Retour sur la sixième et dernière édition du Summit
La scène Smash a connu trois jours intenses lors de de cette ultime édition du Summit qui s’est déroulé du 23 au 26 Mars 2023. Un ton particulier s’en dégageait puisqu’il s’agissait de sa dernière édition, mais aussi grâce à la forte présence des Français à cet évènement. L’occasion pour nous de voir ce qu’est le Summit, ses moments phares mais aussi de discuter avec Glutonny, le meilleur joueur de France.
Le Smash Ultimate Summit est un tournoi annuel autour du jeu Super Smash Bros Ultimate. Il est organisé à Los Angeles par l’équipe d’e-sport américaine Beyond The Summit. Créé en 2019 pour cette version du jeu, le tournoi existait cependant déjà auparavant, depuis 2015, sur Super Smash Bros Melee.
Il compte 16 participants triés sur le volet. En effet, pour jouer ce tournoi il faut faire partie des meilleurs joueurs de l’année, se hisser dans le haut du classement de certains tournois ou bien grâce au vote du public. Puisque ce sont des professionnels, les joueurs font parties d’une équipe d’e-sport. Il en existe un nombre incalculable à travers le monde. Rien qu’avec nos 16 joueurs ici présents, chacun d’entre eux provenait d’une équipe différente. A l’exception de Luminosity Gaming, qui a très récemment accueilli MkLeo et Tweek et la team Liquid qui compte parmi elle HungryBox et Riddles.
Le Summit est une compétition où les joueurs s’affrontent dans des matchs 1vs1 appelés BO3. Un BO3, « Best Of 3 », signifie que l’on joue 3 matchs pour définir le vainqueur. Le classement se fait par double élimination, chaque participant peut donc perdre une fois sans être mis directement hors compétition.
Le but est ainsi d’être le dernier en lice dans l’arbre des gagnants ou l’arbre des perdants, la winner et loser bracket. Ces deux derniers joueurs s’affrontent alors en finale. Les matchs de la finale se jouent en BO5, même principe que le BO3 mais en cinq matchs.
Pour gagner, le joueur provenant de la loser bracket doit remporter deux matchs. Celui de la winner bracket, lui, ne doit obtenir qu’une seule victoire pour être proclamé grand gagnant.
Triste nouvelle pour la communauté. Malgré la renommée et l’attente de cet évènement chaque année, des raisons financières poussent l’organisateur à y mettre un terme. Cette sixième édition signait donc la fin du Smash Ultimate Summit.
Mais ce n’est pas pour autant que l’ambiance n’était pas au rendez-vous pendant ces quelques jours. On a pu notamment y voir participer des grands noms de l’e-sport Smash. On y retrouvait le nouveau protégé de la KCorp, Kurama, qui a frôlé le podium avec sa 4e place. D’autres américains étaient aussi de la partie comme ApolloKage à la 7e place ex-aequo avec Glutonny. MuteAce qui partage la 9e place avec MkLeo, Riddles et VoiD. Ou encore HungryBox en bas du classement aux côtés d’Aaron, Sparg0 et notre jeune joueur français NaetorU. Tweek est quant à lui arrivé jusqu’en finale contre あcola.
Mashita «あcola » Hayato s’est en effet emparé de la victoire contre Gavin « Tweek » Dempsey au cours d’une finale enflammée opposant le légendaire Steve du vainqueur contre l’acclamé Sephiroth du joueur américain. Le début des parties nous montrait souvent une avance d’あcola. Il arrivait parfois même à enlever la première vie de son adversaire sans se prendre de coup. Mais Tweek parvenait à reprendre le dessus et à nous montrer ainsi une alternance de victoires pour les 4 premiers matchs. あ cola a finalement réussi à gagner le dernier combat ce qui a lancé la grande finale. En effet, puisque le joueur japonais était en loser bracket, il lui fallait gagner deux BO5 pour remporter le tournoi. C’est ainsi que l’ultime finale s’est déroulée, au cours de laquelle il a su s’imposer grâce à un plus large 3-1.
