Resident Evil 4 Remake, un bel hommage au meilleur épisode de la franchise ?

Les remakes et les portages sont à la mode dans l’industrie du jeu vidéo. Si cela permet aux nouvelles générations de découvrir des franchises cultes, les fans de la première heure se méfient toujours (à juste raison très souvent)… Capcom a un catalogue de fortes licences et Resident Evil a droit à des ressorties sur les consoles actuelles. Après les remakes des Resident Evil 2 et 3, sans surprise, les aventures en Espagne de Leon à la rescousse de la fille du président des États-Unis passent à la moulinette pour en sortir réactualisées.

Sorti en 2005 sur GameCube, que vaut cette remise au goût du jour disponible sur PS5, PS4, Xbox Series X|S et PC depuis le 24 mars dernier ? Magnum en main et couteau prêt à être planté dans le cou d’un zombie trop collant, voici notre test de l’un des meilleurs épisodes de la franchise Resident Evil.

Toujours la même histoire mais…

On ne fera pas l’affront aux fans de la première heure de redonner le cadre du jeu. Voici quand même un rapide résumé pour les nouvelles générations, trop jeunes pour avoir découvert le jeu sorti en 2005 sur GameCube. Exit Raccoon City, le théâtre macabre des 3 premiers épisodes de la franchise. La ville a été détruite par un missile nucléaire pour enrayer l’infection de virus T, sur ordre du Président des États-Unis. L’histoire de Resident Evil 4 se déroule 6 années après la catastrophe biologique. Le joueur incarne une nouvelle fois Leon S. Kennedy, l’un des survivants de l’incident de Raccoon City. Devenu agent du gouvernement sous les ordres directs du Président des États-Unis, il se voit confier la lourde tâche de sauver la fille de celui-ci, qui a été enlevée par une mystérieuse secte en Espagne. Sa mission de sauvetage ne sera pas de tout repos… L’ancien policier se retrouve une nouvelle fois dans de beaux draps avec des villageois dont l’hospitalité laisse clairement à désirer !

A première vue, lors de la première partie dans le village, on pense retracer le chemin emprunté lors du jeu d’origine. En réalité, si l’histoire n’a que peu changé, les joueurs de la première heure remarqueront les modifications qui permettent de ne pas avoir de temps morts tout en conservant l’action et le côté survival-horror qu’on aimait dans l’original. Les personnages secondaires (Luis, Ada et Krauser notamment) gagnent en épaisseur même si le scénario reste digne d’une série B qui s’assume. Si d’un côté les interactions entre Leon et les autres personnages ont été améliorées, on peut remarquer que les méchants ont été un peu délaissés et qu’ils manquent aujourd’hui cruellement de charisme dans cette réécriture. Par exemple, Ramón Salazar est malheureusement méconnaissable et passe ainsi de l’ « enfant » capricieux et sadique dans le jeu original à un antagoniste aseptisé, fade et sans intérêt dans ce remake. Pour finir le jeu la première fois, il faut compter environ une vingtaine d’heures : une bonne durée de vie pour un Resident Evil. Comme toujours dans la franchise, le jeu se découvre dans une partie new game + en augmentant la difficulté tout en gardant les améliorations de nos armes (et on en a bien besoin !).

RE Engine et consoles next-gen pour un bond graphique au service de l’ambiance horrifique

On avait déjà constaté les qualités graphiques du moteur de jeu maison, RE Engine, sur les remakes des Resident Evil 2 et 3. Dès la première cinématique, cela fait plaisir de voir que les personnages ont eu droit à une remodélisation avec tout un travail sur les détails pour créer une ambiance encore plus sombre et horrifique que le RE4 de 2005. Grâce à des effets de lumière, d’ombre et de brume réussis, le joueur plonge dans des décors beaucoup plus réalistes. La partie avec le Regenerador dans la chambre froide n’en est que des plus stressantes et flippantes ! Même avec la lampe torche, le joueur ne sera pas à l’abri de se faire surprendre par des ennemis : les sadiques de Capcom ont mis le paquet sur les zones très sombres. Squelettes, cadavres, viscères, trainées de sang viennent compléter la sinistre atmosphère.

Contrairement à un Dead Space qui cherche à surprendre les joueurs et les faire sauter de peur (pour ne pas nous déplaire !), Capcom se repose davantage sur le stress en mettant Leon dans des situations toujours plus dangereuses. Et ce, dès le début : coucou le monsieur cagoulé à la tronçonneuse accompagné d’une horde de Ganados, moment culte de notre arrivée au village ! Les villageois ont une passion pour le bricolage et après les fans de Massacre à la tronçonneuse, on tombe à des endroits sur un nouvel ennemi plus robuste et dangereux à la tête de minotaure et armé d’un marteau, la Brute !

