Sélection japanime spéciale yuri : les filles aussi peuvent s’aimer !

Dans l’univers immense des mangas, on entend souvent parler du yaoi, un genre qui met en avant des relations sentimentales entre personnages gays. En effet aujourd’hui, il est souvent courant de vouloir regarder des œuvres qui nous ressemblent, sur lesquelles on peut se projeter, voire se rassurer. La diversité des œuvres et leur accessibilité est donc nécessaire.

Opposé au yaoi, le yuri est lui exclusivement centré sur les relations intimes entre personnages féminins. Bien qu’ils ne courent pas les rues, et sont loin d’être les animés les plus vus, ils sont pourtant bel et bien présents. Et peut-être plus que vous ne le pensez ! Journal du Japon vous propose donc de découvrir ou redécouvrir ce genre, à travers son histoire, ainsi qu’une sélection d’animés yuri ou girl’s love.

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©2004, Oyuki KONNO / studio Geneon Entertainement

 

Le yuri : l’amour entre filles ne date pas d’hier

Aux origines : la littérature esu

Tout à bien un commencement, et le yuri n’y échappe pas. Il est courant d’assimiler le yuri à la littérature esu. Il s’agit d’un courant qui s’identifie comme étant de la « littérature lesbienne », et qui se manifeste au Japon au début du 20ème siècle.

Les prémices de la période esu se déclarent durant l’ère Meiji, entre 1868 et 1912. L’importance de la scolarisation surgit, et devient obligatoire pour les plus jeunes. Cependant les écoles dites supérieures ne sont accessibles que pour les garçons. Ainsi, les filles sont incitées à poursuivre leur apprentissage dans des écoles privées chrétiennes. La structure de ces établissements prépare les jeunes filles à devenir de bonnes épouses et pour cela elles sont épaulées par des élèves plus âgées, des « grandes sœurs ». Il était donc courant qu’elles entretiennent une proximité émotionnelle intense. S’appuyant sur cette période, les récits esu mettaient donc principalement en avant une romance entre deux femmes, souvent écolières, et avec une certaine différence d’âge. Bien sûr, on ne parle que de relation platonique, où l’émotion prime sur le désir. L’homosexualité des jeunes femmes doit rester secrète, et parfois disparaître à l’âge adulte pour se cantonner à la norme hétérosexuelle, et ainsi fonder une famille. C’est suite à la normalisation des écoles mixtes, à la fin de la guerre sino-japonaise en 1945, que les relations hétérosexuelles sont réellement privilégiées par le lectorat féminin.

Naissance du « yuri »

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© Shiroi Heya no Futari / Ryôko YAMAGISHI / Edition Shûeisha / 1971

La transition de la littérature au girl’s love, comme on le connaît, apparaît quelques temps après. Le premier manga référencé comme étant un yuri, est celui créé par Ryôko YAMAGISHI en 1971. Il s’agit de Shiroi Heya no Futari, prépublié dans le magazine Ribon, et édité chez Shûeisha dans un format one shot. Il donne le ton à de nombreuses œuvres yuri qui ont un point commun récurrent : une fin tragique, entre mort ou séparation douloureuse. Cette fatalité constante est le propre de ce qui a été renommé « l’âge sombre » du genre yuri par de nombreux magazines à la cible éditoriale essentiellement féminine, dont le Yuri Shimai.

On retrouve dès lors, les récits amoureux entre des jeunes femmes. On ressent un tabou toujours omniprésent puisque les relations sont souvent spirituelles plus que physiques. Certains laissent parfois entrevoir un baiser, mais rien de plus. La détermination de leur orientation sexuelle est rarement mentionné, incitant le spectateur à jouer de son imagination.

Un tournant majeur pour le girl’s love

Les codes sur lesquels se construisent le genre yuri perdurent et sont retrouvés dans les représentations classiques actuelles. On dénote cependant un paradigme différent qui apparaît dans les années 90 avec la célèbre série magical girl Sailor Moon.

Depuis l’établissement de la mixité dans l’éducation en 1947, l’éducation scolaire se libère et l’accès aux écoles supérieures s’ouvre à tous. Il s’agit des prémices d’une évolution considérable qui se concrétise notamment en 1985 par la ratification de la « Convention sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes », qui porte notamment sur l’égalité à l’emploi et permet aux femmes de s’affranchir du soutien des hommes, pour accéder à leur indépendance. Par conséquent, on dénote une augmentation du taux de femmes actives sur le marché du travail, et tout particulièrement, un accroissement des femmes qui ont reçu une éducation des établissements supérieurs.