L’omniprésence de la France
L’implication des Français, tant sur place que dans le public, était particulièrement notable au cours de cette édition. Bien sûr, William « Glutonny » Belaïd, meilleur joueur de France et d’Europe jouant pour l’équipe Solary représentait nos couleurs avec son mythique Wario. Mais aussi, pour la première fois le joueur breton Dylan « NaetorU » Renon et son main (combattant principal) Pichu représentant la team Oplon, a réussi à se faire inviter grâce au vote du public. Cette place montre d’ailleurs l’ampleur et la force de la communauté Smash en France. Bien que vite éliminé, cette place a permis à notre jeune joueur de gagner en expérience et d’en sortir grandi !
Un évènement exceptionnel s’est aussi produit au cours de cette édition. Pour la première fois, des casters (« commentateur ») français se trouvaient sur place pour nous retransmettre et commenter l’évènement. En effet, Etoiles et TPK, deux acteurs importants de la diffusion de la scène Smash en France ont eu la chance d’être invités sur place. Kameto a aussi recast une partie de l’évènement depuis ses locaux. Il supportait en effet son nouveau joueur qui a fait son entrée au sein de la Karmine Corp, Pedro « Kurama » Alonsor Jr, en ce début d’année. Ces lives ont comptabilisé plusieurs dizaines de milliers de viewers en pic. Ces chiffres prouvent une fois encore de l’engouement que peut avoir cette scène e-sport et ce jeu en France actuellement.
Etoiles a aussi su faire briller la France lors du « Celebrity bracket ». C’est un évènement annexe au cours duquel des « célébrités » s’affrontaient en étant coaché par un joueur professionnel. C’est en y participant que le fameux « streamer musée » a réussi à montrer la puissance de son Pac-Man en gagnant 3-2 contre le mondialement connu HungryBox. Le tout commenté en direct par un mélange d’anglais et français plus que prononcé par TPK.
Rencontre avec Glutonny, le meilleur joueur d’Europe
Pour en savoir un peu plus sur cet évènement, Super Smash Bros et sa scène e-sport actuelle, Glutonny a accepté de répondre à nos questions. L’occasion de discuter de son parcours, du Summit et de l’avenir du jeu.
Journal du Japon : Bonjour Glutonny, enchanté et merci pour votre temps. Pour commencer, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vous : votre parcours de joueur, votre rencontre avec Super Smash Bros et la place de ce jeu dans votre vie ?
Glutonny : J’ai commencé à jouer quand j’avais 13 ans. Compétitivement en tout cas, parce que je jouais même quand j’étais plus petit. J’ai commencé vers 8 ans sur Smash 64. Mais j’ai commencé les compétitions seulement à 13 ans parce qu’à l’époque c’était très difficile de trouver des compétitions. Ce n’était pas aussi médiatisé, il n’y en avait pas autant du tout, il y en avait même très peu. C’est là que j’ai commencé les tournois et dès mon premier j’ai fait deuxième. C’était mon premier tournoi, certains avaient commencé depuis plusieurs années et à partir de ce moment-là des gens se sont intéressés à moi et se disaient « Tiens c’est marrant comment ça se fait que t’arrives à avoir ce niveau alors que t’as jamais fait de tournoi ? D’où tu sors ? ». ‘‘Grâce à ça’’ ils m’ont permis de m’intégrer à la scène Smash, même si j’étais très jeune, et ça m’a permis d’être au courant de tous les tournois parisiens qui étaient organisés à cette époque. C’était surtout ce qu’on appelait des Bushido Impact, c’est Leon qui m’a intégré à cette scène et qui m’a expliqué quand est ce qu’il y avait des tournois, sur quel site est-ce qu’il fallait s’inscrire, quels forums… Donc ça c’était à l’époque de Brawl (2008).
