultat… Un échange plein de sourires effectivement, et une mission gagnée pour ces jeunes désireux de donner du bonheur aux gens à travers l’art !

En plus du dessin original, on repartait également avec un badge que l’on pouvait choisir, et qui était accompagné d’un petit papier avec les coordonnées de l’étudiant(e) japonais ayant créé le visuel, afin de pouvoir lui renvoyer nos impressions sur celui-ci par mail. Une idée sympathique, conviviale, et abolissant les frontières entre le créateur et le public !

Mako et tous les prénoms des gens qu’elle a dessinés !

Dans le communiqué de presse de la zone Saiko (où se situe le stand), nous avons lu qu’il y avait justement une dimension sociale dans votre travail, est-ce que vous pourriez nous en dire plus ?

En fait, le directeur d’université précédent avait une conviction. Comme il a vécu la guerre, il croyait vraiment que l’art pouvait rendre les gens heureux. Et c’est sur cette base qu’a été fondée l’école. Du coup, comme aujourd’hui nous dessinons pour les gens et que ça leur donne le sourire, on est vraiment dans l’esprit de notre université.

Récemment, il y a eu l’Anime Expo aux États-unis. Y étiez-vous aussi ou venez-vous uniquement à Japan Expo ?

Non en revanche il y a un festival anime à Taiwan qui en est à sa deuxième édition, et à celui-là, nous participons.

Qu’est-ce qui vous a motivés à faire ces études, est-ce que ça correspond à ce que vous attendiez, et est-ce que ça vous plaît toujours autant ? Si vous avez le droit de répondre devant vos profs bien sûr ! (rires)

« En ce qui me concerne, j’étais arrivé à une limite concernant les études ordinaires, donc je voulais trouver quelque chose de plus libre. C’est pourquoi j’ai choisi cette école qui avait l’esprit plus ouvert, un regard plus libre sur le monde. »

« Moi depuis toujours, quand je dessine cela rend les gens souriants, alors je voulais faire des études d’art. Et après, pour choisir mon université, je suis allée assister à des portes ouvertes de différentes écoles. Quand j’ai visité celle-là, les gens y avaient tous l’air contents et heureux, c’est pour ça que j’ai choisi cette université. »

« Tout simplement à la base, j’aimais bien tout ce qui était mangas, animés et dessiner. Donc je cherchais une université où je pouvais faire ces études-là, et j’ai trouvé celle-là. »

« À la base déjà, je voulais aller dans une université d’art. Ensuite, comme je m’intéressais depuis toujours et jouais moi-même aux jeux vidéo, c’est cet univers qui m’intéressait. En plus, ce qui m’intéressait, c’est non seulement dessiner, mais aussi la construction, le côté technique, donc je voulais trouver une école où je pouvais faire les deux. Avant d’arriver à l’université, je prenais des cours de dessin particuliers, et mon prof m’a cité plusieurs universités où je pourrais m’inscrire, dont celle-là. Et après au sein de cette université, il y avait deux départements avec du dessin et du jeu vidéo, mais en regardant le détail, j’ai choisi ce département qui était le mieux orienté par rapport à ce que je voulais faire. »

« Depuis toute petite, j’aimais bien dessiner, tout simplement. Je dessinais souvent pour les fêtes de l’école, pour faire les affiches, les choses comme ça. Et ensuite, si je suis allée à Kyôto, c’est parce que pour moi c’est quand même LA ville qui est connue internationalement des étrangers comme une ville traditionnelle. Donc j’ai pensé que je pourrais avoir l’occasion d’échanger avec des étrangers, à l’international. Après, je suis rentrée en première année. Il y avait le monday project qui a lieu tous les lundis et qui réunit les treize départements de l’université. Et ce jour-là, au lieu de rester dans son département, on se mélange, on échange et on travaille ensemble. Et ce concept m’a plu ! Et puis aussi, il y a un système d’échanges avec des sociétés, des boîtes professionnelles, en plus des études, et ça aussi ça m’a plu. La première année était un peu difficile car elle était chargée, mais maintenant que je suis en deuxième année, je m’amuse beaucoup plus. »

