Eco Ryokan Eyn : un petit bout de Japon en Mayenne

Eco Ryokan Eyn est le premier ryokan en France soucieux de son environnement, puisant dans la permaculture pour fonctionner de manière quasi-autonome, dans le respect des ressources naturelles et de la biodiversité. A sa tête : Clara et Yuichiro, un couple franco-japonais d’artistes et artisans passionnés et ouverts au monde.

Une nuit à l’Eco Ryokan Eyn est un dépaysement total. Clara et Yuichiro ont voulu construire une bulle japonaise pour tous ceux qui n’ont pas la possibilité immédiate de voyager au Japon. Ils ont mêlé leurs expériences diverses dans l’art et l’artisanat pour créer un véritable petit bijou en Mayenne. Voici notre entretien passionnant que nous vous encourageons à lire pour en savoir plus sur ce nid douillet qui attire déjà beaucoup de visiteurs depuis son ouverture.

©Clara and Yuichiro Eco Ryokan Eyn

Journal du Japon : Bonjour et merci d’avoir accepté cet interview. Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Clara : Moi c’est Clara.

Yuichiro : Et moi Yuichiro.

Clara : Et notre fille Azilis (NDLR : une vraie poupée). On a une assez longue histoire… On s’est rencontrés vers 2008 grâce la musique. Yui est musicien professionnel. Il avait un groupe avec sa sœur et ils ont tourné pas mal en France il y a une dizaine d’années. Et moi, je faisais de la musique aussi avec différents groupes. On s’est rencontrés lors d’un festival de musique. Assez vite, on s’est mariés et on est partis au Japon. On a vécu entre la France et le Japon, puis principalement au Japon pendant à peu près 6 ans. Mais on est revenus en France en 2016. Cela devait être normalement que pour une année… Et puis, il y a une petite fille qui a pointé le bout de son nez. On est donc restés en France le temps de la grossesse et de l’accouchement.

On avait refait notre vie en France entre temps : on s’était réinstallés, on étaient rentrés en Normandie dans ma ville natale, Rouen. Il y a une grosse communauté japonaise sur Rouen. On s’était refait plein d’amis. Il n’y a pas vraiment eu de décision de se dire qu’on se réinstallait en France. Mais les circonstances ont fait que finalement on est restés. On est arrivés dans la région où l’on est actuellement en 2019, juste avant le Covid. C’était un peu un mal pour un bien parce qu’à Rouen en 2019 il y a eu l’incendie de l’usine du Lubrizol. Je ne sais pas si cela vous dit quelque chose…

C’est une grosse usine avec plein de produits pétrochimiques qui a pris feu et qui a fait un énorme nuage noir. Nous étions à proximité, un peu comme tous les gens qui habitaient en centre-ville. Donc on avait en projet d’aller s’installer à la campagne. On s’était donné 2 ou 3 ans. On avait un projet qui tournait autour de l’écologie, mais sans plus de détails à l’époque. Avec l’incident, on a voulu partir tout de suite. On a fait nos valises. Yui avait un concert sur Paris ce jour-là et on est donc partis en région parisienne pour échapper à la pollution. On a été logés chez des amis pendant 2 ou 3 mois le temps de se retourner.

La direction vers la campagne s’est accélérée : on a pris la décision de s’installer en yourte pour un habitat temporaire où il fallait agir vite. On n’avait pas forcément bien préparé les choses. On avait pas le budget pour acheter directement, ni le temps de faire 3 millions de visites pour se poser définitivement. Cela nous semblait donc être une bonne situation intermédiaire. On est arrivés sur une petite ferme en Mayenne un peu par hasard parce qu’on cherchait un endroit où baser notre yourte dans un rayon de 3 heures autour de la Normandie et la région parisienne.