Brawl c’était un tournoi tous les mois voir tous les trois mois pour moi vu que les tournois étaient à Paris et que je n’avais pas forcément le droit d’y aller très souvent. Sachant que pour aller aux tournois comme je n’avais que 13 ans j’étais obligé d’y aller avec mon frère, qui lui avait 18 ans, qui était déjà à la fac et qui avait l’habitude d’aller sur Paris. Moi je ne pouvais pas y aller tout seul donc j’étais obligé d’attendre qu’il soit là et s’il n’était pas disponible je ne pouvais juste pas y aller. Sur Smash 4 j’étais un peu plus âgé, c’était à mon tour d’être à la fac donc je pouvais faire plus de tournois. De manière générale la scène était plus grande donc c’était quand même une période où il y avait beaucoup plus de tournois donc je pouvais y aller beaucoup plus régulièrement. A cette époque là de Brawl au tout début je faisais des bons résultats : 1er, 2e, 3e… Mais j’étais pas non plus numéro 1 incontesté. Puis au bout de quelques mois de compétition, j’ai commencé à comprendre un petit mieux le jeu, à m’adapter et j’ai commencé à gagner tous les tournois même avec d’autres personnages que mon personnage favori, qui était Wario aussi à l’époque. Donc j’étais considéré comme le premier français sur Brawl.
Arrive ensuite Smash 4 (2014). C’était un peu plus compliqué au tout début sachant que le jeu était un peu particulier dans le sens où il a une version qui est sortie sur 3DS puis après sur Wii U. La version sur 3DS était assez différente de celle sur Wii U du coup celle sur 3DS je m’en étais très bien sorti, je gagnais beaucoup de tournois. Mais sur Smash 4 Wii U au tout début c’était compliqué. Bien sûr je faisais des résultats OK mais je faisais parfois 3e, parfois 7e, parfois 4e, parfois 2e, etc. Puis après j’ai commencé à trouver mes repères, à trouver mes personnages et pareil je suis resté sur Wario et Captain Falcon. Et ça s’est mieux passé, je suis passé premier français au bout de un an je pense… Un an, un an et demi quelque chose comme ça. Aussi le jeu était un peu particulier sachant qu’au tout début il était très mal équilibré.
Ensuite est arrivé Ultimate (2018). C’était le jeu qui a fait grimper la scène Smash en France. Tout simplement parce qu’il y a eu beaucoup de hype autour du jeu avant sa sortie. Beaucoup de gens qui ont joué, d’influenceurs qui se sont intéressés et qui ont fait de la pub pour le jeu. C’était donc un jeu qui avait beaucoup plus d’ampleur. Sur ce jeu là dès le début du coup j’ai été premier. Je n’ai pas perdu de tournois du tout en Europe pendant deux ans et demi après la sortie du jeu.
Tout s’est bien passé pour moi et le fait d’avoir autant de réussite ça m’a permis d’avoir une grosse équipe qui s’intéresse à moi : Solary. Puisque dans les autres opus de Smash soit il n’y avait pas du tout d’équipe qui s’était intéressée soit c’étaient des toutes petites équipes qui m’aidaient avec les transports de temps en temps mais c’est tout. Mais là c’était vraiment une grosse équipe qui me permettait de voyager où je veux quand je veux et me proposait un salaire. C’est là que Smash a complétement pris une autre dimension dans ma vie. Avant c’était juste une passion à côté de mes études et à côté de mon travail, puisqu’en même temps que tout cette histoire de Brawl, Smash 4, etc j’avais mes études en bio-informatique. Et pendant ma dernière année de master c’est là que Smash Ultimate est sorti et que j’ai commencé à faire encore plus de tournois malgré le master. C’était un peu difficile à gérer, il fallait que je gère mon temps mais je m’en suis bien sorti.
Malgré le fait que j’étais en plein travail, je venais de finir mon master depuis 6 mois et je venais de commencer à travailler en laboratoire. Solary est intervenu et m’a proposé un salaire et de devenir joueur pro en full time. C’était vraiment quelque chose que je n’avais même pas imaginé possible. C’est là que tout a changé : ma vision du jeu a changé, toute ma vision de l’e-sport a changé : « OK en fait je peux en faire vraiment mon métier, ça peut devenir complètement ma vie de tous les jours. » Donc maintenant le jeu à une place énorme, ça a clairement changé ma vie. N’ayons pas peur de le dire. Grâce à ça, ça m’a permis d’avoir une carrière, de me développer en tant que joueur, en tant que créateur de contenu, en tant que beaucoup de choses. Ça m’a permis de me développer dans bien des domaines.