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© 2014, Sailor Moon Crystal, Naoko TAKEUCHI / Toei Animation

Cette édification du statut de la femme est retranscrite par l’apparition de plusieurs œuvres, dont la venue de la guerrière aux cheveux blonds : Sailor Moon. L’apparition de ce titre magical girl insiste sur le détachement de l’image de la femme japonaise passive. En plus de se présenter comme étant un manga qui renverse les règles d’un patriarcat beaucoup trop strict, il devient un véritable soutient à la cause homosexuelle. On le perçoit notamment à travers les dôjinshi, œuvres créées par des amateurs qui reprennent, le plus souvent, des séries populaires. Ainsi, la fanbase de Sailor Moon récupère massivement le couple homosexuel formé par deux des personnages féminins principaux pour se l’approprier (Sailor Neptune et Uranus), affirmant l’influence du manga sur le public.

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© Comic Yuri Hime / Ichijinsha / Octobre 2020 , numéro 12

L’insertion de personnages homosexuels accroît le détachement des dogmes figés au sein de la société japonaise, et donne une autre tonalité au yuri. Bien qu’initialement Sailor Moon n’était pas destiné à être catégorisée dans ce genre, le manga se hisse en haut de la liste et devient le guide de quelque chose de nouveau. En effet, alors que cette œuvre qui présente des relations ambiguës entre des personnages de même sexe est simplement considérée comme un magical girl en occident (les éléments homosexuels ayant alors été maladroitement atténués ou censurés), au Japon il est l’un des mangas phares du genre yuri. Dès lors, une parution inédite dans ce genre se développe petit à petit : on quitte le carcan scolaire habituel pour des femmes moins niaises et plus combatives, à l’instar de ces guerrières du système solaire.

C’est un tournant pour le développement du yuri, qui par la suite n’aura de cesse de se diffuser petit à petit à travers tous types de titres, ne se limitant plus aux seuls shôjos, et donnant naissance à des œuvres toujours plus diversifiées. Un mouvement qui se poursuivra dans les années qui suivront, avec l’apparition de magazines de prépublication comme le Yuri Shimai, fondé en 2003 par Saitarô NAKAMURA. Il s’agit d’un magazine dont la ligne éditoriale yuri met en avant des one-shot ou des light novels. Le magazine sera réédité chez Ichijinsha deux ans plus tard et renommé Comic Yuri Hime, celui-là même auquel on doit notamment le célèbre manga Citrus en 2012.

 

Romance à l’école, la pure tradition du yuri

Comme son prédécesseur littéraire esu, la majorité des yuri que l’on pourrait qualifier de « classiques », et les plus célèbres, se passent dans des établissements scolaires. Ils mettent régulièrement en avant des relations intimes entre des jeunes filles ayant une différence d’âge. Contrairement au yaoi, les rapprochements charnels sont très limités, mais on y aperçoit souvent une écriture scénaristique similaire.

Maria-sama ga miteru

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© 2004, Oyuki KONNO / studio Geneon Entertainement

En reprenant les thématiques de la littérature esu, et en l’accentuant avec un aspect physique à peine plus prononcé, on trouve Maria-sama ga miteru.

La série de light novel de Oyuki KONNO paraît dans le magazine Cobalt de Shueisha entre 1998 et 2012. Si sa version roman s’étend en 39 volumes, elle est réduite à seulement 9 tomes dans sa version manga, sortie en 2003. Puis en 2004, le studio Geneon Entertainment se charge de l’adaptation animée.

La protagoniste, Yumi Fukuzawa, fait sa rentrée dans sa nouvelle école privée catholique pour jeunes filles. Elle y rencontre Sachiko Ogasawara, une élève de seconde année qui souhaite faire de Yumi sa « petite sœur ». Le récit met en avant des relations de proximité et d’intimités entre les jeunes filles de cet établissement, pour lequel la hiérarchie et la religion sont importantes. L’atmosphère de l’animé est doux, délicat, parfois un peu trop lent. On retrouve une dimension mêlant écoles chrétiennes et apprentissage des règles de la bonne épouse de l’ancien Japon.

