Manga & Japanime : il y a des bons et des (très très) mauvais parents

La parentalité dans les mangas et les animes c’est… compliqué. On ne compte plus les pères absents et les mères coincées dans un rôle clichés à préparer des bentos. Mais, pourtant, les symboles paternels et maternels sont légions et sont éminemment marquants, qu’ils soient des icones à suivre ou des monstres toxiques à terrasser.

L’équipe de Journal du Japon s’est donc creusé les méninges, et quelques un(e)s de nos membres ont retrouvé dans leurs souvenirs LE parent qui a marqué leur parcours de lecteurs ou de spectateurs… Bons ou mauvais parents des mangas et animes, qui sont-ils ? Voici notre petit sélection !

Shô Tucker dans Fullmetal Alchemist : un père et mari… monstrueux !

ATTENTION SPOILER

En voulant ressusciter leur mère, les jeunes frères Elric brisent le tabou absolu en alchimie : la transmutation humaine. Sans surprise, l’expérience tourne au vinaigre : Edward perd sa jambe gauche et son petit-frère Alphonse son corps tout entier. Pour sauver son frère, l’aîné sacrifie son bras droit pour lier l’âme d’Alphonse à une armure qui se trouvait dans la pièce où ils ont tenté cette expérience interdite. Devenu alchimiste d’État à l’âge de 12 ans, Edward, surnommé le Fullmetal Alchemist, se lance, avec l’aide de son cadet, à la recherche de la pierre philosophale, leur seule chance de retrouver leurs corps d’origine.

Hiromu ARAKAWA est une mangaka talentueuse dans l’écriture du récit et de ses personnages. Et elle manie autant l’art de faire rire et pleurer en touchant la corde sensible lors de passages mémorables… ou choquants, pour certains. Bref, un manga « parfait », irait-on jusqu’à dire ! Personne n’oubliera l’histoire, bien que courte, de Shô Tucker, Nina et Alexander. Il n’aura fallu à son autrice seulement une cinquantaine de pages pour faire du chapitre 5, Alchimie dans la souffrance, un moment percutant du voyage initiatique des frères Elric.

Fullmetal Alchemist © Hiromu Arakawa / FMA Project

Au début de leur recherche sur la pierre philosophale, c’est le colonel Roy Mustang qui conseille à l’Alchimiste d’Acier de rencontrer Shô Tucker pour en apprendre plus sur l’alchimie biologique. En effet, l’Alchimiste Tisseur de Vie est devenu alchimiste d’État en présentant une chimère capable de parler. Ed et Al profitent de la bibliothèque personnelle de Shô Tucker pour développer leurs connaissances sur la pierre rouge. Lors de pause, ils s’amusent avec la fille de leur hôte, Nina et le gros chien de la famille, Alexander.

« Edward, on va jouer ? » : les jeux et les rires laissent très vite place à la tragédie lorsqu’Edward découvre la sordide vérité derrière les chimères parlantes. Après avoir utilisé sa femme il y a 2 ans pour son examen d’alchimiste d’État, c’est la pauvre Nina et son chien qui y passent, faisant de Shô Tucker le pire père et mari de Fullmetal Alchemist, qui constraste avec Maes Hughes, complètement gaga de sa fille Elicia !

© Hiromu Arakawa / SQUARE ENIX Co. Ltd.

L’épisode 4 pour Fullmetal Alchemist Brotherhood et les épisodes 5 et 6 pour la première série rendent la scène encore plus tragique avec la pauvre chimère explosée sur un mur par Scar. Traumatisé par la mort de Nina qu’il considérait comme une petite sœur, Edward réalise qu’il n’est qu’un humain et que malgré sa maîtrise de l’alchimie, il a été incapable de la sauver. Nina, Alexander et Shô Tucker : à jamais dans nos mémoires ! Un grand merci à Hiromu Arakawa pour ce chef-d’œuvre, sans doute le meilleur shônen, et ce monstre de Shô Tucker entré dans la légende et qui fait beaucoup parler sur Internet et les réseaux sociaux avec de nombreux mèmes.