Comment avez-vous commencé à jouer aux jeux-vidéos de manière compétitive ? Et pourquoi Super Smash Bros Ultimate ?
J’ai commencé quand j’étais petit, à 13 ans. J’avais juste envie de jouer avec autre chose que mon frère ou des ordinateurs. J’aimais bien le jeu et j’aimais la compétition. J’ai trouvé une compétition qui était une convention : la Chibi Japan Expo et tout a commencé avec ça. C’était sur Smash Bros Brawl. C’était un jeu qui me parlait un petit peu, c’est avec des personnages qu’on connaît tous. Link, Zelda, Pikachu, Kirby, Donkey Kong qui se battent ensemble c’est vraiment magique. En plus c’est un jeu très libre, c’est un jeu de plateforme où il y a beaucoup d’espace. C’est pas juste en 2D où on peut avancer devant derrière et c’est tout, là il y a beaucoup de déplacements et c’est un truc que j’aime beaucoup.
Vous jouez Wario depuis le début, et ce même sur les jeux précédents. Pourquoi avoir choisi ce personnage ?
Alors, plusieurs raisons. Tout simplement parce que c’est celui qui me correspond le plus. J’aime beaucoup la liberté de jeu. Je n’aime pas être limité à juste quelques mouvements ou quelques options. J’aime beaucoup pouvoir faire ce que je veux avec mon personnage et Wario permet ça. Il peut se déplacer énormément dans les airs, aller extrêmement loin hors du terrain. Il est très créatif dans ses combos dans sa façon de jouer et c’est quelque chose qui est très important pour moi. J’ai besoin de beaucoup réfléchir. Si je ne réfléchis pas et que j’applique juste ce que je sais ça ne m’intéresse pas. Ce personnage me correspond vraiment énormément et en plus il est drôle, ses animations sont marantes.
Passons désormais au Summit…Ce tournoi étant un invitational, il diffère de la plupart des autres existant. Que représente alors pour vous le Summit ?
Pour moi le Summit c’est un peu une espèce de récompense. C’est-à-dire que si tu as bien travaillé tout au long de l’année, que t’as atteint un bon niveau, tu vas soit avoir la possibilité d’entrer dans le Summit grâce à tes résultats parce qu’il y a des qualifications aux tournois. Soit en passant par des votes, donc ton pays ou ta région va voter pour toi et te faire rentrer au Summit. Soit tout simplement c’est le Summit qui va t’inviter directement parce qu’ils savent que ta présence va leur apporter beaucoup.
Moi j’ai eu de la chance au tout début de rentrer par les votes de la France et de l’Europe. Et après ce premier Summit, ils m’ont invité à chaque fois parce qu’ils ont vu que ça faisait énormément de vues qu’un français soit là-bas. C’était à chaque fois une très bonne expérience puisque c’est la réunion des meilleurs joueurs du monde, qui se réunissent pour un tournoi pendant quasiment une semaine. Moi qui habite en France et en Europe, qui est la région la moins forte, c’est très difficile de trouver un bon entraînement régulier et de jouer avec les meilleurs joueurs mondiaux. C’est extrêmement difficile parce que je dois me déplacer jusqu’aux Etats-Unis mais dans la plupart des gros tournois ce n’est même pas possible de jouer avec eux. Tu vas juste jouer un petit peu dix minutes par-ci par-là. C’est très compliqué de pouvoir s’entrainer avec eux. Alors que le Summit, tu vas être avec eux pendant une semaine. Tu peux littéralement jouer pendant dix heures par jour avec les meilleurs joueurs du monde et il n’y a pas mieux comme entraînement. A mon premier Summit j’ai pu jouer avec les meilleurs joueurs du monde et ça m’a complétement changé, j’ai appris tellement de choses. A chaque Summit où je participe j’apprends énormément. En plus forcément ça donne beaucoup de visibilité puisque c’est un très gros tournoi vu qu’il y a les meilleurs joueurs du monde. Il y a énormément de gens qui regardent donc ça apporte énormément. Pour moi c’est vraiment une récompense, un petit bonbon sucré qui me permet de m’entraîner et de passer du bon temps. En plus c’est très rare que je passe autant de temps avec d’autres top comme ça donc ça fait vraiment plaisir.