On a eu une proposition en Mayenne, une région qu’on ne connaissait pas du tout mais qu’on a découvert et vraiment beaucoup aimé. Après ça, on a décidé de rester s’installer en Mayenne, dans le coin où on était, mais en cherchant un lieu qui correspondait au projet qui germait dans nos têtes. Puisqu’on est arrivés juste avant le Covid, cela a été un peu un mal pour un bien. Niveau environnement pour le coup, ce n’était pas trop désagréable en pleine campagne. Par contre au niveau de nos professions originelles, que ce soit la musique pour Yui, et moi je faisais de la couture et surtout des robes de mariée avec des mélanges franco-japonais, c’était chômage technique : plus de mariages et plus de musique.

C’est à ce moment-là que ne sachant pas combien de temps la situation allait durer, on a essayé d’imaginer un projet qui se diversifiait un peu au niveau de nos activités tout en gardant l’essence de ce que l’on aime, à savoir l’art et l’artisanat, quelque chose qui tournait autour de l’écologie donc vraiment ce qui nous tient à cœur. Et puis évidemment la culture japonaise. Surtout qu’avec le Covid, le fait de ne pas pouvoir rentrer, ne pas pouvoir voir la famille, le manque se faisait sentir de plus en plus. Il y a eu vraiment cette envie de créer un projet qui nous ressemblait et qui permettrait de partager aussi autour de nous, que ce soit en local ou pour des gens qui viendraient de plus loin qui pourraient profiter d’un environnement japonais autour de l’art et l’artisanat.

Pouvez-vous nous expliquer comment s’articule le ryokan ?

Clara : Le concept du ryokan est venu assez récemment en fait. Au départ, quand on imaginait notre projet, on avait plutôt l’idée de baser l’accueil sur les résidences d’artistes parce que c’est vrai que nous  étions tous les deux artistes à la base. La vie à la campagne, on a été un peu propulsés dedans d’un coup avec en plus la vie en yourte. On est passés de la vie citadine à une vie on peut plus rural. Mais ça nous a plu énormément. Le fait de pouvoir échanger sur le côté art/artisanat nous manquait. Donc l’idée de base, c’était plutôt ça. Et puis petit à petit, cela a dérivé vers autre chose parce qu’une fois installés ici avec le manque du Japon qui était de plus en plus présent, on a commencé à vouloir en faire profiter les autres.

Clara Eco Ryokan Eyn
Clara ©Clara et Yuichiro Eco Ryokan Eyn

Yui : Pour le nouvel an, nous avons commencé par partager l’art du mochi. Notre fille n’était quasiment pas rentrée au Japon ces 3-4 ans. Elle ne connaissait pas la culture japonaise. Du coup, je me suis dit pourquoi ne pas créer ce type d’évènement pour elle. De fil en aiguille, de plus en plus de Japonais sont venus chez nous. J’ai construit les outils exprès pour la fabrication du mochi. Et nous avons commencé à partager avec nos amis et nos voisins. On a ensuite commencé à créer d’autres ateliers autour du Japon…

Clara : … C’était en janvier 2022. Comme Yui expliquait de fil en aiguille en fait on s’est dit que c’était trop bête de juste garder tout ça pour nous. On a voulu faire ça via l’association. Même si l’intérieur de la maison que Yui avait rénové n’était pas encore prêt, on avait envie de commencer à rencontrer du monde et à partager. On a commencé par des ateliers mensuels en suivant un peu tous les festivals qu’il peut y avoir tout au long de l’année au Japon.

Yui : Chaque saison, il y a des festivals. Il y a les mochi, puis ensuite en février le Setsubun (la fête du lancé de haricots), en mars la fête des filles, ensuite hanami (les cerisiers), en mai la fête des enfants… On a fait des évènements quasiment tous les mois. Au Japon, je travaillais avec mon père : je rénovais des bâtisses traditionnelles japonaises. J’ai pu utiliser mon expérience pour la rénovation des chambres traditionnelles.

Clara : C’est venu petit à petit en fait. Pour nous-mêmes, on avait envie de retrouver cette ambiance japonaise aussi dans la maison. Petit à petit, on s’est dit pourquoi ne pas faire des chambres tatami. De fil en aiguille, c’est là qu’est venue plus tard l’idée de faire des chambres d’hôtes. Dans la famille de Yui, depuis qu’il est tout petit, il a grandi avec du monde qui venait manger chez lui tous les jours. Ce qui est assez rare au Japon, les gens s’invitent très peu chez eux, même en famille. Alors que chez vous (NDLR: elle s’adresse à Yui), c’est vraiment tous les jours.