Strawberry Panic

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© 2006, Sakurako KIMINO / studio Madhouse

Strawberry Panic, se rapproche énormément de Maria-sama ga miteru. En effet, à l’origine Strawberry Panic est un light novel présenté en 18 tomes par Sakurako KIMINO en 2003. En 2005, il est prépublié en manga dans le Dengeki G’s Magazine, et compilé en 2 tomes. Puis sa version animée par le studio Madhouse est produite en 2006 et compte 26 épisodes.

Aoi Nagisa arrive dans une nouvelle école pour filles. Elle rencontre Hanazono Shizuma, une élève plus âgée, qui porte le titre de « l’Étoile », en charge d’établir le lien entre les trois établissements du campus. Elles se rapprochent, deviennent de plus en plus intimes, et sans secret, tombent amoureuses. L’histoire narre les nombreux liens tissés entre les élèves de ces établissements, tant amicales, qu’amoureuses.

Strawberry Panic est l’un des premiers animés yuri à s’être fait un nom reconnu dans le genre. Tout le monde en parlait comme étant le seul et l’unique. L’orientation sexuelle n’étant jamais définie, aucun questionnement sur l’homosexualité ou l’identité n’est abordé. On retrouve alors des personnages assez stéréotypés dont la « jeune fille prince charmant », qui vient secourir et charmer la jeune élève innocente. L’esthétique de l’animation reprends parfaitement les codes du shôjo un peu kawaii, et englobe l’oeuvre dans une jolie romance à suivre.

Sakura Trick

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© 2014, TACHI / studio Deen

Quand ce n’est pas une composante de « grande soeur » et « petite soeur » qui constitue l’histoire, c’est celle des deux meilleures amies. Sakura Trick est publié dans sa forme manga en 2011 par son auteur TACHI. La série est composée de 8 tomes, et de 12 épisodes pour son adaptation animée sortie en 2014 par le biais de Studio Deen.

Haruka Takayama devient jalouse lorsque son amie Yû Sonoda se découvre des affinités amicales avec ses nouveaux camarades. De là, pour s’assurer de garder un lien exclusif avec elle, Haruka décide de se rapprocher de plus intimement.

À l’image du design, l’animé est léger et sans réelle prise de tête. Une dimension amicale, et une relation progressive prend place. Une animation légère, dans une ambiance un peu plus kawaii que ses prédécesseurs, qui fait le charme de l’animé ou au contraire peut déplaire au spectateur selon les préférences de chacun. Un yuri qui se laisse regarder pour sa perspective pure de l’amour, plus que pour la construction complexe de ses personnages.

Citrus

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©2018, Saburôta / Studio Passione

Plus récemment, un animé en particulier s’est fait connaître. Il s’agit de Citrus de SABUROTA. Le manga est publié en 2012 et est divisé en 10 tomes. Il apparaît en France en 2016 grâce aux éditions Taifu Comics. L’animé est pris en main par le studio Passione en 2018, et diffusé en France sur Crunchyroll. La même année, un spin-off du manga apparaît sous le titre de Citrus+, prépublié comme la version originale dans le magazine Comic Yuri Hime. Citrus+ est actuellement en cours de publication.

Yuzu est une jeune fille qui intègre un lycée de jeunes filles. Elle ne parvient pas à s’accoutumer aux règles strictes de son nouvel environnement et rentre en conflit avec Mei Aihara, la présidente du bureau des élèves. Malheureusement, elle apprend que cette même présidente va vivre avec elle, car elle est sa nouvelle demi-sœur, suite au remariage entre sa mère et le père de Mei. Un tiraillement entre haine et amour se profile, et un jeu de provocation s’instaure entre les deux protagonistes.

La dynamique de Citrus se différencie par l’ambiguïté des émotions qui se tisse entre les deux personnages principaux. Loin d’une fille un peu timide qui se laisse aller, Yuzu est extravertie et fait toujours attention à son apparence ! Malgré son tempérament, elle est perturbée par cette attirance amoureuse qu’elle ressent pour une fille, et ne banalise pas directement cette nouvelle émotion, ni le contexte familial qu’elle découvre. La situation évolue progressivement, et son amour également. On quitte le personnage un peu trop mignon et innocent pour découvrir une Yuzu beaucoup plus dynamique et espiègle : un caractère qui donne du punch à la série !

Bloom into you

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© 2018, Nio NAKATANI / Studio Troyca

Enfin, l’un des derniers succès en date de l’univers yuri n’est d’autre que Bloom into you, de Nio NAKATANI. Il s’agit d’une série prépubliée dans le Monthly Comic Dengeki Daioh en 2015, et éditée en volumes reliés en 8 tomes par la suite. L’adaptation animée par le studio Troyca possède seulement 13 épisodes, correspondant aux 7 premiers volumes du manga, et est disponible depuis 2018 en France, sur la plateforme ADN.