On a noté une forte présence des Français lors de ce sixième Summit, comment avez-vous ressenti cette différence comparée aux autres années ?
Dans les autres Summit je suis tout le temps tout seul, littéralement. Là c’est le premier Summit où il y a d’autres français avec moi, c’est complétement différent. Cette fois-ci, l’ambiance était différente. J’avais d’autres français avec qui rigoler, avec qui découvrir ça et profiter de cet évènement. Donc forcément ça m’a fait très plaisir. Ça leur a permis aussi de découvrir ça puisqu’au final ils voyaient le Summit derrière leur écran mais ils ne savaient pas exactement comment ça se déroulait. Il y avait beaucoup de choses, ils ne s’imaginaient pas que c’était comme ça. Ça leur a permis de voir ce que je disais sur le Summit et tous mes retours. Je suis plus le seul à le dire, d’autres sont là pour confirmer mes propos. Quand je dis des trucs un peu étonnants il y en a qui me prennent un peu pour un fou donc eux étaient là pour expérimenter la même chose. Du coup c’est vraiment très intéressant de pouvoir partager tout ça avec tout le monde et ça me fait plaisir de pas être là-bas tout seul.
Les recasts Twitch des différents tournois sont le rendez-vous de milliers de personnes malgré des heures tardives en France. La KCorp a aussi mis en lumière cette scène d’e-sport. Comment percevez-vous cette différence d’engouement autour de la scène smash dernièrement ? Trouvez-vous que la place de la France au sein de cette scène s’est affirmée et est plus respectée depuis ces dernières années ?
C’est clair que le fait qu’il y ait de plus en plus d’engouement envers la scène Smash française c’est très plaisant. On a tellement travaillé, ça fait des années qu’on travaille là-dessus. Depuis l’époque de Brawl il y en a des tonnes des gens qui ont essayé d’avoir ce résultat là. De faire en sorte que le jeu se démocratise de plus en plus, qu’il y est de plus en plus de joueurs, de gens qui regardent également. C’est pas un travail de quelques années c’est plus un travail de plusieurs dizaines d’années qui est finalement récompensé. Et c’est pas seulement quelques personnes c’est vraiment beaucoup de personnes qui ont travaillé pour ça donc c’est vraiment une très belle récompense d’avoir ça. On est vraiment très heureux de ce dénouement et c’est clairement pas terminé puisqu’il y en a de plus en plus qui s’intéressent à la scène, au jeu. De plus en plus de gens regardent le jeu, il a de plus en plus d’importance et de sérieux et aussi d’argent forcément qui tourne autour. On est donc très heureux et on espère que ça continuera comme ça.
La France au sein de la scène Smash s’est très affirmée mais surtout au niveau de l’organisation de tournois comme l’UFA (Ultimate Fighting Arena) ou l’Odyssée qui sont d’une qualité exceptionnelle. Au final l’UFA c’est quasiment le meilleur tournoi que j’ai jamais fait, même en comparant avec les USA. La production et la qualité des tournois en France n’ont clairement rien à envier aux USA pour l’instant. On s’est bien amélioré là-dessus, ça fait vraiment plaisir. Même eux ils sont étonnés de voir tout ça et ils aimeraient presque venir mais… Je ne sais pas, ils sont un peu flemmards. C’est assez compliqué pour un Américain de venir ici sachant qu’ils ont peur du jetlag, d’être fatigués, de pas performer comme ils le voudraient. Sachant qu’en plus on est considéré comme super nul s’ils viennent et qu’ils perdent c’est la honte pour eux. Parce qu’en vrai on n’est pas si nul que ça, même si on a pas le niveau des Américains. Donc ça les rebutent un petit peu pour venir malheureusement. On a toujours cette image d’être nul mais… bizarre ! On est nul mais ils ne veulent pas venir nous défier. Donc on est un peu dans cet entre deux là pour l’instant. Avant, on était nul et on savait qu’on était nul. On l’acceptait et on pouvait pas dire grand-chose. Maintenant on est plus si nul, même si on n’est pas non plus ouf, mais ils veulent pas le montrer. Si on est nul, d’accord, venez-nous le montrer ! Mais ils veulent pas. Les seuls qui viennent la plupart du temps au final ne gagnent même pas. A part les gros joueurs mondiaux, mais ça c’est normal. Mais dès que c’est autre chose qu’un top 5 ou un top 10 monde il va avoir beaucoup de mal ou il ne va pas gagner. Donc est ce que c’est eux qui ne sont pas si forts ou nous qui ne sommes pas si nul ? Ça je ne sais pas.