Eco Ryokan Eyn
©Clara et Yuichiro Eco Ryokan Eyn

Yui : C’est assez naturel chez nous. C’est mon père qui a décidé de déménager à la campagne. Il voulait justement faire une activité d’accueil pour les étrangers, organiser des concerts…

Clara : …et puis dans la famille de Yui aussi il y a cette tradition de l’accueil et ils aiment tous cuisiner. Il y a une grosse partie de sa famille qui cuisine beaucoup et très bien. Moi qui vient de l’extérieur de la famille je peux vous dire qu’ils cuisinent tous très très bien. L’un de ses oncles est chef dans un restaurant gastronomique chinois, d’autres de ses cousins ont des restaurants aussi. Ça coule vraiment dans les veines.

En plus du côté de la construction traditionnelle, son grand-père et arrière-grand-père construisaient notamment les toits des théâtres nô ou des temples bouddhistes avec la technique des écorces de bois qui sont maintenues avec des clous en bambou qu’on appelle hiwadabuki. Son père lui a continué et un petit peu plus diversifié dans, à la fois, le côté construction traditionnelle et plus moderne aussi. Yui l’a aidé pendant une dizaine d’années sur ses chantiers, même si ce n’est pas sa profession. Nous avons donc mélangé tous nos savoir-faire.

Yui : J’ai utilisé de la récupération. Il y avait plein de plaques de chêne qui étaient inutilisées et abimées. Cette maison était toute simple mais quand on l’a trouvé j’ai pu imaginé tout de suite un mini ryokan.

Vous avez donc construit tout vous-même ?

Clara : Tout est 100% fait par Yui.

Yui : Et toi aussi.

Clara : Pour moi, juste une petite aide à côté. Les murs par exemple (NDLR: elle montre à la caméra) : on ne voit pas forcément la texture en détails mais ils sont faits avec un badigeon à l’argile de notre terrain. Comme Yui le disait, on a essayé de récupéré au maximum les matériaux qu’on avait déjà sur place comme du bois qui était stocké depuis longtemps. Ensuite on s’est vraiment fournis avec des choses locales, le bois qui nous manquait on l’a trouvé auprès d’un menuisier qui partait à la retraite à quelques kilomètres d’ici et qui nous a vendu son stock. C’était vraiment important pour nous pour le côté écologie et puis dans notre démarche de faire au maximum avec ce que l’on avait sur place, des matériaux naturels. C’est le côté agréable de redonner vie à des choses qui étaient juste stockées dans un coin.

Genkan
©Clara et Yuichiro Eco Ryokan Eyn

Clara, j’ai lu aussi que vous aviez été initiée au Japon par votre belle-famille aux techniques du wasai et du kitsuke ?

Clara : Oui, c’est une des choses qui m’a amené à m’intéresser au Japon quand j’étais plus jeune. Comme de profession je suis couturière, j’avais un attrait pour l’Asie en général. Pas forcément pour le Japon. Et en fait j’ai commencé à découvrir l’univers du kimono et puis aussi de toutes les modes alternatives japonaises. Du coup quand on habitait au Japon forcément tout de suite j’étais fascinée par les kimono que je voyais à la maison de sa mère, de sa grand-mère, de sa soeur. Assez vite j’ai voulu essayé à les mettre moi-même. Comme les gens de la famille de Yui voyait que je m’y intéressais ils m’en ont donné pleins. De fil en aiguille, étant couturière, j’avais l’envie de faire des mélanges avec des tissus japonais, différents designs de manière sensible et sourcée. Ne pas faire n’importe quoi. Et vraiment pour comprendre comment était fait ce vêtement.