Yû Koito est une jeune fille qui ne ressent rien face à la première déclaration d’amour qu’on lui fait. En entrant au lycée, elle est pleine de confusion, inquiète de ne pas être capable d’aimer. Elle rencontre alors Tôko Nanami, qui rejette également toutes les déclarations d’autrui. Par cette similitude, elles se rapprochent, jusqu’au moment où Nanami tombe amoureuse de , et lui déclare, à son tour, ses sentiments.

Bloom into you se démarque par sa trame narrative. L’école des protagonistes n’est pas exclusivement pour les filles, et nous sommes face à Yû qui ne ressent aucune attraction amoureuse pour personne, un enjeu rarement mis en scène dans l’univers de la romance. On découvre également des personnages secondaires qui remettent en question leur orientation sexuelle, et d’autres qui refusent l’idée que l’homosexualité ne serait qu’une passade dont il faudrait se défaire comme les mœurs l’exigent… Une dynamique nouvelle pour un yuri, et une quête d’identité qui permet à certains spectateurs de s’identifier sans trop de difficultés. Un scénario qui se rapproche donc d’une réalité commune, et qui permet à l’oeuvre de Nio KATANI de devenir l’un des animés phare du genre.

 

Quand le yuri transcende les genres

Comme on l’a vu plus tôt, Sailor Moon a ouvert une voie et permis d’élargir le genre, donnant naissance à toutes sortes de séries pouvant présenter des composantes yuri plus ou moins importantes ou marquées. On dépasse alors les murs de l’école, pour s’aventurer dans des univers différents.

Sailor Moon

L’œuvre de Naoko TAKEUCHI sort dans sa version manga originale en 1991, puis est adapté en série animée un an plus tard par Toei Animation. Par la suite, une nouvelle adaptation de l’animé sera diffusée en 2014 sous le nom de Sailor Moon Crystal, également produite par Toei Animation. Concernant le public français, il découvre les héroïnes du système solaire sur les écrans en 1993, grâce à AB Production dans le Club Dorothée. Le manga, quant à lui, est publié en France pour la première fois par Glénat en 1995. Les éditions Pika proposeront ensuite une réédition de l’œuvre en 2012. Puis en 2013, la production de Kazé reprends le flambeau pour un format DVD de l’animé. Enfin une réédition deluxe « Eternal » du manga débarque en 2020 chez Pika, sous le titre Pretty Guardian Sailor Moon.

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© 2014, Sailor Moon Crystal, Naoko TAKEUCHI / Taoi Animation

Sailor Moon se présente comme une œuvre phare dans le genre des magical girl, jeunes filles aux pouvoirs magiques. Les héroïnes se démarquent par leur capacité à se transformer, adoptant des tenues de type sailor fuku pour combattre les ennemis. On suit les péripéties de Usagi Tsukino (Bunny dans la version française), une jeune collégienne qui a pour passion les jeux vidéo. Elle tombe nez à truffe avec Luna, un chat noir qui parle. Cette dernière donne à Usagi les pouvoirs qui lui seront nécessaire pour lutter contre les entités du mal. Rapidement, elle est rejoint par Sailor Vénus, Sailor Mercure, Sailor Mars et Sailor Jupiter. Usagi découvrira plus tard qu’elle est en fait la réincarnation de la déesse de la lune, et que ses camarades sont là pour la protéger et l’aider à accomplir sa mission.

En plus de se faire connaître pour être le renouveau de ce genre, on retient également de Sailor Moon un sujet qui a fait débat : le couple de Sailor Uranus et Sailor Neptune. Sailor Uranus est une jeune femme androgyne, parfois habillée de manière très masculine, mais parfois très féminine. Le public bégaye, ne comprend, ne sait pas : c’est la première fois qu’un personnage comme celui-ci est représenté. Ce couple devient l’un des plus populaires pour les fans de girl’s love, et permet à Sailor moon de s’intégrer désormais dans le genre yuri, bien que l’histoire homosexuelle ne soit pas l’élément central.

Mai-Hime

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© 2004, studio SUNRISE

Dans une dynamique un peu similaire, on retrouve Mai-Hime. Il s’agit d’un animé japonais produit par les studios Sunrise en 2004, et qui obtient sa version manga quelques mois plus tard par Hajime YATATE et Kenetsu SATO. Il fut édité en DVD en France par feu Beez Entertainment.