Pensez-vous que l’aspect ludique et fun, moins porté sur la compétition que d’autres jeux de combat comme Street Fighter ou Tekken, est un atout pour Smash Bros, une composante de son succès ?
Oui dans le sens où il n’y a pas qu’un aspect de compétition dans le jeu, il y a aussi cet aspect là où tu peux jouer devant des viewers. En tant que streamer tu peux juste jouer et faire des choses marrantes, amuser, troller un petit peu. Mettre des objets par exemple, faire des modes un petit peu plus fun. Jouer plein de personnages et jouer d’une manière qui est un petit peu plus marrante et plus libre que si tu jouais vraiment en mode compétition. Donc forcément ça aide à maintenir l’attention des viewers puisque si tu fais que de la compétition a 100% et que t’es en mode tryhard (ndlr : jouer sérieusement pour progresser) tout le temps, c’est pas forcément ce qui attire le plus de viewers. Donc oui, je pense que c’est clairement un atout le fait qu’il y ait non seulement la compétition sérieuse mais aussi l’aspect très fun qu’on appelle parfois le « vrai Smash Bros ». C’est quand on joue à 4 et il y a des objets et ça explose partout. On veut quand même gagner ! Mais ça reste un mode beaucoup plus fun et c’est clair que c’est un atout. Beaucoup de gens aiment le jeu de base avec ce mode-là. Ils ne regardent même pas compétitivement, juste à la base ils regardent en mode fun et après ils se sont rendu compte qu’il y avait une scène compétitive et s’y sont intéressés.
Super Smash Bros Ultimate date de 2018, il est le 5 ème épisode de la saga et comme le dit Nintendo lui-même depuis l’arrivée de Sora en octobre 2021 : tout le monde est là… Quel avenir pour la saga selon-vous ?
Pour moi le prochain opus, s’il y en a un, ce serait un Deluxe. Un petit peu comme ils ont fait avec Mario Kart qui est maintenant Mario Kart Deluxe Edition. Je pense que là ça va être un Smash Brosh Ultimate Deluxe Edition parce qu’ils ont tellement tout mis, je les vois pas enlever du contenu. Ils ont tellement mis de contenu dans celui-là, on ne peut pas en enlever ça ferait un peu bizarre je trouve. En plus leur jeu en soit est très bien, il faudrait juste quelques modifications, des patchs, faire attention à la compétition pour voir ce qui est complétement cracké (ndlr : personnages trop forts) et modifier ces choses-là pour rendre le jeu un petit plus sain. Et ça permettrait d’avoir un jeu très complet, très sain, très équilibré. En vrai, pour moi, un patch ou deux et le jeu pourrait être vraiment exceptionnel. Malheureusement ils sont partis un peu comme des voleurs et n’ont pas du tout regardé la compétition et leur dernier DLC, leurs derniers personnages qui sont très mal designés, compétitivement en tout cas. Ils l’ont dit eux même qu’ils n’ont pas eu le temps de bien tester ces personnages-là : Sora, Steve, Kazuya… Les derniers DLC. On voit clairement qu’il y a des problèmes au niveau de l’équilibrage et de la façon dont ils ont fait les personnages. Ce serait bien qu’ils reviennent juste pour changer un petit peu ça. Modifier de telle sorte à ce que ce soit un peu plus équilibré, un peu plus sain comme manière de jouer compétitive.