Barbe Blanche dans One Piece : le père le plus fort du monde

ATTENTION SPOILER

Qui ne connait pas One Piece ? Cette série a plus de 100 tomes, dont l’anime a dépassé les 1000 épisodes narre les aventures de Monkey D. Luffy, un garçon dont le corps a acquis les propriétés du caoutchouc après avoir mangé par inadvertance un fruit du démon. Avec son équipage de pirates – l’équipage de Chapeau de paille – Luffy parcourt les océans de Grand Line à la recherche du trésor ultime connu sous le nom de « One Piece » afin de devenir le prochain roi des pirates.

Assez tôt dans la série on apprend que Luffy a un grand frère, du nom de Ace, alias Ace aux poings ardents. Ce frère est devenu l’un des commandants d’un personnage emblématique de la série : Barbe Blanche, de son vrai nom Edward Newgate, l’un des 4 Empereurs, c’est à dire le titre le plus élevé dans le monde des Pirates. Pour autant, ce personnage n’apparaîtra qu’assez tard, dans le volume 25, mais de manière ponctuelle. Il faudra attendre l’Arc de Marine Ford au chapitre 550 et à l’épisode 557 pour mieux appréhender qui est vraiment ce géant déjà légendaire que l’on appelle l’homme le plus fort du monde.

Barbe Blanche et Shanks
L’imposant Barbe Blanche et Shanks – ONE PIECE © by Eiichiro Oda

A 72 ans, il en impose encore, et c’est lui qui lance d’ailleurs l’un des plus grands affrontement de l’histoire du shônen, l’épique bataille de Marine Ford qui oppose des centaines de pirates et d’officier de la Marine. Néanmoins, c’est d’abord son équipage qui va faire de lui un parent, chacun des membres l’appelant « père » et cherchant plus que tout à le protéger des attaques ennemis. Ce père a d’ailleurs mobilisé toute son immense flotte pour venir au secours de « son fils », Ace, condamné à mort. Du haut de son bateau en forme de baleine, il tiendra dans un premier temps la position du sage et donnera des ordres avisés à ses troupes, comme le fait un père lorsque sa famille traverse un tempête. Jusqu’au moment où tout va s’accélérer, et que ODA va vraiment faire de lui un père iconique.

D’abord trahi et blessé par l’un de ses subordonnés qui avait été trompé par un Amiral de la Marine, Barbe Blanche prend son agresseur dans les bras et lui pardonne, avant de sauter de son bateau et de rentrer dans la bataille, refusant de voir ses fils pris au piège de la Marine, et incapable de rester sans rien faire. Grand comme trois hommes, le torse nu couvert de cicatrice et avec une gigantesque moustache blanche, il en impose avec sa lance et son fruit du démon, capable de faire trembler la Terre. Il est donc ce père qui protège, qui sauve, et qui reste calme mais dont il ne faut surtout pas provoquer la colère. S’il considère tous les membres de son équipage comme ses enfants, il reniera Barbe Noire pour le meurtre de l’un de ses frères et sera même a deux doigts de l’achever.

Barbe Blanche VS Teach, dans la grande bataille de Marine Ford – ONE PIECE © Eiichiro Oda / Shueisha, Toei Animation

La fin de l’arc de Marine Ford, à quelques chapitres près, sera aussi sa fin à lui mais cette épopée sera grandiose, celle d’un rock et celle d’un père qui a protégé les siens sans jamais faiblir ni fléchir, celle d’un homme qui laissera la place à la nouvelle génération et qui lui transmettra ses valeurs de courage, de franchise et de détermination.

