Le Café où vivent les souvenirs : pouvoir dire au revoir

Déjà un 3ème volet pour la série de romans à succès de Toshikazu KAWAGUCHI : après Tant que le Café est encore chaud et Le Café du temps retrouvé, l’auteur revient avec une suite qui, cette fois-ci, prend place non pas dans la capitale japonaise, mais au nord du pays, sur l’île d’Hokkaido, avec Le Café où vivent les souvenirs. L’occasion pour Journal du Japon de vous représenter le concept de ces romans incontournables : le deuil sur fond de voyage temporel.

Le Café où vivent les souvenirs

Le Café où vivent les souvenirsSynopsis : « Sur le flanc du mont Hakodate, au nord du Japon, le café Donna Donna offre à ses clients la possibilité de voyager dans le temps, à l’instar du Funiculi Funicula de Tokyo. Parmi eux, une fille qui en veut à ses parents défunts de l’avoir rendue orpheline, un comédien qui se languit de son amour, sa sœur cadette submergée par le deuil, entre autres.« 

Qui n’a jamais souhaité parler une toute dernière fois avec l’être cher qui l’a quitté ? Pouvoir se libérer du poids de la perte, en disant au revoir… C’est cette volonté qui amène les visiteurs du monde entier au Dona Dona, ce café si spécial situé dans le nord du Japon, à Hokadate, sur l’île d’Hokkaido.

Une légende urbaine entoure cet établissement : on dit qu’il est possible d’y voyager dans le temps, et ainsi de retrouver ceux qui nous ont quitté. Nombreux sont ceux qui se déplacent jusqu’au Dona Dona dans l’espoir de changer leur vie tristement débordante de remords. Mais les choses ne sont pas si simples : il y est en effet possible de voyager dans le temps, mais sous réserve de conditions bien précises. Celles-ci suffissent à décourager l’immense majorité des visiteurs motivés par un retour dans le passé, car elles induisent une fatalité : rien ne changera le présent. Alors, finalement, à quoi bon faire tout ça ? À quoi bon se faire du mal en retrouvant l’être aimé pour le perdre à nouveau quelques minutes plus tard, et retourner dans un présent qui ne nous convient pas ? L’incroyable faculté mystique du Dona Dona à voyager dans le temps n’est pas une seconde chance attribuée à ceux qui regrettent leur passé ou à ceux qui ne parviennent pas à faire le deuil de la personne partie. C’est en réalité le moment de dire au revoir à celui qui ne reviendra pas, pour accepter la réalité, l’affronter, et aller de l’avant, en faisant vivre l’être aimé au fond de soi.

Les 4 protagonistes que l’on suit dans Le Café où vivent les souvenirs se rendent au Dona Dona avec une intention originelle différente. Profondément meurtris, ces femmes et hommes qui vivent dans un passé qui n’est plus, font faces à un deuil qu’ils ne parviennent pas à surmonter. L’une déborde de haine, l’autre vit dans un monde parallèle, créé par le mécanisme de défense du déni, où sa sœur vit toujours. Et puis il y a ceux qui souhaitent en réalité ne pas faire leurs adieux. Chacun réagit différemment à cet événement traumatique qu’est le décès d’un proche, mais tous partagent pourtant un amour et un espoir qui les maintiennent toujours debout.  

Écrit par Toshikazu Kawaguchi, Le Café où vivent les souvenirs est le 3ème tome d’une série de romans, sur ce thème du deuil sous couvert de voyage temporel, que nous vous avions déjà présenté à l’occasion de la sortie du second tome, Le Café du temps retrouvé. Le premier opus, Tant que le café est encore chaud, est l’adaptation d’une pièce de théâtre de sa société 1110 Productions qui a obtenu le prix du 10e Festival dramatique de Suginami. Vendu à plus d’un million d’exemplaires, il se présente comme un bestseller international traduit dans plusieurs dizaines de langues. Dans ce premier roman, qui pose les bases du concept, le café se situe dans une ville bien plus connue que Hakodate : il s’agit de Tokyo, et le bar en question se nomme le Funiculi Funicula. Il existe bien un lien entre le Funiculi Funicula et le Dona Dona, mais nous vous laissons le découvrir par vous-même.