Un gameplay légèrement changé et une bonne dose d’action

Les plus jeunes joueurs l’ignorent peut-être mais Resident Evil 4 est en quelque sorte le patriarche du TPS (jeu de tir à la troisième personne) moderne qui a inspiré notamment Gears of War. Le point de vue « par-dessus l’épaule » est la bonne idée qui a révolutionné l’action et l’immersion dans le jeu. La caméra rapprochée et fixée sur le dos de Leon participe grandement au stress que ressent le joueur dont le champ de vision est réduit pour mieux le surprendre par l’afflux d’ennemis assez nerveux et agiles comparés aux simples zombies des premiers opus de la franchise. Avec une aussi belle base qu’est le jeu original, que pouvait améliorer Capcom ?

Dans ce remake, les développeurs ont gardé ce qui faisait la force du jeu, un survival horror avec une bonne dose d’action. Le gameplay a ainsi assez peu évolué. Ce qui frappe directement, ce sont les progrès en maniabilité de Leon. Face aux hordes de Ganados, le placement et la maîtrise de l’environnement sont très importants et dans la version de 2005, diriger l’agent spécial et se faufiler entre les ennemis pouvaient manquer de précision. Aujourd’hui, on peut aussi viser en marchant, s’accroupir et changer d’arme rapidement. Si les QTE avaient leur charme avec la Wiimote notamment, ces scènes très à la mode dans les années 2000 où le joueur devait appuyer sur certains boutons au bon moment pour effectuer des actions ont été enlevées pour être intégrées dans des cinématiques notamment. Subsistent tout de même des touches à appuyer pour réaliser des esquives à de rares moments. Le combat contre Krauser a ainsi été complètement revu avec un background étoffé et une mise en scène plus travaillée.

Cette vidéo où l’on voit Leon et Krauser, à couteaux tirés, dans la version HD sur PS3 (2011) permet au passage de remarquer le bond graphique ! Cela nous permet aussi de faire une transition avec la mécanique du couteau qui a évolué en devenant destructible. Si cette transformation ne bouleverse pas le jeu, cela redonne à la lame de l’importance pour en faire une arme comme les autres que l’on peut améliorer (et réparer contre des pesetas) chez le marchand qui est encore une fois de la partie (« Hello, stranger ! »). Petit plus : plus besoin d’utiliser le couteau pour casser des caisses et autres objets du décor. Une simple touche permet à Leon de les briser d’un coup de main ou de pied.

Des énigmes, de l’infiltration et… un boulet moins insupportable !

Entre deux gun fights, Leon (le joueur plutôt) tourne dans sa tête pour résoudre des énigmes qui ne sont pas forcément très compliquées mais qui ont le mérite de varier les plaisirs. L’observation de l’environnement et l’exploration sont recommandées pour dégoter de nombreux trésors à revendre au marchand. Le level design a été revu et ce remake est l’occasion de redécouvrir des lieux tout en innovant avec des passages inédits. L’infiltration est la grande nouveauté et il faut dire que ces phases s’insèrent bien dans l’action. Le joueur est libre de se la jouer assassin en poignardant dans le dos les ennemis. Ne vous attendez pas à des missions d’infiltration à la Splinter Cell. Cela sert à dégarnir les rangs ennemis mais quoi qu’il arrive, Leon fait toujours parler ses flingues !

Ashley était une vraie plaie dans le jeu original et les développeurs ont tenu compte des critiques des joueurs de l’époque. Elle ne dispose plus de barre de vie et l’intelligence artificielle qui gère la fille du président est plus poussée même si loin d’être parfaite. Le nouveau système d’ordre pour lui dire de nous coller ou non permet d’établir des stratégies pour éviter qu’elle ne se fasse capturer ou tuer. Les cachettes dans les niveaux font leur retour et c’est tant mieux ! Le chapitre où le joueur contrôle la jeune fille a été complètement retravaillé et même si le moment n’est pas le plus sympathique de l’histoire, ce n’est plus la corvée comme auparavant.

En 2005, la franchise prenait un tournant vers plus d’action avec Resident Evil 4. Le point de vue « par-dessus l’épaule » était une révolution et Capcom avait la pression avec le remake de cet opus, l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur de la série. A part, ici et là, quelques changements minimes dans l’histoire, l’accent a été mis sur la refonte graphique pour un jeu sorti initialement sur GameCube. Le pari est réussi dans l’ensemble et les petits défauts du jeu original ont même été gommés (le plus gros étant Ashley pour ne pas la citer !). Bref, vous l’aurez compris : il s’agit d’un bel hommage au jeu d’origine qui le réinvente sans le trahir et qui donnera les mêmes sensations qu’à l’époque.

Test réalisé avec une version dématérialisée du jeu sur PS5 fourni par Agence Warning Up. Crédits des images : ©CAPCOM CO., LTD. ALL RIGHTS RESERVED.

David Maingot

Responsable Culture à JDJ et passionné de la culture et de l'histoire du Japon, je rédige des articles en lien avec ces thèmes principalement.

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