On y rencontre Mai, qui intègre une académie prestigieuse. Elle se lie d’amitié avec Natsuki et Makoto, et rencontre 12 autres jeunes femmes. Elles se révèlent avoir un destin en commun puisqu’elles sont toutes des « HIME », capables de matérialiser des objets pour combattre, et d’invoquer un être protecteur qui leur est affilié, un « child ».

Mai-Hime est un mélange parfait entre un magical girl scolaire, saupoudré d’une dose de thriller psychologique, avec un peu de mecha. À travers ce récit fantastique se cache Shizuru, ouvertement amoureuse et attirée par Natsuki, lesquelles vont entretenir une relation explicitement ambiguë. Un fandom des plus féroce se construit autour de ce duo. Cette intrigue amoureuse se déroule au second plan, et c’est ce parti-pris qui rend leur histoire aussi attrayante. Elle est présente dès les prémices de la série et se développe tout du long. Le spectateur suit les combats et découvre des personnages bien plus complexes et construits qu’il n’y paraît, tant par la dimension magique, que par la dimension amoureuse. Dans le genre du magical girl fusionné avec du yuri, Mai-hime a donc un ticket gagnant pour son authenticité et son audace !

Puella Magi Madoka Magica

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© Puella Magi Madoka Magica / Hanokage / Edition Doki-Doki / 2011

S’il y a bien une série de magical girl qui n’a pas laissé son audience de marbre, il s’agit assurément de Puella Magi Madoka Magica !

Elle se présente, dans un premier temps, sous la forme d’un animé réalisé par Akiyuki SHINBO au sein du studio d’animation Shaft. Sa première diffusion se fait en janvier 2011, et la série s’étend sur douze épisodes. Elle est actuellement disponible en France sur la plateforme Wakanim, mais également sur Netflix. L’adaptation en manga est publiée en février 2011 par les éditions Hôbunsha au Japon, puis en France par Doki-Doki. La série papier est particulièrement courte puisqu’elle n’est divisée qu’en trois tomes, illustrés par Hanokage. Elle a cependant donné lieu a un grand nombre de spin-off.

L’histoire débute lorsque Madoka Kaname croise le chemin de Kyubey, une petite créature bien étrange. Kyubey est un incubateur, c’est-à-dire qu’il a la capacité d’exaucer le voeu de jeunes filles, mais en contrepartie elles deviennent des magical girl : des Puella Magi. Chacune de ces jeunes filles a un potentiel magique spécifique, et leur pouvoir dépend du voeu qu’elles formulent. Leur objectif premier est de combattre les sorcières, qui se présentent comme des démons et ennemis des Puella Magi.

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© Puella Magi Madoka Magica / Studio Shaft /Akiyuki SHINBO / 2011

La trame est posée, le scénario paraît bien connu et similaire à de nombreux magical girl. Pourtant Puella Magi Madoka Magica a su se faire une place bien affirmée par son authenticité, que cela soit en terme d’animation ou par les thématiques abordées. Dans un premier temps, on découvre une esthétique des personnages plutôt simple, les traits sont légers, les visages candides, qui ne sont pas sans nous rappeler les codes du shôjo tel qu’on le connaît. Pourtant, le choix de certains plans contient de nombreuses références qui viennent complexifier le récit, notamment par des clins d’oeil bibliques et spirituels.

L’aspect visuel important s’ajoute aux pensées abordées par l’animé. Bien que le spectateur suive le cheminement de personnages qui traversent l’adolescence, Puella Magi Madoka Magica aborde également des sujets bien plus sombres : la dépression, la quête de l’identité, le sacrifice… Et ce qui nous intéresse : l’ambivalence émotionnelle et l’homosexualité. Il ne s’agit pas d’un yuri basique, ni d’un animé catégorisé comme tel. Pourtant, une ambiguïté volontaire et plus que suggestive est bel et bien mise en avant entre les personnages, et principalement entre la protagoniste Madoka et Akemi Homura. L’histoire d’amour à proprement parler et l’aspect physique ne sont encore que très peu présents, permettant au spectateur de jouer de son imagination. Toutefois, la profondeur des émotions se révèle primordiale au développement de la série.