Bien que Le Café où vivent les souvenirs soit le troisième livre d’une série de romans, il n’est pas nécessaire d’avoir lu les deux premiers pour savourer ce dernier, car toutes les notions clés sont rappelées en début d’ouvrage. En revanche, vous risquez très fortement de vous jeter sur les deux autres à la fin de la lecture de celui-ci… Alors, à vous de voir dans quel ordre vous souhaitez découvrir les personnages qui foulent l’entrée de ces cafés mystiques. Pour ceux qui ont déjà lu Tant que le café est encore chaud et/ou Le Café du temps retrouvé, le concept reste inchangé : un roman sensible et émouvant, où le voyage temporel, bien que ce soit un élément que l’on associe plutôt à la science-fiction, n’est qu’une solution pour toucher du doigt le sujet du deuil avec justesse. Ce sont ici des parcours de vie qui s’offrent aux lecteurs, malheureusement caractérisés par une peine sans fin qu’a laissé derrière elle la personne disparue, mais qui s’accrochent à la vie et à celle qu’elle a a leur offrir. 

Que vous souhaitiez commencer votre découverte de l’œuvre à succès de Toshikazu Kawaguchi ou que vous soyez déjà un adepte du concept du Funiculi Funicula, Le Café où vivent les souvenirs se présente comme une suite évidente mais indépendante, et un roman à s’offrir ou à offrir si le sujet vous touche ou touche l’un de vos proches.

Maintenant, on se demande à nouveau : à quand la suite ?

Rokusan

Roxane, passionnée depuis l'enfance par le Japon, j'aime voyager sur l'archipel et en apprendre toujours plus sur sa culture. Je tiens le blog rokusan.fr dédié aux voyages au Japon.

3 réponses

  1. Gallagher dit :

    C est la premiere et derniere fois que je lis un livre de cet auteur. Sans aucun intérêt, j ai vraiment l impression de perdre mon temps avec un roman qui n a ni queue ni tête .

    • Rokusan dit :

      Un roman qui n’a ni queue ni tête ? Étrange comme retour, le livre est tout de même assez accessible et le sujet intelligible : avoir une dernière conversation avec les êtres disparus. Le style ne vous a peut-être pas convaincu, mais l’histoire reste simple.

  2. Philippe dit :

    Bonjour.
    Étrange et tenace décalage que cette fascinante civilisation japonaise ultramoderne chevillée à d’antiques traditions spirituelles. Leurs dieux Kami et esprits des ancêtres ne sont pas sans rappeler ceux des anciens Romains, ainsi que leurs lares et pénates protecteurs et bienveillants.
    Ce lien permanent et récurrent dans la littérature et le cinéma japonais n’a-t-il pas pour l’occident un relent moyenâgeux décalé peu attrayant, prévisible et lassant, si répétitif et somme toute sans autre intérêt, pour un Japonais, que de l’assurer que sa vie moderne reste en accord avec ses racines traditionnelles.
    On a ici un conte tout public mais sûrement trop mièvre pour un public adulte européen. Il n’en ira pas de même pour nos enfants qui se gobergent de mangas et feuilletons TV à la mode Miyazaki.
    Par conséquent, « Le café où vivent les souvenirs » paraît plus adapté à un public de jeunes Européens passionnés de mangas et d’esprits revenants aux tendres dragons et licornes, sans aucun doute plus sympathiques que les fantômes de la maison Usher et autres Horla hallucinants, jusqu’à l’inévitable Hamlet, pas assez gothiques, passés de mode.
    Un autre aspect répandu en littérature japonaise, cette insistance à préciser lourdement tout au long d’un paragraphe des détails très peu édifiants, tend à enliser le récit et à impatienter le lecteur qui, averti par leur fréquence, aurait tendance à sauter ces digressions indigestes. Dommage.
    On se souvient pourtant de films et de réalisateurs japonais fameux qui ne tombent (plus) ni dans la redondance ni dans le mélo ni dans la citation facile. Autre média, autres mœurs ? Peut-être.
    Tout ça rappelle furieusement le vieux film muet, aux effets typiquement exagérés de miroirs troubles et de silhouettes vaporeuses, entre deux pancartes d’explications et commentaires sur les raisons, antécédents et futures conséquences de l’action…
    Qu’il soit pictural, cinématographique ou littéraire, ce genre « Épinal » a tendance à tomber des mains ou à faire piquer du nez. Ce qui ne manqua pas d’arriver. Désolé.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Verified by MonsterInsights