Comme on l’apprend dans un flashback vers la fin de cette grande bataille, Edward Newgate, alors jeune, ne cherchait déjà pas à amasser des richesses ou la gloire. Tout ce qu’il a toujours recherché, son rêve, c’est une famille. Barbe Blanche, c’est donc ce père que l’on imagine, que l’on idéalise tout jeune et que l’on clame sur la cour de récré : « mon papa, c’est l’homme le plus fort du monde !« 

Endeavor dans My Hero Academia : Le père en repenti

ATTENTION SPOILER

Dans le monde de My Hero Academia, 80% de la population mondiale est pourvue de pouvoirs et une infime partie d’entre eux en a fait sa profession en tant que Super héros (ou Super vilains). Les plus populaires et puissants d’entre eux, qu’ils soient gentils ou méchants, ont droit à une reconnaissance quasiment divine. Dans le classement des héros japonais, l’idole de Izuku (le puissant All Might) arrive en tête et son aura continue d’inspirer ses fans même une fois écarté du podium. Le jeune héros intégrera l’académie où celui-ci s’est formé et est depuis professeur pour suivre ses traces. Comme d’autres élèves de sa promotion, avides d’exploits héroïques. Parmi ses camarades, le discret Shoto préfère taire son affiliation avec le second plus populaire héros japonais : le flamboyant Endeavor.

@ HORIKOSHI Kôhei – Shûeisha / Ki-oon

Si l’élève aux doubles capacités (feu et glace) préfère ne pas être comparé à son père, c’est parce qu’il a rendu son enfance et celle de sa fratrie infernale. Dès son mariage arrangé, il avait pour projet de mettre au monde un enfant maîtrisant pleinement sa capacité et celle de sa femme. Au fil des naissances, enchaînant ce qu’il juge être les déceptions, son 4e enfant répondit à ses attentes. Il le fit travailler intensément, le tenant écarté de sa fratrie, pour qu’un jour il puisse réaliser son rêve : dépasser All Might. Endeavor ayant conscience de ne pas être à la hauteur, il fit peser tous ses rêves sur les épaules de Shoto en ayant conscience que toute la famille en pâtissait. Sa femme perdant progressivement la raison, jusqu’à être internée par Endeavor après qu’elle ait ébouillantée Shoto. Ce qui ne l’empêcha pas de continuer d’assurer l’entraînement draconien de son benjamin. 

Shoto va longtemps refouler son pouvoir de feu et rejeter la paternité de Endeavor, jusqu’à que Izuku lui fasse comprendre que cette capacité lui est propre et définit sa seule identité. Grâce à son nouvel ami et au reste de la classe, il devient progressivement plus communicatif et exprime plus librement ses émotions. Mais en parallèle Endeavor s’obstine dans son égocentrisme et sa quête de popularité croissante. Il va plusieurs fois essayer de se rattraper auprès de sa famille et de changer son image publique. Dans un premier temps, ses fans se méfieront du nouveau Super Héros ni colérique ni austère. Sa famille sera mitigée, profondément traumatisée par son éducation stricte et brutale. Alors que sa fille Fuyumi croit en sa prise de conscience, son cadet Natsuo a trop de rancœur et de haine envers lui pour lui pardonner ses excès. 

Sa relation conflictuelle avec son aîné Toya va créer chez Endeavor une profonde remise en question de son comportement avec sa famille et des répercussions à long terme de son éducation sélective. Ayant négligé ses autres enfants pour se focaliser sur Shoto. On le verra pas la suite montrer toute sa vulnérabilité quand il comprendra toutes les conséquences concrètes de ses tords. Comparé à All Might, son combat concernera surtout la reconquête de sa famille. Même enfin classé en tête des héros populaires, il s’interrogera sur son parcours et ses sacrifices dans de multiples passages introspectifs. Se demandant si son rêve méritait de briser la confiance de ses enfants et la santé mentale de sa femme.

Endeavor en tant que personnage non-jouable de My Hero One’s Justice @ Bandai Namco

On retient de Endeavor dans un premier temps un héros craint aussi bien par les vilains et les civils que par sa propre famille. Peu de monde se manifeste comme étant profondément fan de sa philosophie ou de ses accomplissements, il est donc intéressant de comprendre en quoi Hawk le préfère aux autres. Par sa forte carrure et ses flammes habillant en permanence son corps, il est un modèle de droiture et de robustesse. On peut considérer cependant ces dernières comme la barrière qu’il se dresse contre le monde, s’en défaisant peu. A l’opposé de All Might, il n’est pas un modèle souriant cherchant la sympathie du public mais une personne sérieuse ignorant le ressenti des civils. Ce qui peut être une force face aux critiques comme une faiblesse quand il se rend compte qu’il s’empêche d’être attentif à ses plus fidèles et sincères fans. Une fois qu’il eut surpassé son collègue, il prit de plein fouet toutes les responsabilités auxquelles ils ne s’attendait pas.