Yuri Kuma Arashi

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© Yuri Kuma Arashi / studio Silver Link / 2015

Yuri Kuma Arashi mêle les genres fantastique et yuri. Le manga est prépublié en 2014 dans le magazine Comic Birz. Les tomes s’étendent pour le moment en trois volumes. L’animé est réalisé par le studio d’animation Silver Link et Kunihiko IKUHARA, qui avait également participé à la réalisation de Sailor Moon. Les 12 épisodes de l’animé ont été diffusés chez Crunchyroll.

Kureha Tsubaki est amoureuse de Sumika Izumino. Leur histoire est mise à l’épreuve lorsque le pacte de non-agression entre les humains et les ours est brisé. Ces derniers ont dépassé le mur de protection bati par les humains pour s’infiltrer dans leur monde. Parallèlement, Tsubaki fait souvent le même rêve où elle voit des ours et ce drôle de personnage, Ginko Yurishiro, une jeune fille-ours.

Yuri Kuma Arashi dresse un système où les êtres humains sont confrontés à des ours d’une autre planète. Un bien étrange univers ! On peut penser que la construction du récit, et les métaphores présentes tout du long, sont un clin d’oeil à l’homosexualité féminine et à son acceptation au sein de la société nippone. On rencontre des personnages différents, des relations différentes, et une quête de l’identité et de l’intégration sociale, amenée par le biais de ces animaux et d’une construction anthropomorphe. Avec un graphisme que l’on peut qualifier d’élémentaire, et une couche de fan service qui peut déplaire à certains, cet animé attisera l’intérêt des plus curieux !

Vlad Love

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© Vlad Love / Mamoru OSHII / studio Drive / 2021

Un appel pour tous les fans de vampires ! Une œuvre qui mélange animé, vampirisme, avec une inflexion yuri !

La série est réalisée par Mamoru OSHII et Junji NISHUMURA avec le support du studio Drive. Sa sortie a été retardée à cause de l’épidémie mondiale. La diffusion n’est alors entamée qu’à partir de février 2021, et vient tout juste de se terminer en France sur la plateforme Crunchyroll.

Mitsugu Bamba rencontre Mai Vlad Transylvania alors qu’elle s’apprête à donner son sang. Mai, qui semble en mauvaise santé, saccage le lieu et s’évanouit. Mitsugu la transporte jusque chez elle et, petit à petit, un lien peu commun s’installe entre les deux filles. Mitsugu aide désormais Mai a récolter du sang pour se nourrir. Une nouvelle ambiance pour le genre yuri puisque l’on entre dans le monde fantasque des vampires, qui est souvent connoté d’innombrables métaphores du sentiment amoureux et de la passion.

Le ton de l’animé est d’autant plus original, car la série est principalement burlesque, et excessivement comique ! OSHII a décidé de ne pas mettre en avant de personnages masculins pour s’intéresser exclusivement aux relations entre filles. L’aspect yuri est léger, subtil, il se laisse deviner mais n’apparaît pas comme l’histoire principale. Vlad Love mise bien plus sur son humour déganté. L’univers des vampires étant réputé pour allier quête sanguinaire et intimité émotionnelle, Vlad Love pourrait bien être une nouvelle extension du phénomène girl’s love. Ce parti-pris, et ce mélange d’ambiances est la marque de ce nouvel animé, et en fait son charme. On peut aimer ou détester !

 

La liste des séries yuri, ou incluant une composante yuri plus ou moins prononcée, est bien plus longue qu’on pourrait le croire. Et bien d’autres de ces animés valent le détour : Magical Girl Lyrical Nanoha, New Game!, Inugami-san to Nekyama-san, Adachi & Shimamura

Parfois réalistes, parfois édulcorées, ces œuvres permettent de découvrir une dimension peu exploitée dans la romance. Loin de vivre dans un monde sans discrimination, l’acceptation de soi est encore un combat bien réel que l’on peut percevoir notamment à travers l’évolution du yuri. Si ce dernier était encore peu varié, et abordait jusqu’à il n’y a pas si longtemps des scénarios tous relativement similaires, on remarque petit à petit une notoriété qui s’élève, et des codes culturels qui se réinventent sous l’influence du temps. N’hésitez donc pas à jeter un coup d’œil aux titres de cette sélection, ou à tout autre qui attirerait votre curiosité envers ce genre, un vent frais abordant l’amour, le respect, et l’amitié, adapté à tous !

3 réponses

  1. Cernucios dit :

    Un très bon article sur le yuri (en même temps quand on parle de Bloom Into You, ça ne peu qu’être bon), un genre encore trop peu représenté en France. Merci pour la lecture

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