Puisque cette édition signait la dernière du Summit, quel sera pour vous le grand rendez-vous smash annuel ? L’imaginez-vous-t-il plutôt aux Etats-Unis, en France ? Ou bien quelque part où on ne vous a encore jamais vu comme au Japon ?
De base c’était l’EVO et le Summit mais il n’y a plus Smash à l’EVO et il n’y a plus de Summit. Du coup, disons que ça va être plutôt les gros tournois comme Genesis ou Smash Con, qui restent quand même des rendez-vous Smash. Mais c’est vrai que si une autre organisation faisait quelque chose comme le Summit, ça pourrait redevenir le nouveau rendez-vous Smash de l’année. Et clairement si une organisation est intéressée pour faire ça, les spectateurs seront très intéressés pour regarder ça également. C’est clair que c’est pas facile à organiser parce que ça demande beaucoup d’argent, d’infrastructure, de matériel aussi puisque la production au Summit était exceptionnelle. Donc si on fait beaucoup moins bien ça peut paraître un peu bizarre. Mais on n’est pas obligé de faire exactement comme le Summit non plus. Ça peut être une version plus personnelle du Summit, une version différente. Mais ce serait cool que ce soit fait en France. Je sais qu’il y en a qui sont intéressés pour le faire mais ça reste un projet très compliqué.
Auriez-vous un mot à dire aux lecteurs qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure de l’e-sport Super Smash Bros ?
Il y a un truc que j’aime bien dire aux joueurs débutants. Il y en a beaucoup qui commencent à jouer au jeu, qui veulent jouer compétitivement mais qui attendent des mois et des mois avant de faire un tournoi parce qu’ils se disent « J’ai pas encore le niveau pour faire un tournoi donc je vais pas y aller sinon je vais me faire éclater. »
A ces joueurs là j’ai envie de leur dire : du moment que vous avez les bases du jeu c’est-à-dire connaître les touches, forcément. Si tu connais pas encore les touches c’est compliqué. Il faut savoir revenir sur le terrain. Vraiment les bases des bases, il faut qu’elles soient acquises… Il faut directement se lancer en tournoi. Il n’y a vraiment pas besoin d’attendre. Dans tous les cas, à votre premier tournoi vous allez vous faire casser la bouche, voilà c’est dit. C’est normal. C’est la coutume, puisque les gens sont beaucoup plus forts que ce qu’on croit. Sachant qu’ils font de la compétition depuis longtemps, pour les joueurs débutants c’est vraiment différent, ils viennent de comprendre les bases du jeu. Donc c’est normal de se faire fumer mais c’est pas en jouant à la maison qu’on va s’améliorer. Aller en tournoi même avec juste des bases, vous allez voir que ça va vous permettre de vous améliorer très vite puisque les gens vont être là pour donner des conseils, ça va permettre de faire des rencontres. Donc faut vraiment pas hésiter à aller en tournoi dès qu’on a les bases du jeu et pas attendre 6 mois juste pour être un petit peu meilleur. Parce qu’au final, en 6 mois d’entrainement à la maison ça équivaut à 2 semaines d’entrainement en tournoi. Donc vraiment juste allez en tournoi ça ira beaucoup plus vite et vous verrez, c’est très fun.
Cette dernière édition du Summit aura donc su mettre en avant notre scène Smash française qui semble grandir de jour en jour. Le Japon quant à lui ressort une fois de plus vainqueur. A l’instar de l’édition précédente avec la victoire du joueur Naoto « ProtoBanham » Tsuji. Beaucoup de joueurs ont par la suite pu être retrouvés dans des tournois tel que la Kawaii Kon remporté par Tweek et où notre français Glutonny a fini avec la médaille d’argent.
Retrouvez les sources utilisés pour écrire cet article ici :
https://liquipedia.net/smash/Smash_Ultimate_Summit/6