Même si les remises en question sont progressives le long des arcs et que ses changements surviennent bien après ceux de Shoto, il a le mérite de faire des efforts (certes tardifs) et d’enfin s’ouvrir au ressenti d’autrui. Il accepte les émotions, surtout négatives, de sa famille et conçoit qu’il ne peut pas imaginer pour eux un futur paisible en sa présence. Qu’il a trop donné à sa carrière professionnelle pour espérer sauver ses relations intimes. Seul l’avenir dira comment ils évolueront ou non ensembles.

Ragyô Kiryuin dans Kill La Kill : Le mal haute couture

ATTENTION SPOILER

La ville entourant l’académie Honnôji est sous le joug d’une direction autoritaire. C’est ici que Ryûko Matoi débarque, armée d’une grande mallette contenant une lame de ciseau, et décidée à faire parler Satsuki Kiryûin, l’intransigeante présidente du conseil des élèves, à propos de l’assassinat de son père. Mais trop faible pour gagner l’affrontement, Ryûko doit fuir et tombe sur Senketsu, un uniforme très bavard avec qui elle va s’allier pour défaire le conseil et faire exploser la vérité. Quitte à révéler beaucoup de peau au passage.

Kill La Kill est l’un des anime qui m’aura fait sortir d’un long passage à vide en terme de séries à regarder. L’une des premières grosses productions du alors tout jeune Studio Trigger, composé d’anciens de Gainax et dont le compositeur Hiroyuki SAWANO associera pour de bon son succès avec son travail sur L’Attaque des Titans.

La série a son lot de personnages charismatiques, voir qui crèvent l’écran. Entre l’explosive Ryûko et la rigide Satsuuki, j’ai eu du mal à choisir la meilleure des deux rivales, et les personnages secondaires ont tous un truc qui fait qu’on ne s’en détache pas aisément.

Puis un coup de talon haut sur le sol a tout balayé. Dans une lumière aveuglante, Ragyô Kiryûin, son undercut couleur néon arc en ciel et ses robes extravagantes avaient ravi mon cœur… Pas pour longtemps cependant car autant visuellement elle personnifie la classe, autant moralement, elle mérite la prison.

Véritable antagoniste de Kill La Kill, Ragyô est une cumularde. Présidente de Revocs, son entreprise dédiée à l’habillement, directrice du conseil d’administration de Honnôji, adepte du népotisme puisqu’elle a placé sa fille Satsuki à la tête du BdE, et aspirante maîtresse du monde grâce à sa découverte des Fibres de Vie, un organisme alien grâce auquel elle mène des expériences douteuses dans le but de fusionner les humains avec. Rien que ça.

Et qui de mieux que ses propres enfants pour servir de cobayes ? En cas d’échecs, il suffira de la jeter aux ordures (Ryûko), ou de l’élever en la manipulant et en abusant sexuellement d’elle pendant des années (Satsuki). Ah et tuer son mari et père des petites parce qu’il s’oppose à vos projets n’est pas un problème pour Ragyô qui usera d’un utérus artificiel en Fibre pour créer Nui Harime, sa Grande Couturière et assassin de service, et la seule qu’elle traite avec ce qui pourrait être qualifié d’affection maternelle.

Une femme selon mon cœur je vous dis.

C’est ainsi que s’achève cette modeste sélection de parents hors-norme, pour le le meilleur et pour le pire. Ce n’est qu’un petit échantillon des trésors ou des cauchemar de parentalité dont regorge les mangas et les animes. Dites-nous ceux qui vous ont marqué en commentaire… Pour un prochain épisode peut-être ?

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