Et c’est grâce au moine de la famille de Yui qui m’a présenté à la gofukuyasan, la boutique où ils se fournissaient en kimono, qui m’ont eux-mêmes présentée à leur couturière, que j’ai pu commencer un apprentissage de 2 ans avec cette petite dame qui avait entre 65 et 70 ans. Elle m’accueillait chez elle toutes les semaines pour apprendre à faire les kimono à la main. Donc ça c’était vraiment une chance incroyable et j’étais vraiment heureuse de pouvoir faire ça.

Et en parallèle dans le village où on habitait il y avait une association de quartier qui faisait des cours de kitsuke (NDLR: l’art et la manière de porter le kimono) toutes les semaines avec des dames assez âgées (rires), mais moi j’adorais être dans ce milieu-là. Je m’entendais toujours très bien avec elles. Le double avantage c’est que c’est ça qui m’a vraiment fait progressé en japonais à l’époque parce que je n’avais pas fait d’études. Donc le fait de devoir me débrouiller toute seule dans ces activités m’a fait beaucoup progresser.

Vous étiez déjà allée au Japon ou c’était la première fois avec Yui ?

Clara : La première fois que j’y suis allée c’était pour notre mariage (rire).

C’est incroyable ! et vous y êtes restée longtemps. Je vous posais cette question parce qu’il m’avait semblé que vous proposiez des ateliers sur ce type de sujet, n’est-ce pas ?

Clara : Tout à fait. En fait pour les gens qui viennent sur place, un petit peu dans la continuité de ce qu’on faisait avec notre association, c’était toujours en collectif. Entre 15 et 20 personnes à chaque fois pour les ateliers. Donc ça ne permettait pas de faire des choses très approfondies. Mais là c’est complémentaire car on propose des ateliers pour des visiteurs qui viennent sur le ryokan. Comme à chaque fois c’est pour 2-3 personnes à la fois, ça permet d’approfondir plus les choses. Et bon effectivement moi je propose de faire du kitsuke, l’habillage du kimono. Et Yui fait aussi beaucoup d’ateliers culinaires que ce soient des ramen et du mochi… les spécialités d’Osaka: okonomiyaki, takoyaki étant donné que Yui est originaire d’Osaka. On va faire aussi du tempura, pas mal de choses comme ça.

Comment s’articulent ces ateliers ? Quand les personnes viennent, elles s’inscrivent à ce qui les intéressent ?

Clara : C’est à la demande. Les gens quand ils viennent ont le choix de venir pour une, deux, trois nuits, le temps qu’ils veulent, de choisir leur menu en table d’hôte ou pas. On a 98% des gens qui viennent surtout pour les repas. Et puis après, les ateliers sont en option. Ils nous disent quels ateliers ils ont envie de faire, et nous on essaie d’articuler cela au mieux pour pouvoir répondre aux envies de chacun.

Clara et Yui
A la cuisine ©Clara et Yuichiro Eco Ryokan Eyn

J’ai vu aussi que Yuichiro proposait des ateliers de musique.

Yui : Oui, de guitare…

Clara : Ça, à la base, on l’avait plus pensé pour des gens en local. Effectivement, il donne des cours parfois de japonais aussi à des gens qui n’habitent pas très loin. Après c’est vrai que c’est plus rare que des gens qui viennent au ryokan nous demande des choses autour de la musique.

Yui : Mais pourquoi pas (rire).

Au-delà de la vie au ryokan, vous avez donc aussi beaucoup d’activités avec la région ?

Clara : L’activité qu’on a avec l’association du coup est un peu moins importante que ce qu’on faisait l’année dernière. On faisait une fois par mois et à chaque fois deux ateliers par mois. On était chanceux d’avoir beaucoup de demandes pour les ateliers. Et puis là avec l’activité des chambres d’hôte qui a décollé beaucoup plus vite que ce qu’on pensait, on a eu moins de temps forcément. Donc on essaie de garder un atelier par saison avec l’association.

