Amabie, l’esprit sauveur du Japon face au virus.

Si vous suivez de près l’actualité japonaise sur les réseaux sociaux, vous n’avez pas pu passer à côté d’une étrange chimère aux cheveux longs, au bec et aux serres d’oiseau, au corps d’écailles avec trois queues. Journal du Japon va vous expliquer pourquoi ce soudain engouement pour ce «montre marin» qui n’est autre que le yōkai Amabie.

Amabie par Shigeru Mizuki

Qui est Amabie ?

Selon la légende, c’est en 1846 en pays d’Higo (actuellement Kumamoto) qu’une lueur apparaît au bord de la mer chaque soir. Un officier est alors envoyé pour voir ce qu’il s’y passait. A son retour, il raconta sa rencontre avec une créature qui lui donna son nom, Amabie. Il en dessina même un croquis. Elle lui annonça que les récoltes seraient excellentes dans tout le pays pour les six années à venir mais que, si toutefois une épidémie venait à se propager, il faudrait diffuser massivement un dessin la représentant et le montrer aux personnes malades pour les guérir. Puis, elle disparut dans la mer.

L’Amabie telle qu’elle a été dessinée en 1846 avec, à droite, la déposition de l’officier (Bibliothèque universitaire de Kyoto)

Amabie serait une variante des amahiko-nyudo, des créatures généralement à trois pattes, en forme de singes ou d’oiseaux sans torse, qui prédisent bonnes récoltes suivies de pandémie… Parce qu’il s’agit d’une créature prophétique qui pourrait apaiser les maladies à sa simple vue, on devrait la considérer comme une divinité plutôt que comme une créature folklorique. L’amabie se rapproche des sirènes des mythologies scandinave ou grecque, sauf qu’elle n’est pas une créature néfaste comme peuvent l’être les premières.

Un yôkai au quotidien

Maintenant que vous connaissez son histoire, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le Japon porte un tel engouement au yōkai Amabie. Sorte de porte bonheur et de « médicament » contre la maladie, il est logique de voir les Japonais s’enflammer pour le personnage.

L’économie japonaise s’en porte plutôt bien puisqu’il existe de nombreuses marques de thés, de sushi bars, de boissons alcoolisées (bières, saké,…), des pâtisseries même qui ont fait du yōkai leur fonds de commerce ! Et ça marche !

Alors que les japonais invitent Amabie dans leur bento ou leur ramen, un parc aquatique de Yokohama laisse son lion de mer appelé « Monsieur Chen » s’entraîner à dessiner Amabie devant un public et le résultat est bluffant (et très amusant).

Certains temples se prêtent aussi au « jeu » et donnent des amulettes à son effigie… Même le Ministère de la Santé japonais n’hésite pas à utiliser l’image d’Amabie pour faire respecter les gestes barrières.

« Vous pouvez être infecté ou continuer de transmettre le virus aux autres sans le savoir. STOP ! à la propagation du virus COVID-19 »

 

L’Amabie Challenge

Et ce ne sont pas les seuls !

C’est la bibliothèque universitaire de Kyoto qui a relancé l’histoire du yōkai en partageant sur Twitter son dessin d’Amabie début mars :

Après ce tweet, de nombreux graphistes, dessinateurs amateurs et internautes se sont mis à partager leurs créations avec le hashtag #Amabiechallenge. Même des auteurs de mangas comme Junji ITO (Black Paradox), Keiichi TANAKA (Summer Wars – Anthology) Chica UMINO(March comes in like a lion) ou encore Mari OKAZAKI (Le Cocon) se sont prêtés à l’exercice – et la liste est non exhaustive.

Réinterprétation de l’Amabie par (de gauche à droite) Junji ITO, Chica UMINO et Mari OKAZAKI

A l’aide de la toile et des réseaux sociaux, le #Amabie est devenu viral en quelques jours. La divinité japonaise est considérée comme une véritable amulette porte bonheur contre la propagation de la Covid-19 non seulement à travers le Japon mais aussi à travers le monde. Et, pour votre plus grand bonheur, l’équipe Journal du Japon s’est également prêtée l’exercice en donnant ses versions de l’Amabie.

L’équipe de Journal du Japon a joué le jeu et voici leurs participations

A gauche : « Ma version de l’Amabie se base sur cette description sommaire d’une «créature anthropomorphe à trois queues». J’ai voulu lui donner un air à la fois doux et légèrement menaçant : elle peut annoncer une épidémie comme une bonne récolte ! Ensuite, j’ai choisi de la faire avec des tons de vert et de bleu, puisqu’elle est censée sortir de l’eau. Le reste est venu naturellement : le rose pour alléger et la palette de yuzen pour la rendre plus colorée. Les techniques utilisées sont : aquarelle, encre, pastels, crayons de couleur et Procreate, sur un papier Fabriano 25% coton.« 

(Auteure : Hoshino Ra et ses œuvres sur son blog)

A droite : « Les yôkai ont souvent une représentation effrayante ou grotesque, et j’ai voulu donner à ma version un style plus mignon et attrayant. Étant une créature aquatique, j’ai choisi de la représenter au milieu de l’eau. J’ai fait le choix de laisser mon dessin en noir et blanc afin de laisser libre cours à l’imagination et l’interprétation de ceux qui l’observeront.« 

(Auteure : Rin)


Que cela soit par pure superstition ou tradition, ou par simple amusement, le regain d’attention porté à l’Amabie donne un second souffle à l’économie japonaise en plus d’aider le Japon (et le reste du monde) à rester soudé devant cette situation inédite. 

Et vous ? Avez-vous participé à l’Amabie Challenge ? N’hésitez pas à nous partager VOS dessins de l’Amabie pour rester en forme !

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