« Pour moi aussi, à la base j’aimais bien dessiner. Après, quand il s’est agi de choisir l’école, ce qui m’a surtout plu dans cette université, c’est ce qu’on disait un peu tout à l’heure : le fait qu’en première année on puisse faire un peu de tout, pas seulement dessiner, pas seulement faire juste du CG, des graphismes ou du jeu vidéo. Le fait de faire plein de choses différentes permet d’apprendre de différents points de vue. Lors de mes trois dernières années de lycée, je n’avais pas vraiment défini ce que je voulais faire, à part que j’aimais dessiner et voulais continuer à dessiner, mais sans savoir dans quel domaine exactement. Donc cela donne des possibilités de vraiment voir et goûter un peu à tout, et savoir aussi ce que je voulais vraiment. Donc là, j’ai choisi la catégorie jeux vidéo. Mais contrairement à une école spécialisée où je n’aurais fait que ça depuis le départ, là j’ai fait d’autres choses aussi, donc j’ai un regard plus ouvert, il y a plus de possibilités, même en restant dans le jeu vidéo. »

« À la base, j’ai toujours rêvé de faire un métier pour promouvoir ma région natale. Donc j’ai choisi de faire ça au travers de l’art. Après, ce que j’aime dans cette université, c’est qu’on ne fait pas que de la technique. Ce qui est important, c’est qu’on travaille aussi sur le mental, sur comment on réfléchit, comment on construit les choses. Il y a beaucoup de cours qui me demandent de réfléchir, de m’organiser, et ça c’est très important je pense. En plus, quand il y a des échanges avec des sociétés professionnelles, l’école et les professeurs nous laissent vraiment librement discuter avec eux. On peut même se proposer et participer à des projets avec eux, et ça c’est quelque chose que j’aime beaucoup. »

Une avant-dernière question : il y a un homme pour six femmes ici parmi les étudiants, est-ce que c’est représentatif du reste de l’université ?

(Rires) C’est vraiment un pur hasard des sélections pour participer à Japan Expo ! Après effectivement dans notre département, il y a 2/3 de femmes et 1/3 d’hommes. Mais ça peut être l’inverse dans d’autres départements… Au final, il y a sûrement autant d’hommes que de femmes dans la globalité de l’université.

Une dernière question pour les professeurs qui sont restés bienveillants et silencieux… Sont-ils fiers de l’enthousiasme, de la passion et de l’investissement de leurs étudiants, et comptent-ils revenir à Japan Expo tous les ans ?

Japan Expo est l’occasion de beaucoup pousser les potentialités des étudiants je pense. Et on est contents de ce qu’ils font, donc bien entendu on compte revenir à Japan Expo chaque année pour leur donner encore plus de possibilités !

Merci beaucoup !

Merci à vous aussi. Nous avons aussi une question pour vous ! Pourquoi avez-vous voulu nous interviewer ?

Parce que c’est rare de voir une université se déplacer sur ce genre de salon, et justement, c’était l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les universités spécialisées dans l’art au Japon, et sur les motivations de leurs étudiants.

Parce qu’il n’y a pas d’autres universités d’art, même françaises, qui participent à ce genre de salon ?

Déjà on n’a pas vraiment d’équivalent en terme d’études, à part les Beaux-Arts, les Gobelins peut-être… Et ils prennent un petit peu de haut ce genre de salon, en pensant peut-être qu’ils n’ont pas besoin de ça pour attirer des étudiants ?!

 (Rires)

Les élèves et leurs professeurs

 


Compléments d’informations :

La faculté de Character Design et ses différents cours :

Animation / CG / Game / Character Illustration / Character Business / UI Design (ou User Interface Design) / VFX / sound

La faculté de Character Design développe son programme en ayant toujours à l’esprit l’adaptabilité multiple d’une idée unique (le one source, multi-use). Les cours de dessin, d’écriture et de scénarios, de stéréolithographie (un procédé à l’origine de l’impression 3D), du web design et du VFX (effets visuels), sont toujours liés à l’animation, à l’image de synthèse, au game design et à la création de personnages. Les étudiants sont formés en vue de leur transmettre les compétences qui leur permettront de s’adapter à tout environnement et à n’importe quel métier, toujours dans cet esprit du one source, multi-use.

L’université collabore également avec des entreprises et a ainsi produit des animations de publicité, des artworks pour des hôtels et destinés aux touristes étrangers, du chara-design pour un jeu de société, etc. Les étudiants apprennent le marché de l’art numérique, son marketing et les enjeux de société auxquels ils auront à se confronter, et pour lesquels ils seront en mesure de proposer des solutions uniquement grâce au dessin.

Contact :

Kyoto University of Art and Design – Admission Section
Tel: 0120-591-200, du lundi au samedi de 9h00 à 17h30
Mail : nyugaku@office.kyoto-art.ac.jp


Merci à mes collègues Charlène et Jean-Baptiste pour les questions et les photos, un grand merci aux étudiants et aux professeurs pour leur bonne humeur durant cette interview et sur leur stand, ainsi qu’à notre interprète !

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