L’année dernière on avait fait un festival matsuri en septembre sur 2 jours avec un concert et exposition d’art et d’artisanat le samedi soir plus cantine japonaise. Et sur le dimanche toute la journée avec pareil une cantine japonaise, une démonstration d’arts martiaux, des associations locales comme le bonsaï, des artistes faisaient du taiko… on a prévu de refaire ça cette année mais on réfléchit encore exactement à la forme. Parce que l’année dernière on s’est fait un petit peu surprendre par le nombre de visiteurs! on avait prévu 100/200 personnes sur le weekend et au final on a eu quasiment 400 personnes. On s’est fait un peu débordés. Donc cette année on réfléchit à comment articuler ça au mieux.

A côté de ça, on a aussi un grand terrain. L’entretenir demande pas mal de temps. On a un potager en permaculture qui nous permet notamment de faire pousser des légumes et des aromatiques japonais qu’on sert ensuite à la table d’hôte. Ça demande pas mal de temps. Et plus Yui qui avec les travaux fait évoluer le lieu petit à petit. On ne s’ennuie pas !

J’ai vu que vous étiez en train de préparer un onsen aussi ?

Clara : A la base, c’était un projet pour cette année, mais comme je le disais toute à l’heure on s’est faits un peu surprendre par le succès plus rapide que ce que l’on pensait. Du coup en étant réalistes ça va être un projet pour l’année prochaine. On pense faire un four traditionnel kamado, c’est un four qui sert à faire cuire le riz. L’idée serait que ce four nous aide à avoir un espace repas un peu plus conséquent. Et l’idée serait que la chaleur de ce kamado vienne alimenter aussi l’eau chaude du onsen, sauf que là forcément ce ne sera pas une source d’eau chaude naturelle. C’est vrai qu’au début on avait marqué 2023, et on a eu pas mal de gens qui nous ont demandé quand.

Yuichiro ©Clara et Yuichiro Eco Ryokan Eyn

Depuis le Covid, vous avez eu le temps de retourner au Japon ?

Yui : Moi oui, il y a tout juste un an… mais pas Clara.

Clara : Moi non, toujours pas. Cela fait 4 ans du coup que je n’y suis pas retournée. D’ailleurs depuis un an, un an et demi le manque était tel que je n’arrêtais pas de dire à Yui « tu es sûr que tu es heureux en France, que c’est vraiment en France que tu veux être? moi je suis prêtre à retourner au Japon [rires] » J’ai vraiment un gros gros manque. C’était viscéral. J’y ai habité 6 ans et à la base comme je disais on avait pas vraiment prévu de s’installer en France. On était sensés y retourner au bout d’un an. Donc le fait de ne pas pouvoir y aller longtemps, le manque devenait très important pour moi. Là voilà comme enfin on a prévu un voyage de 5 semaines en novembre, ça m’a un peu calmée (rire).

Cela va vous faire du bien ! Du coup, le ryokan en France a beaucoup de succès. Je me demandais comment s’articulent vos journées ? Vous avez l’air très occupés. Pouvez-vous nous décrire une journée type ?

Clara : En ce moment une journée où nous avons du monde ça commence par le petit déjeuner. Moi avec le temps ensoleillé qui est arrivé je me lève vers 7h30. Je profite qu’il fasse moins chaud au potager pour aller arroser et prendre soin des cultures un peu plus délicates. Pendant ce temps-là, Yui prépare le petit déjeuner japonais pour les gens qui dorment sur place. Ensuite si des gens font un atelier d’une heure généralement après le petit déjeuner ou on enchaîne avec l’atelier culinaire qu’on déguste ensuite sur l’heure du midi.

Et l’après-midi ça dépend si on a du monde qui revient le soir ou pas. On va faire un peu de ménage, Yui prépare le repas du soir. Moi je change les chambres. Voilà l’activité plus logistique autour de la chambre d’hôte. Quand on a les repas du soir, il faut servir autour de 19h. Et on finit vers 22h30, le temps faire la vaisselle, de re-préparer les choses pour le lendemain… ça fait des grosses journées.

Pour les moments où il n’y a personne ça va être des journées pour reprendre le potager, les travaux, d’entretenir le terrain et se fournir en produits pour l’activité d’accueil aussi.

Du coup, vous cultivez vos propres légumes mais vous allez quand même faire des achats à côté ?

Clara : Oui oui parce que l’année dernière on avait pas encore la chambre d’hôte et j’avais vraiment mis beaucoup de temps et d’énergie dans le potager. Là j’ai beaucoup moins de temps, du coup je me concentre vraiment sur les légumes japonais qu’on ne peut pas trouver en France notamment. Pour les légumes plus communs, on les achète en local chez les maraîchers du coin. Si on voulait fournir 100% ce serait quasiment un boulot à temps plein. On ne peut pas le faire à 100% mais on essaie de faire au maximum. Comme on a une petite serre, les cultures forcément arrivent plus tard vu qu’on est dans une région du nord de la France. On commence à récolter des choses vers juin. Et tout ce qui est culture d’hiver on est de toute façon obligés de se fournir à l’extérieur.

En ce moment, vous êtes plein tout le temps ?

Clara : Pas 7 jours sur 7. On essaie de garder toujours un peu de temps pour faire ce qu’on a à faire à côté. Mais on va dire qu’on fait 3/4 jours par semaine de chambres d’hôte. Par exemple plutôt vendredi, samedi et dimanche. En mai par exemple il y avait beaucoup de weekend prolongés. Du coup on avait du monde le jeudi ou le lundi. Avril, mai et juin on a parfois accueilli du monde 6 jours sur 7 sur certains moments.

Je voulais vous laisser le mot de la fin, si vous voulez ajouter quelque chose à notre conversation ?

Yui : Le but du ryokan c’était de rendre le Japon accessible. Il est difficile parfois de voyager aussi loin. L’idée était de rapprocher le Japon des gens qui n’ont pas la possibilité d’y aller.

Clara : On ne l’a pas évoqué mais par rapport aux gens qui viennent ici c’est très diversifié. On va avoir des gens qui ont une sensibilité mais qui ne connaissent pas trop le Japon et qui veulent une première expérience. Il y a aussi des passionnés du Japon, qui y sont allés plusieurs fois et qui veulent revivre ça en allant moins loin. On a des gens qui rêvent d’aller au Japon et qui n’ont pas encore pu pour des raisons financières ou n’ont pas eu l’opportunité tout simplement. Également des gens plus âgés qui ont habité au Japon autrefois et qui veulent revivre un petit bout comme ça.

On a vraiment une large gamme d’âges, de profils, d’expériences dans les gens qui viennent ici, et c’est vrai que nous dans un premier temps on avait fait ça pour nous, avoir une petite bulle de Japon à partager avec les autres. Ça nous nourrit de partager ça, et que les gens repartent avec le sourire et nous disent « on s’est vraiment cru au Japon, on voyage ». Et ça, ça fait plaisir. Pour les samedi on est pleins jusqu’à notre départ en novembre! et il ne reste que quelques disponibilités en décembre.

A bon entendeur ! il faut vite réserver pour pouvoir avoir une place dans les prochains mois. Le Ryokan Eyn est un énorme succès tant il propose une expérience authentique nipponne qui vous dépaysera réellement. Et leurs hôtes généreux ne demandent qu’à vous initiez ou vous faire revivre un bout de Japon. Est-ce que vous comptez leur rendre une visite ?

Site du Ryokan

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Cristina Thaïs

Je suis passionnée de culture japonaise. J'aime étudier, comprendre les différences et les complexités de ce magnifique pays, non sans mille contradictions. Je voyage une fois par an au Japon pour le parcourir de long en large. J'ai un point faible pour les expositions, la mode, les cosmétiques japonais, le J-rap et la bonne cuisine locale. J'adore échanger sur ces sujets, alors n'hésitez à me laisser un commentaire! @tinakrys

1 réponse

  1. jenck dit :

    Quels labeurs incroyables derrière ces murs !
    Le jour où j’y viendrais, je pourrais les innonder de questions sur leurs fondations et leurs techniques Ayant des connaissances qui ont vécu près de l’usine rouennaise aux moments des faits, je comprend leurs inquiétudes et ce déclic leur a permit aujourd’hui d’avoir cette belle auberge

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